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Les entreprises de nettoyage se la jouent propres sur elles

propreté / mardi 30 juin 2009 par Lucie Delaporte
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Furieuses de la concurrence que leur livrent des associations d’insertions sur le marché, les entreprises de propreté tentent de la jouer « socialement responsables ». Cocasse.

Curieuse guéguerre dont vient d’être témoin la cour d’appel d’Aix. Depuis plusieurs années, les entreprises de propreté et les associations d’insertion se tirent la bourre pour obtenir des marchés de nettoyage. En gros, la Fédération des entreprises de propreté (FEP) accuse ces associations ou régies de quartier de « concurrence déloyale ». En cassant les prix notamment grâce aux subventions qu’elles reçoivent pour leur mission d’intégration de personnes éloignées de l’emploi. Jusque-là, la concurrence ne portait que sur de petits marchés et la FEP - 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires - n’avait fait que s’offusquer auprès des pouvoirs publics.

C’est l’attribution par Adoma (ex-Sonacotra) d’un important marché à deux régies marseillaises en 2007 qui a mis le feu aux poudres et a conduit les patrons de la puissance fédération à mener l’affaire au tribunal. Il faut dire que dans ce cas précis, les boîtes de nettoyage avaient quelques arguments dans leur besace. En choisissant de confier le marché du nettoyage de leurs foyers à des associations d’insertion qui emploient des Rmistes, Adoma a, de fait, conduit au licenciement de quarante personnes. Sacré bilan social.

Nettoyage à sec pour 40 salariés

Alors que la convention collective du secteur impose que la boîte de nettoyage qui remporte un marché conserve les salariés déjà en poste – un acquis obtenu alors que les marchés sont réattribués tous les trois ans environ – les associations à but non lucratif n’y sont pas soumises. Du coup, les quarante salariés, que n’ont pas souhaité reprendre les deux régies puisqu’elles avaient déjà les leurs à placer, se sont retrouvés dans une situation juridique absurde : pas licenciés, pas éligibles au chômage, ils ne percevaient plus de salaire. En première instance, les entreprises obtiennent gain de cause. Décision depuis contredite en appel fin mai, le tribunal d’Aix rappelant le statut particulier de ces régies. Furieuses, les boîtes évincées ont décidé de se pourvoir en cassation.

Nettoyage et vidage - JPG - 48.2 ko
Nettoyage et vidage
© Oliv’

Ce qui ne manque pas de sel, c’est que la FEP tente maintenant de mobiliser l’opinion sur l’air, un peu surprenant, du « plus social que nous, tu meurs ». « L’insertion, la vraie, c’est nous ! Ça fait vingt ans qu’on en fait », s’insurge ainsi le président de la commission sociale de la FEP, Bertrand Castagné. « Nos salariés sont pour la plupart en CDI alors que les régies de quartiers ne peuvent leur offrir que des CDD de 24 mois au maximum. En plus, chez nous, le salarié le moins bien payé touche plus que le Smic ! » Certes, les heureux salariés de la branche nettoyage toucheront au minimum - qui est aussi la règle - 8, 97 euros de l’heure (le nouveau seuil fixé au 1er juillet), au lieu de 8, 82.

Les entreprises de nettoyage polissent leur image

Une manne quand on sait que l’immense majorité des employés du secteur sont à temps partiel. Conscientes de leur image exécrable en matière de politique sociale, notamment par le recours massif aux sans-papiers sur l’Ile-de-France, les boîtes de nettoyage ont tenté ces dernières années de polir leur discours. « Nous insérons des publics en difficulté, des jeunes sans aucune formation, des handicapés, des séniors. Nous avons aussi tout une politique d’alphabétisation pour ceux qui en ont besoin », affirme ainsi Carole Sintès, directrice générale de la FEP. Mère Teresa, on vous dit.

Sauf que les faits sont tenaces. En mars dernier, dans l’indifférence quasi générale, les salariés de Challancin, l’une de ces boîtes en charge du nettoyage des gares Haussmann et Magenta, ont fait grève pour obtenir des augmentations. Après ce mouvement plutôt inédit dans le secteur, il leur fut royalement accordé une augmentation de cinq euros bruts par mois ! Calculatrice au renfort, les salariés ont réalisé qu’ils mettraient huit ans à rattraper la perte sèche causée par leurs 15 jours de grève… de quoi vous faire passer l’envie de revendiquer.

Et côté régie de quartier ? Pas sûr que les conditions de travail soient toujours meilleures. Certes, comme le souligne Anne Mistal, directrice d’une régie dans le 19ème arrondissement de Paris, « les subventions servent à mieux encadrer ces personnes en grande difficulté ». Mais au final, « salaires, horaires, obligations de rendement, c’est pareil », précise Etienne Deschamps, à la CNT Nettoyage. « Pour nous ce sont des requins qui se mangent entre eux sur le dos de salariés fragiles ». Mauvais esprit.

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1 MESSAGES

Forum

  • Les entreprises de nettoyage se la jouent propres sur elles
    le mardi 30 juin 2009 à 03:21, Charles Hoareau a dit :

    Ce ne sont pas les entreprises qui ont initialement saisi la justice mais justement les salariés qui sont sur le carreau. L’ambiguïté de l’audience d’Aix (qui ne concernait que 7 salariés conseillés par la CFTC sur les 40 éjectés) c’est que la CFTC ne s’est située que sur le terrain de l’opposition régies/entreprises.

    Pour la CGT c’est le donneur d’ordres qui est le responsable (et le principal bénéficiaire)d’une opération qui aboutit à ce que les rmistes qui ont remplacé via le RSA les salariés mis dehors travaillent aujourd’hui pour 600€ en moyenne contre le double pour les salariés en CDI.

    Si BAKCHICH veut enquêter plus avant sur une affaire qui cache d’autres surprises pas très propres, www.rougemidi.org (qui a déjà consacré 17 articles sur cette saga du social et des affaires) est tout prêt à l’aider dans cette tâche !

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