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Vive l’Etat

mercredi 2 juillet 2008 par Bertrand Rothé
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Keynes, l’économiste de l’intervention de l’État et des Trente Glorieuses, tient de moins en moins de place dans les manuels scolaires et dans les enseignements à la fac. Plus personne ne souhaite faire référence à ce pestiféré. Même les néo-keynésiens sont des libéraux, plus proches de Friedman que de l’économiste anglais. Ils ne font que souligner les imperfections du marché.

Chez les libéraux, les références à Keynes sont devenues des quasi injures. « Keynésiens » et « communistes » sont des quasi synonymes. Ce cercle a ses héros. Éric Le Boucher, le chroniqueur économique du Monde n’a jamais de mots assez durs pour cet anachronisme : « il faut produire avant de redistribuer » aime-t-il à écrire. Il y a aussi, une pointure en dessous, Jean-Marc Sylvestre, le sous commandant du libéralisme, qui ne lit peut être pas «  The Economist » aussi rapidement que son concurrent mais profite de sa chronique pour distiller des inepties du type : il faut inventer «  des stocks options dans la fonction publique ».

Pourtant. Pourtant, aujourd’hui en pleine crise, c’est Keynes qu’on appelle et qu’on met en œuvre. La politique monétaire expansionniste que la FED et les autres banques centrales ont mis en œuvre sont une invention de l’économiste de Cambridge. Les subventions aux marchés automobiles à travers les bonus pour les voitures à faible consommation, sont une autre idée keynésienne.

Car Keynes n’est pas le collectiviste que nous présentent les Sylvestre, Le Boucher et compagnie. C’est un libéral aux deux sens du terme. Libéral dans ses relations amoureuses, mais aussi et surtout, libéral économiquement. Il joue en bourse, investit, s’enrichit. C’est un bourgeois qui se méfie du communisme. Il souhaite sauver le capitalisme. Il ne condamne pas le marché, mais constate qu’à certains moments l’État peut intervenir pour sauver le capitalisme.

Est-ce une bonne chose de vouloir sauver le libéralisme, là est la question ? Mais cette question n’intéresse ni Jean-Marc ni Éric, les rentiers de la pensée libérale.


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10 MESSAGES

Forum

  • Vive l’Etat
    le mercredi 2 juillet 2008 à 17:18, BCBG a dit :
    Le problème n’est pas là. Pour les hommes politiques Keynes est une vitrine au service du démagogisme économique. Pour plaire, on use de la référence à keynes. En faisant cela on pervertit son héritage d’une part, et l’on se détourne de la rélaité d’autre part. Toute théorie et a fortiori en économie ne peut être appréhendée qu’au sein d’un certain contexte. Le Monde dans lequel Keynes pouvait hier avoir raison est aujourd’hui dépassé. Les politiques monétaires défendues par le britannique n’ont aujourd’hui plus de sens, pour la simple et bonne raison que ce contexte monétaire n’est plus. Là où le bas blaisse c’est lorsque l’on voit à quel point les politiques mélangent les apports pratiques et les apports théoriques des économistes. Tout économiste est d’abord praticien avant d’être théoricien. Keynes a développé en son temps des outils efficaces de politiques économiques, propres à son époque, et en parallèle une certaine vision de l’Etat. Si ces outils sont aujourd’hui obsolètes, et mériteraient donc de ne plus être utilisés, sa vision de l’Etat, restera dans les annales de la pensée économique. Alors qu’un ministre use de l’héritage Keynésien pour développer une certaine vision de l’action étatique cela a du sens, mais qu’il use de raccourcis idéologique en expliquant que sa politique se fondera sur une politique de relance "keynésienne" cela s’appelle de l’incompétence. Nous pointons là le doigt sur le problème existentiel de cohabitation entre le politique et l’économique : le premier ne pourrait se passer du second, alors que le second se passerait volontier du premier, dans un soucis d’efficacité.
    • Vive l’Etat
      le mercredi 2 juillet 2008 à 19:09, Bertrand Rothé a dit :

      Mesdames, messieurs

      Sur certains de mes articles précédents j’étais assez désemparé par le niveau des contributions. Aujourd’hui je ne peux pas me plaindre. Le niveau est très intéressant, de très bonne qualité. Je trouve cela très agréable.

      Citez Bastiat, essayez de définir le libéralisme économique (la chose est ardue, j’en conviens) j’aurais préféré la référence aux classiques (encore un terme utilisé la première fois dans l’histoire de la pensée par Keynes) mais bon, on peut ne pas être d’accord…

      J’ai beaucoup aimé vous lire.

      Cdt

      Bertrand Rothé

    • Vive l’Etat
      le mercredi 2 juillet 2008 à 20:14, plop a dit :

      "Nous pointons là le doigt sur le problème existentiel de cohabitation entre le politique et l’économique : le premier ne pourrait se passer du second, alors que le second se passerait volontier du premier, dans un soucis d’efficacité."

      Pas du tout d’accord. Penser l’économie comme une machine infaillible et indépendante du politique, ce dernier devant être le porte voix du peuple en démocratie, c’est d’abord se tromper sur la nature scientifique de l’économie. C’est une science humaine (n’en déplaise aux éco-matheux du prix nobel de la banque de Suède) et est donc soumise à certains facteurs fort chaotiques, la rendant souvent inefficace face à certaines situations que seul le politique peut gérer.

      Par ailleurs, c’est tout simplement imaginer un système économique sans système politique, donc sans démocratie (la démocratie est un système politique, on est d’accord). A partir de là on peut imaginer n’importe quelle type d’économie totalitaire, on planifie, sans prendre une seule fois en compte les conditions d’exploitations des forces de travail. C’est très dix-neuvième et par là même peu enthousiasmant, vus où cela nous à menés. Permettez moi de considérer que l’affirmation selon laquelle l’économie n’a pas besoin de cadre politique au nom de son "efficacité" (je n’en doute pas, "l’efficacité" économique étant à nos structures sociales, ce que l’efficacité d’une Bombe H est à la guerre), est une aberration. L’économie est profondément politique, c’est un fait social et non pas une équation mathématique. La faire sortir de ce cadre, c’est la déshumaniser et donc prendre le risque d’enfanter un monstre.

      • Vive l’Etat
        le mercredi 2 juillet 2008 à 23:44, BCBG a dit :
        Humaniser l’économie c’est rapprocher la chose économique de l’individu. Collectiviser l’économique c’est privilégier la masse au détriment de l’individu… L’économie n’a pas comme rôle d’agréger les parties, elle n’a pas pour essence de pallier aux lacunes de conscience collective. Le sentiment d’appartenance a la collectivité appartient à la sphère politique, et ne peut se concevoir que dans un monde où les intérêts économiques des individus ne sont ni violés ni bafoués au nom de la toute puissance du collectivisme.
        • Vive l’Etat
          le jeudi 3 juillet 2008 à 11:39

          Et surtout

          Le sentiment d’appartenance a la collectivité appartient à la sphère sociale et doit se concevoir dans un monde où les intérêts de la collectivité ne sont ni violés ni bafoués au nom de la toute puissance des intérêts économiques des individus.

          La litanie sur les intérêts économiques des individus comme socle premier du meilleur des mondes possible me semble de plus en plus douteuse.

          Finalement un certain libéralisme essaye de masquer sous un fatras mathématique ce qui tient plus d’une forme de foi religieuse.

          En choisissant les postulats on peut arriver aux résultats mathématiques voulus.

          • Vive l’Etat
            le jeudi 3 juillet 2008 à 17:42, plop a dit :

            Vous savez très bien que les thèses hypothético-déductives de ce cher Milton sont une vaste supercherie, un tour de passe-passe pseudo scientifique. Mais si vous préférer croire en des prophéties plutôt qu’en la rationalité humaine, c’est votre droit et je le respecte.

            Tant pis pour nous tous.

          • Vive l’Etat
            le jeudi 3 juillet 2008 à 19:22, plop a dit :

            Je m’exprime mal, désolé et peut être que je ne vous suit pas très bien.

            Mais j’ai le sentiment latent que vous considérez l’économie de manière quelque peu réductrice. Elle appartient à la sphère sociale et en est même à la base. Elle vie grâce aux inter-actions de ses acteurs et donne vie à ces relations. Ces inter-actions s’auto-régissent ensuite selon certains codes, comme les positions sociales respectives des ses acteurs.

            Elle est vecteur de lien social puisqu’elle organise et hiérarchise les individus selon leurs échanges. Elle unifie en créant des systèmes de monopolisations des richesses amenant à l’élaboration de règles, de codes, de lois, dirigeant l’ensemble de la société vers un type organisationnel politique quelconque, féodalisme, capitalisme ou encore socialisme. Ce n’est pas du Marx, mais tout simplement du Rousseau, qui voit comme la base des premières constructions humaines, les commerces humains de toutes natures, débouchants sur du contrat social. Ce terme, qui est à la base du bon fonctionnement de notre république, image bien à lui seul à quel point social et économie sont inextricablement lié, contrat étant un terme légal liant les acteurs au sein d’un commerce spécifique et social, pas la peine de l’expliquer.

  • Vive l’Etat
    le mercredi 2 juillet 2008 à 16:20, Jérémy a dit :

    "La politique monétaire expansionniste que la FED et les autres banques centrales ont mis en œuvre sont une invention de l’économiste de Cambridge. Les subventions aux marchés automobiles à travers les bonus pour les voitures à faible consommation, sont une autre idée keynésienne."

    Subventions, banques centrales. Mais ce n’est pas du tout du libéralisme ça. C’est de l’étatisme pur et dur. « L’État, c’est la grande fiction à travers laquelle tout le monde s’efforce de vivre aux dépens de tout le monde » — Frédéric Bastiat, Journal des débats

  • Vive l’Etat
    le mercredi 2 juillet 2008 à 14:50

    Faut-il sauver le libéralisme ? Ca dépend de ce qu’on ented par ce terme.

    Le libéralisme est un terme très utilisé aujourd’hui, surtout en France. Le libéralisme, on l’associe bêtement et en général à des fins de propagande au fascisme. Qui n’a jamais entendu l’oxymore fascisme libéral sortir de la bouche de petits artisans du totalitarisme …

    Le libéralisme politique est une chose : Constant et beacoup de français en furent les principaux théoriciens. Il est drôle à ce propos que la France soit premier producteur de libéraux alors même que le terme y est honni !

    Libéralisme économique. On n’aura cesse de le répéter mais ce libéralisme n’existe pas. On entend par libéralisme économique, toute une branche de l’économie dont le postulat de départ repose sur la libre entreprise, le marché, etc. Si l’idée de liberté est bel et bien présente dans ces théories, elle n’en est pas moins absente des autres : en ce sens, Keynes était aussi un libéral. Ne disait-il pas d’aileurs à la fin de sa vie : j’ai toujours été un Old Whig … Alors même que Walras, l’inventeur du concept d’équilibre (contesté d’ailleurs par les libéraux de l’école autrichienne) émargeait au Parti Socialiste Suisse …

    Les choses sont toujours plus compliqué qu’il n’y parait …

    Pour ce qui est de Keynes, il serait bon de relire la Théorie Générale et beaucoup de ceux qui se clament aujourd’hui keynésiens découvriraient avec stupeurs que Keynes aurait fait une crise cardiaque s’il avait su que ceux qui laissent courir les déficits aujourd’hui brandissent son livre et s’en serve de gilet pare balle.

    Il ne sert à rien de hurler "keynes keynes keynes" lorsqu’on a une idée plus qu’approximative de ses théories et d’attirer ainsi un auteur dans un anticapitalisme romantique dont ce grand spéculateur n’avait que faire ….

    • Vive l’Etat
      le mercredi 2 juillet 2008 à 17:07, plop a dit :

      Olala, le commentaire à peine méprisant…

      Alors d’abord personne, à part vous, n’a ouvert de livres qui au moins, expliquent les théories économiques keynésiennes ? C’est bien ça ? Ou en tout cas personne ne les a comprises et sûrement pas ceux qui réclament un peu d’interventionnisme étatique face aux crises du Capital.

      Qu’il en soit le véritable théoricien ou pas n’est pas le problème, puisqu’il en fût l’un des principaux promoteurs à son époque, lorsqu’il s’agissait de redresser les économies nationales occidentales. Et ce malgré son goût prononcé, certes, pour la liberté totale du capital.

      Alors que certains préfèrent retenir de lui son oeuvre, au sens de l’empreinte physique sur les sociétés qu’il a laissé derrière lui, vous pourriez le respecter.

      Je comprend que si vous vous considérez comme un vrai libéral (économiquement, hein, je ne sais pas où en est votre système de valeurs et je m’en fiche), ça puisse vous chagriner. Mais entre l’empreinte sur le social que laisse les économistes derrière eux (puisque c’est toujours ce qui compte, en définitive) et leur travaux théoriques, il y’a toujours un fossé, plus ou moins grand (cf : le Marxisme). L’économie reste une science humaine, inexacte et donc se voit toujours transformée lors de sa confrontation au réel, du fait du facteur humain.

      Alors moi je suis d’accord avec l’article, pourquoi ne devrions nous retenir de certains que ce qu’ils affirmaient être (des old whig ou des mao, quelle importance, à part pour les fans) comme vous semblez le souhaiter et pas leur contributions directes à nos sociétés telles qu’elles ont été ?

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