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Quand le bon peuple chinois attaque la police

Jacquerie / mardi 18 novembre 2008 par Henry de Saint-Clair
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Réputés pour avoir la matraque facile, des policiers chinois ont failli être lynchés par une foule en furie dans le sud du pays. Et ce n’est pas la première fois.

Vendredi 8 novembre 2008 au matin, district de Shenzhen dans la province du Guangdong réputée pour son taux élevé de criminalité. Li Guochao, 31 ans, conduit son deux roues sans plaque d’immatriculation avec un passager à cheval sur le porte-bagages. Li circule sur la Baoshi East Road dans le district de Bao’an, le plus populaire des six districts de la ville de Shenzhen.

Selon le quotidien chinois anglophone China Daily du 10 novembre, la police de la circulation a installé un barrage filtrant. Objectif : pincer des petits délinquants urbains spécialisés dans le vol à la tire. Toujours selon China Daily, pris de panique, Li Guochao refuse de s’arrêter et force le barrage. Un policier en faction — un certain Lai (son nom complet n’a pas été divulgué) — lance alors talkie-walkie sur le fuyard. Li, déstabilisé dans sa conduite, perd alors le contrôle de son engin et s’encastre dans un poteau électrique. Grièvement blessé, il est emmené à l’hôpital le plus proche et succombe à ses blessures à 12h30. Enfin, c’est ce qu’affirme l’enquête de police.

Les policiers sont jugés responsables du drame

A 13 heures, la famille et les proches de Li transportent son corps sans vie de l’hôpital vers le commissariat de police le plus proche du lieu de l’accident. La famille de la victime juge les policiers responsables de ce drame et le font savoir autour d’eux. Las ! En Chine, les quartiers populaires s’échauffent vite… En un rien de temps, trente personnes encerclent le commissariat. Selon l’agence de presse officielle Chine Nouvelle, le nombre de manifestants atteint rapidement les 400 auquel il faut ajouter 2 000 badauds excités.

Tout ce beau monde exprime bruyamment son indignation et sa colère à coups de jets de pierre et de cocktails Molotov. La police locale est vite débordée et une partie du commissariat est saccagée ainsi qu’un véhicule de police incendié. Pour autant, et aussi surprenant que cela puisse paraître, les forces de police répondent de manière apparemment mesurée, tout en restant fermes sur la matraque, comme le préconise le ministère de la Sécurité Publique .

Vers une gestion plus tolérante des émeutes populaires

Dernière d’une longue série, cette démonstration spontanée de violence envers la police a conditionné les palabres à la chinoise engagées entre les proches du défunt, la police et les autorités politiques locales. Les premiers réclament justice et réparation. Ils auront gain de cause. D’après l’agence de presse Chine Nouvelle, la famille aurait demandé une compensation de 600 000 yuan (68 000 euros) au gouvernement local. Mais après négociation, les deux parties se seraient accordées sur la somme de 200 000 yuan (23 000 euros). L’affaire est close et la foule sera dispersée dans le « calme » le jour même, aux alentours de deux heures du matin.

Malgré l’accroissement régulier des protestations de masse contre les pouvoirs publics locaux véreux et les exactions d’opérateurs privés dénués de morale, le recours à la négociation et à l’usage modéré de la force caractérisent actuellement la gestion des manifestations populaires hostiles par les forces policières chinoises. Bien entendu, excepté celles des minorités tibétaines et ouïghours qui sont toujours victimes d’une véritable répression.

Mieux encore, au pays de Tiananmen, de plus en plus d’indices tendent à montrer une démocratisation progressive de la police, du contrôle comme de la surveillance de la population, en passant par l’évolution des techniques de maintien de l’ordre. L’expression spontanée d’une violence populaire contre les forces de l’ordre résulte d’ordinaire davantage des mentalités et des comportements propres à certains cadres de cet appareil spécifique d’Etat — corruption rampante, compromission avec la criminalité organisée, abus de pouvoir, zèle flagrant — que d’un usage aveugle de la violence légitime contre le peuple. Un véritable pied de nez aux thèses stigmatisant sottement le Chinois comme un être paisible par nature et en toute occasion maître de lui-même…


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6 MESSAGES

Forum

  • Quand le bon peuple chinois attaque la police
    le vendredi 29 mai 2009 à 13:33, buckaroo82 a dit :
    Après la grande muraille,la grosse différence.Elle existe entre nos deux polices d’états totalitaires.La chinoise tape et dédommage.La notre tape,point final.La quelle d’après vous se rapproche le plus de la démocratie ?
  • Quand le bon peuple chinois attaque la police
    le mercredi 19 novembre 2008 à 13:13, Jean Do a dit :
    "L’expression spontanée d’une violence populaire contre les forces de l’ordre résulte d’ordinaire davantage des mentalités et des comportements propres à certains cadres de cet appareil spécifique d’Etat — corruption rampante, compromission avec la criminalité organisée, abus de pouvoir, zèle flagrant — que d’un usage aveugle de la violence légitime contre le peuple." Il me semble effectivement que les actes violents que la presse a pu relater sont généralement liés à une réaction face à l’arbitraire. En revanche je ne vois pas en quoi la violence peut être "légitime". Et son "usage aveugle" voudrait dire qu’il existe un seuil en deçà duquel la violence est supportable ? je suis perplexe devant la fin de cet article…
    • Quand le bon peuple chinois attaque la police
      le jeudi 11 juin 2009 à 08:22
      Il y a deux sortes de police en Chine : la police "armée" qui relève de l’Etat fédéral et les polices locales qui relèvent des autorités locales. Le contrôle du Parti communiste chinois s’exerce à tous les nivaux - depuis l’Etat jusqu’à chacun des rouages locaux - et il y a déjà fort longtemps que ses membres sont recrutés par un concours très sélectif (l’équivalent des écoles mandarinales de l’administration impériale). C’est par ce biais que s’exerce le contrôle démocratique et il est utile de rappeler que si il y a beaucoup de corruption dans ce pays immense, la peine prévue au code pénal, et régulièrement appliquée dans les cas de reponsables politiques, c’est la peine de mort.
  • Quand le bon peuple chinois attaque la police
    le mardi 18 novembre 2008 à 09:48, Iloveparis a dit :
    En France cela aurait ete -20 000 euros pour la famille. ben pourquoi ? ben une instruction avec un non lieu avec un avocat cela coute ca..
  • Quand le bon peuple chinois attaque la police
    le mardi 18 novembre 2008 à 07:31
    Allez, les chinois. On est avec vous.
    • Quand le bon peuple chinois attaque la police
      le samedi 22 novembre 2008 à 13:46, Benvoyondon a dit :
      oui, plus ya d’fous moins ya d’riz.
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