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JO-thérapie pour la province chinoise du Sichuan

SAGA (IV) / vendredi 8 août 2008 par Bao Go Tsé, Dian Xian
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Suite et fin de notre saga Chine. Pour ce dernier épisode, « Bakchich » revient sur le désastre du Sichuan, dont les séquelles se font encore sentir aujourd’hui, alors que le pays a les yeux rivés sur les JO.

Article paru le 28 mai :

« Le rapport alarmiste d’une ONG sur le désastre du Sichuan »

Sans autorisation officielle, quelques rares ONG internationales ont néanmoins pu parcourir la province du Sichuan, ravagée par un violent séisme le 12 mai dernier. Bakchich s’est procuré les conclusions inédites de leurs enquêtes.

Le bilan officiel du tremblement de terre du 12 mai est exactement de 65 080 morts, 23 775 disparus et 358 816 blessés. Soit l’une des plus importantes catastrophes naturelles qu’ait connue le pays. Mais le pire, sur le plan social, est peut-être encore à venir. À en juger par les enquêtes menées par des travailleurs humanitaires sur le terrain.

« Des fissures grosses comme le poing »

Contrairement aux premières craintes, les risques à court terme pour les populations sinistrées concernent davantage les installations de rétention d’eau que les installations nucléaires. Au total, 391 barrages ont été touchés par le séisme et ses répliques. L’état d’une dizaine d’entre eux serait jugé « très préoccupant » par les autorités, au point d’envisager l’évacuation des populations. Des fissures « grosses comme le poing » auraient même été détectées sur plusieurs d’entre eux.

Les centrales du Sichuan intactes - JPG - 65.2 ko
Les centrales du Sichuan intactes
© Nardo

Quelque trente réservoirs artificiels de rétention d’eau se sont créés « naturellement » au gré des détournements de lits de rivières. Glissements de terrain, effondrements de flancs entiers de montagne et pluies incessantes : des vallées entières sont menacées d’inondation. L’instabilité et la vulnérabilité de ces réservoirs ont d’ores et déjà obligé des dizaines de milliers d’habitants à rejoindre les camps de réfugiés. Pour parer au pire, les forces armées s’activent à vider ces réservoirs post-séismes en effectuant des percées dont le débit est régulé ainsi qu’en acheminant des pompes à eau par hélicoptères. L’armée continue également ses opérations d’évacuation des populations rescapées dans les jours ayant précédé le séisme. Idem pour les habitants des zones menacées par la montée des eaux. Toutefois, sur place, des témoins racontent que les militaires n’étant pas présents partout pour assurer les évacuations, certains chefs de villages reculés ont évacué eux-mêmes les habitants.

Autre grave problème concernant les installations hydroélectriques du Sichuan (région chinoise la plus pourvue en barrages hydroélectriques) : une partie des installations électriques datent des années 60 et 70 et étaient déjà classées comme « potentiellement dangereuses » avant le séisme. De plus, une partie des ouvrages récemment construits ont échappé à tout contrôle du pouvoir central chinois. Les autorités provinciales et locales ont passé outre les avis techniques défavorables et les interdictions émis par Pékin [1]. En effet, si les grands groupes nationaux sont présents sur les gros projets de construction d’installations électriques, hydrauliques et nucléaires, il existe également des groupes régionaux de taille plus modeste qui construisent eux aussi.

La production électrique durement touchée

En ce qui concerne la production électrique du Sichuan, 8,74 GW de capacité de production des centrales électriques de la province ont été touchées lors du séisme. Soit 1 % du total de la production chinoise d’électricité qui équivaut à environ 900 GW. L’État vient de débloquer 7,6 milliards de dollars rien que pour la maintenance d’urgence. Li Xiaopeng, le fils de l’ancien Premier ministre Li Peng, qui dirige l’un des cinq groupes électriques chinois, Huaneng, est actuellement dans le Sichuan avec ses équipes et supervise les inspections des installations menacées. La situation est grave car plusieurs barrages de l’entreprise sont touchés, comme celui de Taipingyi, ainsi qu’une de ses centrales hydroélectriques, entièrement détruite dans le comté de Yingxiu.

En parallèle, de grands groupes électriques internationaux, dont EDF ont annoncé qu’ils proposaient leur aide pour superviser les travaux de réfection des barrages et de rétablissement du réseau électrique. Cette aide internationale est toutefois en attente d’un feu vert des autorités chinoises qui affirment que le terrain est encore trop dangereux. Sans doute, même si Pékin fait preuve de transparence au sujet du séisme, n’ont-elles pas envie de donner carte blanche à des étrangers sur le territoire national comme cela avait été le cas pour les pays touchés par le Tsunami de 2004. D’autant que les leaders politiques et les grands patrons chinois se succèdent dans le Sichuan, prenant en main les secours et les inspections pour évaluer l’ampleur des dégâts et des menaces à venir. Entre les pollutions en tous genres suite à la destruction d’usines, la disparition pure et simple de villages entiers, l’exode des rescapés, la gestion des camps de réfugiés, le deuil des familles qui ont perdu leur enfant unique, les problèmes majeurs devant être résolus à court et moyen terme ne manquent pas.

Pas de panique sur le nucléaire

Au sujet des nombreuses installations nucléaires du Sichuan (Lire ou relire dans Bakchich : Séisme, quid des installations nucléaire du Sichuan ?), les autorités se veulent fermes : « elles sont sûres et sous contrôle. Vous avez une autre question ? » Une attitude qui ne rassure personne sur place, surtout qu’aucun élément n’est fourni pour infirmer ou démentir les informations circulant sur les dommages supposés des différents complexes nucléaires militaires de la région. On sait néanmoins que Pékin a dépêché au lendemain du séisme une équipe de 21 experts afin de gérer les risques de pollution nucléaire sur les sites les plus sensibles.

Puissance nucléaire depuis 1964, la République Populaire de Chine possède aujourd’hui un réel niveau de technicité dans ce domaine et le service de sûreté nucléaire chinois a été mis en état d’alerte le jour même de la catastrophe. L’unique risque publiquement signalé concerne les trente-deux sources de radiation ensevelies sous les tonnes de gravats et qui proviennent des matériaux radioactifs utilisés dans les centres radiologiques des hôpitaux. 489 hôpitaux ont en effet été durement touchés dans le Sichuan, ainsi que des laboratoires et d’autres usines. Trente d’entre elles ont été retrouvées et placées immédiatement dans des zones de sûreté.

Sigles Biohazard et combinaisons anti-bactériologiques

On observe toutefois dans le Sichuan la présence de sigles « Biohazard » sur certains camions de l’armée chinoise progressant difficilement sur les routes montagneuses de la province ainsi que personnes non identifiées vêtues de combinaisons anti-bactériologiques. Méfiance toutefois car on ne recense pas de centrales nucléaires aux alentours et le transport sécurisé d’agents dangereux, biologiques, bactériologiques ou nucléaires n’est somme toute pas interdit. De plus, les compteurs Geiger-Müller embarqués dans les voitures de plusieurs organisations internationales n’ont signalé jusqu’à présent aucune radioactivité suspecte dans les zones qu’elles ont visitées.

Par contre, deux menaces encore très difficiles à cerner à ce jour subsistent : l’état des nappes phréatiques et des systèmes d’abduction d’eau ainsi que le spectre d’une crise alimentaire. Les soldats-sauveteurs déployés sur le terrain se font d’ailleurs soldats-paysans, récoltant dans les champs ce qui peut-être sauvé.

C’est inévitable, les failles du système apparaîtront progressivement bien que déjà la colère monte chez certains. Le scandale des écoles qui se sont effondrées comme des châteaux de cartes alors que d’autres bâtiments, notamment administratifs, ont résisté pourrait bien devenir le symbole d’un modèle de développement économique et social chinois qui ne peut plus se poursuivre de la sorte.

Secours aux sinistrés : qui fait quoi ?

Les cinq Ong ayant été tolérées au Sichuan sont Save the Children, Oxfam, MSF France, MSF Belgique et Mercy Corps. Toutefois, les secours aux populations sinistrées sont assurés par les Chinois eux-même. Outre l’armée, mobilisée quelques heures à peine après le séisme, on compte de nombreux jeunes volontaires gérés par la Ligue des jeunesses communistes ainsi que la Croix-Rouge du Sichuan, placée sous la responsabilité du Parti communiste local. À noter enfin que, côté Ong étrangères, Greenpeace Hong Kong a obtenu le feu vert des autorités du Sichuan pour déployer un programme de prévention portant sur deux usines chimiques endommagées. Une première.

Lire ou relire sur Bakchich :

Malgré des ambitions chinoises démesurées dans le nucléaire, le géant EDF n’en finit pas de signer ses contrats. Pourtant lors de la visite de Sarkozy en Chine en novembre 2007, tout semblait conclu. Eh bien non ! Et, ce n’est pas en une demie heure (…)
Le tremblement de terre qui a ravagé la province chinoise du Sichuan le 12 mai est une catastrophe tant humaine, qu’économique et industrielle. Le Sichuan est en effet le grenier à riz et à blé du pays et son sous-sol regorge de richesses énergétiques (…)
C’est officiel, Nicolas Sarkozy assistera bien à la cérémonie d’ouverture des Jeux de Pékin. Mais, on ne s’étonne pas de ce voyage « express » pour la seule journée de vendredi 8 août. Arrivée le matin à 11h30 (heure de Pékin) et retour le soir même sur (…)

[1] Le gouvernement central de Pékin tente de remettre la main sur une partie des pouvoirs accordés dans le passé aux gouvernements régionaux. C’est notamment le cas en matière de justice et de condamnations à mort que la Chine pratique toujours. Suite à des abus répétés en régions, Pékin exige maintenant de contrôler les dossiers des condamnés à la peine capitale.


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