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Pavés dans la mare

La grève positive / mercredi 10 novembre 2010 par Alain Riou
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Et si le véritable avantage des protestations sociales était tout simplement dans les dégâts, fâcheux, mais réparables ?

Jean Galtier-Boissière, pacifiste, était un esprit large qui savait discerner le mérite même dans ce qu’il combattait. Aussi lui doit-on cette remarque : « Ce qu’il y a de bien avec les guerres civiles, c’est qu’on peut rentrer manger à la maison. »

Nous autres modernes manquons souvent de cette sagesse. C’est ainsi que les journaux les plus ouverts soutiennent les manifestations quand elles leur semblent justifiées, mais déplorent systématiquement la casse qui survient au moment, par définition critique, qu’on appelle la dislocation. Et si c’était le meilleur du mouvement ? Et si le véritable avantage des protestations sociales était tout simplement dans les destructions causées par les débordements, dégâts fâcheux, mais réparables.

Je partage avec Galtier, qui avait connu les tranchées, une véritable horreur de la guerre, ce qui ne m’empêche pas d’en voir le côté bénéfique. Il est dans cette réflexion naguère très répandue, mais qui se fait plus rare aujourd’hui, à mesure que les conflits s’éloignent : « Les guerres, on en pense ce qu’on veut, mais ça fait marcher le commerce. »

Surtout le commerce de la reconstruction. Il n’est que de voir l’enthousiasme avec lequel les grandes entreprises françaises du BTP ont salué la réouverture de la liaison aérienne Paris-Bagdad, et comment le premier jet plein à craquer déversa, dans les ruines irakiennes, un régiment de professionnels qui vendirent leur béton avec le même enthousiasme que le clone de Basil Zaharoff en met à vendre ses canons dans l’Oreille cassée d’Hergé.

Or les manifestations sont nos guerres d’aujourd’hui. Et Bercy, si prompt à dénoncer le coût des grèves, devrait songer au coup de fouet qu’elles donnent ensuite à l’activité, à condition, bien sûr, que les pavés volent et qu’elles atteignent un minimum de violence.

Pourquoi le cacher, j’ai un petit intérêt à l’affaire : dans les mois qui suivirent mai 1968, le gouvernement affolé fit goudronner toutes les artères empierrées de Paris. Les sociétés de travaux publics y trouvèrent leur compte, et moi aussi. Roulant à vélo, mes déplacements devinrent des morceaux de velours, et mes fesses retrouvèrent une douceur enfantine. Hélas ! Le temps a passé, le goudron a fondu, et nos séants, comme nos coeurs, durcissent. Vite ! Des barricades !

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