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Sarah Palin marque des points

USA / lundi 14 juin 2010 par Doug Ireland
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Grâce au Tea Party et à plusieurs victoires lors des primaires, Sarah Palin commence à tisser un réseau solide pour 2012, et se montre une plus fine politique qu’on ne croyait.

Les primaires de 8 juin dans une douzaine d’États américains ont permis de mesurer concrètement l’ampleur de la révolte populaire tant indiquée par les sondages. Ces scrutins ont révélé un grand vainqueur : Sarah Palin, l’idole du Tea Party (le nouveau mouvement colérique populiste de droite), éphémère gouverneur d’Alaska, et candidate à la vice-présidence sur le ticket des républicains en 2008. Et un grand perdant : la gauche.

Sarah Palin, toujours en tête des sondages parmi les présidentiables du Parti républicain pour 2012, est une écervelée qui méconnaît les affaires publiques, mais cette semaine elle s’est révélée beaucoup plus maline dans sa capacité à saisir l’humeur des électeurs de droite. Car chaque fois qu’elle a mis sa popularité et son prestige derrière un candidat dans les primaires, elle a gagné.

Sarah Palin - JPG - 36.8 ko
Sarah Palin
Dessin d’Oliv’

La Caroline du Sud, l’Etat-clef des Républicains

Prenons d’abord la primaire républicaine en Caroline du Sud. Cet État archi-conservateur est le lien de naissance de la "Southern Strategy" (stratégie sudiste) lancée dans les années 1960 par feu le président Nixon pour rafler le Sud de l’Amérique, alors solidement démocrate, avec le grand succès qu’on sait. La Caroline du Sud était dominée pendant un demi-siècle par le grand manitou de la « Southern Strategy », Strom Thurmond, un démocrate qui a abandonné son parti pour devenir le candidat ségrégationniste indépendant contre le Président Truman en 1948 (il a gagné quatre États sudistes avec son démagogie raciste). Il était alors gouverneur de l’État, puis le sénateur pour un demi-siècle, de 1954 jusqu’en 2003, quand il a pris sa retraite à l’âge de 100 ans. Quand le sénateur Thurmond a quitté les démocrates pour de bon afin de devenir républicain en 1964, il a été embrassé par Nixon, qui avait été battu par John F. Kennedy à la présidence quatre ans plus tôt. Nixon a pu consolider sa nouvelle tentative de prise de la Maison Blanche en 1968, une campagne qu’il a gagnée en misant sur les peurs raciales d’une Amérique dont les grandes villes avaient brûlé lors des émeutes des Noirs après l’assassinat de Martin Luther King.

Depuis, aucun présidentiable n’a réussi à se faire nominer par les républicains sans gagner la Caroline du Sud. C’est là où se décide le combat pour la nomination : par exemple, en 2000 John McCain avait perdu toute chance de se faire nominer quand il a perdu la Caroline du Sud face à George W. Bush, mais le même McCain y a bouclé sa nomination en remportant la primaire présidentielle en 2008.

Cette semaine, une femme, une membre du parlement local quasi-inconnue mais soutenue par le Tea Party, Nikki Haley, a battu trois hommes pour la nomination républicaine pour le poste de gouverneur grâce à Sarah Palin. Quand, dans une campagne marquée par de sales coups, Nikki Haley a été accusée par les supporters de ses adversaires d’avoir eu des relations sexuelles extraconjugales (deux hommes peu galants, tous deux dirigeants républicains, ont juré devant les caméras avoir couché avec elle), c’est Sarah Palin qui a volé à son secours.

Palin est non seulement venue faire campagne aux côtés de Haley, mais elle a aussi participé à un spot publicitaire la défendant qui est passé en boucle à la télé. Résultat : la candidate de Palin a immédiatement gagné 10 points dans les sondages, et les épithètes racistes (certains politiciens l’ont traitée de « raghead » car Haley, née Nitrata Gandhara, est originaire d’Inde) n’ont pas eu d’effet.

Encouragés par Palin, les électeurs ont été révulsés par cette campagne négative et tordue. Puisqu’en Caroline du Sud, aujourd’hui solidement républicaine, la nomination du parti républicain est une garantie d’élection en novembre, Palin a ainsi gagné une alliée solide et influente pour 2012 dans cet Etat-clef.

Qui plus est, Palin a ajouté une autre victoire en Caroline du Sud à son palmarès quand un membre républicain de longue date du Congrès, un conservateur nommé Bob Inglis, a été facilement battu pour la nomination par un candidat du Tea Party soutenu par Palin.

Une extrémiste dans le Nevada

Dans l’État du Nevada, la nomination des républicains contre le sénateur Harry Reid, leader des démocrates au Sénat, était très convoitée, car Reid est devenu le symbole des échecs du Congrès et la proie de la fièvre anti-establishment, et était donné perdant dans tous les sondages. Une grand-mère quasi inconnue mais soutenue par le Tea Party pour la nomination contre Reid, Sharron Angle, était donnée perdante dans la primaire de cette semaine face à un respectable membre du Congrès. Sharron Angle a pris des positions extrémistes : elle veut que les États-Unis se retirent des Nations Unies, et elle veut abolir non seulement la « Social Security » (les retraites fédérales pour les seniors) mais aussi les ministères fédéraux de l’Énergie et de l’Éducation ! Avec le soutien fort de Palin, Angle caracole vers une victoire massive, et en dépit de ses prises de position farfelues elle a aujourd’hui une légère avance dans les sondages contre le leader des démocrates au Senat.

Dans la primaire en Californie, même si quelques Tea Party locaux ont soutenu un autre candidat, Palin a misé sur Carly Fiorina, l’ancien PDG du géant Hewlett-Packard, une novice en politique qui a dépensé 8 millions de dollars de sa fortune personnelle dans sa campagne pour la nomination face à la sénatrice démocrate vétéran Barbara Boxer.

Carly Fiorina, une conservatrice qui veut criminaliser l’IVG et s’oppose au mariage gay, est accro à des formules comme «  le gouvernement fédéral n’a pas créé le Rêve Américain, mais il peut certainement détruire le Rêve Américain ! » Et avec Palin à son côté, Fiorina a eu la victoire facile.

Un réseau solide

Avec toutes ces victoires, Palin commence à tisser un réseau solide pour 2012, et se montre une plus fine politique qu’on ne croyait.

La gauche est proclamée grande perdante des primaires de cette semaine par tous les médias parce qu’elle a perdu les deux combats symboliques de sa lutte contre le centrisme galopant.

Dans l’État sudiste d’Arkansas, la sénatrice démocrate vétéran de centre-droite Blanche Lincoln a été ciblée par la gauche dans une primaire parce qu’elle était, au Sénat, celle qui, presque à elle seule, a coulé le projet d’une assurance-santé fédérale pour tous. Les syndicats ont dépensé contre elle 10 millions de dollars en spots publicitaires, tandis que les associations de gauche comme MoveOn.org ou Progressive Democrats of America ont collecté d’autre millions de dollars via Internet et mobilisé leurs légions de volontaires en faveur de l’adversaire de Lincoln, le jeune et beau Bill Halter, gouverneur-adjoint de l’État.

Mais cette campagne de la gauche, amplement racontée par les médias, s’est retournée contre elle. Bill Clinton, qui est l’ancien gouverneur d’Arkansas où il reste une superstar, a mis toute sa popularité derrière Blanche Lincoln. Et, malin comme il est, il s’est livré à une attaque en règle contre la gauche, que Clinton a réussi à stigmatiser comme une « bande d’étrangers » qui voulait « dicter sa loi » aux bons citoyens d’Arkansas. Tous les commentateurs, qui avaient prédit la défaite de Lincoln, ont été plongés dans l’embarras quand, à la surprise générale, la sénatrice a réussi à survivre au sentiment "anti-sortants" ambiant et a gagné sa nomination par seulement un point et demi.

La gauche douchée en Californie

Dans la primaire démocrate en Californie, la gauche voulait battre une vétéran du Congrès, Jane Harman, un faucon qui a soutenu les guerres en Irak et Afghanistan et les écoutes électroniques et téléphoniques anticonstitutionnelles mises en place par George W. Bush. Marcy Winograd, une prof de lycée et militante progressiste bien connue, qui a failli prendre le siège d’Harman en 2006, était donnée susceptible de gagner grâce aux soutiens de MoveOn.org, des Progressive Democrats of America (dont elle est un des fondateurs), et des associations progressistes locales, y compris les associations de latinos-américains d’origine mexicaine, qui constituent une part importante de l’électorat californien. Mais Jane Harman, une femme fortunée qui a mis la main à la poche pour sa campagne et a en plus reçu beaucoup de cash des lobbyistes parce qu’elle est présidente d’une importante commission à la Chambre de Représentants, a offert une douche froide à la gauche en battant aisément son adversaire progressiste de 20 points.

Les stratèges politiques de Barack Obama à la Maison Blanche ont jubilé (en «  off » bien sûr) devant les journalistes après ces défaites de la gauche, et ont été particulièrement sévères dans leurs critiques sur le rôle des syndicats dans l’Arkansas, regrettant que les 10 millions de dollars des syndiqués dépensés à battre le sénateur Lincoln soient « partis avec la chasse d’eau » au lieu d’être conservés pour battre les républicains lors de l’élection de novembre. Le divorce entre Obama et les leaders de la majorité des syndicats est aujourd’hui presque total.

Quel avenir pour le Tea Party ?

Si les primaires de cette semaine ont confirmé la puissance de Palin et du Tea Party dans le Parti républicain, reste à savoir si leur influence sera aussi grande avec les électeurs. Un nouveau sondage cette semaine pour le Washington Post montre un déclin important dans la sympathie de l’ensemble des Américains pour le Tea Party : en mars dernier ils étaient 43% à émettre une opinion favorable du mouvement populiste de droite (contre 38% qui avaient un avis négatif), mais les avis négatifs atteignent maintenant 50% (contre 36% d’avis positifs). Les spéculations sur la raison de ce déclin de popularité tournent sur le fait que, depuis des mois, les victoires des candidats du Tea Party dans les primaires républicaines, largement médiatisées, ont beaucoup entamé la réputation du mouvement pour une indépendance politique, et leur ont fait perdre des soutiens au centre. On ne sera sûr qu’en novembre…

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1 MESSAGES

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  • Sarah Palin marque des points
    le samedi 12 juin 2010 à 07:57, Phil2922 a dit :
    Bush : "Le Tea Party, c’est çà que j’aurais du faire…. Le problème dans le thé, c’est qu’il n’y a pas d’alcool et çà mes potes ne l’auraient pas aimé… !".
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