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La chute de Chen Liangyu, l’homme de Shanghai

vendredi 15 décembre 2006 par Ydir Plantade
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Bakchich s’envole vers de nouveaux horizons, au-delà de l’Orient compliqué : vers l’Extrême Orient et l’Empire du milieu. Qui a aussi ses stars du bakchich.

Maître-architecte du développement ultra-accéléré de Shanghai depuis 1992, le camarade Chen, ancien maire de la ville patron du parti communiste local et homme fort de La ville du miracle économique, restera dans l’histoire comme l’initiateur de projets pharaoniques et l’épicentre de réseaux de corruption non moins pharaoniques, qui causeront sa chute ce fatal jour de septembre 2006 où il disparut entre deux flics anti-corruption venus de Pékin pour l’occasion.

Son empreinte sur les grands travaux de la ville s’est fait sentir lors de la construction d’un des projets-phares, le port en eaux profondes de Yangshan. Problème, les professionnels de la marine auraient préféré un simple aménagement du port de la ville de Ningbo, un peu plus au Sud, considéré comme beaucoup plus sûr. Mais Chen Liangyu voulait son port, et vite. Il l’obtiendra au prix de la vie de dizaines d’ouvriers régulièrement emportés par les courants déchaînés durant toute la durée des travaux. Une fois Yangshan inauguré et devant le manque d’empressement des compagnies maritimes à s’installer dans un port jugé peu pratique, Chen Liangyu obtint de ses amis de Pékin un décret…forçant toutes les entreprises maritimes travaillant avec les ports européens à s’installer à Yangshan. Shanghai-Yangshan est depuis le premier port de Chine pour le plus grand bonheur de Chen Liangyu.

Le Camarade Chen conduisit également la charge dans bons nombres de sympathiques projets du Shanghai postmoderne. Parmi eux on peut notamment évoquer le sabotage écologique de l’île de Chongming : ce petit coin de paradis au large de Shanghai, naguère peuplé de temples et d’oiseaux rares a aujourd’hui la chance d’abriter le plus grand chantier naval du monde, par la grâce de Chen Liangyu. De même des milliers de vénérables Shanghaiens habitants des défunts shikumen du quartier de Jing’An (ruelles d’habitations basses typiques du vieux Shanghai) expulsés manu-militari de leurs logements pour laisser place aux bulldozers, aux résidences de luxe et aux gratte-ciels d’un goût douteux remercient-ils chaque jour le camarade Chen de ne pas leur avoir accordé les compensations auxquelles ils avaient droit ainsi que d’avoir emprisonné leur avocat sous des motifs plus ou moins farfelus (« propagation du christianisme » remportant la palme du chef d’accusation le plus débile).

300 millions d’euros siphonnés, ça inspire le respect

Grand ami de la presse libre et ardent régionaliste, le camarade Chen avait récemment ordonné aux journaux de Shanghai d’arrêter de se concentrer sur les prochains JO de Pékin et de diriger plutôt l’attention du public local sur l’exposition universelle qui se tiendra à Shanghai en 2010 (et pour laquelle la bagatelle de 54 000 personnes sont en voie d’expulsion et de relogement).

L’affaire qui a causé sa chute n’est pas moins intéressante : elle concerne le siphonage de plus de 300 millions d’euros du fond de pension des fonctionnaires de la municipalité de Shanghai (20 millions d’habitants) et sa dilapidation dans divers investissements à risque, en particulier dans l’immobilier, pilotés par des hommes d’affaires amis de Chen, au premier rang desquels le brillant Zhang Rongkun, 33 ans, naguère étoile montante du business chinois et aujourd’hui compagnon de cellule de Chen, de même que Wang Zheng, président du groupe immobilier New Huangpu ou encore Qiu Xiahua, honorable directeur du Bureau National des Statistiques (sorte de super-INSEE chinoise) accusé d’avoir accepté une enveloppe de 500 000 yuans (soit 49 509,97 euros) pour maquiller les comptes de la municipalité de Shanghai. Une kyrielle d’autres ronds de cuirs shanghaiens de plus ou moins haute importance ont également été mis sous écrou par les centaines de policiers anti-corruption descendus de Pékin pour l’affaire (en matière de gigantisme médiatico-policier, Hu Jintao enfonce Sarkozy dans les grandes largeurs).

Parmi les révélations faites par le journal hongkongais Dongxiang qui a (comme par hasard) mit la main sur le rapport du Comité d’Inspection du Parti au sujet du camarade Chen Liangyu, on apprend que ce dernier et sa femme détenaient 53 comptes bancaires sous divers pseudonymes, dont 9 en devises étrangères, atteignant une valeur totale de 274,1 millions de yuans (27,14 millions d’euros). La famille Chen possédait 9 propriétés immobilières ainsi que trois entreprises (vous avez dit conflit d’intérêt ?), ainsi que 25 passeports, dont 17 sous de faux noms. Pour faire bonne mesure, 19 billets d’avion en classe affaires pour l’Europe et l’Australie ont également été retrouvés à leur domicile. Enfin, pour pimenter la sauce, les pandores internes au PC chinois révèlent que l’honnête et bon père de famille camarade Chen entretenait une armée de pas moins de onze maîtresses et concubines. Espérons qu’à défaut d’être regretté par toute la population de Shanghai, Chen Liangyu le sera au moins par ces jeunes femmes.


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