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Par ici la rentrée !

Coup de boule / mercredi 3 septembre 2008 par Séverin Buzinet
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Les révélations de la rentrée scolaire sont nombreuses et variées : elle est pauvre en effectifs, mais riche en enseignements, dirait Darcos.

D’abord, nous réalisons enfin qu’à la différence de leurs parents, nos enfants perdraient plus en travaillant plus à l’école. On leur sucre deux à trois heures de cours par semaine, et ça fait un jour de moins par semaine à chauffer l’école, idem pour l’électricité, sans parler des allers-retours des mamans pour déposer et cueillir Léa et Matéo en dépensant du carburant, bref, c’est comme une grève des profs, mais toute l’année. On se demande pourquoi on ne l’a pas fait plus tôt : les réformes Darcos, c’est gagnant-gagnant-gagnant-gagnant, tout le monde y gagne, l’Etat en supprimant des profs, les communes, les profs des écoles (tous des feignasses qui vont roupiller le samedi matin et râlent contre le ministre qui leur offre ce bonheur !), les papas, les mamans, et même les gosses qui vont user moins de neurones à apprendre des conneries, en réservant une plus grosse part de leur stock personnel aux jeux vidéos, à la télé, aux sms, bref, à tout ce qui, ayant un écran, fait écran.

L’école de la Vie

Ensuite, on relèvera l’immense flot de démagogie pédagogique qui déferle en accompagnement de cette brillante démonstration du principe « travaillez moins, pensez pas moins », appliqué aux seuls gamins. Une trentaine de « spécialistes » se passent le relais à peu près sur tout ce qui émet des ondes pour expliquer que, depuis belle lurette, on surchauffe nos « petits bouts » en les gavant de connaissances ; non, là, je m’emballe : je voulais dire, en essayant de les gaver. Parce qu’ils résistent, les bougres, et deviennent caractériels, gauchers (il n’y a jamais eu tant de gauchers, bien plus que ne le voudraient les probabilités naturelles : pourquoi ? Encore un effet tardif de mai 68 ?), allergiques, dyslexiques, insomniaques au point de rester jusqu’à deux heures du matin devant les dernières aventures de Lara Croft, s’ils sont sages, ou de fabriquer des guerres atomiques, s’ils ont des parents ouverts à la modernité, en tronçonnant huit mille ennemis dans des combats d’un tel réalisme que l’histoire du soldat Ryan ou les docs sur le bombardement de Dresde ont l’air de dessins animés pour le premier âge. Eh oui, en France, montrer l’estocade d’un toro à la télé, c’est exclu, mais sur les meilleures chaînes, quelques sites de joueurs hallucinés, des centaines de jeux vidéos, on peut, en une soirée, voir égorger, décapiter, tranpercer à l’épieu, brûler au napalm, désintégrer dans des flots de sang toute l’espèce humaine, tant qu’il en reste (mais pas des bêtes : trouvez-moi un jeu vidéo où on abîme un animal !)… Comment intéresser les bambins à la Révolution française et à son artisanale guillotine après la xième mouture de Massacre à la tronçonneuse ? Eh bien, on zappe sur la Révolution, l’Histoire, c’est Guy Môcquet, a dit le boss, point-barre.

La Finlande, ou le Père Noël pédago ?

Le raisonnement se poursuit par l’observation de ce qui se fait chez nos voisins. Eh bien, grâce à ces réductions d’horaires, nos écoles se rapprochent de la moyenne des pays européens, mais (je cite) « il reste encore des efforts à faire pour parvenir au niveau de la Finlande ». Parce que l’idéal, c’est la Finlande. On ne connaît pas trop les principes d’évaluation qui ont permis de béatifier l’éducation finlandaise. Parce qu’on pourrait aussi bien citer l’excellent score de ce pays en matière de suicide : si je ne me trompe, il détient le record du monde (voir toute l’oeuvre – savoureuse – de Paasilinna). Sans doute le climat finlandais facilite-t-il à la fois l’efficacité intellectuelle des gamins et les instincts suicidaires des adultes. Ou alors, qulque part, il y a un problème de vide. Mais ne calomnions pas la Finlande, alors qu’il est si facile de nous auto-calomnier. Voulez que je vous dise ? Nous sommes des négriers qui épuisons nos minots méthodiquement. La preuve, ceux qui ont subi un régime d’enfer il y a quarante ans sont maintenant devenus pédopsychiatres, psychopédagogues ou journalistes sur TF1. Voilà où mène le surmenage. Si ça continue, nous allons devoir importer, après les plombiers polonais, des pédagogues finlandais.

Ce soir, révise ta gym !

Et dans le même temps, trois heures de sport. On a failli en avoir quatre, mais, heureusement, c’était trop cher. Trois heures pour que les gamins apprennent des choses qu’ils connaissent déjà (courir, sauter, transpirer, jouer avec un ballon) en utilisant des godasses chères qui ne salopent pas le parquet du gymnase. Quand on pense que des parents râlent quand on leur demande d’acheter un livre, là, ils n’ont pas intérêt à la ramener, sans ça, Théo et Amélie seront laissés à la porte du Paradis, et se contenteront de cavaler chez eux ou dans la rue, comme tous les gosses de tous les pays, même ceux où il n’y a des gymnases que dans les casernes. Faites du sport, ou vous mourrez idiots (mais pas forcément moins vieux), telle est la théologie d’une culture qui, justement, vend du sport comme l’on vent des salades ou des gauffres. Rappelons qu’à l’heure où l’on rabiote sur les manuels scolaires, on construit des murs d’escalade dans nos collèges. Et d’une, c’est vachement cher, un mur d’escalade, et de deux, les livres ne font ni morts ni fractures, les murs d’escalade, oui. Mais puisque l’ascenseur social est mort, il faut apprendre à s’élever à la force du poignet, c’est le Président qui l’a dit (lui, il a escaladé depuis Neuilly, quasiment le niveau de la mer !).

Bref, tout est mieux, cette année, juste quelques profs qui râlent, les autres empochent la prime et les belles paroles du ministre, personne ne sait comment on va se débrouiller pour ce fameux « soutien scolaire », mais on s’en fout : on pourra aller en famille le samedi matin à l’hypermarché, sauf si papa bosse, parce que lui, il doit travailler plus pour gagner plus… Attention ! L’an prochain, on économise sur les hôpitaux, vous n’aurez plus le droit de mourir pendant le week-end, et deux heures de transfusion en moins en cas d’hémorragie.


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3 MESSAGES

Forum

  • Par ici la rentrée !
    le vendredi 5 septembre 2008 à 19:05, Bulle a dit :

    Excellent article mais vous avez oublié de parler des parents qui accompagnent leurs gosses de 6e à la rentrée et qui assistent même au cours le matin avec leurs petits chéris avant de repartir après avoir mangé à la cantine le midi… (véridique… malheureusement)

    Une nuance aurait aussi été bienvenue concernant les jeux vidéos, ils ne sont pas tous hyper sanglants, certains oui mais pas tous.

    Joli coupe de boule en tout cas, Zinédine Buzinet !

  • meuh si
    le mercredi 3 septembre 2008 à 13:15, Megaflu a dit :

    Je passerais sur le parallèle entre les jeux vidéo (soldat ryan bang bang) et la téléréalité (olé toro). Un parallèle qui ne peut être issu que d’un cerveau fatigué (pour ne pas dire malade). Donc de une un toro mort à la télé meurt pour de bon de manière inutile et cruel ailleurs. Un soldat nazi que je défonce à la sulfateuse ne disparaitra que des bits d’un disque dur d’un quelconque serveur.

    Et pour ton éducation : Oblivion : jeu vidéo incluant du défonçage de loup, rat, ours, chauve souris, chien et son lot de découpe de brigand voleur et autres joyeusetés (virtuelles)

    fallout : on peut même envoyer un chien se faire défoncer à notre place, à la base on pouvait tuer les enfants mais la censure à empêché ça.

    dungeon keeper : je peux défoncer du poulet dans une grosse et jouissive explosion de plumes et de sang

    postal 2 (le meilleur) : enfonçage de fusil dans le cul d’un chat pour décorer l’arme. Je passe les détails concernant l’utilisation l’arme en question lors d’un accrochage.

    voila donc oui on peut défoncer de l’animal dans les jeux vidéo ne t’inquiète pas.

    Par contre les cours de sports n’existent pas. On parle plutôt d’éducation physique et sportive. Mais je suppose que tu ne fais pas le différence vu le manque de profondeur de ton coup de boule.

    à une prochaine fois !

    • meuh si
      le mercredi 3 septembre 2008 à 15:50, Buzinet a dit :

      C’était une vraie question, et j’ai bien fait de la poser : je me doutais que les jeux vidéos (au moins certains,que tu cites), c’était pour les blaireaux sadiques, maintenant, j’en ai la preuve ! Merci de cette contribution éclairante (et profonde comme un gouffre).

      Je retouche donc : on peut non seulement massacrer l’espèce humaine, mais encore sodomiser les chats, et c’est une grande victoire de l’univers virtuel, parce que dans la vraie vie, ils vous griffent…

      Il faut donc recommander ces jeux à la jeunesse, tant qu’il reste des chats.

      Quant à l’éducation physique,comment ne pas voir la différence ? c’est la seule qu’on peut pratiquer en étant analphabète.

      Moralité : à quand l’éducation physique virtuelle ?

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