Rechercher dans Bakchich :
Bakchich.info
UNE BRÈVE HISTOIRE DE BAKCHICH

Tags

Dans la même rubrique
Avec les mêmes mots-clés
RÉCLAME
Du(des) même(s) auteur(s)
FILOUTERIES

Le commandant Pichon contre Hortefeux

Interview / mercredi 16 juin 2010 par Nicolas Beau
Twitter Twitter
Facebook Facebook
Marquer et partager
Version imprimable de cet article Imprimer
Commenter cet article Commenter
recommander Recommander à un ennemi

Le tribunal de grande instance de Paris dira le 30 juin si le ministre de l’Intérieur était dans son droit en suspendant le policier Philippe Pichon, en conflit avec sa hiérarchie pour avoir divulgué les fiches Stic de deux personnalités.

In Bakchich Hebdo n°24 du 15 mai 2010

Bakchich Hebdo : Cher Philippe, on se tutoie ?

Philippe Pichon : Difficile de faire autrement après tant d’années de combats communs, notamment lors de notre croisade, en octobre 2008, pour la transparence du Stic, ce fichier policier qui recense, sans réel contrôle, 34 millions de Français victimes ou supposés délinquants.

B. H. : Nicolas Sarkozy, qui s’inquiétait déjà de ta médiatisation lors de la publication de ton livre, le Journal d’un flic, est servi. Te voilà à nouveau sous les feux de la rampe médiatique. Le 19 mai, le tribunal de grande instance doit rendre un jugement après ta plainte contre Brice Hortefeux. (ndlr : Un ultime recours du ministère a reporté le jugement au 16 juin)

P. P. : Avec l’aide d’un avocat talentueux et tenace, William Bourdon, nous avons réussi à casser la décision du ministère de l’Intérieur, qui m’avait mis à la retraite d’office. à mon grand regret, l’ensemble des représentants syndicaux présents avaient voté pour mon exclusion de la police, lors du conseil de discipline. J’ai été réintégré, malgré eux, au printemps 2009. Mais depuis, rien. Je ne suis affecté nulle part, condamné à ne rien faire.

B. H. : Quel effet cela fait-il de se retrouver en garde à vue ?

P. P. : Les quarante-huit heures de garde à vue, plus les dix heures passées dans la «  souricière » au Palais de justice, sont faites pour humilier et casser : deux fouilles au corps, convocation de ma compagne et pressions sur elle, fuites du parquet à l’AFP laissant entendre que j’avais touché des bakchichs… de Bakchich. Et encore, j’ai eu la chance qu’un gardien de la paix m’ait reconnu et placé dans la cellule avec douche réservée aux VIP, celle qu’avait occupée Bernard Tapie.

B. H. : La brutalité de la réaction de la hiérarchie policière paraît surprenante, au vu de l’usage indélicat qui est fait, chaque jour, des fiches Stic.

P. P. : « Indélicat », c’est peu dire. Rien que pour les fiches de Johnny Hallyday et de Djamel Debbouze, ils ont été respectivement 543 et 617 policiers à y jeter un oeil. Ce sont des dizaines de consultations, du fichier de Vanessa Paradis à celui de Jean-Paul Belmondo, qui furent même constatées sur l’ordinateur d’une collègue d’Angoulême. « Je cherchais à tuer l’ennui », a-t-elle expliqué aux enquêteurs. Plus grave, un certain nombre de mes collègues, en lien avec des boîtes de renseignements privées, vendent quotidiennement ces fiches. C’est ce que, dans notre jargon, on appelle « la tricoche ». Surtout, des responsables policiers distillent des renseignements à leurs interlocuteurs politiques pour se faire valoir. Quand ils n’inscrivent pas les opposants sur le Stic, comme je l’ai vu faire à Coulommiers lorsque l’UMP Guy Drut était maire de la ville.

B. H. : Dans quelles conditions as-tu livré les fiches Stic à Bakchich ?

P. P. : (Sourire) Il valait mieux Bakchich que Gala, non ? Mais je n’ai averti la presse qu’après avoir tout tenté en interne. Dès 2007, j’ai pondu un rapport à la demande de ma hiérarchie, inquiète des enquêtes à venir de la Cnil [Commission nationale de l’informatique et des libertés, ndlr], sur la situation du Stic. Le 24 avril 2008, j’alerte ma hiérarchie, qui répond : « Votre obligation de réserve ne laisse pas entièrement intacte votre liberté d’expression. »

B. H. : Cette fois, en tout cas, tout prouve que tu n’as pas obéi à ton chef.

P.P. : Le fonctionnaire de police doit servir l’intérêt public, même s’il doit enfreindre des consignes hiérarchiques qui desservent l’ordre républicain.

-------

A lire sur Bakchich.info :

Le policier Philippe Pichon, en conflit avec le ministère de l’Intérieur pour avoir divulgué sur Bakchich les fiches Stic de Johnny Hallyday et Jamel Debbouze, accuse Hortefeux de l’empêcher de (…)



Le magazine "Pièces à conviction" revient sur la publication par Bakchich des fiches Stic de Halliday et Debbouze. Auteur de ces fuites, le commandant Pichon avait été révoqué début avril. Pour finalement être (…)



Les fiches Stic de J.Hallyday et de J.Debbouze, publiées partiellement par Bakchich, ont valu au commandant Pichon une garde à vue musclée et un conseil de discipline joué d’avance… En attendant une révocation (…)



Un fichier peut en cacher un autre. Aussi dangereux qu’Edvige, le STIC met en fiches 23 millions de citoyens. Y compris Johnny Hallyday ou Jamel Debbouze. « Bakchich » publie leurs fiches.


Acheter Bakchich Hebdo en ligne (CB ou Paypal)

Acheter à l'unité

Voir en ligne : In Bakchich Hebdo n°24 du 15 mai 2010

AFFICHER LES
8 MESSAGES
0 | 5

Forum

  • Le commandant Pichon contre Hortefeux
    le jeudi 17 juin 2010 à 11:20, Hiram a dit :

    C’est fou cette histoire de l’homme intègre sanctionné, mais tellement banale dans la Fonction Publique. Ainsi :

    Tout fonctionnaire qui, dans l’exercice de ses fonctions, acquiert la connaissance d’un crime ou délit doit en aviser sans délai le procureur de la République. (Article 40 du Code de procédure pénale)

    Syndicaliste, j’ai défendu des agents de la Fonction Publique, quels que soient leurs grades, car sanctionnés et même virés pour avoir refusé de faire un acte délictueux sur ordre ou pour avoir dénoncé le comportement d’un supérieur avec preuves et témoins à l’appui.

    Combien de Procureurs sont allés au bout de la procédure ?

    Combien de sites tous ministères confondus détruisent (quand ils les détruisent) dans les délais, les enregistrements des caméras ?

    Dans les services de communication ou les académies par exemple, combien de fichiers déclarés ? Combien sont détruits lorsqu’inutiles ?

    Combien de chefs de services s’émeuvent des sans-papiers du bâtiment qui bossent sans protection sur les sites de la Fonction Publique ?

    Combien d’oeuvres d’art des réserves des musées, disparaissent détruites ou volées ? Combien sont rachetées en douce ?

    Combien de policiers dénoncent les violences des collègues lors des contrôles ou des garde-à-vues ?

    Des commandants Pichon existent partout. Malheureusement la plupart des fonctionnaires n’ont ni son grade, ni sa ténacité…

  • Le commandant Pichon contre Hortefeux
    le jeudi 20 mai 2010 à 16:56, intermittent a dit :
    avec toute ma solidarité Philippe !!!! l’un de tes camarades de la 46° promotion des officiers de paix……..
  • Le commandant Pichon contre Hortefeux
    le mercredi 19 mai 2010 à 21:31, Sarkoseptique a dit :
    Il ne fait pas bon dans la "sarkodémocratie" de s’opposer au chef et à ses affidés. Courage il faut continuer à dénoncer les exactions de ces tristes personnages. De poursuivre "l’auvergnat" …. c’est une bonne action …
  • Le commandant Pichon contre Hortefeux
    le mercredi 19 mai 2010 à 10:38, HN a dit :

    Salutations et félicitations à Mr Pichon.

    Bon courage, on l’aura "l’auvergnat"…

     ;-)

  • Le commandant Pichon contre Hortefeux
    le mercredi 19 mai 2010 à 08:36, ZADIGLEVIZIR a dit :
    bienvenue au club des zadigs commandant et respect au citoyen… honte à Horte … feu…
0 | 5
BAKCHICH PRATIQUE
LE CLUB DES AMIS
BEST OF
CARRÉ VIP
SUIVEZ BAKCHICH !
SITES CHOUCHOUS
Rezo.net
Le Ravi
CQFD
Rue89
Le Tigre
Amnistia
Le blog de Guy Birenbaum
Les cahiers du football
Acrimed
Kaboul.fr
Le Mégalodon
Globalix, le site de William Emmanuel
Street Reporters
Bakchich sur Netvibes
Toutes les archives de « Là-bas si j’y suis »
Le locuteur
Ma commune
Journal d’un avocat
Gestion Suisse
IRIS
Internetalis Universalus
ventscontraires.net
Causette
Le Sans-Culotte