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Un Parti socialiste digne des Medicis

6 juin 2009 à 14h41
Avant que les résultats du 7 juin ne soient connus, avant même que le dernier meeting ne se soit déroulé, les couteaux s’aiguisent dans un Parti socialiste de plus en plus digne des Médicis.

Des quadras à tuer…

En effet, alors qu’au dernier Congrès les équilibres changeaient, certains quadras (Cambadélis, Bartolone, et Hamon) connaissaient leur heure de gloire, particulièrement Hamon dont la place de porte-parole faisait bien des envieux. Sa tête est déjà sur le billot (ainsi d’ailleurs que celles de Cambadélis et de Bartolone). La première étape a été de le faire mettre en troisième place sur la liste Île-de-France, au profit d’Harlem Désir (courant Delanoë). Et, puisque les résultats semblent le mettre en position de ne pas être élu, Hollande, Delanoë, et Peillon, sont déjà en train de préparer, si le score est moins des 22% qu’Hollande avait « réussi » aux dernières européennes, des enterrements de première classe pour ces trois là… Affaiblir l’autre camp et surtout ceux qui émergent, c’est laisser la possibilité aux autres d’émerger, ou de revenir !

Couper les têtes qui dépassent

En effet, au Parti socialiste, la plus grande crainte de tous ceux qui ont des espoirs de se voir un jour à des places importantes, c’est de voir émerger quelqu’un qui prenne suffisamment d’importance pour risquer de leur faire de l’ombre et qui prenne durablement une place enviée. Pour l’heure il s’agit de Benoît Hamon, mais Ségolène Royal et tant d’autres - tant d’autres ! - ont déjà subi les conséquences de ces gloires éphémères.

Dans cette logique-là, le jeu de tous ceux qui ont des espoirs est de tuer au plus vite celui qui est encore en train d’émerger, qui est en train de faire sa place et qui, du coup, est encore fragile. Les alliances, parfois contre nature, se font alors, alliance d’intérêts, puisque l’intérêt est alors de s’allier entre prétendants concurrents pour tuer au plus vite cet homme dangereux qui, émergeant, est en train de faire sa place, et qui dans trop peu de temps ne sera plus aussi facilement tuable. Et, une fois tué, les jeux peuvent reprendre entre ces alliés ponctuels.

Ce n’est pas anodin si cela rappelle les pires moments des cours impériales ou royales ! En effet, dans tous ces systèmes féodaux (et c’est le cas, éminemment, de la politique française, et plus particulièrement au PS), se placer, faire tomber, intriguer, c’est se donner les moyens d’aboutir !

Le problème est qu’avec ce système là, aucun arbre ne peut émerger qui dépasse les autres et, à la longue, c’est une forêt d’arbres rabougris que l’on obtient… L’Histoire le montre amplement. C’est le climat actuel du Parti socialiste. C’était le climat, il y a une quinzaine d’années, à l’UMP. Et l’on a vu ce que cela donne.

L’émergence des bandes organisées…

En effet, dans un climat comme celui-là, les seuls qui peuvent espérer émerger durablement sont ceux qui adoptent une ligne de conduite du type mafieuse : si celui qui émerge à su s’entourer de suffisamment d’amis dévoués (pour des raisons très simples d’intérêt très pragmatique, voire de secrets partagés pouvant faire « plonger » les autres), il devient très difficilement atteignable, voire quasi impossible à tuer. Dès lors, ceux qui, en temps normal, auraient essayé de lui faire la peau, voient assez rapidement leur intérêt pour plutôt aller proposer leurs services à celui qui sait comment tirer les ficelles et qui sait récompenser ceux qui le soutiennent.

C’est ce qui a fait le succès de Nicolas Sarkozy, dont on connaît pertinemment l’entourage, dans lequel nombre d’élus se tiennent parce qu’ils connaissent les secrets des uns et des autres et se tiennent ainsi de manière définitive, et savent très bien se soutenir en s’attribuant les postes qui leur conviennent. Les dernières nominations en sont l’exemple.

Européennes et régionales : jeux de dupes et déceptions en vue ! Copinages à gogo, de Sarkozy à Collomb

3 Messages de forum

  • Un Parti socialiste digne des Medicis

    6 juin 2009 22:32, par Nefilim

    Très bonne analyse… mais nullement spécifique du PS. Même dans des partis sans espoir d’accès au gouvernement (ex = FN), les luttes intestines font rage.

    Effectivement, les stratégies d’entraide et solidarité sont celles qui ont le plus de chance de concourir au succès d’un parti ou d’une équipe. Si chacun donne son meilleur aux autres, et réciproquement, le parti peut s’appuyer sur le meilleur de tous ses éléments et globalement, tous les intervenants en tireront bénéfice. Le seul inconvénient de cette stratégie est que… il est bien difficile de déterminer quel individu va in fine émerger à la tête… et tout le groupe ne peut pas obtenir le même poste. Dans le modèle darwinien, on parle de sélection de groupe. Chez Alexandre Dumas, on disait "Un pour tous, tous pour un".

    Par exemple, il n’est pas bien compliqué de comprendre que le parti qui gagne la présidentielle peut distribuer des retombées pour l’ensemble de ses membres. Bien sûr, si tout le monde dans ce parti espérait devenir président, c’est pas gagné.

    Sarkozy a fait l’unité de son parti autour de lui en force grâce à la multiplicité des petits secrets qu’il détenait. Grâce notamment à son passage au Ministère des finances, il a pu extorquer des soutiens peu spontanés, y compris au delà de son parti (tel le soutien improbable de Doc Gynéco). La méthode ne fait rien à l’affaire, les résultats sont là.

    À l’inverse, Bayrou fait aujourd’hui l’unité de son parti autour de lui sans chantage, d’une part parce qu’il n’en a pas les moyens et d’autre part parce qu’aucun concurrent au sein du MoDem n’a la moindre chance tout seul (ou alors en changeant de crêmerie), et qu’il est leur meilleure chance d’accéder un jour à de hautes responsabilités. Du coup, tous sont derrière lui (même si la lutte fait rage parmi les seconds couteaux).

    Le seul espoir d’un parti politique, c’est de se trouver un leader incontesté dont tous reconnaissent rapidement la supériorité… et l’intérêt qu’ils ont à le suivre. L’exemple de l’ascension fulgurante de Barak Obama au sein de son parti est emblématique de ce cas de figure rare.

    • complément 7 juin 2009 18:21, par Nefilim
      Complément : Grâce notamment à son passage au Ministère des finances, il a pu avoir connaissance des personnalités en délicatesse avec le fisc et extorquer des soutiens peu spontanés…
    • Un Parti socialiste digne des Medicis 8 juin 2009 15:52, par Tonino
      Le PS me rappelle ce petit jeu que l’on trouve au Parc Astérix : tape-taupes. De petites taupes sortent la tête de leur trou, et l’on doit leur asséner au plus vite un coup de massue qui les renvoie sous terre… jusqu’au moment où elles sortent à nouveau leur petite tête…pour revevoir un nouveau coup. Lorsque le carillon retentit (ici, ce sont les élections, le carillon), le gagnant est évidemment celui qui a assomé le plus grand nombre de taupes !!! Mais à score égal… place égale…