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Véronique Courjault : "la reine du gratin aux fraises"

Procès Courjault / mercredi 10 juin 2009 par Anne Steiger
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Le premier jour du procès, à Tours, de Véronique Courjault, jugée pour un triple infanticide, était consacré à la personnalité de l’accusée : enfant "étouffée", "femme esseulée", "mère formidable".

Après deux ans, 7 mois et 28 jours de détention provisoire, Véronique Courjault affronte enfin la cour d’assises. Durant cette première journée d’audience, consacrée à sa personnalité, la prévenue est apparue amaigrie, tendue et triste, mais bien déterminée à expliquer ce qu’elle-même ne « s’explique pas ».

Le jury sélectionné est masculin et plutôt âgé. Seules deux femmes n’ont pas été récusées, comme si la gente féminine était par définition trop partisane dans cette affaire. La lecture des charges retenues contre Véronique Courjault dure plus de deux heures. Petite et ratatinée dans son box, l’épouse Courjault se cache derrière ses mains, déglutit dans les moments difficiles, ferme parfois les yeux, se ronge les ongles. Face à elle, à quelques mètres à peine, Jean-Louis, son mari, pantalon vert en toile de jean et blouson bleu, bras et jambes croisés, posture fermée. Il écoute, attentif, concentré. Tous deux se préparent à écouter leur intimité déballée.

Début du procès Courjault à Tours - JPG - 73 ko
Début du procès Courjault à Tours
© PieR

Parents débordés, famille trop nombreuse

Cette journée nous plonge dans l’enfance de Véronique Courjault. Témoins : son père, Robert, 74 ans, et sa mère, Monique, 73 ans – tous deux très émus. Issu d’un milieu rural et modeste du Maine-et-Loire, le couple de viticulteurs travaille durement pour élever chichement ses sept enfants – cinq filles et deux fils. La petite ferme familiale, avec une seule et unique chambre pour l’ensemble de la fratrie, est troquée pour une plus grande quand le couple décroche enfin le label AOC – c’est le résultat bien mérité de longues années d’efforts. Les parents sont « débordés par les tâches à effectuer ». Le père hausse rarement la voix, mais quand il le fait, « cela compte ». La mère, elle, est « râleuse et autoritaire », cassante même, voire « irritable et dépressive ». Une famille nombreuse, trop nombreuse : « Mais que voulez-vous, lance Monique, il n’y avait pas de contraceptifs à l’époque ». Véronique est l’avant-dernière de la fratrie. Comme ses frères et sœurs, elle est venue au monde « à la maison » où Monique Courjault a toujours accouché – « sauf pour la petite dernière ».

Les Courjault ? Des « taiseux », des discrets, des taciturnes. Un frère évoque « des enfants trop sages » qui s’autocensurent pour « éviter de gêner les grands ». Les manifestations d’amour sont rares et peu démonstratives : « on s’aime fort, mais on ne se le dit pas ; à table comme ailleurs, on ne communique pas », dit une autre sœur. Personne n’a même le souvenir d’une fête d’anniversaire : « C’est vrai, admet Véronique, je n’ai aucune image de cadeaux ou de bougies à souffler ».

Secrets de fratrie

L’enquêteur de personnalité évoque des non-dits et des « non-évoqués ». La famille a ses secrets. Notamment à propos de l’aînée, Jocelyne, en réalité une demi-sœur. Quand Robert s’est marié avec Monique, celle-ci était déjà enceinte : « Je l’ai reconnue et élevée comme ma fille, dit Robert. Ce n’est pas qu’on l’a caché au reste de la fratrie, mais on n’en parlait pas. Les enfants ont fini par en parler entre eux, c’est comme ça que cela s’est su ». Véronique se souvient de l’avoir appris à 12 ans, un soir de Noël – « une gaffe d’une de mes sœurs ».

Autre non-dit, l’arrivée sous le sceau du secret de Lydie, la cadette, quand Véronique a 5 ans : « Les enfants Courjault ont su qu’ils allaient avoir une petite sœur le jour où leur mère est partie pour la maternité », explique l’enquêteur. Robert tempère : « On a dû en parler quand même, ça se voyait qu’elle avait le ventre rond ». N’empêche. Les enfants se rappellent bien n’avoir rien su – « excepté pour l’aînée, Jocelyne, qui elle l’avait remarqué », souligne leur mère.

Un besoin de travailler

Personnalité « étouffée » dès le plus jeune âge, Véronique est une petite fille angoissée, discrète, travailleuse, « qui ne bavarde ni ne chahute », se souviennent ses instituteurs et professeurs. Timorée, elle s’isole volontiers et tous soulignent comment « Véronique aimait passer des heures plongée dans ses lectures » : « j’aimais m’échapper, c’est vrai », dit-elle, l’air de s’excuser.

Après son baccalauréat, la jeune femme s’aventure en fac de sociologie – elle y « perd son temps », dit-elle, et redouble ses deux premières années. Encouragée par Jean-Louis, elle obtient à 24 ans un diplôme de technicienne de gestion en informatique, puis enchaîne les stages et les petits boulots en intérim : « A chaque fois qu’elle travaille, Véronique est perçue comme sérieuse, motivée et appliquée, très capable de se motiver ». L’activité l’incite même à s’intégrer – la timide Véronique sociabilise alors volontiers : « J’ai peut-être besoin d’un cadre, dit-elle, besoin de m’occuper ».

Premières angoisses de mère

Novembre 1994. Véronique et Jean-Louis s’unissent au civil. La mariée est en noir. Le Président ose une interprétation : « Le noir, c’était une façon d’opter pour la discrétion ? » Véronique rougit : « Je pense que c’est un peu raté pour la discrétion ». Naissance de Jules, leur aîné, en 1995, puis de Nicolas l’année d’après. Véronique est une jeune maman « heureuse », mais esseulée par un mari travailleur. Jusqu’en 1999, la jeune mère au foyer confiera régulièrement ses enfants à des assistantes maternelles.
- Le Président : « Pourquoi faire garder vos enfants alors que vous étiez à la maison, sans emploi ? »
- Véronique : « Jules, mon aîné, avait du mal à se séparer de moi quand je l’emmenais à l’école, cela me culpabilisait beaucoup. Du coup, je voulais préparer la séparation d’avec Nicolas ».
- Le Président insiste : « L’assistante maternelle dit que vous aviez plutôt envie de souffler ».
- Véronique, sur la défensive : « Oui, peut-être un peu aussi, deux enfants en bas âge, c’est parfois usant… » La prévenue raconte alors ses premières angoisses de mère, celles de ne « pas savoir » ou de ne pouvoir soulager son enfant : « Jules a eu des problèmes d’eczéma très importants, quasiment dès sa naissance. D’abord sur les fesses, et puis sur tout le corps. Il souffrait et pleurait beaucoup, surtout la nuit. J’étais incapable de le soulager, ça a duré des mois, j’étais épuisée ».

La reine du gratin aux fraises

La maman de Jules et Nicolas est décrite par tous comme « une mère formidable ». Ses enfants eux-mêmes disent d’elle qu’elle est rigolote, attentive, câline, capable de fous rires et de « gronder aussi ». Une « reine du gratin aux fraises », qui excelle en concours de roulades sur le tapis et en fabrication de costumes.
- A leur grand-mère, Monique, le Président demande : « Y a-t-il quelqu’un dans votre entourage qui ait abandonné Véronique depuis la découverte des faits qui lui sont reprochés ? »
- La mère, catégorique : « Personne. Tout le monde lui a pardonné, mais personne n’arrive à comprendre, pas même elle, vous savez ».

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Spécial Procès Courjault :

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Et aussi :

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13 MESSAGES

Forum

  • Véronique Courjault : la reine du gratin aux fraises
    le dimanche 21 juin 2009 à 09:26, josette a dit :
    Veronique Courjault, la condamnation, Je suis une mère de cinq enfants, mariée à 19 ans et mère à 20 ans, puis à 30 ans mère de cinq enfants, jamais l’idée de supprimer un seul d’entre eux ne m’a effleurée ! Il y a peu, une jeune femme coupable d’un enfanticide a été condamnée à 8 ans, où est la justice ? Il existe l’IVG, le geste n’est pas le meme que de supprimer un enfant né en bonne santé ! Moi je ne pardonnerai pas, elle avait la chance de vivre dans un milieu favorisé, elle devait assumer et faire assumer à son mari sa paternité, j’ai du mal à croire qu’il ne s’est jamais aperçu dee rien.
  • Véronique Courjault : la reine du gratin aux fraises
    le lundi 15 juin 2009 à 03:45, Offline a dit :

    Petit truc qui m’interpelle dans cet article.

    On s’intéresse à la famille de Véronique Courjault, et on les nomme "les Courjault" (4ème paragraphe).

    C’est pas son nom d’épouse "Courjault" ??? (cf. son mari : Jean-Louis Courjault)

    Ou alors ils sont tous consanguins et, à ce moment là, je comprend mieux l’eugénisme par le congélo !

  • Véronique Courjault : la reine du gratin aux fraises
    le jeudi 11 juin 2009 à 12:07, turquoise a dit :
    personnellement je le trouve drôle ce dessin, cela ne m’empêche pas trouver que les faits sont tragiques
  • Véronique Courjault : la reine du gratin aux fraises
    le jeudi 11 juin 2009 à 07:25, Capello a dit :

    la gente féminine

    Bakchich, je journal des analphabètes

    • Véronique Courjault : la reine du gratin aux fraises
      le vendredi 12 juin 2009 à 23:37
      Je mets au défi l’auteur de ce post de m’écrire environ 6000 signes sans aucune coquille après une journée épuisante. De les écrire entre 23h et minuit. Les gens, les petites gens bien sûr, se donnent-ils de l’importance, se persuadent-ils ainsi d’être plus intelligents, en remarquant la plus petite des erreurs ? Vous auriez dit : Anne, votre texte est très vivant et très sensible. Il nous tient en haleine. Et nous donne le sentiment d’être avec vous dans la salle. Cependant, j’ai un doute quant à l’orthographe de "gente". Et vous passiez pour une personne aimable. C’est pas mieux ainsi ?
      • Véronique Courjault : la reine du gratin aux fraises
        le mardi 16 juin 2009 à 00:32, Nicolas a dit :
        Merci ! Amicalement
  • Véronique Courjault : la reine du gratin aux fraises
    le mercredi 10 juin 2009 à 14:30
    le dessin du "bébé congelé" est nul et non avenu…
    • Véronique Courjault : la reine du gratin aux fraises
      le mercredi 10 juin 2009 à 15:53, Remay a dit :
      Amateur d’humour noir et décalé, je suis plus que d’accord sur le mauvais goût de ce dessin….
      • Véronique Courjault : la reine du gratin aux fraises
        le mercredi 10 juin 2009 à 21:29, maximus a dit :
        oui tout a fait d’accord le dessin est vraiment super nul et d’extrême mauvais gout. on ne peut même pas parler d’humour noir. c’est tout simplement choquant et affligeant
        • Véronique Courjault : la reine du gratin aux fraises
          le jeudi 11 juin 2009 à 22:43, neant a dit :
          A MAXIMUS, C’est de l’humour noir qui permet de rire ou de sourire de quelque chose, qui, dans notre culture judéo-chrétienne, devrait nous faire pleurer, et d’évacuer l’horrible ou l’insoutenable. Dans ce bas monde tout le monde n’est pas gentil et tout le monde n’est pas beau.
          • Véronique Courjault : la reine du gratin aux fraises
            le samedi 13 juin 2009 à 14:36
            alors, je dirai que dans ce cas de figure,un tel HUMOUR NOIR est VRAIMENT NUL et NON AVENU…
          • Véronique Courjault : la reine du gratin aux fraises
            le samedi 13 juin 2009 à 14:45
            NEANT, je dirai donc que dans ce cas de figure, l’humour noir est ABSOLUMENT nul et non avenu !
            • Véronique Courjault : la reine du gratin aux fraises
              le dimanche 21 juin 2009 à 22:26

              Cette femme porte le poids de sa famille comme la majorité des personnes souffrantes psychologiquement.

              En ce qui concerne le dessin, moi il me fait bien marré !

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