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MONDE / AFRIQUE / Les Gabon comptes d’Omar B.

Les Gabon comptes de la BNP

jeudi 29 juin 2006 par Xavier Monnier
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Soupçonnée d’avoir couvert des détournements de fonds publics au Gabon entre 1992 et 1995, la filiale gabonaise de la BNP-Paribas a failli fermer ses portes en 2002. La faute à des opérations douteuses qui y auraient été découvertes…

Un beau matin de mars 2002, un rapport confidentiel sur « l’appareil de production de la BICIG (banque internationale pour le commerce et l’industrie au Gabon) » atterrit sur le bureau de Michel Pébereau, tout puissant patron de BNP - Paribas. Et provoque une homérique colère du banquier. « Il était furieux, confie un de ses proches, il a décidé qu’il fallait fermer la banque d’ici avril 2002 ».

Le dit rapport - une sorte d’audit de sa filiale gabonaise réalisé par Lionel Fagotat, un cadre local - est, il est vrai, on ne peut plus explicite. « Pour des raisons diverses (intérêt de la clientèle, sollicitations, pressions, complaisance, contexte local, complicités ou corruption, intérêts personnels), nous relevons beaucoup trop d’opérations particulières ou exceptionnelles, traitées de manière dérogatoire… » On apprend aussi que certaines opérations sont « pour des raisons confuses introduites de manière irrégulière dans les circuits, éventuellement avec l’intervention ou l’aval d’un collaborateur » … Lesquelles opérations « noyées dans la masse » « échappent à la vigilance des responsables des unités de production ».

Une opération a notamment mis la puce à l’oreille des dirigeants de l’établissement bancaire : un virement suspect émis après le paiement par la société pétrolière Perenco de sa redevance minière… Nos as des finances découvrent le mécanisme comment les plus malins des entrepreneurs échappent au contrôle du Fmi et autres bailleurs de fonds internationaux, qui pourrissent la douce vie de l’Etat gabonais.

Détourner l’argent avant qu’il ’entre dans le circuit légal

Plutôt que de payer leur redevance au Trésor, les grandes sociétés paient directement au choix, membre du gouvernement, cadre du parti, hiérarques du régime. Le mécanisme est plus fin, qu’un simple bakchich, ou une vulgaire mallette transmise de main en main. Première étape, virer sagement le montant de l’impôt sur le compte du trésor dans une banque local, la Bicig par exemple. Deuxième étape, plus ardue, la banque complice, au lieu de créditer la somme en son entier, en ventile une partie sur les comptes des caciques du régime. Troisième étape capitale, le ministère de l’Economie et des Finances du Gabon fait disparaître la facture initiale et en rédige une autre avec un montant prenant en compte la dîme touchée au passage par les politiques… Et seul ce montant « allégé » est inscrit dans la comptabilité nationale, qu’auditera le FMI. Le détournement intervient avant que les fonds n’entrent dans le circuit légal…

Malin mais encore trop visible et un peu trop illégal pour une banque aussi respectable que la BNP. Deux cadres de la direction sont immédiatement envoyés sur place, rédigent un rapport confirmant les malversations, et confortent Pébereau dans sa volonté d’en finir avec sa filiale gabonaise. Le grand patron s’est senti aussi personnellement floué. Dans une correspondance du 14 décembre 2000, adressée à tous des directeurs de filiales, le banquier insistait sur la nécessité de « prévention du blanchiment et la lutte contre la corruption ». « Un groupe bancaire de la taille du nôtre… est particulièrement exposé aux tentatives d’insertion dans les circuits économiques de l’argent provenant d’une activité pénalement répréhensible ou destinée à une telle activité ».

Omar Bongo plus fort que Pébereau

Un jargon incompréhensible pour les affidés du Mollah Omar…qui ont réussi à éviter la fermeture de la Bicig, prônée par son propre patron ! Le Mollah lui-même, expert en bakchich et autre « cadeaux » intervient personnellement. « Il est impossible que la BNP se retire du Gabon, explique-t-il aux Français, ce serait désastreux pour l’image du pays ». Et après de longues palabres avec le ministre de l’Economie et néanmoins gendre d’Omar, Paul Toungui, une décision est prise. Le fonctionnement de la filiale gabonaise demeure, le poste de directeur général, que le Mollah avait proposé de confier à un français, restera gabonais. Seuls les hauts cadres qui avaient dénoncé les dérives de la banque seront sanctionnés, l’un muté à Abidjan et l’autre rappelé à Paris. Les bonnes résolutions de l’ami Pébereau sont tombées à l’eau. Après avoir pris connaissance du rapport confidentiel sur le Bicig, et bien noté l’impossibilité de fermer la banque, Michel Pébereau prit sa plus belle plume en avril 2002 pour formuler des propositions à ses subalternes. Propositions qui feront chou blanc, la faute au « contexte » politique franco-gabonais. Ci dessous, la retranscription de la missive manuscrite.

"La note de l’Inspection sur le Gabon met en évidence la nécessité d’une reprise en main. L’idée de la situer dans le cadre d’un nouveau plan d’entreprise est bonne. Mais il faut, sans tarder, corriger
- le dispositif de maîtrise du risque de crédit politique,
- des lacunes des dispositifs comptables (sécuriser la production… et renforcer les contrôles),
- les imperfections du dispositif de production administrative,
- et, encore selon note, les défaillances du dispositif de lutte contre le blanchiment. Le renforcement de l’organisation ; du dispositif informatique, et l’évolution du dispositif commercial peuvent se situer dans le cadre du projet d’entreprise."

Pour que tout s’arrange, mieux vaut que rien ne change. En quarante ans de pouvoir, Omar Bongo a eu le temps d’apprécier la vérité de cette maxime.


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