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Sarkozy Est Gentil

12 octobre 2008 à 14h34

Dans Le Journal du Dimanche, un fidèle messager dominical de l’Elysée nous dit ce matin que "Marina Petrella restera en France", puisque, finalement : "Nicolas Sarkozy ne renverra pas l’ancien membre des Brigades rouges".

Le fidèle messager dominical de l’Elysée le répète aussitôt, pour le cas où tu n’aurais pas compris que Sarkozy est bien prévenant : "Le président de la République a renoncé à faire appliquer le décret d’extradition pris à la demande de l’Italie" [1].

Et de préciser : "Il s’agit d’une décision particulière, justifiée par des raisons humanitaires".

Car en effet : Marina Petrella, incarcérée depuis qu’en 2007 le chef de l’Etat français a dit à son copain Silvio (dont les amis aiment si fort honorer le Duce), amico mio, je vais te remplir ta gibecière de canailles communistes, "refusait de s’alimenter" - en sorte que "son foie a été touché ainsi que plusieurs organes internes", et que "désormais nourrie par sonde, elle souffre toujours d’une dépression jugée inquiétante par les médecins".

Par son communiqué du jour, le fidèle messager dominical de l’Elysée veut nous montrer que Sarkozy est petit, mais que Sarkozy est gentil.

Par son communiqué du jour, le fidèle messager dominical de l’Elysée veut nous montrer que le chef de l’Etat français a (aussi) un coeur gros ça comme, qui bat sur un tempo si évidemment humanitaire, qu’on ne s’étonnerait que peu qu’il aille demain porter du riz aux gueux de la Somalie - et que du coup l’émeut la terrible souffrance de Marina Petrella.

Et je sais parfaitement que le journalisme dominant oblige à des proclamations que la raison ignore, mais là ?

Je voudrais quand même rappeler au messager dominical de l’Elysée que si Marina Petrella est dans cet affreux état, c’est justement parce que Sarkozy n’a eu de cesse, jusqu’à présent, que de confirmer qu’elle serait livrée à son copain Silvio (dont les amis aiment si fort honorer le Duce).

Mettons que je te jette à la Garonne avec des fers aux pieds ?

Mettons que j’attende cinq (longues) minutes, avant de te remonter ?

Mettons que je m’étonne alors que tu sois tout(e) violet(te), et que tu respires si mal, et que j’appelle un prompt secours ?

A mon avis, tu vas me dire que je me fous un peu de ta gueule, et que c’est pas la peine de crier comme ça, et que le mieux, si vraiment j’avais pas envie que tu te noies, eût encore été de ne pas te mettre à l’eau - et tu auras bien raison.

Là : c’est un peu la même chose.

Le chef de l’Etat français nous fait un numéro du genre, c’est vrai que c’est moi que j’ai promis de livrer la bolchevique à mon copain Silvio (dont les amis aiment si fort honorer Benoît Mussolin), mais en même temps gadez comment que j’ai du coeur, maintenant que son foie est touché - entrevoyez qu’il serait temps que vous me proposiez pour le prix Nobel de la peace.

Mais tout le monde sait qu’il aurait pu intervenir bien avant que Marina Petrella ne soit rendue à un état jugé inquiétant par les médecins - et il faut vraiment être loin dans le grand n’importe quoi, pour oser justifier son revirement du jour par des "raisons humanitaires".

Sans titre Liesse !

Notes

[1] Astucieux raccourci, bien dans la manière de notre messager dominical, mais qui ne leurre que les benêts : ce n’est pas (du tout) "l’Italie" qui a jeté Marina Petrella dans un cul-de-basse-fosse, mais bien la droite régimaire qui étend sur nos vies son emprise