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Sexe, corruption : série de scandales aux Etats-Unis

Présidentielle américaine / jeudi 31 juillet 2008 par Doug Ireland
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Chaud devant ! Le tout Washington glose au sujet de deux scandales qui viennent d’éclater outre-atlantique. Le premier, financier, fait la Une de toute la presse. Le second, sexuel, couve sur le Net.

Le 29 juillet est un jour maudit pour l’establishment du parti Républicain. Le doyen de leurs sénateurs, Ted Stevens, 84 ans, a été inculpé pour avoir accepté et caché des cadeaux d’une valeur de 250 000 dollars. Ils lui ont été offerts par une société pétrolière à laquelle il a rendu de nombreux services en tant qu’élu. Le puissant Stevens, d’habitude cassant et colérique au point que le Washington Post du 30 juillet l’a surnommé « l’homme le plus méchant de Washington » est l’ancien président de la commission des Finances au Sénat et sénateur d’Alaska. À ce double titre, il dispose d’une influence énorme sur le budget des États-Unis. Ainsi, lors de sa carrière sénatoriale, il a fait voter plus de trois milliards de dollars de subsides fédéraux pour son État et ce, en dehors du budget principal du pays. Du coup, les habitants d’Alaska lui sont tellement reconnaissants qu’ils l’appellent affectueusement « l’Oncle Ted ». Stevens est aussi connu pour être l’auteur d’un projet de loi de crédits que la presse a baptisé « Le pont vers nulle part ». Au menu des réjouissances : la construction d’un pont entre Ketchikan, une petite ville d’Alaska de huit mille habitants, et une île peuplée de cinquante âmes. Coût pour le gouvernement : 233 millions de dollars !

Ted Stevens, sénateur républicain a été inculpé pour avoir accepté et caché des cadeaux d’une valeur de 250 000 dollars - JPG - 38.3 ko
Ted Stevens, sénateur républicain a été inculpé pour avoir accepté et caché des cadeaux d’une valeur de 250 000 dollars
© (DR)

Cible d’une investigation fédérale depuis un an, Ted Stevens cumule un total de sept chefs d’inculpation. Dans des documents officiels, il a notamment menti en occultant le fait qu’il a accepté plus de 250 000 dollars pour la rénovation de sa maison, un SUV et d’autres cadeaux de la part de la société Veco, dont le PDG est un ami proche. À noter que trois membres de la législature locale de l’Alaska ont déjà été jugés coupables d’avoir perçu des pots de vin de Veco et le propre fils de Stevens, un ancien président du Sénat de l’Alaska, est lui aussi soupçonné d’avoir touché.

Danger électoral pour les républicains

Les conséquences politiques de l’inculpation de Stevens sont de taille et multiples. D’un point de vue électoral, un démocrate n’a pas été élu sénateur en Alaska depuis 1974 et, cette année, le parti de Barack Obama a toutes les chances de rafler le siège de Stevens. Sans surprise, les démocrates ont désigné comme candidat le très populaire maire d’Anchorage qui a déjà les faveurs des sondages. S’ils venaient à l’emporter dans cet État, le parti démocrate augmenterait alors sa courte majorité au Sénat (actuellement 51 sièges contre 49 pour les républicains), au point qu’il rêve maintenant d’atteindre en novembre le chiffre magique de 60 sièges qui permet de contrôler l’institution.

De plus, l’inculpation très médiatisée de Stevens porte un nouveau coup dur à l’image de marque du parti Républicain, déjà bien affaiblie par George W. Bush. La corruption de membres républicains du Congrès a été l’élément clé dans leur perte du contrôle de la Chambre de Représentants lors des législatives de 2006. Les déboires de Stevens qui rappellent au bon souvenir des électeurs ces scandales sont également une « mauvaise nouvelle » pour John McCain. Le fait que Stevens ait été présumé corrompu par une société pétrolière renforce une large partie de l’opinion publique qui soupçonne déjà le parti Républicain d’être le parti des barons du pétrole. Bush père et fils se sont constitués leurs fortunes personnelles dedans et le vice-président Dick Cheney était le PDG de la multinationale pétrolière Halliburton, spécialisée dans la récolte auprès de l’administration Bush de juteux contrats en Irak après une guerre que beaucoup (y compris l’ancien chef de la Réserve fédérale, le républicain Alan Greenspan) mettent sur le compte des intérêts pétroliers.

Edwards, la maîtresse, l’enfant illégitime et les paparazzis

Grâce à un sordide scandale sexuel, les démocrates ne sont pas en reste. Il a été révélé la semaine dernière que le candidat à la vice-présidence en 2004, l’ancien sénateur John Edwards, également candidat à la présidence lors des primaires de 2008, a une maîtresse à qui il a fait un enfant illégitime. Et il a de surcroît menti aux électeurs démocrates sur le sujet pendant sa campagne présidentielle. Le 21 juillet, le journal à sensations National Enquirer, un tabloïd bas de gamme vendu dans les supermarchés à plus d’un million d’exemplaires, a rapporté sur son site Internet que le fringant Edwards, marié et père de quatre enfants, a été surpris par deux de ses journalistes et photographié en train de rendre visite à sa maîtresse et leur enfant à l’Hôtel Beverly Hilton de Los Angeles. Les journalistes de l’Enquirer affirment être parvenus à coincer Edwards à 2h30 du matin, lorsqu’il sortait de la chambre de sa maîtresse, Rielle Hunter. Puis l’histoire est partie en vrille. Les journalistes ont pris l’ex-sénateur en chasse, criant des questions sur ses relations avec la jolie blonde Rielle jusque dans les toilettes de l’hôtel. Edwards s’y est réfugié pendant une demi-heure, jusqu’à ce qu’un gardien de l’hôtel ne le tire de ce mauvais pas en l’évacuant par une porte de service.

John Edwards, ancien candidat à l’investiture démocrate pour la présidentielle américaine fait les choux gras de la presse trash. Cette dernière a révélé qu’il avait caché entretenir une relation adultérine - JPG - 32.1 ko
John Edwards, ancien candidat à l’investiture démocrate pour la présidentielle américaine fait les choux gras de la presse trash. Cette dernière a révélé qu’il avait caché entretenir une relation adultérine
© (DR)

L’Enquirer, qui se délecte de scandales mettant en cause des people, traquait Edwards depuis onze mois. En octobre dernier, le tabloïd avait publié un article révélant l’existence du bébé qu’il a eu avec Rielle Hunter. L’information n’avait alors pas été prise très au sérieux par les « grands » médias et l’ex-sénateur avait démenti. Par la suite, mademoiselle Rielle a prétendu à la presse que le père de son enfant était un vétéran membre du staff d’Edwards, Andrew Young qui, lui aussi, avait revendiqué la paternité du bébé. Pire encore ! L’Enquirer a révélé que la maîtresse du millionnaire Edwards a été payée 15 000 dollars par un des riches donateurs qui a financé les campagnes de l’ex-sénateur pour qu’elle cache la paternité de son amant. Aujourd’hui, Rielle et le bébé vivent dans une maison à proximité de celle de Young. Pendant la campagne présidentielle d’Edwards, selon les rapports du Federal Election Commission, Rielle a en outre était rémunérée 115 00 dollars pour réaliser des reportages vidéo diffusés sur le site Internet officiel de la campagne. Elles ont toutes disparues depuis les révélations de l’Enquirer.

Internet en première ligne

Toute cette histoire s’est répandue comme une traînée de poudre sur des sites web qui comptent des millions de lecteurs comme The Drudge Report et Gawker mais le seul grand média à avoir repris l’information à ce jour est la chaîne câblée conservatrice Fox News de Rupert Murdoch. Celle-ci a interviewé le gardien de l’hôtel qui a confirmé avoir trouvé John Edwards dans les toilettes pendant que les journalistes lui criaient des questions dans le couloir. Selon le gardien, Edwards « était pâle et bien nerveux » et lui demandait « qu’est-ce qu’ils disent sur moi ? »

Des quotidiens britanniques réputés pour leur sérieux, en l’occurence The Independent et le Times de Londres, ont publié le 25 juillet de longs articles racontant l’histoire mais aucun quotidien américain ne l’a fait. Pourquoi ? Dans un mémorandum à ses journalistes, le rédacteur en chef du Los Angeles Times écrivait : « parce que la seule source est le National Enquirer, nous avons décidé de ne pas accorder une couverture à ces rumeurs à sensations. » De son côté, le porte -parole d’Edwards se réfugie derrière un « No comment » et l’ex-sénateur n’a lui-même pas démenti directement l’article de l’Enquirer. Questionné par des journalistes lors d’un discours à Houston, Edwards a seulement déclaré : « je ne commente jamais les articles parus dans des journaux-poubelle car ce sont toujours des mensonges. » En dépit de l’absence d’un démenti formel et explicite de la part d’Edwards ou de son porte-parole, le « journal de référence » le New York Times, qui a pourtant récemment consacré un article de plusieurs milliers de mots aux relations entre John McCain et une jolie lobbyiste blonde avec davantage d’insinuations que de faits, n’a pas encore soufflé un traître mot de l’affaire.

Il faut dire qu’Elizabeth Edwards, la femme de l’ex-candidat présidentiel, est une dame qui suscite beaucoup de sympathie et de complicité parmi les journalistes politiques. Intelligente et chaleureuse, elle a courageusement fait campagne pour son mari cette année en dépit du fait qu’elle souffre d’un cancer du sein. Le désir de la protéger explique sans doute en partie la réticence des grands médias à sortir l’affaire de la maîtresse et du bébé. De plus, ces médias snobent l’Enquirer, coupable à leurs yeux de bafouer la déontologie du métier car il obtient beaucoup de ses scoops moyennant finances et le considèrent comme un torchon pour ménagères écervelées.

Le Washington Post dans les starting-blocks

Mais il semble que, bientôt, des médias de poids s’empareront de l’affaire. Sur le site du Washington Post, un important journaliste politique a répondu à la question d’un lecteur lui demandant si le Post avait mis des journalistes sur l’affaire Edwards : « oui, mais nous attendons que l’Enquirer publie les photographes d’Edwards a l’hôtel dans ses éditions du week-end à venir. »

Le soutien d’Edwards après qu’il se soit retiré des primaires était ardemment recherché par Hillary Clinton et Barack Obama. C’est finalement ce dernier qui l’a emporté et qui l’a annoncé en faisant d’Edwards « l’invité surprise » d’un grand meeting dans le Michigan devant une foule en délire de 20 000 personnes en mai dernier. Tout le monde sait que l’ex-sénateur lorgnait un grand ministère dans la future administration du président Obama. Les médias pensent, eux, qu’Obama a promis la Justice à Edwards ou un nouveau poste de grand manitou anti-pauvreté. Après toutes ces révélations sur la vie privée d’Edwards, ce dernier risque bien de devoir dire adieu à ses ambitions.

Lire et relire sur Bakchich :

Ni vu ni connu, depuis la présidence de Ronald Reagan, la pauvreté et l’inégalité économique ne cessent de gagner du terrain en Amérique. Et leur éradication ne fait vraiment pas partie des priorités des candidats à l’élection présidentielle de (…)
Le républicain John McCain s’est embourbé dans une campagne mollassonne et multiplie les gaffes qui font le miel des comiques télé.
L’engouement des Européens pour Barack Obama, notamment à Berlin, ou bien, nous a appris Bakchich, dans les « cités » françaises, n’a pas lieu d’étonner. Mais cette popularité, pour ne pas parler de toquade, résulte plus des apparences que d’un programme (…)

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11 MESSAGES
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Forum

  • Sexe, corruption : série de scandales aux Etats-Unis
    le samedi 2 août 2008 à 21:32
    Hey les amis : il y a Rue89 qui vous copie avec une semaine de retard et moins de talent : http://www.rue89.com/campagnes-damerique/john-edwards-les-rumeurs-dinfidelite-et-les-medias
  • Série de sandales aux Etats-Unis
    le vendredi 1er août 2008 à 21:57, bouf a dit :
    Pour John Edwards, aucun problème ! Car il y a 2 sortes de polygamie, l’officielle et l’officieuse ! La seconde est réservée aux pays dits "occidentaux" !
  • Sexe, corruption : série de scandales aux Etats-Unis
    le vendredi 1er août 2008 à 07:33, DODO a dit :
    Bonjour. Primo pour le sénateur il n’y a rien de nouveau. Tous les groupes de pressions ont des sénateurs dans leur poches et c’est pas gratuit. Pour l’enfant je ne vois pas le problème. Ce n’est en aucun cas une affaire de sexe comme on l’entend communément (pas de déviance sexuelle, de partouzes). Cela n’a rien de scandaleux d’avoir un enfant hors mariage. Certains commentaires assimilent cette découverte avec le cas Lewisky. Si on parle de morale, se faire sucer sous la table présidentielle et avoir un enfant illégitime ce n’est pas comparable du tout.
  • Sexe, corruption : série de scandales aux Etats-Unis
    le vendredi 1er août 2008 à 03:38, zoe a dit :
    Et en France, quand serons-nous en état d’EXIGER aux élus la transparence sur les trafics d’influence ? Exiger, par exemple aux Présidents des conseils généraux et régionaux dont la "prodigalité" est notoirement connue, qu’ils SE JUSTIFIENT CLAIREMENT sur des contrats publics aux résultats "douteux" et plus largement l’emploi des deniers publics qui leur sont confiés et qui tombent trop souvent dans les escarcelles d’associations bidons pilotées par "copains and co" ; dans les Bouches du Rhône et PACA,il soufflerait alors comme un vent de panique, tellement les exemples abondent d’argent public alloué aux "amis"de plus ou moins longue date. Après tout, c’est l’argent du contribuable !!!
  • Et lortograf b… !
    le vendredi 1er août 2008 à 01:05, zenobie a dit :

    Un internaute a déjà relevé "a en outre était rémunérée…". Il y a aussi "les vidéos… Elles ont disparues"… « jusqu’à ce qu’un gardien de l’hôtel ne le tire… »

    Il vous arrive de vous relire à Bakchich ou bien vous avez décidé de laisser pisser question orthographe ? Décidément, je préfère A. Belkaïd : son écriture est limpide, son orthographe irréprochable (ou presque) et ses observations pleines de finesse, même si on n’est pas toujours d’accord avec ses conclusions.

    Cent rancunes …

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