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Un DJ parisien piégé par la police

23 novembre 2008 à 15h10

Animateur DJ dans une boîte de nuit du quartier des Halles, Stéphane, 38 ans, est accusé d’acquisition, de détention, de transport de cannabis et de cocaïne – et d’avoir fait usage, offert ou cédé ces mêmes produits stupéfiants. « Je reconnais tous les faits », dit-il, blanc comme un linge. Stéphane comparaît devant la 23e chambre. Il sort tout juste de sa garde-à-vue.

« Je suis chargé »

Les circonstances de ce flagrant délit sont troubles. Le 16 novembre, vers midi et demi, Stéphane croise deux clients de sa boîte de nuit, rue de la Grande Truanderie, dans le premier arrondissement de Paris. Les deux hommes sont suffisamment bruyants pour que Stéphane leur demande de se modérer : « Calmez-vous les gars, je suis chargé. Avec ce que j’ai dans les poches, je n’ai pas envie de me faire remarquer par la police ». Quelques minutes plus tard justement, la police les interpelle et demande à Stéphane de vider ses poches. Il en sort une petite boulette de cannabis (0,3 g) d’abord, puis, un à un, treize sachets de poudre blanche. Soit 14,5 g de cocaïne au total.

Des policiers clients

« Vous ne saviez pas que les deux premiers individus étaient de la police ? », demande le Président de la cour. « Non, pas du tout, répond Stéphane, toujours blême. Sinon je ne leur aurais évidemment pas dit que j’étais chargé. Je ne me doutais de rien, je les avais déjà eus comme client au sein de la discothèque ». Le Président opine du chef, marque un silence, puis continue la lecture des faits : « On trouvera aussi dans vos poches, 590 euros en liquide ainsi qu’une feuille de papier avec des prénoms et des chiffres : 60, 60, 40… Les montants en euros des commandes des uns et des autres, j’imagine, une feuille de compte ? » Stéphane acquiesce : « On peut dire ça comme ça ».

Une perquisition est effectuée au domicile de Stéphane où l’on trouve « deux morceaux de cannabis, une cuillère et une carte en plastique servant à manipuler la cocaïne ». « Les textos relevés sur votre portable sont non ambigus », souligne le Président, avant d’ajouter : « Et vos tests d’urine sont positifs à la cocaïne et au cannabis ». Stéphane affirme pourtant ne pas être dépendant : « Je suis loin d’être un consommateur régulier, dit-il. Mais mon métier ne m’aide pas à m’éloigner de la drogue. Je dois justement changer de profession très bientôt, redevenir chef de rang dans un restaurant – c’est mon métier à l’origine, et cela me réussit mieux ». L’enquête de personnalité confirme ses dires. Une promesse d’embauche l’attend effectivement dans un restaurant.

Ratatiné sur sa chaise

Le Procureur rappelle la peine plancher de quatre années de prison pour de tels faits. Il demande 18 mois avec mandat de dépôt. À l’écoute de ce réquisitoire, les signes de nervosité de Stéphane s’accroissent. Il se ratatine sur sa chaise, ne cesse de déglutir et cligne énergiquement les yeux. L’avocat de la défense prend la parole : « Mon client reconnaît les faits et l’on est loin d’une vente à grande échelle. Reconnaissez d’ailleurs l’amateurisme de la situation. Nous avons ici une personne qui crie dans la rue à qui veut l’entendre qu’il est “chargé” ». Et d’insister surtout sur sa situation familiale : « Mon client, divorcé, est père d’une petite fille de 12 ans. Et l’on craint, car nous avons des raisons de le penser, qu’une incarcération soit le prétexte rêvé pour son ex-compagne de lui soustraire la garde de son enfant. Mon client a des moyens concrets de se sortir du milieu de la nuit. Je ne veux pas taxer le ministère public d’absence de sentiment ou de cœur, mais Stéphane a concrètement la volonté de s’en sortir. Je vous demande de lui laisser cette chance ».

Verdict. Dix-huit mois de prison dont six avec sursis sont prononcés, avec mandat de dépôt et deux ans de mise à l’épreuve.

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19 Messages de forum

  • Un DJ parisien piégé par la police

    23 novembre 2008 16:23, par David R.

    J’ai l’impression que cet article n’est pas sans arrierre pensee, contrairement a d’autres chroniques judiciaires, qui sont un instantan’e de la vie dans les tribunaux.

    Pour moi les dealers doivent aller au niouf, et ce n’est pas parce que la poudre est devenu super-cool dans les milieux bourgeois de Paris qu’elle en est moins dangereuse. (et oui lecteurs, a Paris intramuros, le chichon et l’extasy, s’est devenu tellement populo, c’est totalement has-been. Le top dans les soirees, c’est le rail de coco, c’est tellement plus kiffant, et c’est nettement plus chic…).

    Quant a sa fille, elle sera peut-etre en meilleure compagnie aupres de sa mere.

    David, un lecteur de Trax et Tsugi, mais pas un drogue.

    • Un DJ parisien piégé par la police 23 novembre 2008 17:26, par Anne Steiger

      Cher David,

      Votre impression n’est… qu’une impression. Aucune arrière-pensée dans cette chronique, si ce n’est celle de faire entendre les parties en jeu. Et puis, parfois peut-être je vous l’accorde, celle de rendre compte du malaise du prévenu (au demeurant responsable de ses actes). Merci pour vos remarques.

  • Un DJ parisien piégé par la police

    23 novembre 2008 17:49
    Les dealeurs doivent être en tôle ! Votre article est minable.
  • Un DJ parisien piégé par la police

    23 novembre 2008 19:20

    Interressant. Sur Backchich je pensais trouver des commentaires de gens qui respectent les autres, et leurs choix, dans les grandes largeurs. Je suis moi même non consommateur de ces substances, mais tout à fait en faveur de leur totale légalisation. L’etat est là pour aider, accompagner, pas criminaliser, surtout quand ça ne le regarde pas. Au premier et troisieme auteur de commentaires je répondrait "Où est votre combat contre l’alcool ses producteurs et ses revendeurs, qui font bien plus de dégats et se consomment à une toute autre échelle ?" Voilà, deux poids deux mesures, selon ce qui vous arrange.

    Stephane n’a rien à faire en tôle. Joli gâchis de sa vie et de celle de sa fille.

  • Un DJ parisien piégé par la police

    23 novembre 2008 21:59

    suis pas très au fait mais d’après l’article c’est du un an de zonzon ferme pour le gars non !?… avec ce qu’on sait sur les prisons en france…

    les flics qui l’ont serré, ca va, pas trop envie de vomir ?! et le proc et le juge en regardant la bague de rachida dati se volatiliser en première page du figaro ça va aussi ?

    ces temps-ci, du "droit" chemin tracé par nos députés, ministres et président, il ne fait pas bon s’écarter… pour le bas peuple.

  • Un DJ parisien piégé par la police

    24 novembre 2008 09:32
    Le procureur parle de peine plancher, l’individu avait donc des antécédents ?
  • Un DJ parisien piégé par la police

    24 novembre 2008 10:29, par Robert

    Tres bon article. On rappelle que les agents de police en service doivent etre bien sur etre identifiables ou s’identifier dans leur relations avec le public.

    Ce n’était pas le cas ici, on est donc dans le cas d’une infiltration prévu par l’article 706-81 du code de procédure pénale pour les délits prévu à l’article 706-73 CPP dans le cas ici la répression de l’article 222-39 du code pénal.

    l’article 706-81 dispose : "A peine de nullité, ces actes ne peuvent constituer une incitation à commettre des infractions."

    l’article 706-83 dispose : "A peine de nullité, l’autorisation donnée en application de l’article 706-81 est délivrée par écrit et doit être spécialement motivée."

    Il s’agit par contre de vérifier si le procureur de la République a bien autorisé cette infiltration, si les agents infiltrés ont l’autorisation du procureur général et si les procès verbals d’infiltation on été faits.

    Sinon l’arrestation et la perquisition (fouille des poches) de M. X est illegale et la procedure doit etre annulée.

    Le fait que l’on s’appuie sur des déclarations supposées de M. X dans la rue pour justifier une "flagrance" montre que la procédure ne semble pas régulière puisque cette infiltration a été faite dans le cadre d’une enquete preliminaire.

    En tout cas le fait que M. X a accepté de vider ses poches puis accepté une prise de sang ou d’urine pour detecter la presence de stupefiant montre qu’il ne connait aucun de ses droits. Il a le droit de refuser la fouille et l’OPJ doit demander l’autorisation d’un JLD (juge des libertés et détention) pour la fouille de ses poches dans le cadre d’une enquete preliminaire.

    Il a surtout oublié son droit à garder le silence qu’on ne signifie plus en France depuis 2003…

    • Un DJ parisien piégé par la police 25 novembre 2008 21:26, par Alexandre
      Pas du tout. Il ne s’agit pas d’une infiltration, mais d’un contrôle. Les instructions doivent figurer sur les PV, et les avocats de cette personne ne l’ont pas contesté. Les policiers se sont bien présentés "dans leurs relation avec le public" : pensez-vous que cette personne aurait accepté de vider ses poches devant un type lambda croisé dans la rue ? Et rien d’interdit à des policiers de filer des gens sans aucun signe distinctif, du moment qu’ils se présentent au moment du contrôle avec des insignes de leur fonction (brassard ou plaque). Vous êtes hors sujet.
  • Un DJ parisien piégé par la police

    24 novembre 2008 10:49, par Robert

    Article 222-39 du code pénal La cession ou l’offre illicites de stupéfiants à une personne en vue de sa consommation personnelle sont punies de cinq ans d’emprisonnement et de 75000 euros d’amende.

    Article 132-19-1 du cope pénal : Pour les délits commis en état de récidive légale, la peine d’emprisonnement ne peut être inférieure aux seuils suivants : (..) 2° Deux ans, si le délit est puni de cinq ans d’emprisonnement ; (..) 4° Quatre ans, si le délit est puni de dix ans d’emprisonnement ;

    C’est étrange que le procureur de la République parle de 4ans minimum..alors que la peine plancher doit etre de 2ans…

    Etrange cette 23e chambre…

    • Un DJ parisien piégé par la police 25 novembre 2008 21:21, par Alexandre

      Lisez plutôt l’article 222-37 du code pénal avant de qualifier d’"étrange" un tribunal…

      "Le transport, la détention, l’offre, la cession, l’acquisition ou l’emploi illicites de stupéfiants sont punis de dix ans d’emprisonnement et de 7500000 euros d’amende." Donc, 10 ans, cela fait bien une peine plancher de 4 ans.

    • Un DJ parisien piégé par la police 29 novembre 2008 16:14, par JP63

      avant l’article 222-39 il y a l’article 222-37 du code pénal : le transport, la détention, l’offre, la cession, l’acquisition ou l’emploi illicite de stupéfiants sont punis de DIX ans d’emprisonnement.

      Donc peine plancher encourue par les récidivites : 4 ans.

  • Un DJ parisien piégé par la police

    24 novembre 2008 22:30, par Seb
    Le verdict est peut-être un peu lourd vu le délit mais on ne va pas pleurer sur un dealer même si il est petit. J’aime beaucoup le résumé de la perquisition « deux morceaux de cannabis, une cuillère et une carte en plastique servant à manipuler la cocaïne ». Faut-il en conclure que tout possesseur de cuillère ou de carte en plastique est un dealer ou consommateur de cocaïne en puissance ?
  • Un DJ parisien piégé par la police

    25 novembre 2008 17:32, par Livia

    Ca fait plaisir de voir comment une majorité des lecteurs de cet article est prête à envoyer en taule un pôv gars qui visiblement paie sa conso perso de coke en dealant à ses clients…. C’est assez pathétique et hypocrite…. Tout le monde sait très bien qu’en boite, la majorité des gens est défoncée….que ce soit aux pétards, à l’alcool, à la coke ou aux ecxta…. Je rappelle que l’alcool a été classée par des spécialistes dans la catégorie la plus dangeureuse des drogues au même titre que l’héroine !!! Mais là, personne pour vouloir envoyer au gnouf les revendeurs de beaujolais nouveau et dieu sait si ça peut rendre malade !!… ;))) Cette société est rempli d’hypocrisie en tous genres… Si ce gars était copain avec Sarko, croyez vous qu’il aurait fini en taule ? Doc Gynéco a-t-il arrêté de fumer des pétards, à votre avis ? Les tics et l’hyper activité qu’ont nombre de nos politiciens viennent d’où, à votre avis ? Perso, je fréquente pas mal de milieux différents et de la drogue, j’en ai vu dans les médias (coke, héro, pétards, ecxtas), dans le milieu pharmaceutique (cocktail de médocs, morphine, héro, ecxtas), chez des pilotes grandes lignes (coke), chez des artistes (coke, pétards, ecxtas, héro), chez des politiciens (coke, héro), chez des enseignants (pétards), chez des commerçants (coke, pétards), chez les flics (coke, pétards), chez des chomeurs (crack, pétards) etc, etc….

    Alors, moi, j’ai plusieurs questions : Pourquoi seuls les petits consommateurs sont-ils condamnés ? Pourquoi la drogue n’est-elle pas héradiquée vraiment ? Ou alors, pourquoi ne légalisons-nous pas les drogues au même titre que l’alcool ? Quand le problème de la drogue sera-t-il enfin analysé sérieusement ?

    Je rappellerai également que la France est le pays détenteur du record mondial de prise d’anti dépresseurs !

    Mon avis est que la justice n’est pas égale pour tous (mais çà, ça fait longtemps qu’on le sait…Dommage juste que personne ne bouge son cul pour taper du poing sur la table à ce propos….) D’ailleurs, peut-être qu’il vaut mieux que les jeunes se défoncent plutôt qu’ils ne s’intéressent réellement aux affaires de l’état… ;)) Et puis, en France les lobbys de l’alcool sont très puissants… Tandis que la culture du pavot est plus difficile….peu de soleil à l’année…. ;)) Chacun sa drogue….

    J’ai comme l’impression qu’en France, on ne condanme que les drogues qu’on ne produit pas … ;))

    • Un DJ parisien piégé par la police 25 novembre 2008 23:08, par lolo

      peine planché pour problématique au ras des pâquerettes… si ce n’est pas lui qui vends ce sera un autre…puisque les consommateurs sont toujours là…

      La prise en compte du facteur d’intégration sociale est tellement infime dans la justice française actuelle que les conneries humaines qui en découle sont lourde… il : y a 20 ans tu ramenrer tes potes de bal sans le permis les gendarmes de demander de rentrer a pied, au pire tu prenais un tige tel que laver le monument ua mort, ancien combattant… aujourdh’hui si tu as en plus un peu de canna d’il y a trois semaine dans le sang, ça fait un mois detolles, sans tenir compte de ta vie familiale, professionnelle, sociale…

      La pénalisation de tout comportement déviant marque ces limites.

      • Un DJ parisien piégé par la police 26 novembre 2008 09:20, par Alexandre
        Ouais, et il y a 20 ans on avait 10 000 morts par an sur les routes… Jamais vu depuis que je fréquente les tribunaux un mec partir au trou pour une conduite sous canna (modéré) sans casier judiciaire. La règle c’est une grosse amende et suspension de permis par ordonnance pénale ou plaider-coupable. Pour les récidivistes, oui, c’est différent.
    • Un DJ parisien piégé par la police 24 avril 2009 16:17, par Nils

      "une majorité des lecteurs de cet article est prête à envoyer en taule un pôv gars qui visiblement paie sa conso perso de coke en dealant à ses clients"

      Cet homme est un dealer, point final. Il supporte et alimente des réseaux mafieux avec ces pratiques. La peine est peut-être un peu lourde mais il n’y avait qu’a y penser deux fois avant de ce faire ce genre de ***eries.

  • Un DJ parisien piégé par la police

    26 novembre 2008 14:03, par Tanguy

    Pourquoi n’arrêter que les consommateurs et les dealers ? Peut être que les organisateurs des trafics sont trop respectables… rappelons :

    - la reprise de la culture du pavot depuis la guerre contre les Afghan. Notons que des proches du président (représentant des USA) sont impliqués dans le trafic
    - la fameuse affaire des "contras"
    - les cultures de cannabis au maroc
    - le cas Noriega
    - l’indépendance accordée au Kosovo qui se retrouve à présent dirigé par un groupe mafieux que le commerce rentable ne répugne pas.

    Je m’arrête ici : la liste complète est trop longue !!! Elle commence certainement bien avant les guerres de l’opium.. ;

    Il en va de même du trafic de drogue que de celui des armes. Ils semblent tous deux contrôlés par les plus hauts nivaux de pouvoir. ??