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La justice américaine en pince pour BAE

Corruption / mercredi 14 novembre 2007 par Guillaume Dasquié
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Un juge américain a donné jusqu’au 11 janvier 2008 au groupe britannique d’armement BAE pour s’expliquer sur son système de corruption avec l’Arabie Saoudite. Ca va faire mal !

C’est LE sujet de discussion à la mode sur les vols entre Londres et New-York : un dossier judiciaire ultra politique stoppé net par le gouvernement britannique en décembre 2006 et qui rebondit aux États-Unis sur initiative d’un petit actionnaire américain. Le 19 septembre 2007, un fonds de pension du Michigan, The City of Harper Woods Employees Retirement System, porte plainte contre le groupe d’armement BAE devant la cour du district de Washington. Il reproche à l’industriel anglais, très présent sur le marché américain, d’avoir lésé les petits porteurs en dissimulant des flux financiers gigantesques pour les utiliser dans des opérations de corruption en Arabie Saoudite.

À Washington, la juge Rosemary Collyer a estimé recevable l’acte de plainte rédigé par les avocats de The City of Harper Woods dans le cadre d’une procédure civile de « class action ». Selon des témoignages recueillis dans son entourage, la juge a d’abord donné jusqu’au 31 octobre 2007 à BAE pour répondre de ces accusations, avant de proroger in extremis ce délai jusqu’au 11 janvier 2008. Un sursis que l’industriel doit à son avocat new-yorkais, Lawrence Byrne, qui a su mettre en avant la domiciliation à l’étranger de la vingtaine de personnes citées dans la plainte. Autrement dit, une bonne partie du Who’s who anglais de l’armement qui figure dans l’acte d’accusation avec en guest-star l’ex-secrétaire à la Défense britannique Michael Portillo, ancien membre du conseil d’administration de BAE.

Un juge étoilé

Le 11 janvier prochain, ces honorables décideurs devront indiquer s’ils plaident coupable ou non coupable des actes de corruption reprochés. Un sacré dilemme puisqu’ils ont le choix entre reconnaître avoir rincé des nababs du Golfe Persique pour des avions, ou, s’ils optent pour le « non coupable », s’exposer à des investigations très poussées (pour vérification) qui rendront public les schémas de financement de leurs grands contrats d’armement avec l’ami saoudien. Comment, diable, en sont-ils arrivés là ? Tout a commencé lorsque The City of Harper Woods a eu l’idée d’acquérir quelques milliers d’actions de BAE Systems. Un placement a priori pépère en ces temps où les budgets de défense gonflent d’année en année.

En 2006, les gestionnaires de ce fonds de pension modeste découvrent qu’en réalité leur poule aux œufs d’or ne distribuerait pas seulement des dividendes mais aussi des commissions occultes. À l’époque, la presse anglaise se fait d’ailleurs largement l’écho d’une enquête ouverte contre leur champion par l’autorité financière de la City, le SFO (Serious Fraud Office). Le scandale est de taille puisqu’il porte sur 2 milliards de dollars de commissions illicites entre le groupe britannique d’armement et ses clients saoudiens. Selon les éléments recueillis par les agents du SFO, l’argent a été versé à partir de 1985 et jusqu’à 2000 dans le cadre des contrats Al-Yamamah qui encadraient l’équipement en chasseurs Tornado de l’armée de l’air saoudienne. Selon les confidences d’un enquêteur, les fonds occultes transitaient par un cabinet de juristes suisse, par ailleurs bien connu d’autres mastodontes de l’armement européen.

L’allié saoudien apprécie moyennement le déballage de ses anciens accords commerciaux et menace : l’Arabie Saoudite doit renouveler en 2007 une bonne partie de sa flotte de chasseurs et de bombardiers… Après de menus atermoiements, l’équipe de Tony Blair décide en décembre 2006 d’ordonner purement et simplement au Serious Fraud Office d’interrompre ses recherches pour cause « d’atteinte à la sécurité nationale ». Un petit geste qui convaincra le roi Abdallah d’Arabie et son ministre de la Défense, le prince Sultan, de confirmer leur achat de 72 chasseurs Typhoon anglais pour six milliards de livres sterling. Les administrateurs de The City of Harper Woods ne tardent pas à flairer l’arnaque, en appellent à la morale… avant de renifler la bonne affaire.

Si le tribunal reconnaît l’existence d’un préjudice, leur dédommagement sera calculé sur la base des deux milliards de dollars de faux frais des premiers contrats de 1985, évaporés depuis dans le désert saoudien

Voir en ligne : In Bakchich n°54

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