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ECONOMIE / mercredi 8 octobre 2008 par William Emmanuel
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Après l’adoption du plan Paulson, les plus grands experts imaginent déjà un scénario catastrophe, que William Emmanuel, du site Globalix, déroule pour « Bakchich ».

Après le Sénat, la Chambre des représentants du Congrès américain a donc adopté le plan de 700 milliards de dollars du secrétaire au Trésor Hank Paulson afin d’essayer de sauver le système financier de la première puissance économique mondiale. Le président George W. Bush l’a immédiatement promulgué en déclarant que son administration avait « agi promptement pour empêcher que la crise de Wall Street se répande à travers tout le pays ». Mais, a-t-il reconnu, « notre économie est toujours confrontée à des défis sérieux ».

C’est le moins que l’on puisse dire. La crise n’est pas seulement financière puisque de part et d’autre de l’Atlantique l’entrée en récession - ce qui correspond techniquement à deux trimestres consécutifs de contraction de l’économie - est désormais actée par les statistiques officielles. Dans ce contexte, le plan Paulson est loin de faire l’unanimité. Ce plan doit permettre à l’État américain de reprendre les « actifs toxiques » que les établissements financiers ne sont pas en mesure de vendre. Il doit redonner confiance aux investisseurs et apporter la liquidité dont les marchés ont besoin. Il a rassuré quelque peu vendredi dernier mais les craintes sont réapparues de manière spectaculaire lundi, provoquant une chute boursière historique sur de nombreuses places boursières.

Le Plan Paulson n’est pas la solution

Il faut dire que dans le contexte actuel le plan Paulson, coûteux pour les finances publiques, est considéré comme inefficace par plusieurs experts qui connaissent parfaitement le fonctionnement du système capitaliste. Paul O’Neill, ancien P-DG du groupe Alcoa et secrétaire au Trésor dans l’administration de George W. Bush de début 2001 à 2002 estime qu’il y avait une meilleure solution pour fluidifier les marchés. « Au lieu d’acheter ces instruments (financiers), je pense que le Trésor aurait dû avoir l’autorité pour les garantir. Dès que vous apportez une garantie gouvernementale sur un instrument, celui-ci se traite comme une obligation d’État ou du cash. Pourquoi devrions-nous les détenir alors que nous pouvions régler la question de la liquidité en les garantissant ? Ce n’était peut-être pas suffisant pour un certain nombre d’institutions qui avaient beaucoup de ces actifs toxiques », explique-t-il dans BusinessWeek (édition du 13 octobre).

Pour Edmund Phelps, prix Nobel d’économie en 2006, le plan risque de ne pas fonctionner parce qu’il omet la question de la recapitalisation des banques. « Il y a beaucoup de raisons qui conduisent à penser que le plan Paulson ne parviendra pas à nettoyer les bilans des banques », a-t-il dit lors d’une conférence lundi à Washington. « Il pourrait aggraver l’autre problème qu’ont les banques, à savoir qu’elles sont quasiment insolvables ». Rappelons que plusieurs grandes banques ont déjà fait faillite : 12 depuis le début de l’année (dont Bear Stearns et Lehman Brothers pour ne citer que les plus importantes victimes aux États-Unis) tandis qu’en Europe Fortis a été secouru par les pouvoirs publics belges, néerlandais et luxembourgeois avant d’être démantelé. Sans oublier la banque belgo-française Dexia qui a dû être recapitalisée dans l’urgence par les autorités belges et françaises. Et Hypo Real Estate en Allemagne.

Les banques ferment les robinets

La question de la fragilité des banques est donc cruciale. James Knightley, « senior economist » chez ING, a rappelé mardi matin à Paris que les dépréciations d’actifs passées par les banques atteignaient 557 milliards de dollars tandis que les banques ont réussi à lever 389 milliards de dollars. En outre, a-t-il dit lors d’une réunion avec des trésoriers clients de sa banque, la correction sur les prix des actifs boursiers et immobiliers depuis le début de la crise représente pour l’heure environ 9.000 milliards de dollars alors qu’une mise à plat nécessiterait une correction de 12.000 milliards. Le calcul est simple : il manque 3.000 milliards ! Ce qui signifie que les indices boursiers ainsi que les prix immobiliers vont encore baisser.

Les montants en jeu sont tels qu’il est évident que l’économie réelle ne peut que souffrir. D’autant que les banques ont commencé à fermer les robinets du crédit. Même des entreprises solides générant des bénéfices ne peuvent plus emprunter aujourd’hui. Et ne parlons pas des particuliers, qui vont avoir du mal à obtenir un crédit immobilier ou automobile. Fragilisées, les banques sont excessivement prudentes afin de préserver leurs mares. Mais ce n’est pas la seule raison. Malgré les dizaines de milliards d’euros et de dollars déversés chaque semaine par les banques centrales, les établissements financiers n’ont pas assez de liquidités.

La crise est droit devant - JPG - 38.4 ko
La crise est droit devant
©Pakman

Un cercle vicieux est ainsi en train de se mettre en place et pourrait déboucher sur une catastrophe mondiale. Robert B. Zoellick, président de la Banque mondiale, n’exclut pas que la système financier ait atteint un point culminant (« Tipping Point ») qui fait que la crise va devenir incontrôlable pour les gouvernements. Dans ce cas, a-t-il dit lundi au Peterson Institute for International Economics, les problèmes actuels devraient entraîner « des faillites d’entreprises et probablement des crises bancaires. Certains pays pourraient connaître des crises de la balance de paiement ». Le spectre de 1929, agité par certains depuis quelques mois, n’est plus loin. Paul O’Neill se demande sérieusement s’il n’y a pas un risque que les entreprises, dont certaines ont impérativement besoin de crédits bancaires pour financer leurs opérations au jour le jour, ne soient plus en mesure de verser les salaires de leurs employés. Dans ce cas, la confiance dans le système bancaire disparaîtrait. Les commerçants ne pourraient plus accepter des paiements par chèque ou par carte bancaire. Les citoyens occidentaux, que les autorités ont encouragé à adopter des moyens de paiement « modernes », n’auraient plus d’autre choix que de payer en espèces. Mais cela ne peut avoir qu’un temps. Surtout si l’inflation s’emballe et entame sérieusement le pouvoir d’achat des ménages. Combien de temps faudrait-il avant de devoir payer sa baguette de pain avec une brouette de billets ?

La crise est devant nous

Ce scénario d’une dépression économique est bien connu : c’est celui que le monde a vécu après la crise de 1929. En Allemagne, s’était développé le troc. Cette situation catastrophique avait été utilisée par Hitler pour parvenir au pouvoir. On connaît la suite.

Nul ne prétend que nous sommes dans une situation comparable aujourd’hui même si certains experts n’excluent pas une certaine agressivité de la part de certains pays déstabilisés par la crise. Mais la crise actuelle est extrême car elle touche le cœur du système capitaliste - les banques - et frappe plusieurs pays en même temps. La dernière crise, en 2000 et 2001, ne concernait que le secteur des télécommunications et de l’Internet. Du fait de la fragilité des banques, tous les secteurs industriels sont désormais touchés. De fait, les résultats des entreprises au troisième trimestre, qui vont commencer à être publiés, montreront une nette dégradation. Les défaillances vont se multiplier. Les suppressions d’emplois vont suivre. Selon plusieurs économistes, le point bas de la crise ne sera atteint qu’au premier semestre 2009. Une stabilisation pourrait donc intervenir au second semestre voire une début de l’année 2010 avant une reprise. Face à cette crise, une solution globale est illusoire. Chaque pays va chercher à défendre d’abord son économie. Tout le monde devra néanmoins se mettre autour d’une table pour élaborer de nouvelles règles permettant au système de fonctionner de nouveau. Car personne ne peut prévoir les conséquences d’une crise économique majeure. ` Retrouvez le site de William Emmanuel : Globalix

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9 MESSAGES
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  • Le cycle infernal de la crise
    le mercredi 8 octobre 2008 à 19:37, yoye2000 a dit :

    Vous avez pas l’impression surtour de vous amuser à faire peur ?? crise de 29, hitler…. on prend un peu l’histoire un peu en otage et je ne suis pas sûr qu’on éclaire vraiment les lanternes avec une telle artillerie…

    bon ceci dit, c’est vrai qu’a priori il n’y a pas de raisons d’être follement optimiste…

  • Le cycle infernal de la crise
    le mercredi 8 octobre 2008 à 18:13, Phil2922 a dit :
    Et dire que dans tout ça, on ne sait toujours pas qui est le père du bébé à Rachida Dati… ? Est-il solvable d’abord… ?!
  • Le cycle infernal de la crise
    le mercredi 8 octobre 2008 à 17:35
    C’est curieux ces crises . C’est souvent en octobre que tout s’est pété la gueule . 1720 , chute de Law , le spéculateur écossais qu’a remplacé l’or par le papier , 1929 , Wall Street et la grande dépression derrière puis la guerre mondiale , 1987 et 2008 . L’Occident n’est jamais aussi fort que dans la déroute , se releva toujours , et là il est vraiment servi . Malheur à celui qui voudrait s’en servir pour le supplanter . Excellent me direz-vous ! Oui , excellent ! On suit le cycle des climats , cet automne va nous amener des rigueurs hivernales très dures . Puis les beaux jours reviendront et on s’en sortira . Au détriment de ceux qui rigolent doucement . Mais qui finiront tous rétamés . Comme d’hab !
  • Deux question à poser à Sarko
    le mercredi 8 octobre 2008 à 16:50, alourtilani a dit :

    Ho journalistes rappelez lui ses petits phrase de campange !!!!

    1) Quand est ce que Sarko va chercher la croissance avec les dents ?? On attend la matérialisation de ses promesses !!!

    2) Est ce toujours si moche d’être peu endetté, comme le sont les ménages français ??? Faut il que les Français s’endettent plus comme il l’a préconisé !

  • Le cycle infernal de la crise
    le mercredi 8 octobre 2008 à 16:36, Linda Chergui a dit :
    L’usure, interdite par la morale et la religion, fonde le système capitaliste insatiable, qui privatise les profits et nationalise les pertes. Pour imposer sa loi, ce système odieux fait du chantage à nos socités en crise : moi ou le chaos.Linda Chergui
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