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Procès à la djiboutienne

mardi 22 août 2006
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Réunion (presque) imaginaire au Palais de l’Escale pour enterrer l’affaire Borrel. Alhoumekani et Iftin seront-ils jugés à Djibouti pour le meurtre du Juge Borrel ? … (Equipe ARDHD - Humour pénal)

Sont présents et assis autour de la grande table :

Le Colonel Madhi (ancien colonel de Gendarmerie, responsable des interrogations « spéciales »), Hassan Saïd (patron du SDS, les services secrets), le Lt-Colonel Zakaria (chargé de l’enquête djiboutienne sur la mort du juge Borrel), les Généraux Fathi (chef d’Etat major de Djibouti) et Zakaria (son adjoint), Moumin Bahdon (ex-opposant rentré dans le rang), Djama Souleiman (procureur général de Djibouti), Ismaël Omar Guelleh (président de la république djiboutienne), Yacin Elmi Bouh (grand argentier du régime), Ali Guelleh (cousin du président et patron d’EDD, électricité de Djibouti), Martine t avocat français du régime), Aref (avocat djiboutien du régime) et Alain Romani (homme d’affaires corse proche du régime)…

Ismaïl Omar Guelleh (IOG) :

Messieurs, je vous ai convoqué à cette réunion, pour que nous prenions les décisions capitales qui s’imposent afin de mettre un terme définitif à cette affaire Borrel. Elle nous empoisonne la vie à tous et ça prive certaines des personnes présentes ici, dont Moi en premier, de la possibilité de passer des vacances en France …

Hassan Saïd :

Comme tu as raison, Grand Chef estimé de tous, à cause de cette convocation, je n’ai pas pu profiter de ma petite résidence en France et cela me manque beaucoup. En France, il fait frais. On a l’impression qu’ils climatisent les rues ..

IOG :

Ca y est, voilà que tu recommences à délirer !

Vous tous, vous vous êtes agités frénétiquement depuis des années, échafaudant des déclarations gesticulaires sans aucun fondement et sans ne jamais obtenir aucun résultat concret. Contrairement à vous, Moi, je ne pédale pas dans la choucroute. J’ai d’abord réfléchi et ensuite j’ai pris les bonnes décisions et j’ai agi …

Djama Souleiman :

Tu es le meilleur d’entre nous et ce n’est pas pour rien que c’est toi l’époux de la Reine, le Président du royaume, renouvelable à vie, élu à l’unanimité des votants favorables et reconnu pour ta clairvoyance incomparable, par l’ensemble de la communauté internationale admirative et aussi très généreuse …

IOG :

Merci pour la brosse à reluire. A ce petit jeu, tu n’as aucun rival, Djama. J’ai rencontré l’Ambassadeur de France. Jean-Marie est un homme délicieux et charmant qui est à notre totale dévotion 24/24 et 7/7, comme les super marchés aux USA. Cela ne fait aucun doute. On a fait un super deal ensemble. La France reconnaît la compétence de la Cour de Justice internationale et s’arrange pour perdre le procès. Nous on récupère le dossier.

Mahdi :

C’est un excellent deal à la hauteur de tes inestimables capacités de négociateur, que nous reconnaissons. Que se passera-t-il ensuite ?

IOG :

Faut-il que tu sois encore plus imbécile, que je ne le pensais, pour ne pas avoir compris la suite. J’ai bien fait de te mettre hors service et de te remplacer à ton poste, Mahdi …

Moumin Bahdon :

Je vois bien où tu veux en venir, Oh lumière allogène de la politique djiboutienne, mais à quoi je sers, moi, dans vos petits arrangements internes ?

IOG :

J’allais dire "à rien, comme d’habitude". Mais ce n’est pas tout à fait vrai. En tant que repenti et ancien Ministre de la Justice à l’époque du meurtre, tu devras témoigner pour accréditer nos positions …

Ali Guelleh :

Tu peux nous en dire plus, oh mon cousin, car je ne retrouve plus le fil de ta pensée géniale certes, mais un peu décousue à l’instant.

On est jamais trahi que par les siens

IOG :

Comme vous le constatez tous, on n’est jamais mieux trahi que par les siens. T’es con Ali Guelleh ou quoi ? Si t’as pas compris, tu te tais et tu écoutes les autres, sans broncher. Chacun son rôle et les chameaux seront bien gardés.

Aref :

Mais c’est magnifique. Moi j’ai compris la stratégie supérieure, sortie de ton intelligence incomparable, oh mon sauveur vénéré, mon ancien geôlier juste et si parfait ! On va organiser le procès en assassinat au Palais de Justice de Djibouti.

IOG :

Enfin un qui a compris l’évidence ! J’ai bien fait de ne pas le tuer à Ali Addé. Il peut encore me servir… pendant quelques mois … !

Martinet :

Cessez tous d’importuner notre Souverain lumineux ! Laissez-le continuer son exposé et taisez-vous …

IOG :

Merci Alain, tu es le seul qui ait un minimum d’éducation autour de cette table et je l’apprécie. Tu passeras chez le Trésorier pour toucher tes honoraires mensuels que je vais faire un peu rallonger ce mois-ci. Donc je continue. Djama fait instruire le dossier en urgence absolue : facile quand on a toutes les pièces. Il suffit de trier et de conserver celles qui nous sont favorables. Et on ouvre le procés.

Lt-Cl Zakaria :

Oh Mon maître si généreux, es-tu certain qu’on trouvera suffisamment de pièces favorables à notre position, pour être crédibles ?

IOG :

Toi, le petit Zak, tu la fermes pour de bon. Après tout, souviens toi que tu as contribué largement à nous mettre dans le pétrin où nous étions englués. Quand, avec une dizaine d’hommes aguerris, on n’est même pas capable de liquider un déserteur, futur accusateur, dans les rues d’Addis Abeba, quand on fait sauter un hôtel pour rien, on ne la ramène pas devant les adultes.

Retourne à tes études chez les militaires français et contente-toi de cette chance inespérée dont tu bénéficies grâce à moi. Comme vous l’avez compris, il n’est plus question de suicide. On va tenir un grand procès médiatisé pour assassinat … L’ADI et La Nation vont se surpasser pour l’occasion.

Général Zakaria :

Oui mais qui dit assassinat, dit meurtrier. Lequel d’entre nous, vas-tu sacrifier pour te laver de tous les soupçons. En fidèle militaire, j’obéirai, mais je préférerai quand même, rester en dehors du coup et que ce soit un autre que moi qui porte le chapeau.

Alain Romani :

Le général a tout à fait raison. Je pense la même chose.

IOG :

Alain, le jour où tu auras une pensée personnelle, n’oublie pas de me téléphoner en urgence pour me prévenir. On broutera ensemble pour fêter l’événement … Donc, je reprend, avant l’intervention du petit Zakaria qui m’a interrompu. On fait un procès pour meurtre. Les accusés seront Mohamed Alhoumekani et Ali Iftin. Comme ils ne seront pas là, ils ne pourront pas se défendre. On met tout sur leur dos et l’affaire est dans le sac.

Toc, toc, Dileyta passe la tête.

Dileyta :

Salut à tous. Mais je vois que vous travaillez sérieusement, alors je ne vais pas vous déranger plus longtemps. Moi je vais allez au PK20 pour cueillir mes fraises. Vous savez combien je les aime et en plus, ça fait passer agréablement le temps.

IOG :

C’est cela, bonne cueillette et ne fatigue pas trop tes cellules grises, qui sont un peu rouillées. Elles manquent d’entraînement depuis plusieurs années …

Dileyta se retire en fermant la porte.

Général Fathi :

On reprend la discussion. C’est génial, absolument génial. T’es le plus fort ! Il suffisait d’y penser ! On a deux coupables "au petit poil" et en plus on s’affranchit de leurs idées révolutionnaires qu’ils publient sur leur site de pacotille. Gouvernement en Exil, mon c… enfin je dois rester poli … !

Enterrer l’affaire, être lavé de tout soupçons et demander des subventions

IOG :

En fait, on fait d’une pierre trois coups. On enterre l’affaire Borrel avec deux coupables, condamnés à la prison à vie par contumace. On condamne les deux rigolos de Belgique au silence. En plus, cerise sur le gâteau, on tue l’instruction pour subornation de témoins, au motif qu’ils ne sont plus témoins, mais condamnés. Clean, hyper clean, on redevient plus blanc que blanc et on redemande de l’argent à Bruxelles.

Yacin Elmi Bouh :

J’ai déjà monté toutes sortes de dossiers "bidon" pour obtenir des aides, des subventions, des prêts sans garantie, mais il y avait quand même, un début de justification. Même si les donateurs sont plus que bienveillants et totalement aveugles, je ne vois pas la justification, dans ce cas, pour tirer de l’argent de Bruxelles.

IOG :

Yacin, tu me déçois, d’habitude t’es plus futé ! On va dire que l’on demande de l’argent pour réparer le préjudice, que cette affaire que l’on a cherché outrageusement à nous coller sur le dos, a causé en termes de dégradation de l’image de marque du pays. Manque à gagner sur les recettes touristiques, stupéfiante dépréciation de nos produits toxiques à l’exportation, …. Tu trouveras d’autres pertes d’exploitation à mettre en avant pour justifier la demande. Tu garderas 15 % pour toi. Ca devrait suffire pour te motiver … Non ?

Sans frapper, Paulette entre avec une bouteille de champagne largement entamée …

Paulette :

Salut les copains !

Tous : Salut Paulette.

Paulette :

Excusez-moi, je ne savais pas que vous étiez en réunion. Le gros, il me cache tout en ce moment. Je ne sais pas ce que je lui ai fait, mais il est impossible à vivre. Qui veut des loukoums tout frais que je suis aller chercher spécialement tôt ce matin au marché de Dubaï avec notre avion ?

Tiens à ce sujet, Ismaël, il faut que tu penses à le changer, car il commence à être usé, à force d’effectuer des rotations quotidiennes à pleine charge sur Dubaï, Mogadiscio, Londres et Johannesburg. Il faut savoir renouveler les outils de travail, avant qu’ils ne cassent. Souviens-toi, cela est arrivé dans le passé, quand tu allais en visite au Yémen. Ce n’est pas le moment, car entre les bébés somaliens, les armes et le sucre raffiné au port, on a plein de commandes à livrer … Ah au fait pendant que j’y pense, Ali Guelleh, il faut que je te vois d’urgence. Par hasard, tu ne m’aurais pas caché une nouvelle subvention accordée à l’EDD ?

Ali Guelleh :

Je ne le pense pas, beauté suprême, mais un oubli est toujours possible. On a reçu tellement de subventions depuis quelques mois, que je m’y perd parfois ..

Paulette, sortant un petit carnet de sa poche :

Eh bien, sache que moi, je ne m’y perd jamais. Tu me dois exactement 375.857.289,31 FDJ plus 189.167.875,28 FDJ à Guelleh et 45.272.548,01 à chacun de nos enfants respectifs. Ne t’avise surtout pas de recommencer, car je t’ai à l’oeil désormais.

Ali Guelleh :

Si tu le dis, Princesse, c’est que tu as raison. Je te porte le paiement demain matin. Juste le temps de passer à la Caisse de l’EDD pour sortir le pognon en liquide. Coupures usagées, moitié dollars US, moitié Euros, comme d’habitude ?

Paulette :

Une affaire rapidement réglée. Toi Yacin, tu vas devoir agir. Quand je passais en voiture avenue 13, en revenant de l’aéroport, j’ai surpris un passant qui ne s’est pas prosterné à mon passage et plus, il m’a regardé dans les yeux, alors que c’est formellement interdit par l’étiquette.

Avec mon portable, je l’ai pris en photo. Tu retrouves ce terroriste qui met en danger la sécurité nationale et tu le confies à Hassan, qui saura l’interviewer, à la manière forte, avec l’aide du petit Zakaria … afin qu’il dénonce volontairement tous ses complices. Eh ! Le petit Zak, tu pourrais me regarder, quand je te parle, nom du chien. Il faut tout lui apprendre à ce petit ambitieux, même la politesse devant les dames.

J’espère quand même que tu n’as pas perdu la main chez les enseignants militaires français ?

Yacin Elmi :

Tu m’envoies la photo sur mon portable et ce soir, il sera traité spécialement à la Brigade Nord de la Gendarmerie. Demain à l’aube, il n’aura même plus la possibilité de battre des paupières. Lessivé le mec… Détruit physiquement et moralement, défiguré à vie, pour t’avoir offensé d’un regard furtif, Oh notre reine chérie. Et après, on traitera sa famille et ses amis, de la même façon. En plus ses filles seront violées au Camp Cheick Osman.Il faut savoir se faire respecter, nom d’un chien ! Où se croient-ils tous ces provocateurs ? Au club Med ? Je vous parie même une botte de Kat, que l’ignoble coupable n’est pas djiboutien. C’est surement un étranger, ancien gardien de chameaux, natif d’Ethiopie, qui aurait réussi à échapper à la grande rafle.

Paulette :

Tu obéis et tu fais tout ce que je te demande. Un point c’est tout. A l’avenir essaye d’éviter ces allusions vaseuses et inopportunes, car je te les ferai avaler … Je vous rappelle que l’objectif est d’augmenter les profits de la Nébuleuse GHA cette année et que les chiffres de juillet ne sont pas bons. Alors je compte sur vous pour faire un effort au dernier quadrimestre pour l’obtention des aides et des subventions et surtout pour accroître les encaissements. On est en retard sur le plan … Sur ce, je vous laisse, il faut que je fasse la cuisine pour le gros. (Se tournant vers Guelleh) A tout à l’heure mon petit chéri d’amour… Surtout ne rentre pas trop tard, car le soufflet au caviar et langoustes, ça n’attend pas … et je t’ai débouché une bonne bouteille de Château Laffite Rothschild 82 …

IOG :

Bien sûr, ma douce poupée de rêve, mais ne m’attend pas trop tôt quand même, car avant le déjeuner, je dois rendre visite à une connaissance, près du Club des Cheminots.

Paulette :

Ce ne serait pas ta vieille copine, par hasard ?

IOG :

Hum, non, il y a longtemps que c’est fini tout cela. Même avec du viagra, ce n’est plus comme avant … tu es bien placée pour le savoir … !

Paulette quitte la salle, en reine hautaine et offensée, avec sa bouteille de champagne, vide désormais, sous le bras.

Romani :

Bravo Ismael. Tu nous a tous merveilleusement surpris, une nouvelle fois. Ta construction machiavélique nous affranchit miraculeusement de tous les soupçons, y compris d’avoir fait apposer des tampons anti-datés sur mon passeport. Mais au fait, il me semble que tu as commencé ton exposé en évoquant un deal. Quelle est la contrepartie à la charge de la République de Djibouti ?

IOG :

Tiens, t’es capable de penser ? C’est nouveau ça ! Mais tu as vu juste. En échange, on rend toutes les preuves qui concernent les exportations françaises illicites de matières nucléaires à destination des pays sous embargo : Corée, Irak et Iran et on ne garde pas de copies. C’est stipulé dans l’accord. On y perd notre monnaie d’échange, certes, mais on gagne notre tranquillité d’esprit. Comme nous sommes tous devenus milliardaires, on va pouvoir profiter de nos sous, sans angoisse ni restriction.

Et il se met à chantonner : "Ah, les petites femmes, les petites femmes de Paris. A moi, les petites femmes de Paris …"

Un tonnerre d’applaudissement salua cette déclaration finale et son bruit intense fut entendu dans toute la ville.

Avec l’aimable autorisation de l’Ardhd


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