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CULTURE / CHRONIQUE THÉÂTRE

"Vérité de soldat", l’histoire en conscience

Mali / mercredi 1er décembre 2010 par Rita la Babouine
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Un docu-fiction théâtral de la Compagnie malienne BlonBa, et une pièce sur les paradoxes qui jalonnent l’Histoire.

Le directeur du Grand Parquet se qualifie, lui et son équipe, de « passeurs d’imaginaires » et il parle aussi d’un rôle d’intermédiaire de conscience à conscience.. et ce « docu-fiction » théâtral « Vérité de Soldat » y répond vraiment.

Le soldat, l’éditeur et la femme

A travers l’histoire du capitaine Soungalo Samaké, le spectateur traverse trois grandes périodes de l’histoire du Mali, depuis la libération du joug colonial après l’Indépendance avec un régime socialiste de courte durée renversé par un coup d’Etat militaire qui désigna à la Présidence Moussa Traoré. Ce capitaine, comme un rafiot porté par les bourrasques se retrouve un peu par hasard dans l’Armée alors qu’il voulait être agriculteur. D’abord soldat dans les troupes coloniales françaises après un cursus scolaire pour le moins chaotique. Promu capitaine il est chargé d’arrêter le président socialiste, Modibo Keïta pour mettre à sa place Moussa Traoré. Il est dans tous les coups tordus, participe à de multiples exactions parmi lesquelles, un viol collectif de femmes par les militaires.

L’histoire fait entrer le seul personnage de fiction de ce récit en la personne d’une femme née de ce viol, de père inconnu. Sa colère est très grande lorsqu’elle rencontre celui qui veut éditer l’histoire de ce Capitaine car, crie-t-elle, il faisait peut-être partie des violeurs qui ont enfanté sa mère. Quant au troisième personnage, c’est l’éditeur, qui a lui aussi été victime du régime militaire et torturé par le fameux Capitaine. Il essaie de faire comprendre à cette femme pourquoi il a voulu éditer cette histoire et comment il est devenu ami avec son ancien bourreau.

Pourquoi exhumer les horreurs du passé ?

Pièce sur les paradoxes qui jalonnent l’Histoire. Le capitaine qui vient d’arrêter le président socialiste est très gentil avec lui et demande à sa femme de le nourrir avec soin, il ne se rachète pas il assume tout ! Toutes les humiliations qu’il a vécues dans son enfance ressortent-elles dans ces exactions qu’il a commises ? Cherche-t-il ensuite à se racheter ? Non il assume tout tranquillement… la démocratie tel un frêle esquif a du mal à tenir le cap et fait naitre ses propres destructeurs.

Le trouble ressenti par cette femme est aussi le nôtre car on se demande à quoi sert d’exhumer les horribles récits du passé, pourquoi revivre ces souffrances ? Pourquoi revenir sur l’histoire ! L’apartheid, la colonisation les coups d’Etat, les massacres au Rwanda, mais avancer c’est aussi plonger dans ce gouffre et démailloter les intrigues, les parcours de vie, essayer de comprendre.

Les cache-misères de nos régimes !

On pense au comité de réconciliation et de vérité qui a été instauré au Maroc juste après la prise de pouvoir par le Roi Mohammed VI ; d’après des témoignages, les familles ont enfin pu parler de leurs frères ou pères prisonniers politiques, de ceux qu’on a torturé mais il n’a jamais été question d’amener les coupables devant les tribunaux… tout le régime pourrait s’écrouler comme un château de cartes… l’accumulation de secrets amène la destruction totale… Secret-Défense ! Cela ne vous rappelle rien ? Notre belle république « peu ou prou bananière » n’y échappe pas !

Une mise en scène sobre

Le metteur en scène, Patrick Le Mauff, ancien directeur du fameux festival des francophonies de Limoges, a voulu respecter la vérité toute nue en ne la théâtralisant surtout pas. Au début, le public doit s’accrocher pour suivre l’histoire qui est compliquée à saisir et le récit pourrait être écourté, on en perd une partie et aucun moment de détente, de respiration ! Mais on se laisse entraîner car notre conscience est prise à partie… les derniers tableaux sont de saisissants moments de théâtre, on frissonne ! C’est comme un documentaire qui s’approche de nous… la mise en scène donne cet effet, avec les images des acteurs se parlant sur l’écran et sur scène simultanément puis on retrouve les trois protagonistes de face.

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Un docu-fiction théâtral de la Compagnie malienne BlonBa ; texte de Jean-Louis SAGOT-DUVAUROUX d’après « Ma vie de soldat » de Soungalo Samaké

Mise en scène de Patrick LE MAUFF. Avec Adama Bagayoko, Maimouna Doumbia et Michel Sangaré

Le spectacle sera repris à Bamako en janvier 2011 – salle du Blonba et du 8 au 12 mars au Centre National des arts d’Ottawa.


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