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Sarko et le pape dans le collimateur des barbus

Djihadisme / samedi 13 septembre 2008 par Anne Giudicelli
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La visite du pape en France représente une aubaine pour les djihadistes de tous poils et autres aficionados de Ben Laden. D’autant que ceux-ci ne se privent déjà pas de dire tout le mal qu’ils pensent de Nicolas Sarkozy. Alors si en plus le président français reçoit le souverain pontife…

Tables de montage, réalisateur et traducteur : ils sont fins prêts. Les responsables du djihad (multi)médiatique n’attendent plus que les rushes pour finaliser leur prochain « documentaire » en sortie mondiale sur Internet. C’est vrai qu’ils tiennent un sujet d’enfer : la visite du pape en France, qui s’annonce comme un succès d’audience garanti auprès de la communauté radicale pro-Al Qaïda. Car Benoît XVI et Nicolas Sarkozy, deux figures désormais bien connues de la mouvance clandestine, sont du pain béni pour les prédicateurs et autres prosélytes du projet de Ben Laden and Co.

Érigés au rang de dignes héritiers de la « croisade » de George W. Bush, ces deux-là multiplient les petites phrases et autres « lapsus » qui en disent long sur leur représentation du monde musulman et de la menace qu’il représente pour le monde occidental et ses fondements chrétiens. Une vraie mine pour nourrir les argumentaires de recrutement de mobilisation des troupes.

Déjà, au lendemain du 11 septembre 2006, le nouveau pape avait révélé ses talents. Que le numéro deux d’Al Qaïda s’était régalé à révéler. Surfant sur les réactions outrées des communautés musulmanes après sa déclaration de Ratisbonne [1] qui associait l’islam à la violence et dénonçait la guerre sainte, Ayman Al-Zawahri s’était empressé d’en faire bon usage dans un message adressé aux musulmans. Traitant le pape d’ « imposteur », il l’accusait d’avoir « sciemment attaqué l’islam en affirmant qu’il n’a rien à voir avec la raison ». Et ainsi ajouté une nouvelle « humiliation à l’islam » au même titre que la publication des caricatures publiées dans la presse européenne et « l’interdiction en France du port du voile » islamique dans les écoles publiques. Un pape aussi coopératif au développement de la pensée radicale méritant miséricorde, l’idéologue d’Al-Qaïda suggérait de répondre « à son préjudice par un bienfait : nous l’appelons, et avec lui tous les chrétiens, à se convertir à l’islam »… Et de se doter du prénom d’Oussama peut-être ?

Autre coup de pouce du pape à la « cause » : avoir poussé le Roi Abdallah d’Arabie Saoudite — reçu à Rome en novembre dernier — à initier un projet de dialogue entre les trois religions monothéistes. Pour le Souverain wahhabite, il est urgent de dédouaner le Royaume des accusations de soutien aux réseaux Al-Qaïda et, pour le Pape, de rectifier le « malentendu » de Ratisbonne. Pour les djihadistes, c’est un don du ciel. Le chef de l’Église catholique vient apporter une nouvelle preuve de la « trahison » de celui censé garder les lieux saints de l’islam, ce « tyran corrompu » qui leur fait la guerre et les traite de « déviants » de la religion musulmane, et lui faire mériter sa consécration d’ « esclave des croisés ». Voilà qui va définitivement convaincre quelques brebis barbues anti-Al Saoud dans le giron d’Al-Qaïda. Le pape est grand !

Logique que Sa Sainteté ait été invitée en tant que chef d’État en France. Car la France de Nicolas Sarkozy a progressé. Elle n’est plus coupable de « mécréantise », traduction djihadiste de l’athéisme républicain, mais fait désormais partie du club privilégié des États « croisés ». Un Président qui affirme, trois mois après son élection devant la représentation diplomatique de son pays que « le premier risque » dans le monde est « la confrontation entre l’islam et l’occident », mérite une telle consécration. Belle validation à l’analyse d’Al-Qaïda rappelée par Ayman Al-Zawahiri : « la guerre djihadiste populaire est ce que l’ennemi de l’islam craint le plus »… !

Un Président qui déclare ensuite sans réserve « aimer l’Amérique » de Georges W. Bush et décide d’envoyer à sa demande des troupes supplémentaires en Afghanistan pour contribuer à « la lutte contre le terrorisme » sait faire honneur au sacrifice des moudjahidines. L’Afghanistan, où se joue pour Al Zawahiri «  la confrontation de la Croisade contemporaine », ou comme le décrit en écho le Premier ministre, François Fillon [2], « l’opposition entre le monde musulman et une grande partie de la planète »…. La France Sarkocatho est décidément un beau cadeau de Ramadan.

Lire ou relire sur Bakchich :

Le jour de grâce est arrivé, le pape Benoît XVI commence aujourd’hui son voyage de quatre jours dans l’Hexagone. Au programme de la visite parisienne, déjeuner à l’Élysée, discours au Collège des Bernardins et dans la soirée, salut papal devant 15 000 (…)
Le pape arrive à grands frais. Et pas tout seul. Car, juste avant, nos évêques ont vu débarquer de grosses pertes sur leurs comptes en Bourse (600.000 euros). Ces deux événements, sans lien entre eux, éclairent d’une manière forte les difficultés (…)

[1] Intervenant dans une conférence consacrée à la foi et la raison, le pape a évoqué un dialogue entre de l’empereur byzantin Manuel II Paléologue à un savant perse : « Montre-moi ce que Mahomet a apporté de neuf, tu ne trouveras que des choses mauvaises et inhumaines, comme le droit de défendre par le glaive la foi qu’il prêchait. »

[2] Interview sur Europe 1, à propos de l’engagement français en Afghanistan (01/09/2008)


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19 MESSAGES
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Forum

  • Sarko et le pape dans le collimateur des barbus
    le jeudi 18 septembre 2008 à 12:38, sabeau a dit :
    Le pape est un chef d’état comme un autre, donc il a droit à tous les égards que l’on doit à un invité qui représente les fondements de notre civilisation (raison de plus) mais s’il vous plait ne répondez pas à ces barbudos et assimilés sinon on n’en finira jamais, déjà de leur prêter attention c’est vous mettre à leur niveau ! n’est-ce pas ?
  • Sarko et le pape dans le collimateur des barbus
    le lundi 15 septembre 2008 à 04:52, niv a dit :

    @GAB,

    il s’agit, tout bêtement, de dénoncer, la dictature des cul-bénits (de tous poils) dans les médias (et plus généralement sur la scène publique).

    ya pas d’quoi !

  • Sarko et le pape dans le collimateur des barbus
    le dimanche 14 septembre 2008 à 22:33, gab a dit :
    J’ai rien compris à cet article. Quelqu’un peut-il décrypter, SVP ? Attention, pas dire ce qu’il en pense, mais dire (traduire en langage à peu près compréhensible) ce que l’auteur a voulu dire !
    • Sarko et le pape dans le collimateur des barbus
      le mardi 16 septembre 2008 à 12:30, Anne Baté a dit :
      Pareil… A croire que trop de subtilité, tue la subtilité. C’est quoi le message dans l’fond, m’dame Giudicelli ?
  • Sarko et le pape dans le collimateur des barbus
    le dimanche 14 septembre 2008 à 16:03, Zézette a dit :
    En fait que faudrait-il ? Que l’Occident chrétien (car l’Occident est chrétien, même si cela vous arrache un peu la bouche) se fasse dessus à cause d’une poignée de barbus analphabètes prétendant représenter un milliard de Musulmans ? On peut penser ce qu’on veut de Benoît XVI, il est tout simplement dans son rôle, comme chef de l’Eglise catholique. Alors que son discours provoque des crises d’urticaire aux représentants de l’obscurantisme et de la barbarie, on s’en tamponne le coquillard. Ce qui risque en revanche d’arriver un jour, c’est que ces gens (les barbus)lassent les moins enragés d’entre-nous et que l’on décide une bonne fois pour toute de leur coller la fessée qu’ils méritent. En attendant, ils peuvent aboyer et éructer autant qu’ils veulent, c’est dans leur culture.
  • Sarko et le pape dans le collimateur des barbus
    le dimanche 14 septembre 2008 à 10:24, White Tiger a dit :

    La laïcité commence par les règles du protocole. Quand on s’adresse à un pape - qu’il soit romain, copte ou arménien - on dit "Votre Sainteté" (et c’est la même chose pour le Dalaï Lama). L’appellation "Saint Père" - parce qu’elle vient en droite ligne du Concile Vatican 2 - me semble très malvenue. "Très Saint Père" est inadmissible lorsqu’un chef d’Etat français s’adresse au chef d’Etat du Vatican, en visite officielle.

    De la même manière, un journaliste qui a besoin de synonymes peut parler du "pape", de Benoît XVI ou du cardinal Ratzinger, du "pontife romain", de l’"évèque du Latran", du "chef de l’église catholique", mais certainement pas de "Sa Sainteté". C’est inadmissible et c’est surtout ridicule.

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