Rechercher dans Bakchich :
Bakchich.info
UNE BRÈVE HISTOIRE DE BAKCHICH

Tags

Dans la même rubrique
Avec les mêmes mots-clés
RÉCLAME
Du(des) même(s) auteur(s)
MONDE / AFRIQUE / Sénégal

Le fils Wade, voyez comme tout le monde l’aime ! (II partie)

Elections / samedi 21 mars 2009 par Xavier Monnier
Twitter Twitter
Facebook Facebook
Marquer et partager
Version imprimable de cet article Imprimer
Commenter cet article Commenter
recommander Recommander à un ennemi

Ça gausse à Dakar. Le fils Wade bâtit, transforme la capitale devenue neuve et rutilante. Sa réussite ne plaît pas. Lui s’en fout. Petit tour en bagnole pour nous montrer, tout fier, sa popularité.

Envoyé spécial à Dakar

Quelque chose a changé. D’abord, la sortie de l’aéroport. Finie la cohue des taxis brinquebalants dès le pied hors du terminal. Un calme presque inquiétant dans une nuit fraîche. Vingt degrés et une brise venue de la mer. Une dizaine de mètres plus loin, heureusement, l’agitation. Pas annihilée, simplement décalée. Et le ballet des rabatteurs qui prend. Négociations, prix de blancs. Dakar éternelle. Va pour 3500 francs CFA.

La vieille Hyundai, au pare-brise éclaté file, sans accrocs, ni à-coups ni coups de volant. Oubliés les nids-de-poule. Dakar s’est goudronnée. D’un seul coup. Les trous béants ont été comblés, ou laissés aux grandes banlieues de Pikine, Ouakam, Rufisque. Mais la capitale s’est faite belle pour accueillir les riches de ce monde et l’an dernier, le sommet de l’organisation de la Conférence islamique (OCI). Des tombereaux de francs CFA déversés sur la capitale sénégalaise qui a mué. Autoroutes, échangeurs, tunnels, ponts, rond-points… Et surtout bord de mer.

Promis à un grand avenir… - JPG - 76.9 ko
Promis à un grand avenir…
© Eno

Autrefois délaissée et peuplée d’artistes, d’artisans ébénistes, sportifs musculeux, la corniche a été entièrement ripolinée. « Pour en faire la plus belle d’Afrique », a promis le pouvoir. Réel effort. Trottoirs, palmiers et pharaoniques chantiers pour hôtels de luxe. À deux pas du déjà riche quartier des ambassades. Une vitrine de choix.

Karim, le bâtisseur

Sorti des pourpres bougainvilliers des résidences diplomatiques, s’ouvre l’Atlantique. Ciel bleu, falaises ocres, mer azur. Paysage de carte postale bordé de palmiers. Les promesses du prochain établissement hôtel de luxe Radisson, puis le majestueux Terrou-bi déjà sorti de terre, Magic Land,le parc d’attraction, et la cour suprême, avant de plonger dans le tunnel. Sortie devant la prison Reubeuss direction le centre ville et le quartier du plateau où se mêlent vendeurs drapés de maillots de foot, paralytiques de toutes sortes, hommes d’affaires encravatés et 4x4.

Une ballade comme un résumé de l’ère Wade, qui a commencé, il y a 9 ans exactement, le 19 mars 2000. Et des transformations dont l’architecte porte aussi le sang et le patronyme présidentiel. Karim Meïssa Wade et son agence pour l’organisation de la conférence islamique (Anoci) ont réellement transformé la ville.

Officiellement, la campagne des municipales ne dure que trois semaines, et s’achève aujourd’hui. Quatrième de la liste de la majorité à Dakar, Wade junior officie depuis trois ans, sans discontinuer. Son « staff » se défend de lutter à armes inégales avec l’opposition ; feint de ne pas comprendre l’avance que leur a procurée le levier économique de l’Anoci ; ou fait mine de ne pas entendre les reproches du parti présidentiel. « Nous ne faisons pas notre campagne dans la campagne de la coalition Sopi. Le siège de la campagne est bel est bien au siège du Parti démocratique Sénégalais », scande avec aplomb Cheikh Diallo, responsable « stratégique » de la « génération du concret », le mouvement « apolitique » lancé par Karim Wade en 2007…

Belle et bonne profession de foi. Mais tout le staff de Monsieur fils converge vers l’immeuble Tamara, le siège de l’Anoci, rue Jules Ferry. Une bâtisse moderne, à un jet de pierre de la présidence, dans le quartier du plateau. Journalistes, militants, émissaires y sont reçus. Logistique du fils présidentiel, mini studio vidéo, staff de campagne et de sécurité. Au choix selon les étages, gendarmes indolents à l’entrée.

De son ventre s’extraient T-shirt, paréo, affiche et boubou à l’effigie de « Karim le bâtisseur ». Et de là partent tous les convois vers les meetings du fils. L’Anoci, agence publique, épicentre du deuxième Wade politique.

Brassards rouges, signe d’opposition

« Jamais ils n’ont cru que nous descendrions dans l’arène, s’amuse Cheikh Diallo, ancien journaliste du Soleil [1], passé par la campagne 2007 de Wade et depuis au service de Karim, à l’Anoci. Ils nous ont pris pour des gamins, les enfants gâtés de la République ». Eux ce sont l’opposition, les caciques du Parti, et surtout la presse, particulièrement acide avec « Rimka » ce matin.

Les journaux de la place se gaussent du « caillassage » du convoi de l’héritier dans le Fouta, comme elle avait raillé la descente du candidat au marché Sandaga à Dakar en début de la campagne. Les quotidiens recensent la nuée « de brassards » rouges qui accompagne les sorties de la famille et sont autant de signes d’opposition. Arrivé au pouvoir, Abdoulaye Wade prévint les populations. « Si vous n’êtes pas contents mettez un brassard rouge, je comprendrai. » L’opposition, qui végète depuis neuf ans, de défaites électorales en transhumance, l’a pris au mot depuis sa réélection en 2007.

« La presse nous en veut. Mais ils ne sont pas sérieux. La semaine dernière, ils titraient « Karim fait mieux que Wade et le PDS réunis », jure Diallo. « Ils n’acceptent pas la réussite du fils après celle du père ».

Membre fondateur de la « Génération du concret », pull, chemise et jeans sur Timberland, le garçon savoure l’entrée en politique de Karim et sa mise sur orbite. Teintée de provocation qu’il préfère qualifiée de « courage ».

Des jets de pierre

Candidat à Dakar, l’ancien conseiller de la banque d’affaires Warburg a sillonné le pays pour soutenir les têtes de liste. Signe d’une ambition qui dépasse largement Dakar et ses municipales. « D‘abord Dakar, après le pays, ce n’est qu’une étape », assument désormais les membres de la « Génération du concret ». L’objectif ? la présidence.

« En route vers les sommets », le slogan de l’Anoci est toujours d’actualité. Et l’amène à narguer ses rivaux, les fils putatifs de son père, héritiers politiques dézingués lors des années de l’alternance. Défenestré de la primature puis du perchoir de l’Assemblée en 2008, passé à la question de la sûreté urbaine pour ses liens avec Bongo, Macky Sall a vu débarquer Karim et son orchestre dans son fief du Fouta le 18 mars. Accueil brassards rouges et jets de pierre. « C’est tout ce qu’a retenu la presse, s’insurge Diallo, mais cela ne s’est passé que dans un village ».

Le 19 mars, pour les neuf ans de règne de Pa Wade, le fiston a décidé de frapper à Thiès, la cité du rail, forteresse d’Idrissa « Ngorsi » Seck. Son ancien frère de bataille, artisan de l’arrivée au pouvoir en 2000, plus jeune directeur de cabinet d’un président sénégalais avant d’endosser les habits du plus frais Premier ministre… puis de passer par la case prison (2006) et la candidature présidentielle (2007). Une volonté de tuer le père trop vite prononcée…

Du siège de l’Anoci, la caravane s’organise en attendant le patron, facile à reconnaître, son 4x4 est le plus imposant. Lunettes de soleil, casquette Nike et jean. Une rapide revue des troupes et un mot pour les journalistes. « Alors tu te caches ? Je suis le seul blanc où veux-tu que je me cache ». Autrefois méfiant, Wade junior a appris à amadouer les scribouillards.

Départ vers Thiès à 17 h, pour un meeting prévu à 17 heures. La star sait se faire attendre. « Ça promet de chauffer à Thiès, Idy est encore très puissant là bas », promet un journaliste télé.

Cortège au forceps

70 km de route, deux heures de trajet, et des bouchons. Sorti du « Karimland » dakarois, le Sénégal revêt ses vieux oripeaux. Thiaroye, Rufisque, Sétikobane, route par moment brinquebalantes, gare routière pullulante, camion-citerne accidenté. Et le cortège, motard de la gendarmerie en flèche, qui rompt le trafic. Au forceps. Accélération soudaine, brusque freinage. Un « stop and go » continuel. Les baobabs observent, tranquilles, le passage de l’héritier.

Et les Thiessois l’attendent. Eux, les enfants d’Idy, «  de la période romantique du PDS », l’état de grâce qui a baigné les premières années du règne Wade. Sitôt l’entrée de la cité du rail, Karim sort la tête du 4x4 à toit ouvrant. Hymne à son nom, T-Shirt à son effigie, gamins qui se ruent vers son véhicule. Visage tendu, bras levé, Karim se fait Wade. Détend son mètre quatre dix, se relaxe, serre les mains, et commence à sourire. Puis s’agite. Lance ses bras en signe de victoire.

Sur le bas-côté, les slogans pro-Idy sont barrés d’une peinture encore fraiche, pour faire place à Karim. « La jeunesse de Thiès avec Karim pour se réconcilier avec Gorgui Wade ». De frêles foulards rouges sourient à son passage, et l’accompagnent vers la place de France, noire de monde et dont les sonos couvrent même le discours.

Pas grave, la foule est venue voir, pas entendre. Même la centaine de partisans de Seck hurlent leur soutien à leur mentor, hésitant à conspuer l’héritier. Le temps leur manquera. Trente minutes de discours et la caravane se remballe vers Dakar. Deux - trois jets de pierre, que la presse transformera en une nuée de projectiles.

Contrat rempli. Et territoire marqué chez le rival, sans heurts durant le meeting. L’avant dernier d’une campagne qui s’achève aujourd’hui. Sans feu d’artifice ni mega-show prévu.

« En 2000, Diouf a clos sa campagne par un meeting exceptionnel, avec des militants venus de tout le pays …Mais deux jours avant le scrutin, ces populations ne sont pas rentrées chez elles pour voter ». Et le socialiste dut s’incliner après vingt ans de règne.

Au moins le fils Wade a-t-il bien retenu ses leçons politiques. Et les met en pratique… Jusqu’à l’assassinat du père ?

Lire ou relire sur Bakchich.info :

Papa a bien déblayé le chemin. Et armé son rejeton. L’élection de Karim Wade, inéluctable, à la mairie de Dakar dimanche, n’est qu’un nouveau jalon sur son parcours vers la présidence…
Alors que Wade père, président du Sénégal, doit se rendre à Paris ce vendredi pour présenter une nouvelle biographie qui lui est consacrée, « Bakchich » revient sur Karim Wade, le fils, qui, face aux multiples critiques qui le visent, répète (…)
Les Premiers ministres français s’avèrent bien douillets. Et ce n’est pas le dernier livre de l’excellente Raphaëlle Bacqué, « L’enfer de Matignon » qui pourra plaider le contraire. Toujours à se plaindre du poids des responsabilités, des risques pris, du (…)
Vague de mandats d’arrêt pour les responsables de la plus grande catastrophe maritime mondiale.
Un mariage discret pour la France et le Sénégal, ce mardi 26 août. Nicolas Sarkozy a reçu à l’Élysée Karim Wade, conseiller spécial du président sénégalais. Suite à cet entretien, le Sénégal sera prochainement l’heureux acquéreur d’un réacteur nucléaire (…)
Le bon vieux président Abdoulaye Wade, 80 bougies officielles, s’est bien amusé durant la campagne présidentielle sénégalaise. Et ses partisans avec lui, qui depuis ce matin multiplient les bons (…)

[1] journal d’Etat où a travaillé l’auteur de ses lignes


AFFICHER LES
11 MESSAGES
0 | 5

Forum

  • Le fils Wade, voyez comme tout le monde l’aime ! (II partie)
    le dimanche 5 avril 2009 à 16:08, observer a dit :
    Resultat des courses Karim et sa cohorte, son père et le parti de son père ont tous été battus pendant ces élections locales à Dakar et dans la majorité du pays.ET karim (comme son père à l’époque) a encore fui le pays pour se planquer à Paris. Quand on vous dit qu’on ne veut pas d’eux parce qu’ils nous méprisent et sont à 3/4 français. Cet article en devient encore plus vomissif.
  • Le fils Wade, voyez comme tout le monde l’aime ! (II partie)
    le mercredi 25 mars 2009 à 15:51, David a dit :
    Grosse erreur de Xavier que moi personnellement j’aimais bien parce que je reprennais souvent ses articles sur mes sites. mais là VLAN coup d’arrêt avec cet article. Desinterrogations surgissent de ma tête de sénégalais émigré. Il faut admettre que tu t’est trompé Xavier. Honneteté intellectuelle aurait voulu que tu soit de la campagne de l’opposition également. Un reportage dans un seul camp. C’est pas très catho. bref tout ceci pour dire que Bakchich en a pris un sacré coup - PAN sur le BEC comme diraient mes amis du Canard
  • Le fils Wade, voyez comme tout le monde l’aime ! (II partie)
    le mardi 24 mars 2009 à 14:51, baba a dit :

    Extrêmement complaisant comme papier. vous nous aviez habitué à d’autres choses de beaucoup plus critique. le reportage n’est pas du tout relativisé. lorsque vous écorchez Kouchner ou Bongo, alors que vous faites dans les mêmes pratiques qu’eux, vous n’êtes pas mieux.

    On espère juste qu’il n y ait pas eu de Bakchich derrière.

    Honteux votre papier

  • Le fils Wade, voyez comme tout le monde l’aime ! (II partie)
    le lundi 23 mars 2009 à 17:01, khalilou a dit :
    On sent bien le petit toubab, qui, 5 ans après son stage au soleil, revient au pays accompagné de son nouveau copain futur président, qui va se le mettre sévère en boite mode babtou, et qui revient à paris faire son ptit papier plein de clichés touristiques, les taxis pourris, les meufs, les jolis travaux de l’anoci, dans un style caustique mode Bakhchich, mais avec un manque total de recul et d’esprit critique sur la situation politique du pays. Dommage. on vous aimait bien içi. les copinages, décidément, ça fait mal à la presse.
  • Le fils Wade, voyez comme tout le monde l’aime ! (II partie)
    le lundi 23 mars 2009 à 16:04, Salliou a dit :
    Scandalisé par le papier. A Dakar, ça circule l’info selon laquelle le Monnier se serait bien fait plaisir avec Karim. La pratique du bakchich, c’est donc bien vrai ?? Pour les internautes qui veulent etre informé, sachez que le scrutin est pour l’instant extrêmement défavorable au fils du président, même pas assuré de figurer au conseil municipal. Un conseil pour la rédaction, la prochaine fois, quand vous faites un reportage sur les élections, fréquentez les sénégalais, et non vos copains candidats. Et puis intérréssez vous aux gens, pas aux boites ni au rolex de petit banquier de la city. ça vous rendra peut etre un peu de votre crédibilité qui s’est envolée ce week-end avec votre dossier. dernier conseil, attendez les résultats avant de proclamer Karim vainqueur, vous aurez l’air moins cons.
0 | 5
BAKCHICH PRATIQUE
LE CLUB DES AMIS
BEST OF
CARRÉ VIP
SUIVEZ BAKCHICH !
SITES CHOUCHOUS
Rezo.net
Le Ravi
CQFD
Rue89
Le Tigre
Amnistia
Le blog de Guy Birenbaum
Les cahiers du football
Acrimed
Kaboul.fr
Le Mégalodon
Globalix, le site de William Emmanuel
Street Reporters
Bakchich sur Netvibes
Toutes les archives de « Là-bas si j’y suis »
Le locuteur
Ma commune
Journal d’un avocat
Gestion Suisse
IRIS
Internetalis Universalus
ventscontraires.net
Causette
Le Sans-Culotte