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Les 657 millions d’euros envolés des mutuelles de Gwada

Evaporation / vendredi 26 juin 2009 par Anaëlle Verzaux
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Ce 26 juin, Sarko débarque enfin en Guadeloupe. Mais les stigmates de la grève générale ne sont pas refermés. Notamment l’affaire des mutuelles de l’île, qui ont vu leur patrimoine, 657 millions d’euros, s’évaporer.

C’est un long accouchement. Trois mois et demi après la fin de la grève générale en Guadeloupe et en Martinique, Nicolas Sarkozy s’est décidé à se rendre aux Antilles. Enfin ! A Gwada, on l’attendait pour le début des Etats-Généraux de l’Outre Mer, en avril, puis pour mai, et enfin juin. Remaniement oblige, Sarko 1er n’est pas accompagné du négociateur des 200 euros, Yves Jégo – qui, alors qu’il était apprécié des Guadeloupéens, a été habilement évincé du gouvernement. Mais de sa nouvelle secrétaire d’Etat à l’Outre Mer, Marie-Luce Penchard (UMP). Une nouvelle tête ? Pas vraiment. Marie-Luce Penchard est l’ancienne conseiller technique à la présidence de la République, en charge de l’Outre Mer ; par ailleurs fi-fille de Lucette Michaux-Chevry – sénatrice régionale de Guadeloupe depuis 1995, et ancienne ministre et ex-présidente du conseil régional de Guadeloupe. Une hérédité qu’on espère prometteuse…

Sarko aux Antilles - JPG - 83.7 ko
Sarko aux Antilles
© Khalid

Quoi qu’il en soit, en débarquant en Guadeloupe vendredi 26 juin après la Martinique le 25 juin, il va s’agir de répondre aux demandes des Antillais qui, pour les moins bien lotis, ne vivent guère mieux après qu’avant les six semaines de grève générale et la signature des accords Bino (c’est-à-dire les accords sur les 200 euros annuels ajoutés aux plus bas salaires). Mais, si Nicolas Sarkozy continue de bouder Elie Domota, le leader populaire du collectif initiateur et moteur de la grève générale, Lyannaj Kont Pwofitasyon (LKP), sa visite risque de décevoir. D’autant que les revendications du LKP sont encore loin d’être satisfaites. Y compris des questions graves et qui traînent depuis des années, comme le démantèlement des mutuelles de Guadeloupe. Un problème à plusieurs centaines de millions d’euros, sur lequel Bakchich s’est penché.

657 millions d’euros envolés

Les soirs de grève générale à Gwada, bien sourd celui qui, au Palais de la Mutualité, n’entendait pas Germaine Chicot-Marcin. Inlassablement, la dame, présidente du comité de défense des mutuelles de la Guadeloupe, interpellait, qui un journaliste, qui un gréviste à l’air attentif, qui les officiels autour de la table des négociations : « Et les Mutuelles, personne ne parle du démantèlement de nos Mutuelles ! Le préfet et le gouvernement s’en contrefichent ! »

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© PieR Gajewski

Le démantèlement des 51 mutuelles dites « de proximité » de Guadeloupe, faisait partie, pendant la grève générale, des revendications phares du LKP, qui a d’ailleurs fait son siège du Palais de la Mutualité. Tout un symbole ! Il faut dire que le dossier traîne depuis 2005. Quatre ans d’incompréhension, de sentiment d’injustice, de manifestations, pour finalement aboutir à une judiciarisation. En pleine grève générale, le 17 février 2009, le comité de défense des mutuelles de la Guadeloupe, qui regroupe 30 mutuelles locales (dites de proximité), représenté par Mme Chicot-Marcin, dépose une plainte contre X au pôle financier du parquet de Paris. Une plainte, notamment pour « atteinte aux intérêts fondamentaux de la Nation », et pour « détournement de fonds publics », d’une valeur estimée à… 657 millions d’euros  ! Un préjudice qui concernerait la moitié des Guadeloupéens. Soit environ 200 000 personnes qui, ayant déboursé, soit depuis des années, soit toute une vie, pour disposer d’une couverture médicale et/ou d’une retraite ne peuvent plus accéder au pot commun. Pour Mme Chicot-Marcin, l’argent aurait même « disparu ». Envolé dans la nature, ou plutôt dans des caisses inconnues. L’accusation est lourde.

Le motif de la liquidation judiciaire, la non-mise en conformité des mutuelles avec les normes européennes, semble quant à lui plutôt léger. C’est Philippe Borgat, alors fraîchement nommé administrateur de l’Autorité de contrôle des assurances et des mutuelles (l’Acam) [1], une autorité administrative publique indépendante, qui en a fait la demande express auprès du tribunal de grande instance de Paris.

Bizarrement, c’est le même Philippe Borgat qui, nommé co-liquidateur de nos 51 Mutuelles, s’empresse de récupérer argent et biens, pour les remettre à… on ne sait pas. Et c’est avant tout là que le bât blesse. Interrogée par Bakchich, l’Acam n’a pas encore répondu.

L’enquête préliminaire ouverte par le parquet s’est achevée depuis deux semaines, l’affaire est désormais entre les mains du procureur de Paris…

L’histoire dans le détail :

En février 2005, l’ensemble du patrimoine des 51 mutuelles de proximité, dont elles étaient propriétaires (locaux, voitures, bureaux, etc.) et une belle somme d’argent, au total autour de 657 millions d’euros, leur ont été retirés. Sans que, pour ce qui concerne l’Union des mutuelles de la région Guadeloupe (UMRG), leurs présidents en ait été informés au préalable, selon la représentante du collectif de défense de l’UMRG, Mme Germaine Chicot-Marcin.

Les Mutuelles liquidées étaient-elles en infraction pour subir pareil spoliation ? Réponse de l’avocat du collectif des Mutuelles de la Guadeloupe, Maître Freddy Brillon : « Les unes oui. Les autres non. Même si certaines n’étaient pas aux normes, ce n’était pas une raison pour que toutes en subissent les frais. L’Union des Mutuelles de la Guadeloupe, le dossier que nous défendons, était en tout cas aux normes ». Explications.

A partir de 2003, c’est le règlement, les Mutuelles de France, de Navarre et de Guadeloupe doivent se mettre en conformité avec le nouveau code de la Mutualité, européen. Pour cela, elles doivent obtenir un agrément, et pour obtenir l’agrément, afficher des comptes créditeurs. Problème, les Mutuelles de la Guadeloupe sont de toutes petites structures, qui datent de la période de l’esclavage, et qui ont toujours disposé de peu de moyens.

Pour acquérir les euros nécessaires, 30 mutuelles de proximité se regroupent donc en Union, en octobre 2002. C’est la création de l’Union des mutuelles de la Région Guadeloupe (UMRG). Ce qui permet aux mutuelles membres d’équilibrer leurs comptes, et d’être même, au total, bénéficiaires.

Ne lui manque plus que l’agrément, rapidement demandé auprès du ministère de l’Emploi et de la solidarité. Mais qui ne sera jamais obtenu. « A cause des lenteurs de l’administration, dont l’Union des mutuelles de la Région Guadeloupe n’est en rien responsable, la démarche n’aboutit pas », nous indiquent de conserve la présidente du collectif et son avocat. Ce n’est qu’au bout de 24 mois que le ministère finit par répondre que la date de péremption est passée… Liquidation judiciaire !

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[1] Ex Commission de contrôle des mutuelles


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9 MESSAGES
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Forum

  • Les 657 millions d’euros envolés des mutuelles de Gwada
    le lundi 6 juillet 2009 à 23:48

    Le liquidateur judiciaire est celui qui sait ou est passé l’argent.

    Il faut lui demander "en y mettant les formes".

  • Les 657 millions d’euros envolés des mutuelles de Gwada
    le samedi 27 juin 2009 à 11:53, TAKE FIVE a dit :
    Et j’ai honte à le reconnaître, car directement concerné par la philosophie de la chose mutualiste, tous les rouages mutualistes ( entre autres pompes à fric) de l’île sont tenus par des francs-maçons…Triste !
  • Les 657 millions d’euros envolés des mutuelles de Gwada
    le samedi 27 juin 2009 à 07:29, Phil2922 a dit :
    le LKP représente une cinquantaine de Syndicats, d’Associations, de partis politiques de Gauche. C’est parce qu’ils sont restés unis et déterminés que le conflit a duré un moment. Si Sarko repart des Antilles sans rencontrer Domota ou un autre des leaders du LKP, il leur montrera du mépris et la situation des plus pauvres n’avancera pas… !
    • Les 657 millions d’euros envolés des mutuelles de Gwada
      le mercredi 8 juillet 2009 à 22:43, lucas a dit :
      Bonjour, Je souhaiterais répondre à tout ce qui se dit sur ce mouvement, en ne l’ayant vécu que à travers les journaux TV. Dans un premier temps, Sarko na jamais refusé de rencontrer Domota, car le gars Elli clame depuis pas mal de temps, que au grand jamais il ne souhaiterais un entretien avec lui. A ceux qui disent, que le mouvement à perduré grace la solidarité des syndicats, assos ……… il à surtout perduré grace à au sentiment de peur que faisait planer le LKP ( se faire virer de son bureau par 15 gars, foulard sur la bouche, hurlant de dégager sinon il cassait tout, ou alors sur la barrage sur les routes, ou lorsqu’on arrivait, les voitures étaient encerclées, et pas d’autre choix que de faire demi tour. Le mouvement du LKP n’est rien d’autre qu’un mouvement politique née pour servir le besoin politique de quelques personnes. Quand on sait que le LKP est un mouvement contre la profitation, et quand on sait que Mr Domota nr 2 de l’ANPE, que sont épouse est institutrice ( donc gagne 40% de plus que les instit en métropole ) vivent dans un HLM, alors que beaucoup ici vivent dans des cases en bois ou en tôle, là il y a profitation. Et puis c’est vrai pour Domota pas de soucis que les écoles restent fermées 46 jours, ses enfant sont scolarisés en Suisse. Enfin, bref il y en aurait tellement à dire sur cette période, comme par exemple sa durée 46 jours …….. 98% des représentants du LKP sont fonctionnaires …….. je suis sur que certains auront déjà fait le rapprochement. Bonne continuation à tous quand même.
      • Les 657 millions d’euros envolés des mutuelles de Gwada
        le mercredi 19 août 2009 à 04:43, roro a dit :

        Lucas,

        Tu dois très certainement faire partie de ceux qui "vivent très aisément" aux Antilles. Tu sais de quoi je parle ! Une grève, où quelle soit, peut entrainer de gros débordements lorsque les gens ont le sentiment de ne plus être écoutés (En métropole, ces derniers mois, il y a eu plusieurs séquestrations de patrons, des menaces de faire sauter des usines et le saccage d’une préfecture !!!!). Donc diaboliser plus que nécessaire ce mouvement me semble être une prise de position plus que partisane. Depuis trop longtemps, ce sont ces fonctionnaires qui payent au prix fort (au sens propre) les dysfonctionnements socio-économique de la Guadeloupe. Et contrairement à ce qui tu dis, les instit ne vivent pas mieux qu’en métropole, bien au contraire, beaucoup se serrent la ceinture pour boucler les fins de mois. La crise a accéléré leur situation, donc pas étonnant qu’ils se rebiffent. C’est le système économique tel qu’il a été maintenu depuis l’abolition de l’esclavage qui doit être changé sans complaisance. L’Etat est le principal responsable, les Békés en ont juste profité en finançant au passage certains partis politiques. Précision : je ne suis absolument pas fonctionnaire de près ou de loin.

      • Les 657 millions d’euros envolés des mutuelles de Gwada
        le vendredi 23 juillet 2010 à 04:37, TIBOUN a dit :
        beaucoup ici vivent dans des cases en bois ou en tole non mais c une blague !! rassure moi tu vis pas en guadeloupe ?
  • Les 657 millions d’euros envolés des mutuelles de Gwada
    le vendredi 26 juin 2009 à 18:33, michel befort a dit :
    en métropole ce n est pas mieux,regardez comment la premiere banque française a fait disparaitre le pognon de ses sociétaireslors de sa privatisation mais les assemblées générales de ces institutions sont des grand messes ou il ne faut pas déranger résultat le controle du mutualisme est un mythe étudiant il ya une quarantaine d années on m avait proposé la présidence d une grande mutuelle étudiante et j avais refusé ayant alors fait preuve de clair voyance. Ce scandale en guadeloupe n en est pas un. Est ce que le oplaignant était présent aux assemblées générales ou préférait il regarder la télé chez lui ?
  • Les 657 millions d’euros envolés des mutuelles de Gwada
    le vendredi 26 juin 2009 à 18:15, cpolitic a dit :

    Financer un parti ? Une prochaine élection ? Voire pire une prochaine aide généreuse de l’Etat alimentée par cette disparition ?

    L’Etat, le plus grand des voleurs, avant ou après les banques, c’est selon…

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