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Gbagbo, y voit rien à la pollution

vendredi 15 septembre 2006 par Tidiane de Loyola
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Si l’argent n’a pas d’odeur, le port d’Abidjan sent la mort.

Dans le port d’Abidjan, y’a des marins qui meurent, et des familles, et un gouvernement qui saute, et une aide internationale qui arrive. La faute à un bateau très international qui a déversé des déchets toxiques. Les autorités crient au loup. Quant à trouver un coupable et responsable, au hasard le Directeur du port autonome qui a autorisé le bateau à accoster, il y a un pas et des intérêts à ne pas franchir.

Gossio & Gbagbo dans leur remake du Titanic Il aura fallu presque un mois, depuis le 19 août, pour se rendre compte de la catastrophe. Une poussière dans l’éternité, une éternité pour les Abidjanais qui crachent leur sang. Un peu plus de 9000 intoxiqués, une dizaine de morts, chiffre à revoir sans doute à la hausse. Le passage du « Probo Koala », le navire qui a déversé ses produits toxiques dans onze décharges de la capitale ivoirienne, aura laissé quelques traces. Mais sera passé relativement inaperçu. Personne ne sait où le rafiot s’en est allé. Son itinéraire aller est un peu plus connu.

Propriété d’un armateur grec, battant pavillon panaméen, affrété par la très éthique société Trafigura (voir-ci contre)), la bicoque double-coque, longue de 182 m, « est loin d’être un bateau poubelle » comme l’explique le Parisien (13/09). Le Probo a « été contrôlé par les gardes maritimes américains, à huit reprises ces dernières années » et n’est « pas signalé non plus comme un navire à risque dans les préfectures maritimes françaises ». Certes mais sa cargaison a laissé sceptique plus d’un port. Le navire a été refusé à Amsterdam et dans tous les ports où il a tenté de pénétrer sur la côte Ouest africaine. Le port autonome de Dakar l’a même prié de déguerpir, en prenant soin de prévenir les enceintes maritimes voisines, notamment le… port d’Abidjan, de la nocivité du navire.

Trafigura, pas figurant

L’affréteur du Probo Koala n’est autre que le société Trafigura, « l’un des principaux courtiers indépendants sur le marché des pétroles et des métaux » (Le Monde 13/09). Benoîtement, l’entreprise affirme que les déchets déversés à Abidjan sont composés « d’essence, de soude caustique et d’eau ». Point d’hydrogène sulfuré, comme l’attestent les secours sur place donc. Aux vues des états de service de Trafigura, on peine à les croire sur parole. Trafigura s’est largement fait pincer les doigts dans le baril en Irak, dans l’affaire pétrole contre nourriture. Et surprise, quelques noms bien français apparaissent dans les cercles de la société de trading, notamment celui de Patrick Maugein. Ancien proche de Jacques Chirac, dont il fut longtemps le missi dominici en Afrique et dont il se recommande toujours, « l’aventurier des affaires » est toujours soupçonné d’avoir travaillé avec Trafigura en Irak, où il a de nombreuses amitiés. Et l’affréteur du Probo a été créé par deux anciens poulains de Marc Rich, l’un des premiers associés de Maugein.

Le port d’Abidjan est un pot de pus

Le Probo a pourtant été accueilli à Abidjan en toute légalité. Et déchargé son contenu dans les règles, sinon hygiéniques, du moins administratives. Tout simplement parce que le Port autonome d’Abidjan est un « pot de pus ». La langoureuse expression est l’œuvre d’une barbouze, souvent témoin, parfois acteur, des magouilles qui se trament à quai. « Toutes sortes de trafic y sont possibles », le bakchich aidant, surtout dans les temps de ni guerre-ni paix qui courent en Côte d’Ivoire. La plupart du temps avec l’assentiment des autorités. Il faut bien contourner, entre autre, l’embargo de l’Onu sur les armes. Dans ce domaine, « les gars sont trop forts », siffle, admiratif un courtier expatrié sur place. Dans l’accueil des rafiots pourris aussi, apparemment.

La manne -4 milliards de francs CFA, soit près de 7 millions d’euros pour la vidange du Probo selon la Lettre du Continent-, issue de ces commerces presque licites, n’est pas perdue. Grand timonier du PAA (Port Autonome d’Abidjan), Marcel Gossio est un homme d’affaires dans l’âme. Pas un esthète. Principal financier de Laurent Gbagbo et de son parti le FPI, dont il est lui-même un cacique, proche de Charles Blé Gouldé et des « jeunes patriotes », soupçonné d’être à l’origine des « escadrons de la mort », le directeur général du port a un cursus. Et des informations sur tout ce qui se trame, s’est tramé et se tramera sur les quais.

Pour Laurent Gbagbo, faire sauter un proche est déjà difficile. Virer une source de grisbi frais un crève-cœur. Un affidé qui contrôle les activités légales et moins légales du port un quasi-suicide politique. Et le boulanger d’Abidjan n’est pas connu pour être sujet aux vagues à l’âme. Résultat, seuls quelques lampistes ont été emprisonnés.


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