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La revanche de Guaino

SOMMET EUROPEEN / dimanche 5 octobre 2008 par Marion Mourgue
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Le conseiller spécial du Président, Henri Guaino, avait souligné, jeudi 1er octobre, sur Canal+, que « temporairement, les critères de Maastricht n’étaient pas la priorité des priorités ». Branle-bas de combat dans la majorité et haro sur Guaino. Trois jours plus tard, la France, l’Allemagne, l’Italie et la Grande-Bretagne reprennent son idée… Guaino le démineur ?

Henri Guaino peut savourer sa revanche. L’histoire européenne lui a donné raison. Samedi 4 octobre, à l’Élysée, les quatre dirigeants des pays européens – France, Allemagne, Italie, et Grande-Bretagne – ont décidé « d’agir rapidement » face à la crise financière, « sur le plan national comme sur le plan international, pour affronter les défis auxquels nos économies sont confrontées ». En clair : éviter la faillite des banques et l’effet domino.

Le G4 reprend l’idée de Guaino

Que dit le « G4 » ? La même chose que Guaino. Dans la déclaration commune d’après sommet, Nicolas Sarkozy, Angela Merkel, Silvio Berlusconi et Gordon Brown, ont réaffirmé leur volonté d’apporter « un soutien public aux banques en difficulté » et leur souhait d’assouplir les règles du Pacte de Stabilité. Hum… déjà entendu ça quelque part.

Henri Guaino - JPG - 67.8 ko
Henri Guaino
© Kerleroux

« Dans les circonstances exceptionnelles actuelles », ont affirmé les dirigeants européens, « nous soulignons la nécessité pour la Commission de continuer à agir rapidement et de faire preuve de flexibilité dans ses décisions en matière d’aides d’État, tout en maintenant les principes du marché unique et du régime des aides d’État. L’application du Pacte de stabilité et de croissance devrait également refléter les circonstances exceptionnelles que nous traversons, en application des règles du Pacte. » Cette dernière phrase a été ajoutée à la demande express de l’Allemagne. Angela Merkel a en effet demandé que soit ajouté l’expression « circonstances exceptionnelles » qui figure depuis trois ans dans le pacte de stabilité. Dans un contexte d’État en récession, un gouvernement ne peut pas être sanctionné s’il prend quelques libertés avec le pacte de stabilité. Ouf ! La France est sauvée…

Guaino savoure

Et Guaino peut claironner. Lui qui trois jours avant ce sommet européen s’en était pris plein la figure. Que n’avait pas dit Henri ! Au détour d’une question, jeudi 1er octobre sur Canal+, le conseiller spécial et plume du président avait affirmé que « temporairement, les critères de Maastricht [n’étaient] pas la priorité des priorités ». Avant d’ajouter : « la priorité, c’est de sauver le système bancaire mondial, et par conséquent de sauver les économies des citoyens ». Patatras ! Jean-François Copé, président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, s’était empressé de commenter cette déclaration pour s’en offusquer. « La gestion de la crise n’a jamais été antinomique avec la maîtrise des déficits publics », avait-il lancé, cinglant. Sa réponse avait alors fait le tour des médias avant d’être à son tour commentée par les députés UMP… Tohu-Bohu à Antibes pour les journées parlementaires de la majorité. La fête était gâchée et la journée de Guaino aussi ! D’ailleurs, selon un de ses proches qui déjeunait avec lui ce jour-là, dans un restaurant marocain du cœur de Paris, Guaino est arrivé tendu, les traits du visage tirés. Avec presque une heure de retard…

Selon un ténor de la majorité, la réponse cinglante de Copé au conseiller de Sarko est à lier au calendrier et à l’actualité. La déclaration de Guaino a eu lieu en même temps que l’ouverture des journées parlementaires de l’UMP organisées par Copé. Un Jean-François qui cherchait à démontrer qu’il était derrière Nicolas Sarkozy et qu’il n’y avait plus l’ombre d’une feuille à papier entre les deux hommes. « Jean-François Copé ne peut pas s’en prendre à Nicolas Sarkozy alors il s’en prend à ses conseillers. Mais il le sait comme les autres, on ne peut pas mettre de l’argent pour soutenir dans les banques et de l’autre maintenir l’équilibre des comptes publics. », explique ce ténor de l’UMP. Copé aurait-il donc manié la langue de bois ? Impossible à croire pour celui qui publiait en 2006 : Promis, j’arrête la langue de bois…

Le démineur

Il semble en tout cas que Copé n’ait pas bien écouté le discours de Toulon, du 25 septembre… un discours rédigé en grande partie par Henri Guaino. Car l’affranchissement des règles communautaires était déjà annoncé en demi-teinte : « Si l’activité venait à reculer fortement et durablement, je n’hésiterais pas à prendre toutes les mesures nécessaires pour la soutenir ». Par conséquent, la déclaration sur Canal+ du conseiller de Sarko ne relevait pas de l’initiative personnelle mais de l’affirmation de la politique du président.

Guaino aurait-il donc un rôle de démineur ? Il semble bien. Ces derniers jours, c’est lui qui a annoncé, lors d’interviews, ce que le président allait faire face à la crise financière. Manière de déblayer le terrain pour le « Château » et de désamorcer les critiques de l’opinion… et de la majorité. Lundi 29 octobre, sur France 2, le conseiller spécial du président lâchait un gros mot en public : « Oui, on est en quasi-récession ». Ouië ! Du jamais prononcé en France, depuis le début de la crise. Fallait-il y voir un écart de langage ? Certainement pas pour ce proche conseiller et plume du Président de plus en plus écouté au sommet de l’État. Plutôt l’annonce de ce qui se disait en haut-lieu.

Après le discours de Toulon et la déclaration d’après sommet européen, le retour de Guaino au premier rang est donc flagrant. Il pourrait même avoir surpris jusqu’aux ministres, désormais contraints de s’adapter au nouveau discours venu de l’Élysée : ni rigueur, ni laisser-aller. D’ailleurs, quatre jours après l’interview de Guaino sur France 2, le ministre du Budget, Éric Woerth admettait une « quasi récession technique ». Manière de corroborer ce que le conseiller du Président avait annoncé… Henri Guaino peut, en effet, triompher.

Lire ou relire dans Bakchich :

« Le retour de l’Etat » pour le « Parisien », « Face à la crise, Sarkozy brandit le bouclier de l’Etat » pour « les Echos ». Dans son discours de Toulon, le président s’est en effet montré volontariste. Sans faire d’annonces concrètes, Sarkozy s’est voulu (…)
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Alors que la commission Attali remet son très orthodoxe rapport au président de la République, le conseiller Henri Guaino doit se sentir bien seul à l’Élysée. Tiendra-t-il longtemps ?

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2 MESSAGES

Forum

  • La revanche de Guaino
    le lundi 6 octobre 2008 à 17:27, impots-utiles.com a dit :
    Christine Boutin a annoncé samedi que l’Etat subventionnera à hauteur de 1,5 milliard d’euros le rachat de 30.000 logements, en précisant que cette opération concernait le seul logement social… http://observatoiredessubventions.com/2008/subventions-detat-15-milliards-pour-30-000-logements/
  • "Les raisins sont trop verts…"
    le lundi 6 octobre 2008 à 12:51, Keloglan a dit :

    "…et bons pour les goujats." Bakchich, cette fois, en fait trop. Dès son élection et dès sa mémorable algarade avec le ministre allemand des Finances quand Sarko a remplacé Lagarde lors de la réunion de Bruxelles, il était clair que le président voulait creuser encore davantage le déficit public. "Après moi, le déluge"

    Guaino, expert en dilettantisme, en culture africaine et en projets méditerranéens, n’a rien d’un macro-économiste mais tout du courtisan dévoué. Personne ne doute qu’il soit capable de creuser le déficit. Nous en sommes tous capables. Mais pour le combler et revenir à l’équilibre, qui écrira le programme ? DSK selon toute vraisemblance.

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