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Un Plan Shérifs Pour Les Banlieues

19 octobre 2008 à 12h35

Finalement, t’as noté ?

Plutôt qu’un bête plan Marshall qui nous aliène de larges pans de notre clientèle, on a préféré faire aussi un plan shérifs, pour les banlieues.

(Franchement : depuis le temps qu’on a des rêves d’Amérique, ça serait quand même dommage de ne pas les concrétiser pendant qu’on a tous les pouvoirs.)

Un plan de réintroduction des services publics dans les cités sauvages (où recrute Oussama).

Trois services, en particulier.

Un : "Des CRS, éventuellement des escadrons de gendarmerie mobile".

Deux : "Les compagnies de sécurisation de la sécurité publique, nouvellement créées".

(On a envisagé de les appeler : "Compagnies sécuritaires de sécurisation en toute sécurité de la sécurité publique pour que les zones où règne l’insécurité soient mieux sécurisées, mâme Dupont".

Mais d’aucun(e)s ont jugé que c’était limite redondant, et ce n’est pas complètement faux - et puis bon, CSDSETSDLSPPQLZORL’ISMSMD, ça faisait quand même un peu long, comme acronyme, y a des fonctionnaires qui n’arrivaient pas (du tout) à le prononcer.)

Trois : "Les brigades anticriminalité (BAC)".

Fadela en était ravie : "Un plan shérifs, sans déconner, comment que c’est pas dégueulasse".

Est-elle convenue au Conseil.

(Fidèle Fadela !

Nous fûmes richement inspirés de l’intégrer à l’ouverture : jamais elle ne déçoit.)

Bon, naturellement, ce plan shérifs que "l’état-major de la direction centrale de la sécurité publique (DCSP)" vient de présenter "devant des responsables policiers des pays européens" (avec la ferme intention de les faire pleurer de jalousie comme des petites gonzesses fragiles) ne s’appelle pas (du tout) "le plan shérifs des banlieues" - ni même "le plan Rooster Cogburn".

On préfère parler de : "Modèle de maintien de l’ordre dans les quartiers difficiles".

Tout de suite : ça fait plus sérieux, on sent que ça répond aux "défis des violences urbaines".

Mais là, faites excuse(s) : on a mis du lourd.

Moins que pour la recapitalisation des keubans, il va de soi.

Mais du bien lourd quand même, façon war on terror au Plessis-Robinson.

Genre : "Les policiers sont désormais équipés des Flash-Ball d’une portée de 40 mètres avec lunette de visée".

(Avec ça, vous l’avez compris : Sniper Joe va scorer veugra dans les cités.)

Genre : "Les "moyens aériens" sont de plus en plus utilisés, notamment les hélicoptères ou de petits avions - en attendant les drones - munis de spots d’éclairage permettant d’éclairer les toits et les espaces publics [1]".

(Exactement comme dans les films yankees - puuuuutain, comment qu’on est modernes !)

Evidemment, s’il faut (et on suppute qu’il faudra) ?

On déploiera aussi le 13ème Dragons pour des missions en profondeur, et quelques divisions blindées - car , tu l’as deviné : on prévoit de faire aux indigènes de la Seine-Saint-Denis la guerre qu’on ne fait ni aux traders, ni aux Afghans tribaux (qui nous la mettent si fort qu’on fait dire à Bernie que le temps est venu de négocier avec les mollahs modérés).

Notre plan shérifs des banlieues prévoit ainsi, et c’est la mesure dont nous sommes, ici, le plus fiers, que "sur le plan judiciaire, les enquêteurs disposent d’une arme jugée "très efficace" : la possibilité de placer les émeutiers en garde à vue pendant 96 heures - comme pour les affaires de terrorisme".

(On a prévu pour 2011 l’ouverture du camp de Gargeslèsgonessetanamo, pour les moudjahidines qu’on aura péchos dans leurs nids périphériques.)

Les mots importants sont, bien sûr : "Comme pour les affaires de terrorisme".

Notre souci, tu l’as saisi (en ces temps où la crise fait voir que nous sommes la compresse où le trader essuie les sanies du libéralisme (conscient que nous allons de toute façon lui voter 40 milliards d’euros pour sa résurrection, nonobstant que "les caisses sont vides"), et où (comme on disait) le monde entier observe notre embourbage aux monts (chauves) de l’Afghanistan) est de rassurer mâme Dupont, ainsi que mâme Durand, par des saillies sécuritaires.

Banlieue, terrorisme, garde à vue, 96 heures, drones, lunettes de visée : rien ne vaut, pour détourner la charge du gueux dont le pouvoir d’achat se barre en sucettes au Dow Jones, un bon amalgame des familles, qui a déjà fait cent fois ses preuves [2].

Avant qu’il ne s’étonne que les caisses vides soudain se remplissent de milliards d’euros pour les chevaliers de la corbeille ?

Avant qu’il ne s’imagine qu’on l’a (encore) possédé ?

Avant qu’il ne voie trop que, de l’argent, nous en avons, mais qu’il est pour les riches ?

On lui rappelle qu’on est assez fermes pour faire tâter de nos lance-boules de longue portée aux metteurs-de-feu-aux-cités : à la prochaine émeute, attendez un peu de voir comment que ça va charcler dans les rangs des lascars brûleurs.

On est quand même un peu gênés d’avoir été vus à poil quand le palais Brongniart s’effondrait - alors on se console avec un plan shérifs qui donne très fort l’impression que nous avons deux paires de couilles de catégorie pamplemousse.

On veut montrer maintenant qu’on n’est pas que faibles.

On veut en découdre.

On a franchement hâte.

Allez viens, Mohammed.

Allez viens, racaille : je t’ai dans ma ligne de mire.

J’Aimerais Assez Que, Maintenant, Le Bloc-Noteur Du

Notes

[1] A ne pas confondre, évidemment, avec les ridicules spots d’éclairage qui ne permettent pas d’éclairer.

[2] Bien sûr, et comme d’habitude : il y a chez nos "voisins" quelques donneurs de leçons, pleins de gauchisme résiduel, qui font valoir, dit Le Monde, que pendant qu’on "envoie des Robocop en banlieue", ils ont fait le choix, féminin, "d’envoyer des hommes pratiquement sans équipement pour avoir un dialogue". Sauf que nous, désolés : on "dialogue" pas (du tout) avec les hordes benladiques. En tout cas pas dans un rayon de 20 kilomètres autour de Paris. Avec Gulbuddin Hekmatyar, évidemment, c’est différent : s’il veut bien nous dire comment qu’on sort du gigantesque merdier afghan, on est assez preneurs.