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Les apprenti-sorciers de Washington et de Tel-Aviv

Analyse / jeudi 27 juillet 2006 par Khal Doun
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Un peu de géopolitique ne faisant jamais de mal, Bakchich propose à ses merveilleux lecteurs une analyse presque succincte des derniers évènements au Proche-Orient.

Depuis quinze jours, depuis la réponse féroce qu’il a commencé à donner à l’enlèvement de deux de ses soldats, Israël tente de faire croire à l’opinion publique internationale qu’il est menacé par un ennemi diabolique financé et armé par l’Iran et la Syrie.

Pour briser définitivement ce « monstre », Israël a dû se résigner à frapper durement le Liban. Ponts, routes, aéroports, ports, centrales électriques, autocars, taxis, camions, voitures privées, usines, silos à blé, pour ne citer qu’eux, ont été bombardés : après tout, les miliciens du Hezbollah empruntent ces infrastructures et ces moyens de transport, utilisent l’électricité, mangent du pain… Des casques bleus sont tués après six heures de bombardements intensifs de l’entourage de leur fortin et Kofi Annan est accusé de mauvaise foi pour avoir osé parlé d’« action délibérée » !

Israël en appelle au respect des résolutions de l’Onu…pour les autres

Des casernes de l’armée libanaise ont été aussi bombardées et des soldats libanais tués. Peu importe qu’Israël ait exprimé le désir de voir l’armée libanaise s’installer au Sud-Liban à la place du Hezbollah ! A l’heure où ces lignes sont écrites, environ 500 civils libanais ont été tués, des milliers d’autres blessés et près de 800 000 personnes déplacées. Les dégâts se chiffrent en milliards de dollars au moment où le pays commençait à reprendre pied. Le Hezbollah, lui, aurait perdu quelques dizaines d’hommes. Outre la restitution de ses deux soldats, Israël exige également l’application de la résolution 1559 qui prévoit notamment le désarmement de toutes les milices au Liban et notamment celle du Hezbollah. Ce que, en revanche, Israël et ses amis, américains en particulier, se gardent bien de rappeler c’est la désinvolture de l’Etat hébreu à l’égard des résolutions de l’ONU : bafouée, par exemple, la résolution 242 de l’ONU (1967) demandant le retrait des territoires occupés par la force, bafoué, l’article 49 de la quatrième convention de Genève (1949) interdisant « à tout Etat de transférer sa population sur les territoires qu’il occupe militairement » ; bafouée, la résolution 478 du Conseil de sécurité (1980) qui déclare nulle et non avenue la loi israélienne décrétant Jérusalem « capitale éternelle, une et indivisible » de l’Etat hébreu ; ignoré, l’avis consultatif de la Cour internationale de justice déclarant « illégale » la construction du mur de séparation en Cisjordanie (2004). Sans oublier les innombrables résolutions du conseil de sécurité qui n’ont pu être adoptées du fait du veto américain.

Obsession sécuritaire

Quinze jours avant le début des bombardements sur le Liban, les mêmes Israéliens, en réponse à l’enlèvement d’un de leurs soldats à proximité de la bande de Gaza, avaient déjà répliqué avec une violence inouïe. Passons sur l’enlèvement de plusieurs dizaines de responsables du Hamas régulièrement élus à la suite d’élections souhaitées par la communauté internationale : ce faisant, Israël viole les règles les plus élémentaires de la légalité internationale. Beaucoup plus grave, l’Etat juif a bombardé la seule centrale électrique du territoire privant du même coup de courant plus d’un million de Palestiniens. Il faudra dix mois pour réparer la centrale. Adjoint de Kofi Annan, Jan Egeland a été catégorique : « L’infrastructure civile est protégée. La loi est très claire. En aucune manière on ne peut l’interpréter. Cette centrale est plus importante pour les hôpitaux, l’évacuation des eaux usées, l’eau, les civils que pour le Hamas ou un homme du Djihad islamique avec un missile ou autre sur l’épaule », a souligné Egeland. « Il n’a pas besoin d’autant d’électricité qu’une mère qui essaie de s’occuper de son enfant ». Israël détient actuellement près de dix mille prisonniers palestiniens, en très grande majorité des jeunes de 16 à 25 ans qui ont participé à la seconde intifada. Leurs conditions de vie sont extrêmement dures et, devant le mutisme ou l’indifférence Israël, certains groupes ont décidé d’enlever des soldats israéliens pour procéder à des échanges de prisonniers, comme cela s’est déjà produit dans le passé.

Le fantasme d’une multitude d’Etats confessionnels

A la lecture de ce qui précède, on peut essayer de se mettre - une fois n’est pas coutume - à la place des Palestiniens et des Libanais. Pour eux, les menaces - et malheureusement les chiffres sont là terriblement évocateurs - viennent d’abord Israël, dont la puissance militaire et celle de l’appareil répressif sont sans commune mesure avec le reste de la région. Tsahal est une des meilleures armées au monde et n’a rien à craindre sur le plan militaire de ses voisins arabes. Pourquoi donc, doté d’une force de frappe considérable, l’Etat juif continue-t-il à être rejeté par tout son environnement régional, un peu comme son allié américain est détesté par la grande majorité des pays ? Pour plusieurs raisons : A juste titre, pour des raisons notamment historiques, les Israéliens ont d’abord toujours été préoccupés par leur sécurité. Celle-ci est malheureusement devenue une véritable obsession qui rend impossible aujourd’hui des relations normales avec leurs voisins. L’Egypte a dû accepter de démilitariser le Sinaï, le Golan occupé paralyse la Syrie, le mur dit « de sécurité » isolera les Palestiniens. La Jordanie est sous contrôle des Bédouins du roi Abdallah. Restait le mauvais élève libanais. Tous les efforts Israël et des Etats-Unis visent désormais à écarter le Hezbollah et à installer à sa place au Sud-Liban une force internationale dissuasive. La boucle étant bouclée, Israël pourrait désormais concentrer ses efforts sur la « question palestinienne » et concocter un petit Etat croupion, démilitarisé et inoffensif.

« W » et Condi jouent à la pâte à modeler…

Nombre de dirigeants israéliens ont ensuite toujours rêvé de voir s’ériger une multitude de petits Etats confessionnels dans la région. Pendant longtemps modèle de coexistence religieuse, le Liban était un déplorable contre-exemple pour un Etat juif pur et dur. Tout a donc été fait et tout est encore fait pour casser ce pays. Nombre d’Israéliens ont rêvé d’un mini-Etat maronite, d’un mini-Etat druze, etc. Le fait que la communauté alaouite soit au pouvoir à Damas n’est pas pour déplaire à Jérusalem et le régime syrien, au-delà de ses rodomontades, a toujours su éviter de franchir les lignes rouges. Parallèlement, l’idée de Condoleezza Rice de remodeler le Moyen-Orient ne laisse pas d’inquiéter. L’occupation de l’Irak par les Etats-Unis, en dehors de la terrifiante violence quotidienne, a eu pour principal résultat de dresser les communautés les unes contre les autres et notamment les chiites contre les sunnites. La création d’un Etat chiite, voire d’un « arc chiite » sera-t-elle à long terme le seul moyen de sortir de la terrible impasse actuelle ? Compte tenu des relations de l’Iran chiite avec le Hezbollah, on voit que le conflit actuel entre Israël et le Parti de Dieu dépasse largement le cadre du Sud-Liban. Enfin, depuis l’assassinat de Yitzhak Rabin par un extrémiste juif, Israël n’a plus rien offert aux Arabes et, d’abord, aux Palestiniens. Bien au contraire. Arafat a été humilié à Ramallah et Mahmoud Abbas, son successeur, n’a rien obtenu de plus et ses partisans ont été écrasés aux législatives par les listes islamistes ! S’est-on posé la question de savoir pourquoi il y a tant de « barbus » dans le monde depuis l’arrivée de Georges W. Bush au pouvoir ? Malheureusement pour notre petite planète, le fils Bush et les apprentis-sorciers qui l’entourent à Washington et en Israël ont placé un peu partout des bombes qui explosent les unes après les autres. Comment arrêter cette machine infernale ?

PS : Une certaine confusion règne sur l’endroit exact où les deux soldats ont été enlevés. Vraisemblablement, lors d’une incursion au Liban ou dans la zone des fermes de Chebaa occupée par Israël et revendiquée par le Liban. Depuis quand, en effet, les miliciens du Hezbollah pénètrent-ils en Israël ? Ce point n’est pas négligeable car la « provocation » viendrait alors Israël.


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