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Les dix points noirs des hôpitaux français

Plaie / mardi 30 décembre 2008 par Maïté Labat
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La mort d’un homme par manque de lits d’hôpitaux, relance le débat sur le manque de moyens des hôpitaux français. Un mal déjà pointé dans divers rapports.

Papier paru le 23 octobre

« Bakchich » a épluché les rapports de l’IGAS et de la Cour des Comptes qui pointent les dysfonctionnements de nos hôpitaux. Au bord de la syncope.

« Hôpital, patients, santé et territoires ». Avec cet ambitieux projet présenté mercredi 22 octobre en Conseil des ministres, Roselyne Bachelot, est bien décidée à refonder le système de santé français. « Cette loi est une grande loi, et non une réforme en trompe-l’œil », a déclaré la ministre de la Santé dans un entretien accordé au Quotidien du médecin. Premier dossier ? Les hôpitaux, en souffrance depuis bien trop longtemps : absentéisme chronique du personnel médical, dérives des dépenses, mauvaise coordination des spécialités, blocs opératoires en sureffectifs…

Dans deux rapports publiés cette année, les enquêteurs de l’Inspection générale des affaires sociales (IGAS) et de la Cour des comptes ont passé un peu moins d’une vingtaine d’hôpitaux au rayon X. Le résultat est sans appel : les carences des centres hospitaliers sont flagrantes. Si les experts soulignent l’important travail effectué depuis dix ans par les Agences régionales de l’hospitalisation (ARH), censées rationaliser le système, ils ne manquent pas d’attaquer l’action gouvernementale qui a laissé la situation se dégrader.

Les hôpitaux vont bien - JPG - 86.4 ko
Les hôpitaux vont bien
© Oliv’

1-Des finances à la dérive. « Tout se passe comme si certains établissements s’étaient durablement installés dans une culture du déficit. Dans certains cas, la dégradation financière en cours amène à douter du réalisme des programmes d’investissement prévu. » dénonce l’IGAS. Un exemple, le CHU de Lille a bénéficié de 36 M € d’aides entre 2004 et 2007. Fin 2007, son déficit d’exploitation s’est aggravé et a atteint 15 M €.

2-Un absentéisme chronique. Si l’absentéisme connaît une réduction sensible depuis 2001, les taux restent élevés dans les Centres hospitaliers universitaires. Le CHU de Strasbourg connaît le taux le plus élevé, à 11,34 % puis vient le CHU de Caen à 11,28 % et celui de Nice à 11,19 %.

3-Des services en sureffectifs. Pour préserver la paix sociale, les présidents des conseils d’administration refusent que les contrats contiennent des engagements exigeants sur l’évolution des effectifs. Pire, dans son rapport l’IGAS constate que la masse salariale augmente dans plusieurs hôpitaux. A Rouen, « les effectifs continuent de croître dans tous les secteurs malgré une situation financière très dégradée » pointent les experts.

4-La chirurgie, une spécialité en difficulté. Malgré une attention particulière des Agences régionales hospitalières à ce domaine, avec notamment le développement de la chirurgie ambulatoire (pas d’hospitalisation), la chirurgie publique connaît une baisse sensible, concurrencée par le privé. Le service de chirurgie du centre Le Raincy-Montfermeil connaît une nette baisse des entrées, passées de plus de 5000 en 2004 à moins de 4800 en 2006. Dans la région Centre, la Cour des comptes relève qu’une vingtaine de sites de chirurgie ont fermé leurs portes entre 1997 et 2007, dont plusieurs publics.

5-L’imagerie : un pôle de dépenses élevées. Trop d’IRM, de scanner ou encore de radios sont réalisés chaque année. Au CHU de Toulouse, les experts de l’IGAS ont constaté un « surcoût de production » ainsi que des « sur-prescriptions » de la part des pôles cliniques.

6-Hôpitaux publics : des fusions laborieuses. En 2000, la Cour des comptes enregistrait peu de restructurations (souvent laborieuses) des centres hospitaliers. En 2007, le constat est le même. Le centre hospitalier de Toulon et celui de la Seyne ont fusionné leur administration en 1988 mais chaque site a conservé son service d’urgences, ses activités de médecine, de chirurgie et d’obstétrique. La Cour précise que ces centres « ont gardé leurs activités propres, qui sont souvent redondantes ».

7-Difficultés de croissance pour les petits hôpitaux. A l’image de beaucoup d’autres, le centre de Longwy, en Lorraine, connaît un problème d’attractivité des practiciens alors que le recrutement de personnel médical est fondamental pour son développement. D’autant que l’hôpital doit faire face à une forte concurrence du privé.

8-Des hôpitaux déconnectés des généralistes. Le CH de Vittel s’est retrouvé « embouteillé par des soins de type "bobologie" ». Une situation liée à une faible articulation avec la médecine de ville et en premier lieu à l’absence d’une régulation libérale articulée avec la régulation du SAMU note l’IGAS.

9-Le maintien des maternités fragiles et coûteuses. « Il existe encore 24 maternités qui effectuent moins de 300 accouchements par an », selon la Cour des comptes. Sâges-femmes et obstétriciens connaissent dans certaines maternités une activité très variable, ce qui oblige souvent à recourir à l’interim, un service cher.

10-Des hôpitaux qui ne coopèrent pas assez. La Cour des comptes préconise une «  réorganisation des activités fondées sur un projet médical de territoire ». En Midi-Pyrénées, l’IGAS rapporte que le centre hospitalier de Lavaur « est confronté à une forte concurrence en court séjour du CHU de Toulouse et de la clinique de l’Union. Il ne s’inscrit pas dans une stratégie de territoire qui pourrait lui permettre d’engager des coopérations formalisées ».

À lire ou relire sur Bakchich.info :

Un rapport de l’Igas, que « Bakchich » s’est procuré, révèle que de discrets financements peuvent être distribués discrétionnairement par la ministre de la Santé, Roselyne Bachelot.
Les hôpitaux vont-ils afficher leur taux de mortalité ? Cette mesure iconoclaste, proposée par Roselyne Bachelot, est présentée aujourd’hui en conseil des ministres.
À en croire la Chambre régionale des comptes, Notre-Dame de la Miséricorde, le centre hospitalier d’Ajaccio, mérite bien son nom, tant sa gestion est dispendieuse.

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8 MESSAGES
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Forum

  • Les dix points noirs des hôpitaux français
    le samedi 25 avril 2009 à 19:38, Moo a dit :

    Le coût de la santé est élevé. Le système de la prise en charge en France est un des meilleurs, cela reste un luxe si l’État n’a pas les moyens. Pour le garder, il faut payer le prix : plus de taxes, plus de cotisations (pas très populaire !). La politique de l’État a décidé donc, au contraire, de couper les moyens et réduire les dépenses. Cela va inévitablement vers la détérioration de qualité des soins.

    Mais on s’attaque aussi au budget des soins, aux revenus des médecins et au budget de l’hôpital. Les médecins en France (hospitalier et libéraux) sont moins bien payés que dans d’autres pays européens. Il y a 200000 médecins en France et près de 1700000 employés à la Sécurité Sociale, sans compter les administrations hospitalières et extra hospitalières. A-t-on besoin d’autant de personnes pour la paperasse ? Où est le déficit de la Sécu ?

    L’hôpital a besoin de gros budget pour couvrir les soins de qualité (techniques de pointe, imageries élaborées, interventions lourdes, etc…) ; si les médecins devraient surveiller leurs dépenses et rester économes, la qualité des soins va se détériorer.

  • Les dix points noirs des hôpitaux français
    le samedi 3 janvier 2009 à 11:57, kowie - Chicago Boy a dit :
    Destruction du service public hospitalier se déroule comme prévu - Stop - Promesses d’accélération des réformes engagées - Stop - Si dégâts trop apparents, seriner "réformes mal appliquées" ou "pas appliquées avec suffisamment de brutalité" - Stop - Tout va bien - Stop - A bientôt à Davos - Stop - Milton Friedman.
  • Les dix points noirs des hôpitaux français
    le mercredi 31 décembre 2008 à 14:01, on débranche quand ? a dit :
    la medecine d’état française est dans le même coma dépâssé que l’éducation nationale ,la culture ou la justice …il n’y a que que la police et l’armée qui se démerdent bien dans un état de droite .
  • La rationalisation, oui, oui, oui…
    le mercredi 31 décembre 2008 à 02:04, Pidji a dit :

    Bonsoir,

    Que les ARH aient effectuées un travail de rationalisation, je veux bien. Mais de là à prendre ce rapport de l’IGAS au pied de la lettre, voire comme parole d’évangile, il y a peut-être un pas qu’il ne faut pas franchir, ne serait-ce que parce que cette "culture du déficit" est due en grande partie aux changements de règles comptables !

    Notre éminente ministre ne perd pas une occasion de nous dire à quel point la T2A (Tarification à l’activité) est une bénédiction pour la rationalisation de l’hôpital public. Cette femme me met tellement en colère que je ne résiste pas à l’envie de vous livrer mon analyse des réformes en cours à travers mon cas personnel, qui a l’avantage de s’être bien terminé. Ce qui sous-entend que toute marque de colère dans les propos ci-dessous ne sauraient être attribués à la douleur d’un père en deuil.

    J’ai eu le bonheur d’être papa d’une petite fille depuis avril dernier ; une histoire qui commence bien. Sauf que :

    La Grossesse. Jusqu’à 7 mois et demi de grossesse, ma compagne et moi avons du vivre avec un diagnostic prénatal très chargé (c’est un euphémisme) : soupçons de trisomie dû à une nuque épaisse à la première écho, puis découverte après infirmation de cette crainte d’une malformation aortique, puis d’une malformation cérébrale, entraînant une suspicion de syndrôme polymalformatif (en gros, la totale).
    - En chiffres, cela veut dire : 19 échographies, une amniocentèse, deux IRM du cerveau du bébé, trois analyses génétiques.
    - En personnel, cela veut dire : un échographe, un cardiopédiatre, une neuropédiatre, une psychologue, une généticienne, une radiologue, un gynécologue, et je ne parle pas des sages-femmes.

    Tous ce parcours, aussi dur soit-il, semble pouvoir se rationaliser comptablement en actes médicaux : que nenni ! Tout ce beau monde, en dehors d’accomplir les actes tarifés, nous a consacré un temps important afin de nous parler, nous écouter, et nous amener si possible à la décision qui nous semble la plus juste concernant la poursuite ou non de la grossesse. Et quand il s’est agi de choisir en n’ayant aucune certitude mais juste un sentiment général des médecins, tous ces actes de parole ont pesé, sans exception.

    Et ça, le dispositif comptable de Madame Bachelot, la fameuse T2A qui remplace la donation forfaitaire, ne l’intègre nulle part ! Or, c’était dans notre cas, on peut le constater, une question de vie ou de mort pour ce bébé. Qu’adviendra-t-il de familles dans notre cas (et il y en a) quand les cadences infernales et les règles comptables rendront impossible ce suivi ?

    La naissance. La petite nait par césarienne d’urgence, apparemment normale. Tous les voyants sont au vert, au niveau cérébral comme au niveau cardiaque. Elle est suivie de près durant les cinq jours passés à l’hôpital (pour mémoire, on est tombé à trois jours pour un accouchement voie basse et cinq pour une césarienne, contre huit précédemment, ça aura son importance).

    Nous sortons donc, rassurés et heureux, suivis en HAD (hospitalisation à domicile) par une sage-femme qui n’avait pas le dossier de la petite (trop lourd à transporter sans doute !). Au huitième jour (tiens, tiens), la petite ne va pas trop bien. Le soir, nous hésitons à la coucher et à attendre le lendemain pour parler avec la sage-femme. Dans le doute, et parce que nous sommes à Paris, à 10mn seulement de l’endroit où elle est née, nous allons aux urgences, cédant à ce que certains journalistes appellent avec légèreté la "bobologie". Un peu honteux tout de même d’abuser de l’hôpital public, nous nous présentons, et là branle-bas de combat : la petite était juste en train de mourir d’une obturation de l’aorte (à trois heures près le compte y était). Je passerai sur les jours d’horreur qui suivent, la réanimation néonatale à Necker, l’opération, etc.

    La seule chose à dire, c’est que là aussi, en dehors des actes tarifés, l’écoute et la disponibilité des personnels a de toute évidence participé de notre moral et donc du soutien que nous avons pu apporter à notre petite pour l’aider à s’accrocher à la vie. Là encore, qu’adviendra-t-il (et d’ailleurs cela advient ces jours-ci) quand les services seront "pilotés" (pour reprendre l’expression de l’urgentiste UMP Philippe Juvin) par la seule rentabilité ? On jugera sûrement que le moral des parents et l’écoute des besoins du bébé, c’est bien beau mais on s’en fout ! (Grâce au dialogue avec les infirmières, ma compagne a par exemple pu reprendre au plus tôt l’allaitement, dont on sait les vertus immunologiques) On tournera juste le dos au programme européen sur l’accompagnement des patients et des familles. La France, comme dans bien d’autres domaines, est toujours à la pointe !

    Bref, ma conclusion à ce long témoignage, et je parle alors que ma fille se porte à présent comme un charme, c’est qu’entre les outrances de Pelloux et la malhonnêteté (et/ou l’ignorance crasse ?) de Bachelot, on peut tout de même se rendre compte en jetant un simple regard sur la réalité des hôpitaux publics qu’on a bien affaire actuellement à un démantèlement et à un rééquilibrage entre le public et le privé ; il n’est qu’à se renseigner sur les plans sociaux en cours dans les hôpitaux et maternités parisiens : on parle là de centaines de licenciements (notamment à Saint-Vincent De Paul justement ! mais aussi à Saint-Louis, et d’autres). Et je ne parle pas des maternités de province fermées purement et simplement.

    Alors je veux bien qu’on parle de nécessité de réformer ; mais il n’en reste pas moins une réalité qui devrait tous nous inquiéter. Personne n’est à l’abri de la tuile qui peut tuer un proche, et qu’un service public digne de ce nom peut sauver. Et ce qui est en train de se passer n’est pas un dégraissage de mammouth, mais bien la mise à mort d’un service public de plus…

  • Les dix points noirs des hôpitaux français
    le mardi 30 décembre 2008 à 17:23, PapyJC a dit :
    Intéressant mais qui décide du "bon" nombre de radio et autres actes d’imagerie ?
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