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Immobilier

Fier d'être locataire (5/5)

26 décembre 2010 à 00h05
Sur quoi est basé tout ce système ? Sur l’envie des gens de posséder des choses qu’ils ne peuvent se permettre de payer comptant. Et pourquoi les gens cherchent-ils à vivre au-dessus de leurs moyens ?

Parce qu’on nous pousse chaque jour à acheter des choses dont nous n’avons pas besoin.

Et là où ça devient intéressant, c’est quand on veut acheter une maison justement. C’est là que notre VRP de président nous conte les bienfaits de la propriété, et sa volonté que chacun puisse POSSÉDER son chez-soi et sort son super PTZ+ pour lancer une super vagues d’achats massifs à crédit ! Parce que ne rêvez pas, le PTZ+ est certes un prêt à taux zéro mais il ne couvrira qu’une petit partie de votre achat. Pour le reste, il faudra passer par la case banque, comme d’habitude.

Comme dirait mon frère Raoul (Raoul Delier-Chaponnet que je peux surnommer pour l’occasion « RDC » du haut de l’étage chronométrique de base annuelle qui nous sépare), avec Borloo sur le coup, vous pourriez même disposer d’une maison à 100 000 € au Havre (n’oubliez pas les intérêts sur la partie hors PTZ+), avec vue sur les convois maritimes de déchets nucléaires et normes d’hygiènes et de sécurités 100% garanties par des promoteurs lituaniens !

C’est d’ailleurs un des objectifs du gouvernement pour 2011 : 70% de propriétaires. Un enfant de 6 ans sait que pour acheter une maison, on doit faire un prêt…

Quel est donc l’intérêt pour l’équipe Sarkozy de nous intimer l’ordre d’acheter, si ce n’est pour nous endetter ? Le taux d’endettement relatif à la propriété privée est LE cheval de bataille du gouvernement, c’est son levier de croissance.

La vraie raison – à mon sens — c’est que c’est que l’Etat joue le même jeu que le type dans le bureau de sa banque qui veut demander un crédit : il se vend, il dresse la liste de ses garanties. Inciter les gens à acheter, c’est une façon pour l’Etat de garantir aux banques qu’il fait tout ce qui est en son pouvoir pour payer les intérêts sur ses dettes. Et s’épargner le sort de la Grèce.

Depuis quelques années l’Etat bombe le torse en brandissant son rôle régalien. Il vous protège, braves gens, il est là pour secourir la vieille dame détroussées… taper sur les incendiaires de voitures… renvoyer les étrangers à la frontière… redéfinir notre "identité-nationale". Mais que fait-il contre la dictature des banques ? RIEN. Il nous demande de contracter plus de crédits. Il nous hypothèque.

Moralité : quand vous contracterez un prêt pour acheter une maison, sous prétexte d’avoir quelque chose à léguer à vos enfants… pensez à remplir la cave de lingots d’or, ça leur servira à survivre dans un monde où l’accès à un emploi sera une compétition, l’accès aux soins sera réservé aux classes les plus aisées, l’accès à l’éducation itou, et l’accès aux crédits deviendra systématique.

Et encore, ça, c’est le scénario optimiste ! Pour sortir de la crise de 1929, souvenez-vous de ce qui a permis aux banques de sauver les défauts de paiement de dettes ? La Seconde guerre mondiale. Alors, je ne vous dis pas tout cela pour culpabiliser tous les propriétaires… et je ne dis pas non plus qu’acheter, c’est être complice d’un système qui va mener à la guerre…

Ce que je dis, c’est que le gouvernement ne nous informe pas suffisamment du rôle des banques dans le système. Que la notion même de République est écornée par l’assujettissement des finances de l’État au système de prêt. Et que tant que le système monétaire est tel qu’il est : louer est peut-être encore notre seul moyen de résister.

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Fier d’être locataire (4)

6 Messages de forum

  • Fier d’être locataire (5/5)

    26 décembre 2010 11:06, par Bese

    A la fin de cette article vous dites : "Pour sortir de la crise de 1929, souvenez-vous de ce qui a permis aux banques de sauver les défauts de paiement de dettes ? La Seconde guerre mondiale." Vous nous dîtes donc qu’en 1929, les banques devaient faire face aux défauts de paiements.

    Dans vos articles précédents, vous nous répétez que de nos jours, les banques ont le pouvoir de créer de l’argent ex-nihilo (à partie de rien). Elles n’ont donc plus besoin de faire face aux défauts de paiements. Avec cette explication du système bancaire, on ne voit pas très bien pourquoi les banques devaient être renflouées d’argent frais et pourquoi celles qui n’ont pas été renfloué ont fait faillite. On ne comprend pas non plus les tensions observées sur le marché interbancaires (les banques ne se prêtaient plus entre elles) ni la problématique systémique de cette crise (banques, entreprises, états, particuliers : tous touché).

    Paul Krugman a dit récemment que ce n’était pas grave de confondre argent et dette. On voit bien à la lecture de votre article que ce n’est pas le cas. Vous occultez la principale différence entre de l’argent et une dette : une dette peut ne rien valoir du tout.

    • Fier d’être locataire (5/5) 26 décembre 2010 17:39, par LP
      Observez un instant la situation économique de l’Allemagne à la fin des années 1920, à l’instar d’ailleurs de tout pays sousmis à une poussée hyper-inflationniste. Vous verrez qu’il est historiquement déjà arrivé que l’argent ne vale rien, tout comme la dette. En ce sens Krugman a raison, l’auteur de cet article aussi.
      • Fier d’être locataire (5/5) 27 décembre 2010 13:05, par bese

        Et ?

        Vous semblez dire qu’une hyper augmentation du prix des biens est identique à un défaut de paiement.

        Cela ne répond pas à mes objections et vous n’avancez aucun argument pour justifier qu’il faille voir ces deux phénomènes comme identique.

        • Fier d’être locataire (5/5) 29 décembre 2010 17:18

          Vous avez tout à fait compris ce que je semble dire.

          En effet, sur le papier, en théorie, vous avez raison, ce sont deux choses différentes. C’est-à-dire deux concepts économiques dont la définition de chacun a pour but de se distinguer de l’autre.

          Maintenant, si vous voulez observer les effets dans la vie concrète (pardon pour le pléonasme), vous conviendrez probablement qu’une hyper inflation à tendance à amener des défauts de paiements, pour des raisons qui vont de soi : le prix augmentant plus vite que les ressources financières, même un mécanisme de dette finit par ne plus pouvoir couvrir l’échange.

          Donc si "en droit" vous n’avez pas tort, "en réalité" les deux concepts peuvent très bien se recouper.

  • Fier d’être locataire (5/5)

    28 décembre 2010 14:43, par depassage

    vous dite en partie3/5 :

    3-le fait qu’elle ne recycle pas ses intérêts dans l’économie réelle, empêche tout le système de fonctionner en circuit fermé, obligeant 4- tout le système à s’endetter pour payer les intérêts.

    je ne suis pas économiste mais matheux. comment recycler "ses intérêts dans l’économie réelle" ? En quoi cela consiste ? Si j’ai compris, cela devrez augmenter la masse monétaire réelle instantanée (la partie dette étant virtuelle par jeu d’écriture et ayant en plus une partie temporelle) est donc éviter la déflation si crainte ? il y a t-il des exemples de pays ou d’autres entités qui l’ont faire que je puisse comprendre de point.

    Si on peut stabiliser le système en atteignant ce circuit fermé, pourquoi personne ne l’a fait ? Est-ce pour asservir les populations ? ou quelles autres raisons ?

  • Fier d’être locataire (5/5)

    7 janvier 17:22, par Nicolas III

    vos 5 articles sur le sujet sont passionnants.

    J’aimerais avoir votre clairvoyance d’esprit !