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Pousse ton pousse-pousse !

mardi 17 octobre 2006 par Moussa Ka
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Dans l’administration, on a un travail mais pas de salaire, alors on rançonne.

La cloche vient de sonner la pause déjeuner. Le lycée français Fustel de Coulanges déverse dans la rue ses précieux élèves, fils de diplomates hexagonaux et de nantis camerounais, qu’attendent impatiemment les mères permanentées et les chauffeurs assermentés.

Ce beau monde ignore superbement ce qui se trame dans leur dos, à quelques mètres, sur le parking de l’hôtel de ville qu’on appelle ici Communauté Urbaine de Yaoundé (CUY). Une scène trop banale sans doute. Le visage baigné de larmes, un gamin se mouche dans la loque de maillot de foot qui lui sert de vêtement. L’infortuné vient de se faire capturer, à quelques rues d’ici, par trois agents de la CUY qui retiennent en otage son chariot à beignets. Son crime ? Avoir traîné son pousse-pousse sur la chaussée au lieu de rester sur ce qui fait office de trottoir. « Je suis nouveau, je ne savais pas », sanglote le jeune Bamiléké, terrorisé. Immigré de fraîche date, originaire de Bafoussam (Ouest du Cameroun), il ignore tout des règles arbitraires de la capitale que le personnel municipal fait respecter à coup d’amendes aussi imprévisibles qu’injustes. « Ce sera 5 000 F CFA » (7,5 euros), annoncent les trois compères rigolards à leur victime du jour. Laquelle, assommée par cette somme astronomique (équivalente à la location d’un chariot à beignets pendant deux semaines), s’effondre à genoux et implore les mains jointes la clémence de ses maîtres.

© Masioni

Malgré les apparences de cette scène surréaliste, les employés de mairie qui s’amusent ainsi à humilier publiquement un jeune Bamiléké ne sont pas de mauvais bougres. Ils ne sont tout au plus que les privilégiés d’un système de cooptation où l’origine ethnique ou familiale tient lieu de diplôme et de certificat d’embauche dans une administration majoritairement Béti. Mais ce privilège a un revers, car l’alchimie camerounaise veut que les salaires des petits employés s’évaporent avant de parvenir à leurs destinataires. Mal rémunérés (quand ils le sont), les soutiers de l’administration sont donc invités à se payer sur l’habitant en tirant profit, par exemple, des trottoirs impraticables que les autorités municipales prennent soin de ne pas réparer. C’est ainsi que, décidés à déguster en paix l’appétissante marchandise du vendeur de beignets, nos trois agents mettent fin à la génuflexion de leur victime et l’expédient fissa à la recherche de l’extravagante rançon. Pendant que l’inconsolable « nouveau » s’enfonce dans la ville en quête d’un improbable secours, un impressionnant cortège de 4x4 climatisés se met en branle, comme tous les jours sur le coup de 13 heures, emmenant les heureux élèves du lycée français vers un repas bien mérité.


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3 MESSAGES

Forum

  • Pousse ton pousse-pousse !
    le vendredi 23 mars 2007 à 19:21
    Pendant les années dites de braises (decennie 90), nombreux sont les camerounais qui ont eu le courage d’exprimer leur ras le bol d’un système qui étouffe le peuple tout entier. Savez vous pourquoi la révolution n’a pas eu lieu ? Certains ont voulu capitaliser au profit d’une seule tribu les futurs bénéfices potentiel d’un changement pourtant souhaité par tous. "C’est vous les Yaoundé qui aviez mangé. nous allons vous bruler vifs" disaient ca et là des pauvres à d’autres aussi pauvres sinon plus qu’eux. ces derniers, découvrant que leur souffrance n’était pas prise en compte par ces autres qui pourtant souffraient avec eux, ont choisi le moindre mal : se réfugier chez ceux qui les faisaient souffrir sous la contrainte de ceux qui souffraient avec eux et qui refusaient se joindre à eux pour mettre fin à la souffrance. Au cameroun, quand on est beti, même si on souffre à cause du régime, les autres décrètent qu l’on ne souffre pas. Cet article me fait penser à la même chose. Au cameroun, chaque fois qu’on décrit la souffrance d’un bamiléké, on laisse toujours entendre que le bourreau est beti. Sachez que tous les camerounais souffrent des méfaits du régime au pouvoir à Yaoundé. sachez que les Betis souffrent peut être encore plus. et si vous continuez à les diaboliser, vous ne les rallierez pas dans le chantier de la lutte pour le changement.
  • Pousse ton pousse-pousse !
    le samedi 25 novembre 2006 à 02:53
    Bonjour, je suis peiné par votre faute en tant que journaliste d’ Indiquer l’origne ethnique de votre personnage ; cela apporte une insinuation reprehensible ,une oriantation non neutre de votre papier.le tribalisme est un denger !!!!!
  • Pousse ton pousse-pousse !
    le jeudi 23 novembre 2006 à 19:52, georges manda a dit :
    c’est bien dommage que vous en soyez encore a tribaliser le debat ou pire encore a victimiser le bamileke alors qu’il est evident qu’au cameroun il n’existe que deux tribus:celle des nantis et des demunis ou on trouve toutes les ethnies avec paradoxalement une forte proprtion de bamilekes dans le premier lot.j’ose croire que votre site que j’estime assez interessant ne connaitra pas la derive que certains esprits chagrins (Monga et Njawe) ont eu vers les annees 90 et qui au lieu de rassembler les camerounais contre un systeme ont au contraire renforcer les sentiments tribaux. je crois en vous, alors vigilance les gars.la misere,l’arnaque et leur cortege d’inepties ne sont ni orientes,ni le fait d’un groupe tribal.mais le fait d’individus malveillants vers lequels vous voulez tendre
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