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Mitterrand, le mythe est rance

Algérie / lundi 22 novembre 2010 par Jacques-Marie Bourget
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Le journaliste François Malye et l’historien Benjamin Stora se sont penchés sur le rôle trouble de François Mitterrand pendant la guerre d’Algérie. L’histoire noire du vieux monarque de gauche égratigne de plus en plus l’icône.

Nous avons connu ces temps d’une vérité solitaire où évoquer, lors de dîners de « gauche », la carrière de Mitterrand à Vichy et sa suite comme guillotineur pendant la guerre d’Algérie, vous valait le qualificatif de « fasciste » et motivait d’aucuns à se lever et à rentrer chez eux avant l’heure du fromage. Heureusement, même trop lente, une démitterrandisation est en cours. Même s’il sert la soupe au vieux monarque, Une jeunesse française, le livre complaisant de Péan, a permis à ses groupies d’entrevoir un peu de l’autre visage de Tonton.

Aujourd’hui, ce sont Benjamin Stora et François Malye qui abordent, enfin, la seconde vie du papa de Mazarine. Celle où, tenant le cordon de la guillotine, il a fait couler le sang arabe dans le panier de sciure de la prison d’Alger. Et pas seulement arabe, puisque Fernand Iveton, militant du Parti communiste et « Français de souche », pour parler comme Le Pen, fera partie de la rafle.

Un seul et faible reproche à ce livre essentiel : s’il décrit clairement l’action du coupeur de têtes, il est plus flou ou plus discret sur l’action quotidienne de Mitterrand, l’inlassable ministre de l’Intérieur ou de la Justice de la Toussaint 1954 à mai 1957. C’est-à-dire le responsable d’une guerre sans nom, que les journaux baptisaient « événements ». Pas plus qu’il ne rappelle l’entêtement de l’ancien président à soutenir les aventures coloniales, Indochine, Suez, Algérie, Irak, expéditions lancées, trois fois sur quatre, contre des Arabes.

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Pakman

mémoire qui flanche

Rappelez-vous les heures heureuses de « la force tranquille », il fallait s’aimer et Mitterrand rêvait du prix Nobel de la paix, à défaut de celui de littérature. Qui aurait évoqué l’ami Bousquet ou la francisque aurait été envoyé au cabanon de l’infamie, ce qui fut le cas de ce dingo de Jean-Édern Hallier. Entre Mitterrand, Moulin, Alleg et Jaurès, il n’y avait pas l’épaisseur d’une feuille à cigarette.

Le bouquin de Stora et Malye, moins montré à la télé que celui de Houellebecq, est la cloche qui sonne la fin de la récré, l’épilogue d’une imposture. Comme d’habitude quand on le questionne sur sa vie, Mitterrand ment, flanche de la mémoire. Le 5 décembre 1990, il déclare à Stora avoir «  donné sa démission » de ministre de la Justice en mai 1957… Manque de chance, c’est tout le gouvernement qui a été viré ce jour-là ! Lorsqu’il était à Vichy, sentant un vent contraire monter, celui d’un débarquement anglo-américain, François est devenu un résistant de la onzième heure, bien discret avec son ami, l’ancien collaborateur André Bettencourt. Pour l’Algérie, c’est deux mois avant la chute du gouvernement que Mitterrand est pris de scrupules, il rédige une note sur les comportements, de flics ou de militaires, qui pourraient faire honte à la patrie des droits de l’homme. Ouf, l’honneur est sauf.

méchants souvenirs

Restent les archives. On ignore que, dès son arrivée au pouvoir, Mitterrand a expédié quelques Attila nettoyer les méchants souvenirs qui dormaient dans ces boîtes en carton qui font l’histoire. Hélas, l’éradicateur a oublié des documents sur les étagères du Conseil supérieur de la magistrature (CSM).

Résumons. Le 4 février 1957, Mitterrand signe un article de loi qui réduit le délai de recours en grâce. Pourrissent alors en prison un gros paquet de « terroristes fellaghas », qu’il va bien falloir éclaircir. Deux jours plus tard, le 6 février, le CSM examine, en une heure et demie, les recours de 21 condamnés à mort. Ce qui fait, si on ajoute le temps de fumer une clope, quatre minutes par dossier. Sur la table figure celui d’Iveton, le coco d’origine « métropolitaine ». Il a posé une bombe qui n’a pas explosé. Le ministre Mitterrand vote sa mort. Comme toujours, ou presque, puisque Stora et Malye ont compté 45 exécutions pendant le séjour de Tonton place Vendôme, avec sa signature, un « oui », dans 80 % dans cas.

Si le Mitterrand cuvée 56 n’était pas Pol Pot, il n’était pas très pote avec la vie des combattants de la liberté. Quant à vous, même si Stora et Malye veulent faire pardonner leur audace en donnant exclusivement la parole aux amis de Tonton, vous êtes condamné à lire ce livre. Débaptisons les rues et la bibliothèque François-Mitterrand !

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Lire ou relire dans Bakchich.info :

Le passé trouble de François Mitterrand pendant la guerre d’Algérie ressurgit dans le livre de Benjamin Stora et François Malye. Une époque que "Tonton" a bien tenté de faire oublier.

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5 MESSAGES

Forum

  • Mitterrand, le mythe est rance
    le lundi 22 novembre 2010 à 09:48
    Rien qu’on ne sache déjà, vous feriez mieux de vous occuper des puissants d’aujourd’hui au lieu de ceux qui sont morts depuis des lustres.
    • Mitterrand, le mythe est rance
      le mardi 23 novembre 2010 à 18:09, JM Bourget a dit :

      Ainsi,Excellence, vous saviez, vous, qu’il fallait moins de 4 minutes à Tonton pour refuser la grâce d’un condamné à mort ! Encore bravo pour cette clairvoyance.

      JM Bourget

  • Mitterrand, le mythe est rance
    le lundi 22 novembre 2010 à 07:48, INNOCENTO a dit :
    dans chacun d’entre nous s’oppose une dualité entre le bien et le mal, alors pourquoi voulez-vous que les femmes ou hommes politiques échappent à cette dualité, personne n’est parfait… ce serait une utopie que de le croire.. à chaque époque nous avons notre lot de scandales et d’horreurs c’est pratiquement inevitable et cela permet d’alimenter quotidiennement les gazettes…
  • Mitterrand, le mythe est rance
    le lundi 22 novembre 2010 à 07:09, Phil2922 a dit :
    Au moins Mitterrand receuille des écrits sur sa part d’ombre de Vichy et pendant la Guerre d’Algérie. Nicolas Sarkozy pourrait, à peine, avoir une nouvelle sur sa carrière politique quoique des infos croustillantes sur l’affaire Woerth-Bettencout et sur le dossier Karachi pourrait donner vie à un livre de poche. A condition que les Barbouzes arrêtent de voler les ordinateurs dans les médias qui dérangent le plus le pouvoir… !
    • Mitterrand, le mythe est rance
      le mercredi 24 novembre 2010 à 09:21, blablablietblablabla a dit :
      Tout à fait d’accord avec vous,ça sera même pire pour Nicolas Sarkozy rappelez vous la maternelle de Neuilly ,ceci dis très bon article de monsieur Bourget j’avoue que c’est une période du passé de Mitterrand que je connaissais très très mal !!
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