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Les secrets d’un Taylor du barreau

Liberia/Burkina Faso / lundi 11 juin 2007 par Hyacinthe Seillat
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Petites confidences autour de l’ancien dictateur Charles Taylor dont le procès vient de commencer. Avec en guest star, Ibrahim Bah, intermédiaire burkinabé.

Avec le démarrage du procès devant le Tribunal international de La Haye de Charles Taylor, l’ancien potentat du Liberia, nombreux sont ceux qui redoutent ses éventuelles révélations. Entre 1997 et 2003, sous son règne délirant et sanguinaire, Taylor s’était fait des amis, beaucoup d’amis. Des trafiquants d’armes, par exemple. Monrovia est frappé d’embargo sur les armes depuis 1992 : Taylor s’est donc approvisionné en joujoux mortels auprès de mafieux de tous poils. Résultat, la guerre civile qui a dévasté le Liberia et la Sierre Leone voisine a fait plus de 300 000 morts. Alors ces messieurs les trafiquants tels le Tadjik Victor Bout, tranquille à Moscou sous la protection de ses anciens amis du FSB, ou l’Ukrainien Leonid Minin, qui vit en Italie, peuvent se faire du souci si Charles Taylor décidait de se mettre à table. Et à se remémorer les atrocités qui ont marqué la guerre. Ce Taylor a la dent dure.

Charles Taylor - JPG - 45.4 ko
Charles Taylor
© Kerleroux

L’un des protecteurs de son régime mortel peut également craindre les accusations de ce dernier : le Burkina Faso. Plusieurs filières clandestines d’armement à destination du Liberia sont passées par Ouagadougou, la capitale de la « patrie des hommes intègres », depuis longtemps choyée par la France. En 2000, Blaise Compaoré, le chef de l’Etat burkinabé, qui venait à Paris régulièrement voir son ami Chirac et se pique de jouer un rôle diplomatique dans la sous-région, est épinglé par l’ONU : « Le Président du Burkina Faso est un proche allié du Président Charles Taylor et le Burkina Faso a reconnu que plus de 400 de ses soldats se trouvaient au Liberia lorsque Charles Taylor y conduisait sa rébellion en 1994 et 1995. Il a nié à plusieurs reprises que certains de ses nationaux aient appuyé le RUF [les rebelles de Sierra Leone soutenus par le Liberia] mais des témoins oculaires et d’anciens combattants confirment que certains de ses nationaux ont participé activement aux opérations de ce dernier. C’est un ressortissant du Burkina, le colonel Ibrahim Bah, qui effectue une grande partie des transactions d’argent, de diamants et d’armes entre le RUF, le Liberia et le Burkina Faso ». Depuis ce rapport, Compaoré fait le dos rond et tente de faire oublier son soutien au régime libérien. Ils sont loin les hommes intègres.

Ibrahim Bah, lui, a été est suspecté par les enquêtes de l’ONU d’être l’homme clé entre les rebelles de Sierra Leone, les diamantaires d’Anvers et… Al Qaida. « Ibrahim Bah devait négocier des armes pour Taylor et aussi, probablement, pour une organisation islamiste à laquelle on s’intéresse beaucoup en ce moment… », a assuré en 2002 devant le FBI un intermédiaire introduit au Liberia. Quelques mois après le World Trade Center, Al Qaida est au centre de toutes les enquêtes sur la planète. Ce témoin continue son récit : « Deux cousins, les Libanais Aziz Nassour et Samih Ossaily ont servi de traders » pour les diamants qu’Ibrahim Bah cherchait à placer sur le marché d’Anvers. Il balance encore : « Fazul Abdallah Mohamed et Ahmed Khalfan Ghailani, entrés au Libéria avec de faux passeports yéménites, sont des responsables d’Al-Qaida. Ils ont été reçus par le président Taylor ». Tous deux sont inscrits sur la liste noire de l’ONU des personnes « appartenant aux Talibans ». Un tribunal américain les a déclarés impliqués dans les attentats contre les ambassades américaines au Kenya et en Tanzanie, en 1998. De quoi faire marrer Taylor !

Quant à Ibrahim Bah, il a été étudiant en Libye, où ont été entraînés de nombreux rebelles sierra leonais. Il aurait même été l’un des gardes du corps personnel du colonel Kadhafi… Interdit de voyager, il vit aujourd’hui gentiment surveillé à Ouagadougou. Quand il évoque le président du Burkina, il le surnomme « le patron ». L’ex-militaire a donné une interview pour le livre Trafics d’armes, enquête sur les marchands de mort paru en 2006 chez Flammarion. Il tentait alors de minimiser l’aide apportée au régime de Taylor, sans écarter les soupçons : « Quand il y a du vrai, on rajoute toujours autant de faux ; chacun règle ses comptes comme ça ». Après le 11 Septembre, il a reçu des fournées d’agents secrets de tous les pays. Les Français de la DGSE l’ont interrogé, ainsi que la CIA, le MI6 anglais, le FBI et les enquêteurs de l’ONU. Tous cherchaient à savoir s’il avait œuvré pour la nébuleuse de Ben Laden. « Les Libanais avec qui j’étais en contact n’ont rien d’intégristes islamistes. Ils boivent même de l’alcool, remarquait Ibrahim Bah dans le livre. Vous pensez que je serai encore tranquille au Burkina si j’avais travaillé avec Al Qaida ? ». Franchement, oui.

Voir en ligne : in Bakchich # 38

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