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Pourquoi le mardi d’Obama était vraiment « Super »

Elections USA 2008 / mercredi 6 février 2008 par Doug Ireland
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Si le vote du 5 février dans les 22 Etats concernés aboutit à un match nul entre Clinton et Obama, il ne faut pas minimiser la prouesse du sénateur démocrate. Démonstration par notre chroniqueur US, Doug Ireland

A la grande question que tout le monde se pose aux Etats-Unis - le métis Obama peut-il gagner le vote blanc des couches populaires ? - la réponse était mardi soir « oui ». Certes, lors de la primaire en Caroline du Sud du 26 janvier dernier, Obama n’avait conquis que 24% du vote blanc à cause d’une campagne gâchée par les interventions de Bill Clinton, qui a instrumentalisé la carte raciale pour polariser l’électorat sur cette question (voir ma précédente chronique ici).

Quand le vote blanc rapporte

Mais, à l’issue du Super Tuesday, Obama s’est, selon les sondages de sortie des urnes réalisés pour les chaînes de télévision, emparé de 40% des votes des blancs. Qui plus est, il l’a emporté dans bon nombre d’Etats de l’Amerique profonde où peu de noirs vivent. C’est le cas au Kansas, en Utah, dans l’Idaho et le Dakota du Nord. Et, surtout, Obama a gagné dans le Missouri, le plus gros Etat de cette Amérique profonde.

Barrack Obama - JPG - 56.7 ko
Barrack Obama
© Keleroux

Certes, Hillary l’a emporté à New York (où elle officie comme sénatrice), dans le New Jersey et en Californie, mais les résultats d’Obama n’y sont pas deshonorants. Loin de là. Il y a seulement quatre semaines, Hillary était donnée gagnante dans ces Etats par les sondages, avec une marge de 30 %. Lors du Super Mardi, Obama a ratatiné la marge de victoire de Hillary à seulement 10% à New York et dans le New Jersey, et à 8% en Californie.

Au vu du peu de temps dont Obama disposait pour faire simultanément campagne dans les 22 Etats votant le Super Mardi (à peine neuf jours se sont écoulés depuis la primaire de Caroline du Sud), être parvenu à rogner la marge d’avance dont disposait l’ex-colocataire de la Maison Blanche dans les gros Etats représente un quasi exploit.

Hillary la bombe latine

La Californie étant la cerise sur le gâteau du Super Mardi, la seconde grande question de cette soirée électorale est : Obama sera-t-il capable de réduire l’écart entre lui et Hillary chez les Latinos qui, hier soir, représentaient 29 % de l’électorat californien démocrate (les années précédentes, les Latinos n’ont jamais dépassés les 17% de cet électorat).

Hélas pour Obama, les Latinos californiens lui ont préféré Hillary (66 % pour elle contre 33 % pour lui). Madame Clinton doit donc sa victoire californienne aux Latinos. Ainsi qu’aux femmes car elle a bénéficié d’un « fossé des sexes » (« gender gap » en américain) très favorable : 59 % des femmes ont voté pour elle, contre 34 % pour Obama.

Hillary l’a aussi emporté au sein du million de démocrates qui ont voté par correspondance depuis le 7 janvier. Mais parmi les démocrates qui n’avaient pas encore fait leur choix quelques jours avant le Super Mardi (et qui se sont donc déplacés en bureau de vote), Obama a gagné. Il faut toutefois dire que Hillary est en campagne depuis 2004 et s’est régulièrement rendue en Californie, où elle est donc bien connue des Latinos. On ne peut pas dire autant d’Obama, même s’il a récolté 43 % du vote latino en Arizona.

Plus que 70 délégués d’écart

Si Hillary a réussi à emporter les plus gros Etats lors du Super Mardi, je pense qu’elle est en réalité à égalité avec Obama. Les délégués à la convention de nomination du Parti Démocrate sont tous choisis à la proportionelle. A l’heure où j’écris ces lignes, les résultats définitifs ne sont pas encore totalement connus. Toutefois, selon les savants calculs de Chuck Todd, le directeur politique de la chaîne de télé NBC, Barack Obama et Hillary Clinton sont maintenant à égalité en nombre de délégués élus.

A ceux désignés hier soir, il faut ajouter les « Super-Délégués », des élus qui représentent l’establishment du Parti Démocrate et ont droit d‘être délégués en raison de leur fonction (gouverneurs, membres du Congrès, etc…). Parmi la moitié des 841 Super-Délégués qui se sont déjà prononcés en faveur d’un candidat, Hillary dispose d’un avantage numéraire de 93. Si on ajoute la totalité de ces Super-Délégués à ceux déjà élus lors des précédents caucus et primaires incluant le Super Mardi, on obtient 1 140 délégués pour Hillary et 1 070 pour Obama, selon Chuck Todd. Soit un écart de 70 délégués seulement.

Dame Clinton bientôt à cours de sous ?

Obama conserve ses chances de gommer cette différence dans les jours à venir. Pourquoi ? Parce que jusqu’ici il a gagné tous les caucus grâce à son organisation politique sur le terrain et à l’enthousiasme provoqué par sa candidature. Il fait ainsi figure de favori dans le Nebraska et dans l’Etat de Washington pour les caucus du 9 février ainsi que pour la primaire de Louisiane, le même jour, où les noirs représentent 35 % de la population. Viendront ensuite les primaires dites du « Potomac » qui ont lieu en Virginie, dans le Maryland et à Washington D.C., donc en bordure de la rivière Potomac.

Au vu du nombre de noirs qui y résident, Obama a de grandes chances de l’emporter. Qui plus est, il a plus d’argent à dépenser que Hillary grâce aux 32 millions de dollars qu’il a récolté sur Internet en janvier auprès de 600 000 petits donateurs. De son côté, Hillary n’a pu collecter que 13,5 millions de dollars auprès de riches donateurs dont elle dépend par ricochet. Un sérieux handicap pour la candidate, quand on sait que la loi américaine sur le financement des campagnes électorales interdit à un particulier de faire cadeau de plus de 2 000 dollars par élection. Hillary a déjà ramassé et deboursé plus de 100 millions de dollars mais elle est si désespérée qu’à la fin du mois de janvier, elle a déboursé de sa propre poche 5 millions de dollars pour renfluer sa campagne.

Résultat : dame Clinton risque fort de se trouver à court de sous pour acheter des espaces publicitaires à la télévision. Pendant ce temps, Obama aura, lui, toute latitude pour lancer des appels à donation auprès des petits donateurs. Et fort est à parier que grâce à ses victoires du Super Mardi, il (re)décrochera le gros lot.

Hillary Clinton en est consciente et va miser sur les primaires du 19 mars au Texas et dans l’Ohio. Le Texas, car le vote des Latinos y pèse lourd et l’Ohio puisque c’est le cas des Catholiques de la classe ouvrière où Hillary a engrangé de 20 à 40 % de voix de plus qu’Obama lors du Super Mardi.

D’ici la convention de nomination du Parti Démocrate, les primaires et caucus seront bien échelonnés dans le temps. Obama aura donc le temps de faire campagne en personne, ce qui lui a réussi jusqu’ici. Tout reste donc possible dans le camp démocrate.

McCain prend le large côté républicain

Coté Républicain, le Sénateur John McCain, 72 ans, a définitivement battu le multi-millionaire Mitt Romney lors du Super Mardi. A tel point que Romney, qui a auto-financé sa campagne, pourrait décider de ne plus débourser un dollar. Pour le Super Mardi, il a déboursé environ un million de dollars par délégué gagné et le businessman qu’il est pourrait bien se dire qu’au vu de ses piètres résultats, le jeu n’en vaut plus la chandelle.

Déjà, des rumeurs émanant de son état-major sous-entendent qu’il pourrait se retirer de la compétition la semaine prochaine. Il laissera ainsi le champ libre à John McCain qui, selon les sondages, est le seul Républicain à même de battre Hillary Clinton. Par contre, les derniers sondages nationaux montrent que McCain est susceptible d’être battu par Barack Obama en raison de l’attrait que celui-ci exerce auprès des électeurs indépendants et non inscrits dans l’un des deux grands partis. Un argument de plus que les supporters d’Obama ne manqueront pas d’utiliser.

Relire les récentes chroniques de Doug Ireland dans Bakchich sur les élections US :

  Les Clinton joue la carte raciale contre Obama , 2/2/08

 La campagne américaine prend une sale tournure , 17/1/08

  Hillary se marre, McCain a la frite , 12/1/08

Et toujours, notre sélection d’autres sites pour suivre les élections :

Oh baby, voici des liens pour suivre les élections US


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6 MESSAGES

Forum

  • Pourquoi le mardi d’Obama était vraiment « Super »
    le mardi 19 février 2008 à 03:43
    Comme dans chaque pays et surtout de haute importance on nous fait gober 2 partis pour faire croir a une bataille qui ne favorisent en aucuns cas les bien-faits au peuple "global" a croir qu’il n’y a pas d’autres choix que de voter… je suis francais j’habite en france je connais bien la mode du : VOTE ou CREVE prendre parti pour Clinton ou Obama je pense que cela reviendra globalment au meme.
  • Pourquoi le mardi d’Obama était vraiment « Super »
    le vendredi 8 février 2008 à 23:34, todaline a dit :
    Je crois que si vous viviez aux USA vous changeriez d’avis. Il est vrai que de loin cela peut paraitre comme du culte, cependant il faut comprendre que quand tout va mal et que quelqu’un arrive avec un message positif a l’inverse d’une candidate bien connue pour ses manigances et scandales ainsi qu’a son penchant pour favoriser les riches, on se met tout a coup a rever encore, a avoir de l’espoir, a croire en un monde meilleur. Mon avis personnel est qu’il ne passera pas. Ce pays n’est pas encore pres pour un President Noir (en fait metis), alors au dernier moment ils trouveront un moyen de lui couper l’herbe sous les pieds. Toutefois il est bon de noter que si le peuple avait son mot a dire le gars sera le prochain president US.
  • Pourquoi le mardi d’Obama était vraiment « Super »
    le jeudi 7 février 2008 à 23:16, Aziz Enhaili a dit :

    Mme Hillary Rodam Clinton a passé toute sa vie d’adulte à se préparer à ce moment électorale d’importance, alors que son rival, M. Barak Obama, est arrivé de nulle part. Depuis, il s’est rattrapé et a montré un sens inné du leadership.

    Contrairement à elle, qui fait partie de l’establishment de Washington depuis une trentaine d’années, lui, il symbolise le changement, le vrai, et donne aux Américains le goût de l’avenir. Chose rare dans l’histoire d’une nation. Pour apprécier une telle chose extraordinaire, demandons-nous, pour nos pays respectifs, combien de nos leaders politiques nous ont-ils inspiré un tel sentiment de pouvoir changer les choses.

    Avec les différentes manoeuvres du candidat Billary depuis l’Iowa, il y a fort à craindre pour les chances électorales du Parti démocrate, advenant le cas où c’est M. Barak Obama qui remporte l’investiture de son parti. Car dans ce cas-là, la réaction de Billary pourrait se révéler dévastatrice pour la suite démocrate de la présidentielle, facilitant ainsi la tâche de la droite républicaine.

    Aziz Enhaili

  • Le Super Mardi, Obama fit un petit exploit
    le jeudi 7 février 2008 à 11:00, king selewa a dit :
    merci pour votre article très éclairant !!!
  • Le Super Mardi, Obama fit un petit exploit
    le jeudi 7 février 2008 à 02:17, Arnaud a dit :
    Il ne fait aucun doute que sieur Ireland en pince pour Obama. Maintenant se prétendre journaliste et écrire un article à la gloire d’un candidat, sans aucun recule, c’est un peu fort. Obama est tout aussi dépendant des grands argentiers de l’Amérique que Clinton. Dire le contraire, prétendre qu’Obama est le candidat du peuple n’est qu’un gros mensonge. Donc s’il vous plait M. Ireland (et Bakchich ?) veuillez mettre vos convictions politiques au vestière avant de prendre votre plume de Journaliste.
    • Le Super Mardi, Obama fit un petit exploit
      le jeudi 7 février 2008 à 13:47, Gloubiboulga a dit :

      Tout à fait d’accord avec le précédent commentaire, cet article est entièrement à charge contre Hillary Clinton. Je dis ça, vu de France, d’où je suis clairement favorable à Obama. Mais encore une fois, c’est aussi parce que l’ensemble des journalistes français a choisi ce camp. Et comme ils sont notre seule perception des débats, on "vote" forcément comme eux…

      Toujours est-il donc qu’un peu plus de contre-arguments étaient toujours le propos !!

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