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Une nappe gratinée

La vie parisienne / lundi 28 décembre 2009 par Jacques-Marie Bourget
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Une gargote parisienne étale les gribouillis de ses célèbres clients dont Carla et Johnny. On en oublierait presque l’insuffisance de la cuisine.

C’est où la place des Ternes ? Eh bien, à l’ENA… Voilà une réponse injurieuse pour l’élite. Alors que, sur cette place, deux choses sont assez rigolotes. La brasserie La Lorraine, carrefour de tous les possibles, où vous pouvez rencontrer une copine au poil ou Monseigneur Gaillot, ce qui n’est pas pareil.

Au coin de la place, dans l’avenue des Ternes, l’autre endroit marrant est un restaurant, "Les Gourmets des Ternes". Jadis le lieu était tenu par Francis Marie, un type formidablement irascible. Qui, devant des tables vides, pouvait lancer « Je suis complet » à cause de votre sale gueule d’arrivant. Mieux, de virer des buveurs de coca déjà installés. Un jour, il a eu du pot. Faisant des achats au BHV, une bombe explose et c’est le corps d’une malheureuse vendeuse qui lui épargne la mort. Sa gargote vendait la meilleure viande de Paris, Les Gourmets étaient le caviar du biftek. C’est fini. Jef, dit Jean-François, le fils du grincheux, ne remplit pas son resto avec des gourmets mais avec des gens à la mode, quelques voyous de la politique, de la finance ou des médias. Jef ne taille plus la bavette, il alourdit le potin mondain.

S’asseoir aux Gourmets, c’est du sport. Souvent il faut patienter dehors avec des créatures ou des gros messieurs. Enfin à table, si l’on respecte la première dame de France, la vertueuse Carla, on ne peut plus manger. Jef n’a rien trouvé de plus malin que, sur le papier de la nappe, de reproduire un mot doux de la volcanique Italienne. Comment, sans risquer l’outrage – délit qui fleurit maintenant à la vitesse du pov’ con –, se nourrir sans le risque de bombarder à la sauce gribiche l’encre de la divine Bibiche ? Imaginez la colère de Chouchou. Déjà qu’il n’aime pas, pour son compte, recevoir le quolibet, que serait-ce pour sa princesse ?

C’est donc pétrifié que j’ai avalé une bonne assiette de cèpes puis des côtes d’agneau honteuses. Avant l’Aïd, les bons moutons restaient- ils aux crochets, avec Villepin, afin de mieux nourrir des métèques plutôt que des Français de souche, à l’identité affirmée ? De moutons, Les Gourmets n’ontils eu que les noirs ?

Je ne veux pas lapider le pêcheur – pour que plus tard, évoquant ces mots, quelqu’un écrive à mon sujet, « alors il charia » –, mais dans la tonne de photos que Jef met en ligne sur le site Internet de son restau – sûrement le plus grotesque de Paris, qui présente Mathieu « Kassovitch » en place de Kassovitz, et autres sottises visibles à marée basse –, il n’y a pas que des colombes. Christian Audigier, Omar Harfouch, Greg Le Millionnaire, Paul-Loup Sulitzer, Johnny Hallyday, Bob Denard, Dominique de Villepin, fiertés du site, ont aussi fréquenté les bancs d’infamie. Heureusement, on y trouve aussi de saints laïcs comme Claude Bébéar, Pierre Sarkozy, Jack Nicholson, Albert de Monaco, Mick Jagger, Bernard Laporte, Jean-Yves Lafesse et Thomas Fabius ou Benoît Hamon, pour continuer de marcher sur le trottoir de gauche. Œcuméniques, Les Gourmets.

Pour rester dans l’observation purement sociologique, rien que pour mesurer le degré d’affection qui existe entre Carla et Jef, une visite aux toilettes est recommandée. Dans le couloir, vous verrez une photo tendre qui ne figure pas dans la galerie mise sur le site. Dans un resto de viande, c’est un secret d’étal.

Voir en ligne : In Bakchich Hebdo n°12 du 9 décembre 2009

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5 MESSAGES

Forum

  • Une nappe gratinée
    le jeudi 18 février 2010 à 18:19, Juan Miguel da Silva a dit :
    Ah non ! C’est tout simplement pas correct cette critique. En dehors de l’insupportable Jef, de sa fascination pour les stars d’une fraîcheur toute relative, il n’y a rien dans ce papier… Et plus grave : rien sur la cuisine. Rien sur ces poireaux vinaigrette (très frais, eux) qu’on peux trouver aux gourmets. On pourrait aussi aborder longuement la "spéciale" qui est à ce jour ce qu’on peux trouver de mieux comme pièce de boeuf dans les environs (mention spéciale pour la version avec la sauce caramelisée). Si par chance plutôt que de se couper l’apetit en ruminant sur le coté ridicule des courbettes people de Jef, le critique avait eu la bonne idée de prendre un dessert il aurait pu tomber sur un baba au rhum dans la plus belle tradition du genre. Enfin, tout ça pour dire que ça mérite largement une revanche in situ ou un article en section coup de boule sur la servitude du milieu de la restauration face au pouvoir… Moi, j’ai choisi…
  • Une nappe gratinée
    le lundi 4 janvier 2010 à 11:53
    Tu as "FAUX" Jacques- Marie , dans ce restaurant la viande est de grande qualitée….et on y est bien !. Ne reste pas sur une impression rapide car il mérite plus. Signè LEBEUF qui n’en fait pas une salade…
  • Une nappe gratinée
    le samedi 2 janvier 2010 à 09:00, JM MUYL a dit :
    Où le pécheur que vous êtes est-il aller pêcher que pécheur s’écrivait pêcheur ?
  • Une nappe gratinée
    le mercredi 30 décembre 2009 à 14:41
    Effectivement après avoir fait une courte visite sur le site de cet établissement, on peut en conclure :
    - que le peopelerie a de beaux jours devant elle ;
    - que certains ont inventé le nouveau métier de"people" parce qu’en réalité ils sont complètement inconnus ;
    - que le taulier doit vouer un culte à François Valéry
    - Et enfin, que c’est pathétique….
  • votre dernier numéro !!
    le lundi 28 décembre 2009 à 16:07, siocri a dit :
    Je suis un fidéle lecteur de votre hebdo depuis la premiére parution et votre dernier numéro spécial bandits m’a laissé pantois !! Du déja vu, inintéressant,je pense que vous avez abusé le lecteur que je suis ! Certes, il y a des bandits en politique comme partout ailleurs, mais dés lors ou l’on sait trés bien qu’ils ne seront pas punis, à quoi bon faire un collector ? N’y avait il pas suffisament d’autres faits politiques à évoquer plutôt que de noircir du papier et n’apprendre rien de nouveau. Je suis consterné et je pense que ce n’est pas de cette façon que vous réussirez à gagner les lecteurs manquants afin que ce trés bon journal perdure, et ce serait dommage. siocri
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