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Krisis

Pourquoi la reprise économique et financière est "fake"

7 mai 2010 à 14h50

J’ai discuté il y a quelques jours avec le voisin d’un ami habitant tout près de Montpellier. Ce jeune homme travaille dans le commerce de petites et moyennes entreprises.

"On a eu peur en 2008 — me dit-il — aucune transaction". Par contre en 2009, il avait bien senti la reprise économique. Et 2010 ? Le carnet de commande est déjà florissant !

N’écoutant que mon cœur et me mettant à la place de ce tout jeune papa sur le point de démarrer son activité de broker en freelance, je l’ai mis en garde.

"Il faut se méfier de l’eau qui dort" — dis-je sur un ton passablement ivre et solennel.

Certes, l’action inédite des plans de relances mondiaux — autour de 1 520 milliards d’euros — a permis de donner un nouveau souffle aux entreprises.

Le problème, c’est que cet argent ne sort pas d’un chapeau, mais des banques, qui au final prêtent aux Etats l’argent dont ils ont besoin pour sortir la tête de l’eau.

Au final, c’est l’Etat qui s’endette pour sauver son économie. En Angleterre, le ratio dette/PIB est de près de 50%… en Italie, il est a plus de 103%, et en France, on en est à 75% du PIB.

Souvenez-vous, les banques ont utilisé ces prêts pour spéculer… comme à l’accoutumée… et les traders de réaliser des bénéfices hallucinants pour le compte de leur enseigne.

Certes, en réalisant des bénéfices, la confiance des banquiers s’est ragaillardie, et l’argent a pu circuler plus librement de banque à banque et de banque à entreprise.

Mais n’oublions pas que ce qui fait avant tout la croissance, c’est la consommation — et que nous n’avons pas changé du jour au lendemain les règles du marché.

Ce marché est européen, mondial, ce qui demande une consommation européenne et mondiale solide pour relancer durablement la machine.

Et c’est là que le bât blesse : vu le niveau moyen d’endettement par ménage et le taux de chômage record dans la plupart des pays industrialisés, nous ne sommes pas prêts de relancer quoi que ce soit !

Il n’y a qu’à penser à la Grèce, l’Espagne, le Portugal ou l’Italie — au bord de la faillite — pour s’en convaincre… le pire reste à venir.

Que va-t-il advenir pour la Grèce ? Une perte de son autonomie et de sa puissance…

A savoir une aide de l’Europe — qui craint pour sa devise —, une mise sous tutelle par la FMI (qui ne rigole pas avec ces choses-là) et la création d’une MBO "Méga Bulle Obligataire".

En effet les Etats en faillite n’ont qu’une solution pour créer de la richesse lorsqu’ils sont en "croissance abyssale" : créer de la dette et vendre des obligations à taux hallucinants.

En Grèce le taux des obligations d’Etat est, de mémoire, proche des 12% sur le long terme. C’est tout simplement intenable — le mot technique à ressortir dans les diners dans ces cas-là est "usuraire".

Je vous rassure, je n’ai pas dit tout cela au voisin de mon ami. Je lui ai juste dit que je ne voyais pas de reprise économique dans l’immédiat et que l’on pouvait même s’attendre au pire.

De toute façon qui s’intéresse aux mauvaises nouvelles ?

C’est bientôt l’été et les traders vont partir en vacances. Leurs ordinateurs tourneront à plein régime pour maintenir les cours en hausse technique… comme ils le font depuis 2009.

750 milliards d’euros, et moi et moi et moi… Les pieds dans le plat

1 Message

  • Perspective historique de la crise

    14 mai 2010 15:56, par Vincent

    Vous écriviez :

    >En effet les Etats en faillite n’ont qu’une solution pour créer de la richesse lorsqu’ils sont en >"croissance abyssale" : créer de la dette et vendre des obligations à taux hallucinants.

    Ce qui crée encore plus d’endettement, pour palier les méfaits de l’endettement.

    Nous fonçons à tombeau ouvert dans un mur, qui plus est en klaxonnant. C’est le propre des systèmes qui ont fonctionné un temps -ou qui s’en sont persuadés- de ne pas être prompts à se remettre en question. Nous percuterons donc le mur. C’est inévitable. Reste à savoir quand…

    Et ensuite ? La terre ne s’arrêtera pas de tourner. Ensuite, les dettes ne seront plus remboursées, et nous recommencerons un nouveau cycle.

    Le défaut sur la dette US aboutira à un abandon général des créances et à l’essor de nouvelles monnaies, la défiance entre les zones monétaires s’en suivant provoquera l’explosion des organismes internationaux et un retour au protectionnisme. La baisse tendancielle du taux de profit sera jugulée grâce à la gigantesque perte de capital induite par le non remboursement des créances, tout comme elle fut jugulée en 1918 par la destruction des économies européennes.

    En attendant, le peuple devra payer. rigueur, chômage, pauvreté.

    Alors ne faisons pas durer la chute du vieux monde, et encourageons les banquiers à spéculer encore plus : c’est notre seule chance de ne pas payer pour eux !!!