A la Une de Bakchich.info
Bakchich : informations, enquêtes et mauvais esprit
Bakchich : informations, enquêtes et mauvais esprit

Philippe Val Contre Les Nazis (De "La Gauche La Plus Radicale")

4 juin 2008 à 02h34

1. L’ami Olive m’envoie, de son pays des bords du Rhône, la chronique dont Philippe Val, directeur de Charlie Hebdo, a enrichi l’esprit des auditeurs de France Inter, le 30 mai dernier, au matin.

Il s’agit, dans une tranche horaire où le raffinement pétille, de l’une de ces burlesques ratiocinations où la soumission absolue aux clichés dominants se fait si fort sentir, qu’elles font de Philippe Val un candidat ultrasérieux ("idéal", même, d’après l’avis de Roger Karoutchi) au remplacement (au pied levé) de Franz-Olivier Giesbert (ou d’Alain Duhamel), à tous les postes que Franz-Olivier Giesbert (comme Alain Duhamel) occupe au sein de l’appareil médiatique (où se forge(nt) le(s) consensus dont se repaît le régime).

Tu découvres, là, dans ces quelques minutes rares, que l’Algérie de Bouteflika est un Etat "communiste" - et que, même, elle incarne "le communisme du 21ème siècle", où "le peuple a droit à l’opium, à condition qu’il soit islamique".

(Par cette (bancale) référence à l’opiacification des masses, Philippe Val, tu l’as compris, veut convaincre son auditoire (qui ne s’y laisse pas tromper), qu’il avait lu tout Marx bien avant que de s’immerger dans Spinoza jusqu’aux cheveux (pour n’en plus jamais ressortir).)

Tu découvres, itou, que l’Algérie de Bouteflika est "un régime révolutionnaire".

(Plus c’est gros, n’est-ce pas ?)

Mais tu entends, surtout, j’espère que tu es bien assis(e) : "Quand le capitaine Dreyfus fut jugé et injustement condamné, la droite nationaliste, à l’époque, s’est réjouie de son triomphe, mais, comme d’habitude, elle a trouvé une caution populaire dans la partie de la gauche la plus radicale, emmenée à l’époque par Jules Guesde".

(Oui, ami(e) : nous vérifions, là, que l’inculture politique, portée au point d’ébullition, donne dans sa rencontre avec la fatuité repue un cocktail imbuvable.)

Après avoir ainsi posé (avec beaucoup d’intégrité) que la-gauche-la-plus-radicale a pour "habitude", pénible, d’apporter sa "caution" (évidemment "populaire") à "la droite nationaliste" - et qu’en somme la-gauche-la-plus-radicale serait quasi-nazie.

(Après avoir, si tu préfères, effacé, d’un trait de son esprit scintillant, quelques épisodes minuscules de l’histoire, ancienne déjà, de la-gauche-la-plus-radicale, comme ceux, par exemple, qui la firent çà et là se dresser dans les années (19)30 et (19)40 contre la droite nationaliste - mais pourquoi se gêner, quand Demorand se tait ?)

Philippe Val répète, pour le cas où des con(ne)s très con(ne)s auraient mal compris son message, que dans l’affaire Dreyfus "l’antisémitisme traditionnel" de la-gauche-la-plus-radicale "rejoignait opportunément celui de la droite nationaliste", et que : "De ce point de vue, d’ailleurs, les choses n’ont guère évolué".

C’est donc énoncé posément : la-gauche-la-plus-radicale d’ici et (de) maintenant est une gauche antisémite, exactement comme était la-gauche-la-plus-radicale d’ici et (d’)hier.

(Applaudissements nourris des penseurs de la décomplexion, qui savent que rien ne vaut, pour neutraliser la dissidence, l’imputation, dégueulasse, d’antisémitisme.)

2. Mon éditeur-de-chez-Libertalia.

(Que le monde connaît sous le nom de Nico.)

A chaque fois qu’il publie un de ces livres subversifs dont jamais la presse qui ment ne parlera.

(Et qui par conséquent sont voués à l’enfer accablant des publications altermondialistes.)

Essaie de me culpabiliser, à grands coups de : "Si auuuuu moins on pouvait compter que tu parles de ce bouquin sur ton blog à deux balles ?

Mais non : rien.

Bâtard".

Et moi, forcément : ça me bouleverse.

3. D’accord, me diras-tu.

Mais quel rapport avec l’affreux délire matutinal de Philippe Val ?

4. Le rapport (avec l’affreux délire matutinal de Philippe Val), ami(e), est dans ce que Libertalia vient de publier ce livre-ci :

Dont je voulais te parler depuis un moment déjà, sans jamais trouver où l’accrocher à l’actu, coco - parce que bon, tu me concèderas : le gars qui publie sur Dreyfus en pleine (con)célébration éditoriale (mais pas que) de Mai 68 ne met pas non plus toutes les chances de son côté.

Attends.

Voilà ce qu’on va faire : tu vas tout de suite commander ce bouquin ici.

(Ou si tu n’es plus mon ami(e) ?)

Tu y trouveras l’histoire (sur laquelle, soit dit en passant, je me précipiterais si j’étais documentariste-pour-la-télévision) des bouchers de la Villette, ramassis méconnu de crapules antisémites - et de l’homme qui par son "activisme (…) en (fit), des années durant, les troupes de choc de l’extrême droite" : Antoine, Amédée, Marie, Vincent, Manca de Vallombrosa, marquis de Morès et de Montemaggiore, en qui d’aucuns ont voulu voir "le premier national-socialiste".

Tu y trouveras l’histoire, aussi, de ceux qui au temps de "l’immortelle affaire Dreyfus" (Péguy), défendirent les rues de Paris contre les cliques antijuives.

"A l’été 1899, l’agitation nationaliste atteint un degré de violence encore inconnu.

Le pays se déchire, les provocations se multiplient".

Les bouchers de la Villette sont "les plus violents des antidreyfusards".

Et en face d’eux, qui ?

"Des étudiants galvanisés par le jeune Charles Péguy", alors socialiste libertaire, puis "les allemanistes et les anarchistes de Sébastien Faure".

Une gauche, en somme, assez radicale.

Tu l’auras, dès lors, deviné : outre qu’il est passionnant et d’une lecture fort plaisante (et vazi que je te frotte, on dirait la réclame, signée Philippe V., d’un bouquin de BHL), ce livre de l’ami Eric est, sur l’affaire Dreyfus, nettement plus sérieux que la divagation de Philippe Val.

Le Bouc Emissaire A Ceci De Commun Avec Le Petit Pois Que La Droite L’A Toujours Chez Soi De La Liberté D’Expression Du Xénophobe Occidental - Et De La Pénible Manie Que L’Arabe A De Nous Tirer Nos