Rechercher dans Bakchich :
Bakchich.info
UNE BRÈVE HISTOIRE DE BAKCHICH

Tags

Dans la même rubrique
Avec les mêmes mots-clés
RÉCLAME
Du(des) même(s) auteur(s)
MONDE / ASIE

La racaille bouddhiste enflamme la Birmanie

Bonze / lundi 17 septembre 2007 par Olivier Dours
Twitter Twitter
Facebook Facebook
Marquer et partager
Version imprimable de cet article Imprimer
Commenter cet article Commenter
recommander Recommander à un ennemi

Quand le sympathique régime birman réprime les moines, ces derniers ne tendent pas la joue gauche.

Comme en 1988, la totale incompétence et la corruption flagrante des généraux à la tête de la Birmanie acculent une population au bord de la famine à la contestation d’un régime hyperrépressif. Il y a 20 ans, le général président de l’époque, Ne Win, sur le conseil de ses astrologues, et pour assécher la trésorerie de ses ennemis, démonétisa en une nuit, sans préavis, l’ensemble des billets de banque du pays. Aucun échange des anciennes coupures contre les nouvelles n’était possible. Quelques mois après, un soulèvement démocratique fait descendre dans la rue des millions de Birmans, accule Ne Win à la démission, faisant émerger Mme Aung San Suu Kyi, future prix Nobel de la paix [1] et sa Ligue Nationale pour la démocratie.

Après quelques semaines de préparation, dont l’élargissement de tous les prisonniers de droit commun, pour faire monter l’insécurité, les généraux successeurs de Ne Win ordonnent le massacre dans tout le pays d’une dizaine de millier de civils désarmés, n’hésitant pas à faire tirer à la mitrailleuse sur des infirmières, des moines, des étudiants et des lycéens. Le 15 août dernier, retranchés dans leur nouvelle capitale construite ex nihilo à grands frais en pleine jungle, le quarteron de généraux au pouvoir décrète sans préavis un quintuplement des prix du gaz, un triplement du diesel et de l’essence. Ce qui entraine immédiatement un doublement du prix des transports, une hausse de 30 % des produits alimentaires de base.

Les bonzes débonzes

Rama et Bernard

La volatilité de la situation en Birmanie n’a pas échappé à Mme Rama Yade. Pour la première fois un membre du gouvernement français prend publiquement position (dans une tribune du Figaro du 12/9 intitulée « Mettons tout en œuvre pour faire libérer Aung San Suu Kyi ») pour reconnaître l’échec de la politique menée jusqu’à ce jour . La secrétaire d’État aux Droits de l’Homme estime que « notre pays devra peser de tout son poids pour convaincre nos partenaires européens de l’échec de notre stratégie et de l’urgence de la repenser ». Il lui faudra beaucoup de créativité pour surmonter le lourd handicap de la France envers la Birmanie : dans une interview au Monde en 1998, pendant un de ses rares moments de liberté, Mme Aung San Suu Kyi qualifie la compagnie Total de « principal soutien à la junte ». Toujours en 1998, MM. Chirac et Jospin se sont illustrés en nommant ambassadeur de France en Birmanie un ex-haut cadre de la compagnie pétrolière nationale… Enfin Bernard Kouchner, l’actuel patron du Quai reste dans toutes les mémoires pour avoir , payé par Total, rédigé en 2003 un rapport dédouanant la compagnie pétrolière de tout recours direct ou indirect au travail forcé en Birmanie, alors que les faits sont avérés…

Assomée, la population des grandes villes, qui, dans son immense majorité survit déjà très difficilement – plus de 30% des enfants birmans sont sous-alimentés – réagit avec précaution. La police, les indics, la milice du régime, l’armée, sont omniprésents. Une poignée de vétérans survivants du soulèvement démocratique de 1988, (qui ont pour la plupart passés plus de 15 ans en prison) organise à partir du 19 août dans le plus grand calme des marches de protestation qui ne rassemblent pas plus d’une centaine de marcheurs, mais qui sont applaudies par une foule de badauds. Les nervis du régime se déchainent sur les contestataires, les meneurs sont arrêtés, et torturés, conformément aux pratiques en vigueur depuis l’avènement de la dictature militaire, en 1962.

Début septembre, à Pakkoku, une ville célèbre pour ses monastères, 500 moines descendent dans la rue. Il sont traités comme de vulgaires manifestants, plusieurs moines sont ligotés à des réverbères, brutalement défroqués et sévèrement battus.

Conscientes de l’effet déplorable de ces exactions sur une population profondément bouddhiste, les autorités se rendent le lendemain en délégation au principal monastère, où elles sont retenues en otage, pendant que des moines, comme dans le 9-3, incendient leurs véhicules. Cet incident , largement mediatisé, fait prendre conscience, à l’intérieur comme à l’extérieur de la Birmanie, de la fragilité du régime. Il y a plus de 300 000 moines dans le pays ; si la Sangha (la communauté religieuse) bascule dans la contestation, la désobéissance civile aura de beaux jours devant elle.

[1] Le prix Nobel de la paix est décerné à Mme Aung San Suu Kyi en 1991, alors qu’elle est déjà incarcérée –elle l’est toujours-, après avoir remporté , avec plus de 80% des suffrages les élections organisées en 1990 par la junte.

Voir en ligne : in Bakchich #46

AFFICHER LES
3 MESSAGES

Forum

  • La racaille bouddhiste enflamme la Birmanie
    le vendredi 28 septembre 2007 à 18:28

    les manifestants sont visés en BIRMANIE à bout portant par les soldats.

    pour qu’ils glissent et ne vise plus, UTILISEZ de l’huile de vidange ou de petits roulement à billes

    si civils et bonzes connaissent les check point meutriers des soldats de la féroce dictature.

  • La racaille bouddhiste enflamme la Birmanie
    le samedi 22 septembre 2007 à 00:06, Laurisa a dit :
    Voici un bon exemple de ce qu’est la compassion. Bravo et longue vie aux moines :)
  • La racaille bouddhiste enflamme la Birmanie
    le lundi 17 septembre 2007 à 18:18, hubert a dit :
    Qui est Bertrand ? Pour ce qui est de Bernard Kouchner, de bonnes sources affirment que , sans son calamiteux rapport innocentant Total en Birmanie, il aurait obtenu l’un des postes qu’il convoitait à l’ONU : soit Haut Commissaire aux Réfugiés, soit patron de l’Organisation Mondiale de la Santé. Ce qui aurait épargné à Sarkozy de le nommer au Quai…Et à la diplomatie française quelques gaffes monumentales.
BAKCHICH PRATIQUE
LE CLUB DES AMIS
BEST OF
CARRÉ VIP
SUIVEZ BAKCHICH !
SITES CHOUCHOUS
Rezo.net
Le Ravi
CQFD
Rue89
Le Tigre
Amnistia
Le blog de Guy Birenbaum
Les cahiers du football
Acrimed
Kaboul.fr
Le Mégalodon
Globalix, le site de William Emmanuel
Street Reporters
Bakchich sur Netvibes
Toutes les archives de « Là-bas si j’y suis »
Le locuteur
Ma commune
Journal d’un avocat
Gestion Suisse
IRIS
Internetalis Universalus
ventscontraires.net
Causette
Le Sans-Culotte