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Paul Biya sonne le Ndong

mercredi 20 décembre 2006 par Moussa Ka
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Lutte contre la corruption oblige, Paul Biya sacrifie quelques-uns de ses agneaux…

Bien conscients des ravages provoqués par la corruption, les diplomates installés au Cameroun et les bailleurs de fonds internationaux ne cessent de réclamer à Paul Biya quelque geste efficace contre le fléau. Le Prince lui-même n’avait-il pas affirmé, dès son accession au pouvoir en 1982, qu’il lutterait sans relâche « contre les maux qui nuisent à la santé économique et morale de notre société, tels le laxisme, l’affairisme, les fraudes, les détournements, la corruption, le favoritisme, le tribalisme et l’arbitraire » [1] ?

Un cercle vertueux

Obligé à se mettre au boulot, deux décennies plus tard, Paupaul s’est donc décidé à sacrifier quelques uns de ses protégés qu’il avait nommés à la tête de diverses entreprises publiques et parapubliques. En février dernier, les flics raflent trois d’entre eux (les directeurs-généraux du FEICOM, du Crédit foncier du Cameroun et de la Société immobilière du Cameroun), et les jettent en prison. Ça fait des bouc-émissaires. Et ça calme les institutions financières, qui accordent au pays un substantiel allègement de dette quelques semaines plus tard. Sauf qu’une fois qu’on a arrêté les vilains canards, il faut bien les juger. Ça fait plus sérieux.

Aussi assiste-t-on depuis quelques jours à un joli déballage au Tribunal de Grande Instance de Yaoundé, où est jugé l’ancien directeur-général du Fonds spécial d’équipement et d’intervention intercommunale (FEICOM). L’organisme, censé financer les activités des communes camerounaises, a en réalité servi pendant des années de vache à lait à toute sorte d’apparatchiks du régime, à hauteur, si l’on en croit l’accusation, de… 59 milliards de CFA (90 millions d’euros) [2] !

Un chef d’œuvre de délinquance financière accompli en seulement quelques années, de 2001 à 2005, loin des millions de Camerounais qui continuent de ramper sous le seuil de pauvreté…

Lassé de porter seul le chapeau, l’ancien DG du FEICOM profite du tribunal pour lancer depuis la barre quelques saluts amicaux à son ancien protecteur. Navigant dans un fatras de fausses factures, d’emplois fictifs, de valises de billets et autres opérations occultes, les avocats de Gérard Ondo Ndong, c’est son nom, évoquent par exemple l’appétit de Chantal Biya, la pantagruélique première dame, pour les fonds du FEICOM. Lesquels auraient aussi été utilisés, à la demande de la Présidence si l’on en croit la défense, pour graisser la pattes des médias locaux et internationaux – Le Monde, le New York Times ou Jeune Afrique Economie,… - pour qu’ils brossent d’agréables portraits du pays, et de ses dirigeants [3].

Bref, pendant que certains journalistes se morfondent secrètement d’avoir perdu un généreux bienfaiteur [4], d’autres ricanent en constatant à quel triomphe aboutit vingt-quatre ans de « lutte contre la corruption ». Interrompu pour quelques jours, pour qu’on reprenne notre souffle, le procès-spectacle reprend le 18 décembre. On n’a pas fini de rigoler. On apprendra peut-être, dans la suite du procès, d’où Ondo Ndong tirait les fonds qui lui permirent d’organiser, à la veille de l’élection présidentielle de 2004, de fastueux meetings électoraux en l’honneur du RDPC à Ambam (son village natal) ou à Méyoméssala (celui de Paul Biya)…

[1] (Entretien à Cameroun Tribune, le 18 janvier 1983)

[2] Outre les sommes colossales en jeu, le FEICOM a la particularité d’avoir subi un audit réalisé entre 2004 et 2005, à la demande de l’Agence Française de Développement (AFD). C’est cette audit qui est à l’origine de la disgrâce d’Ondo Ndong (Pour les détails sur cet audit, cf. Mutations, 6 octobre 2005).

[3] 26 millions Fcfa seraient allés au New York Times, 17 millions au Monde, 62 millions au groupe Gideppe, 27 millions à Jeune Afrique Economie, etc. Si Ondo Ndong s’en défend, qui affirme que « le travail a été fait [et qu’il] ignore le journal qui a reçu de l’argent sans produire le travail qui était attendu », on peut tout de même imaginer que ces titres – ou certains d’entre eux – aient servi de prête-nom pour utiliser l’argent à d’autres fins (comme dans l’affaire Yannick Noah, cf. Un appât appelé Yannick Noah, Bakchich # 9)

[4] Londo Ndong aimait beaucoup les journalistes, à l’instar de nombreux dignitaires camerounais (cf. Farotage, in, Bakchich # 11

Voir en ligne : in Bakchich # 13

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