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La guerre 2.0 d’Israël

Médias / mardi 13 janvier 2009 par Anthony Lesme
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Retour sur la communication israélienne, qui passe largement par la blogosphère, les nouveaux médias, et le choix du blackout.

Le major Avital Leibovich déclarait le 30 décembre dernier, que « la blogosphère et les nouveaux médias sont l’autre zone de guerre… Nous devons être capable d’y faire face ». Israël a donc préparé tout un arsenal communicant. D’une plateforme de l’armée sur Youtube à des « conférences de presse citoyennes » sur Twitter (site de micro-blogging) en passant par la création de blogs ; le Figaro, le Point ou encore France 24 ont bien détaillé le dispositif. Reste une curiosité peu développée : le rôle, antérieur à la guerre de Gaza, de David Saranga et de la diaspora juive américaine dans leur volonté de changer l’image d’Israël. La stratégie de ce diplomate au consulat israélien à New York est détaillée dans un article du site américain Jewish Community on line. Saranga pense que « pour donner la meilleure image d’Israël, on doit mettre en évidence les aspects positifs externes à la politique israélienne comme l’architecture, l’écologie, le sport ou le vin israélien. Et pas seulement sur les chaînes de télé majeures mais aussi sur les nouveaux médias. » Avec l’appui de jeunes juifs spécialistes du marketing (BIG, Brand Israel Group), il met en place diverses initiatives. Moriel Schttlender, la webmaster du consulat de New York coordonne la création de concours de vidéos « pro-israéliennes » diffusées sur Youtube, de groupes sur Facebook ou sur Twitter. « Nous avons beaucoup étudié ce qui se fait dans le monde et c’est des méthodes d’entreprise qu’on a appris le plus de choses. De là, nous avons une plateforme moderne de soutien à Israël », a-t-elle déclaré.

Ce sont plus de treize pays qui, comme les Etats-Unis, sont chapeautés par le ministère des Affaires étrangères de Tzipi Livni. Dan Gillerman, ancien ambassadeur d’Israël aux Nations Unies, a été appelé à la rescousse. De son propre chef, il déclare au Guardian : « J’ai été recruté par le ministère des Affaires étrangères pour coordonner les efforts israéliens et je n’ai jamais vu une mécanique aussi complexe, qu’il s’agisse du ministère des Affaires étrangères, du ministère de la Défense, du cabinet du Premier ministre, de la police ou de l’armée, travailler avec une telle coordination, avec une telle efficacité pour faire passer le message ». En temps de paix, on donne une autre image et en temps de guerre, ces réseaux sont bien utiles pour assurer la défense de l’État hébreu, comme l’atteste la campagne Twitter de Saranga. Si c’est aux États-Unis et en Israël que les campagnes virales (Internet) sont les plus fortes, c’est bien parce que l’opinion des deux populations est de toute importance pour les leaders israéliens.

Au ministère des affaires étrangères, on a d’ailleurs engagé une boîte de relations publiques britannique en août 2008, Acanchi. « Nos recherches montrent que l’image d’Israël est essentiellement liée au conflit israélo-palestinien », confiait au Haaretz en octobre dernier, Ido Aharoni, le porte-parole du ministère des affaires étrangères israéliens. Il faut donc que cela change. Acanchi, experte du relooking étatique a déjà opéré en Irlande du Nord et au Liban. Experte dans le « chi », une espèce de science new age, Israël doit retrouver son karma… Politique hallucinante quand on sait qu’Israël préparait la guerre depuis de nombreux mois… entre temps on a donc promu à fond les avancées scientifiques et culturelles du pays. On assure les liens promotionnels entre la diaspora et Israël. Et puis patatras la guerre !

Les bons conseils de l’ambassadeur

Si Israël est passé en mode 2.0, il semble aussi que les nouvelles techniques mondiales de communication soient actualisées. Petit flashback, en 2002, l’ambassadeur britannique d’Israël a failli provoquer un choc diplomatique en prodiguant quelques gentils conseils au gouvernement israélien… Quelques années plus tard, ces conseils ont bel et bien pris forme. Sherard Cowper-Coles se référait à l’expérience de l’armée britannique en Irlande du Nord (voir cet article du CAIRN, page 10, sur les méthodes de l’époque). Il recommandait à Tsahal de fournir les images aux médias, « sinon les ennemis le feront à votre place ». Israël a fourni les images de ces frappes aériennes pour prouver qu’elles étaient ciblées. Notamment une vidéo détaille une explosion en deux temps : l’impact puis l’explosion des caches d’armes du Hamas. « Dès qu’il y a un incident, il faut faire intervenir un porte-parole, de préférence jeune, au visage rafraichi, qui donnera les précisions de Tsahal. » Lors de l’explosion des écoles de l’ONU. L’état-major a communiqué en quelques heures, et c’est un jeune homme qui s’est expliqué au nom de Tsahal. Deux jours plus tard, l’état-major sort sa plus belle carte, Avital Leibowitz. Notre instructif ambassadeur rappelle qu’en Irlande du Nord, chaque officier recevait des cours de « média training ». Pas de confirmation pour le moment que Tsahal reçoit bien ce genre de formation. À les regarder de près, ils sont encore un peu crispés.

La com’, ambassadrice de l’information

Interviewé par Bakchich, Arnaud Mercier, [1]professeur d’université à Metz et spécialiste des politiques de communication en temps de guerre, les bombardements des écoles de l’ONU le 6 janvier dernier ont manifestement été un « tournant ». « On est typiquement dans le cas qu’Israël aurait voulu éviter, la diffusion d’images qui montrent de façon évidente et claire qu’une école et en plus sous l’égide de l’ONU a été délibérément ciblée. C’est à partir de ce moment là que les opinions publiques des États et notamment de ceux qui soutiennent Israël, (les Etats-Unis en particulier), ont eu des positions plus critiques envers Israël et ont été obligés de concéder des réprimandes et des appels à plus de considération, couloirs humanitaires, ect… ». Se pose alors la question du blackout. « Interdire les journalistes dans la bande de gaza me semble complètement incompréhensible et contre-productif parce que justement il existe des chaînes arabes présentes sur place ». Selon l’historien Jean-Pierre Filiu, interrogé par Frédéric Taddéï, le 6 janvier dernier , « les Israéliens, en ne permettant finalement que la diffusion d’images arabes, vont tenter d’invalider ces images. L’opinion la plus importante c’est l’opinion israélienne et le front intérieur semble tenir. Et la deuxième opinion qui compte est celle des États Unis. » C’est aussi l’avis de François-Bernard Huyghe, chercheur à l’IRIS. Selon lui, la dernière guerre au Liban a décidé le gouvernement israélien au blackout « le Hezbollah avait réussi tout à la fois à embourber l’armée de l’État hébreu dans une guérilla urbaine et à faire diffuser par les télévisions du monde entier des images des victimes civiles, tout en étant très présent sur Internet et les médias alternatifs. L’organisation chiite s’est dotée d’un véritable ministère de l’information et savait parfaitement diriger l’attention des médias là où il fallait. » En privant Gaza de journalistes israéliens, le gouvernement a aussi affiché sa défiance envers ses propres médias. Olmert se souvient que lors de la dernière expédition du Liban en 2006, la presse israélienne avait jeté l’opprobre sur sa stratégie militaire et avait finalement réussi à le discréditer auprès de la population autochtone.

De l’autre côté du mur, on ne s’est pas privé. Al Jezeera, Al-Aqsa-TV (chaîne du Hamas), comme l’agence Ramattan, ont diffusé en continu les images du massacre et des enfants tués, allant même jusque dans les morgues pour filmer les corps. Twitter avec ses tags « #gaza » et « #Israel », a tourné à plein régime. Des pointes à 70 messages à la minute ont abreuvé allègrement les adeptes de cette nouvelle forme d’info. Malgré les coupures d’électricité et d’Internet, quelques blogs ont délivré des messages. Voir l’article du Monde.

Rupture

Il existe, selon Filiu, une rupture de l’information, « On ne voit pas les mêmes choses (qu’on soit dans le monde arabe ou dans le monde occidental), il n’y a donc pas la même analyse et c’est ce qui me parait le plus dangereux.  »

Au final, Israël aura-t-il perdu ou gagné sa guerre de l’image ? Il est encore trop tôt pour le dire. Puis nous n’avons pas connaissance des objectifs en terme d’opinion que le gouvernement hébreu s’était donné. L’opinion américaine et israélienne semble pour l’instant suivre les décisions israéliennes mais comme on le sait, l’opinion est volatile. Reste que la démocratie israélienne ne sort pas vainqueur des combats, c’est le moins qu’on puisse dire. L’argument désormais d’être une démocratie comme une autre tient plus difficilement la route. Quoique le blackout médiatique n’est pas la panacée des dictatures (Grande-Bretagne dans les Malouines en 1979, la coalition internationale-américaine dans les zones tribales pakistanaises en ce moment).

Alors que les combats sont acharnés dans Gaza, les premières perspectives israéliennes d’un cessez-le-feu se font entendre, les médias internationaux et israéliens vont certainement pénétrer dans Gaza ces prochains jours (vu que l’argument principal, celui de la sécurité des journalistes, sera devenu obsolète). Quels messages délivreront alors les autorités israéliennes ? Au préalable, elle devra donner un bilan officiel des opérations mais aussi assurer que le Hamas n’est plus en état de nuire. Exercice de style compliqué vu que les forces du parti islamiste sont loin d’être anéanties. Se font entendre pendant ce temps quelques voix dissonantes dans la diaspora juive. Notamment d’Angleterre où dimanche 11 janvier un groupe de membres prééminents de la communauté juive britannique a appelé Israël à cesser immédiatement son offensive dans la bande de Gaza. Une première, et qui annonce peut-être les limites de la communication israélienne.

Lire ou relire sur Bakchich.info  :

Deux voix juives sur le conflit à Gaza. Ofer Bronchtein, ancien conseiller d’Yitzhak Rabin, décrypte la nécessaire « politisation du Hamas » et l’UEJF, inquiète des récents actes antisémites.
En diffusant les images des manifestations sur Internet, la jeunesse grecque a empêché son gouvernement de mentir sur le développement des heurts. Une web révolution décryptée par Bakchich.
Pour le PAM, qui dépend des Nations Unies, la situation humanitaire et alimentaire dans la bande de Gaza, consécutive à l’attaque israélienne, est« épouvantable ».
Sans le sou pour envoyer un émissaire à Gaza, « Bakchich » a lâché son correspondant dans la manifestation de soutien à la bande de Gaza, qui s’est déroulée samedi 3 janvier. Récit d’un « embedded (…)
La « rue arabe » manifeste contre l’opération militaire israélienne à Gaza. Comme un symbole d’impuissance, selon Abed Charef, journaliste et écrivain algérien.
Le Hamas a rompu la trêve avec Israël. Pas de chance, l’armée israélienne est encore beaucoup mieux organisé que le mouvement palestinien. Petit point d’un conflit qui re-commence.

[1] Mercier, Arnaud et J.M. Charon. Armes de communication massive. Informations de guerre en Irak : 1991-2003, Paris, CNRS éditions, 2004


AFFICHER LES
23 MESSAGES
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Forum

  • Une idée pour Bakchich
    le mercredi 14 janvier 2009 à 12:45, François a dit :
    Rapporter les discussions dans les comités de rédaction de la presse française ces temps-ci. Bien introduits dans le milieu, les journalistes de Bakchich ne devraient pas avoir trop de mal à raconter l’embarras, les interventions diverses, les coups de gueule…
  • La guerre 2.0 d’Israël
    le mercredi 14 janvier 2009 à 11:09, Michael a dit :
    Je trouve qu’en utilisant par commodité le terme "état hébreu" , le journaliste (il n’y a pas que pour ce site) pose un problème sur la réalité de la composition sociologique de l’état d’Israël entre palestiniens de nationalité israélienne, juifs (vrais ou peu sûrs aux sens rabbiniques , débats internes à la société juive israélienne), bédouins, druzzes… J’exclus de ce propos les différences religieuses multiples dans cet état. Pour tout le reste l’article me semble nécessaire pour comprendre la nature actuelle de ce qui s’appelait dans le 20ème siècle, la propagande, simplement, pour conforter les actions mêmes les plus détestables. salutations
  • La guerre 2.0, sur Facebook et les sites vidéos
    le mercredi 14 janvier 2009 à 10:17, Jo a dit :
    Les vidéos sur Youtube, les applications de Facebook, ou les commentaires sur les sites d’actualité se transforment en outils de combat pour les défenseurs des causes israéliennes et palestiniennes.
  • La guerre 2.0 d’Israël
    le mercredi 14 janvier 2009 à 09:56
    http://www.streetreporters.net/views/1725-la-guerre-20-
  • La guerre 2.0 d’Israël
    le mercredi 14 janvier 2009 à 08:52, belka a dit :

    LE PARTI SOCIALISTE EST OFFICIELLEMENT NEUTRE ? Article de METRO daté du 12/01/2009

    L’UMP et le PS derrière Israël Hier, à l’appel du Crif Marseil­le-Provence, ce sont les partisans d’Israël qui ont défilé. Ils étaient entre trois et cinq mille pour rallier la préfecture au consulat d’Israël. Là, les troupes étaient quasi exclusivement composées de membres de la communauté juive marseillaise, arborant kipas, chapeaux ou écussons communautaires.

    En revanche, cette fois, tous les élus représentants les partis en char­ge de la gouvernance de Marseille et de sa région étaient présents. Roland Blum, premier ad­joint au maire (UMP), représentait Jean-Claude Gaudin. Jeanine Ecochard, vice-présidente PS du conseil général, représentait Jean-Noël Gué­rini (PS). Le président de la Région, Michel Vauzelle (PS), avait lui dépêché sa vice-présidente Sylvie Andrieux. Le Nouveau Centre avait également des représentants com­me Robert Assante. Plusieurs autres élus UMP (Sabine Bernasconi, Daniel Sperling) et PS (Garo Hovsepian, Ga­briel Malauzat) ont également applaudi aux slogans du Crif (“Israël a le droit de se défendre”, “Ha­mas terroris­te”, etc.).

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