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Lettre ouverte à Valérie Pécresse : Qu’attendez-vous ?

Fac en colère / mercredi 18 mars 2009 par Un collectif d’enseignant-e-s/chercheur-euse-s de l’université Paris X Nanterre
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Lettre ouverte d’enseignants chercheurs de l’Université Paris Ouest Nanterre la Défense à leur ministre, Madame Pécresse.

Lundi 16 mars 2009

Madame la Ministre,

Qu’attendez-vous ? Depuis cinq semaines les universités françaises sont en grève, et de plus en plus nombreuses sont les universités bloquées. Chaque semaine les manifestations ne désemplissent pas. Cela fait des mois que la totalité (ou presque) de la communauté universitaire exprime son rejet des réformes que vous voulez imposer et des pseudo accords et des pseudo négociations que vous médiatisez à outrance. L’absence de prise en compte par vous-même de la légitimité de ce mécontentement quasi unanime et global, votre stratégie de la division, du découragement et de la désinformation ne font qu’exacerber la colère et accroître l’amertume et la défiance à votre égard.

Qu’attendez-vous ? Que la tension soit à son comble et que des dérapages surviennent de plus en plus nombreux ? Qu’il y ait des dégradations, des blessés, si ce n’est pire ? Que ce semestre universitaire soit encore plus gâché qu’il ne l’est ? Que la communauté universitaire finisse par se déchirer ? C’est vous qui portez la responsabilité de ce chaos grandissant et des risques graves qui l’accompagnent, car c’est vous qui voulez imposer dans la précipitation des réformes inadaptées et rejetées à la quasi unanimité par les universitaires, quelles que soient leurs sensibilités politiques. Ce faisant, vous ne respectez même plus les principes démocratiques : l’immense majorité refuse vos réformes !

Qu’attendez-vous ? Que la communauté universitaire (pourtant habituée à se réformer) soit tellement exaspérée par votre refus de réelle négociation que toute réforme ultérieure soit compromise ? Car l’université est réformable : n’avons-nous pas appliqué la réforme « LMD » il y a trois ans, puis, cette année, sans même que ses effets soient évalués par le ministère, la réforme du LMD ? Ne nous sommes-nous pas très vite (trop ?) engagés dans la mastérisation de la formation des enseignants du 1er et du 2nd degré malgré un manque incroyable d’informations (sur les concours par exemple), des inquiétudes sans réponse (sur les stages, les rémunérations…) et des délais incroyablement courts ? N’avons nous pas œuvré dés la rentrée 2008 à l’application du plan réussite en licence – dont les moyens promis sont d’ailleurs fondus dans les budgets globaux contrairement à vos engagements - ? N’avons-nous pas accepté – et ce fut probablement une erreur vu la situation actuelle – la loi LRU réformant en profondeur les universités ? N’y a-t-il pas eu 100 propositions émanant des Etats généraux de la recherche en 2004 dont vos réformes ne tiennent aucun compte ? Ne gâchez pas ce potentiel de changement ! Il faut maintenant ouvrir de véritables négociations avec toute la communauté universitaire (et pas seulement avec quelques syndicats non représentatifs de l’ensemble de la communauté universitaire) pour construire ensemble de véritables réformes adaptées à une Université publique moderne, ce qu’attendent depuis trop longtemps les universitaires et plus largement vos concitoyens.

Pourquoi attendez-vous ? Ne voyez-vous pas que dans le contexte de baisse des budgets que vous tentez de faire passer pour une hausse, et de baisse des effectifs d’enseignants chercheur et de personnels BIATOSS en 2009, vos réformes ne seraient même pas applicables faute de moyens nécessaires ? Comment envisager par exemple l’équivalence TP=TD et des modulations des services à la baisse qui imposent des postes supplémentaires alors même que nos postes et nos moyens, déjà insuffisants, vont encore diminuer dès cette année ? Et comment vos réformes pourraient-elles être appliquées dans un tel contexte de rejet par les universitaires ? Pourquoi dans ces conditions persister dans la voie de l’autoritarisme masqué (imposer en faisant semblant de négocier) ?

La seule voie raisonnable est de réformer l’université avec les universitaires et non contre eux. Retirez vos projets et ouvrez de vraies négociations, non pas sur tel ou tel aspect de notre statut, mais sur l’université publique, ses missions, son organisation, ses moyens et son avenir. Nous n’avons pas besoin d’amour Madame la Ministre, nous avons besoin de réformes ambitieuses portées par une communauté universitaire respectée et au service de la jeunesse de notre pays.

Depuis longtemps l’attachement fort que nous portons à nos missions de service public nous encourage à supporter la faiblesse chronique de nos salaires à laquelle s’ajoutent les centaines d’heures de travail non comptabilisées dans nos services chaque année et dédiées au bon fonctionnement de nos universités, à supporter que ce soit en partie à nos frais que nous travaillons chaque jour, tant pour l’enseignement que pour la recherche, faute de locaux et de budget de fonctionnement dignes de ce nom ; à supporter les conditions d’études très difficiles de nos étudiants dont la majorité travaille pour payer ses études ; à supporter la précarité galopante de nos collègues BIATOSS. Faudra-t-il encore longtemps que nous supportions ce manque de moyens indigne d’un pays comme la France pour les universités et pour la recherche ? D’évidence, vos projets de réforme et les restrictions qui les accompagnent vont aggraver encore plus cette situation !

Madame la Ministre nous nous passerions d’excuses publiques pour la façon dont nous avons été honteusement traités par le Président de la République le 22 janvier 2009 et nous trouverions sûrement le moyen de supporter le mépris, exprimé publiquement par certains de ceux qui aujourd’hui nous dirigent, de la pensée, de la culture et de la science qui participent pourtant de la grandeur de l’humanité, nous supporterions tout cela si nous avions l’espoir qu’enfin la communauté universitaire soit associée en toute sincérité, à la construction des réformes qui la concernent. Ne brisez plus cet espoir. Arrêtez le gâchis en cours, n’attendez plus ! Retirez vos réformes et prenez le temps (votre ministère en a les moyens) de créer une véritable concertation avec l’ensemble des représentants de la communauté universitaire française.

Des enseignants chercheurs de l’université Paris Ouest Nanterre la Défense qui croient à l’université publique française.

Signataires :

Patricia Attigui , Dépt de Psychologie UFR SPSE Nathalie Béguin, Dépt Ethologie, UFR SPSE Eric Boeda, Dépt d’ethnologie, UFR SSA Barbara Bonnefoy, Dépt de Psychologie UFR SPSE Dalila Bovet Dépt Ethologie, UFR SPSE Cyrille Bouvet, Dépt de Psychologie UFR SPSE Jean-Pierre Bruckert, Dépt de Psychologie UFR Nathalie Camart, Dépt de Psychologie UFR SPSE Véronique Champeil-Desplats, Dépt de droit, UFR SJP Peggy Chekroun, Dépt de Psychologie UFR SPSE Franck Collard, Dépt. Histoire, UFR SSA Frédérique Cuisinier, Dépt de Psychologie UFR SPSE Marianne Desmets, UFR LLPHI Sarah Devogue, Dépt de Philosophie, UFR LLPHI Yvette Dorey, Dépt de Psychologie UFR SPSE Frédéric Dufaux, Dépt Géographie, UFR SSA Géraldine Espiau, Dépt de Psychologie UFR SPSE Dominique Fablet, Dépt des Sciences de l’éducation UFR SPSE Damien Fouques, Dépt de Psychologie UFR SPSE Maya Gratier, Dépt de Psychologie UFR SPSE Marie-Anne Hugon, Dépt de Sciences de l’éducation UFR SPSE Michel Imberty, Dépt de Psychologie UFR SPSE Sylvain Kahane, Dépt de Sciences du Langage, UFR LLPHI Cendrine Marro, Dépt de Sciences de l’éducation UFR SPSE Pascal Mallet, Dépt de Psychologie UFR SPSE Corinne Maze, Dépt de Psychologie UFR SPSE Jean-Luc Mogenet, Dépt de Psychologie UFR SPSE Laure Moguerou, Dépt des Sciences de l’éducation UFR SPSE Laurent Nagle, Dépt Ethologie, UFR SPSE Ahogni N’gbala, Dépt de Psychologie UFR SPSE Valérie Nicolas-Dherbécourt, Dépt de droit, UFR SJP Colette Noyau, Dépt des Sciences du langage, UFR LLPHI Christian Lazzeri, Dépt de philosophie, UFR LLPHI Samuel Lepastier, (Associé) Dépt de Psychologie UFR SPSE Hubert Lissandre, Dépt de Psychologie UFR SPSE Marie-Louise Le Rouzo, Dépt de Psychologie UFR SPSE James McCabe, Dépt d’anglais, UFR SPSE François Metayer, UFR LLPHI Dominique Oberlé, Dépt de Psychologie UFR SPSE Christine Pauleau, Dépt de philosophe, UFR LLPHI Liliane Rioux, Dépt de Psychologie UFR SPSE Lucia Romo, Dépt de Psychologie UFR SPSE Christine Sanguin-Bruckert, Dépt de Psychologie UFR SPSE Marie-Adeline Schmelck , Dépt de Psychologie UFR SPSE Olivier Vecho, Dépt de Psychologie UFR SPSE Berta Vega Fernandez, Dépt de Psychologie UFR SPSE Jean-François Verlhiac, Dépt de Psychologie UFR SPSE


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8 MESSAGES

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  • Lettre ouverte à Valérie Pécresse : Qu’attendez-vous ?
    le jeudi 2 avril 2009 à 18:46, stef2406 a dit :
    et nos hommes politiques, pourquoi ne sont ils pas évalués eux aussi ? pas seulement par les urnes, juste en établissant par exemple tous les 6 mois leur bilan, financier, social, … et en comparant leurs promesses avec leurs résultats !
  • Lettre ouverte à Valérie Pécresse : Qu’attendez-vous ?
    le mercredi 18 mars 2009 à 09:33, ignoble salaud a dit :

    "Que la tension soit à son comble et que des dérapages surviennent de plus en plus nombreux ?"

    Finalement la Guadeloupe va servir de modèle à tous les mouvements revendicatifs … C’est bien. C’est très responsable comme message.

    "Ce faisant, vous ne respectez même plus les principes démocratiques : l’immense majorité refuse vos réformes !"

    Pour mémoire, la démocratie, c’est quand l’intérêt général de toute la population est privilégié, pas quand on se plie à la volonté d’une catégorie au motif que celle-ci se prévaut d’une quasi-unanimité en son sein.

    "Retirez vos projets et ouvrez de vraies négociations, non pas sur tel ou tel aspect de notre statut, mais sur l’université publique, ses missions, son organisation, ses moyens et son avenir. "

    Voici enfin le fond du message : faites tout ce que vous voulez mais touchez pas à notre cher statut !

  • Lettre ouverte à Valérie Pécresse : Qu’attendez-vous ?
    le mercredi 18 mars 2009 à 09:24, Citoyen a dit :
    Y a t’il beaucoup d’innovation au milieu de tous ces chercheurs en psychologie ou sociologie pour qui nous avons beaucoup d’estime et de respect ? Peut on mesurer leur apport dans la préservation de la richesse de notre pays,la lutte contre le chômage et le niveau scientifique de notre communauté ? Pourquoi ne veulent ils pas être évalués ?
    • Lettre ouverte à Valérie Pécresse : Qu’attendez-vous ?
      le mercredi 18 mars 2009 à 16:40

      1 )Parce qu’il y a des choses non mesurables, j’espère que vous en êtes conscient…

      2 ) Parce que toute évaluation est basée sur une mesure donc orientée dés le départ ; sans compter le choix du résultat présenté ! Par exemple une moyenne et médiane peuvent vous donner une vision complètement différente avec les mêmes données de départ… 10.000 en moyenne et 1000 en médiane

      3 ) Parce que c’est un gouvernement de gougnafiers

      • Lettre ouverte à Valérie Pécresse : Qu’attendez-vous ?
        le lundi 23 mars 2009 à 11:16, Stephane a dit :

        "1 )Parce qu’il y a des choses non mesurables, j’espère que vous en êtes conscient…"

        Ben non, je n’en suis pas conscient DU TOUT. Tout est mesurable, à condition de le faire intelligemment et sans a priori.

        Mais effectivement, à partir du moment où l’on part du principe que ce que l’on fait avec l’argent du contribuable échappe à toute mesure…

        Pour ma part, je pense que l’Université sers une mission essentielle, d’éducation, d’avancement du savoir et de la science, de rayonnement culturel, et, en sens inverse, de veille et d’assimilation du savoir qui vient d’ailleurs. Toutes choses BIEN EVIDEMMENT mesurables, pour peu qu’on soit de bonne foi.

        Si ce n’est pas mesurable, ça ne mérite pas l’argent des impots, qui doit servir au bien général, et qui se mesure très concrètement dans le porte-monnaie de chaque Français.

    • Lettre ouverte à Valérie Pécresse : Qu’attendez-vous ?
      le mercredi 18 mars 2009 à 23:13
      Je souhaite en tant que professeur des universités, répondre sur la question de l’évaluation. Pour devenir enseignant-chercheur nous ne cessons d’être évalué, au contraire du système américain tant vanté où les enseignants chercheurs ne sont évalués que deux ou trois fois dans leur carrière. Donnons quelques détails : Tout d’abord, lorsque nous passons notre thèse, ensuite pour être qualifié par le Conseil National des Universités (CNU) qui nous qualifie si nous avons publié après notre thèse des articles d’une qualité scientifique suffisante et publiés dans des revues qualifiantes à comités de lecture. Ensuite nous devons franchir le barrage suivant pour candidater sur un poste de maître de conférences. Personnellement lorsque j’ai été qualifiée la 1ère fois, je me suis présentée sur un emploi, il y avait à l’époque plus de 150 dossiers, 15 seulement ont été auditionnés et j’ai été classée 1ère. Ensuite, le début de la carrière universitaire commence, on rentre dans un laboratoire de recherche où on est actif en publiant toujours dans des revues qualifiantes ce qui constitue à chaque fois une nouvelle évaluation et la somme de ces travaux, ouvrages, articles, conférences, colloques, etc… directions de mémoires de recherche, de thèses…. constitue un CV qui permet au bout de plusieurs années de labeur de présenter une Habilitation à Diriger des Recherches (HDR). A l’issue de ce travail, on repasse devant le CNU pour être qualifié aux fonctions de professeur, on candidate à nouveau sur des postes où nous sommes tous mis en concurrence. La série des évaluations est infinie et constante…. alors quand on prétend que les enseignants chercheurs sont là dès qu’il fait chaud et qu’il y a de la lumière… croyez-bien que pour travailler à ce rythme, il ne faut pas être frileux !Et je passe sur l’ensemble ds responsabilités pédagogiques et administratives sous lesquelles nous croulons. On ne règlera rien avec le mépris, ni en opposant les uns aux autres. De plus, quand il n’y aura plus de psychologues pour écouter la souffrance morale et que chacun n’aura plus affaire qu’à des prescripteurs de pillules rouges ou bleues… et bien, nous verrons comment se portera notre société néolibérale inféodée à un pouvoir blingbling qui ne s’intéresse qu’au pouvoir de l’argent. Non je ne porte pas de Rolleix, et je n’ai pas l’impression d’avoir râté ma vie !
      • Lettre ouverte à Valérie Pécresse : Qu’attendez-vous ?
        le jeudi 19 mars 2009 à 15:28
        C’est dommage. Les 3 dernières lignes décrédibilisent tout le reste.
      • Lettre ouverte à Valérie Pécresse : Qu’attendez-vous ?
        le vendredi 12 février 2010 à 09:45, jm a dit :
        Et après une telle super défence, il y a encore un individu mal intentionné qui trouve à redire ! c’est un comble !
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