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Facs : vend vrais-faux diplômes à l’export

Troc / mercredi 20 mai 2009 par Lucie Delaporte
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Des milliers d’étudiants angoissent pour l’obtention de leurs diplômes et examens. Qu’ils se rassurent, il existe des moyens de les avoir à coup sûr. Enquête sur les faux-vrais diplômes à l’université, et à l’export.

Révélée il y a quelques semaines par Le Monde, l’affaire des faux diplômes délivrés par l’université de Toulon à des étudiants chinois a jeté un froid dans la communauté universitaire. On apprenait ainsi, selon l’enquête en cours au parquet de Marseille, que moyennant de coquettes sommes d’argent, certains étudiants de l’Empire du milieu obtenaient leurs diplômes parfois sans même parler le Français. Aussitôt, le ministère était monté au créneau pour dénoncer ces éventuelles dérives mais aussi et surtout pour circonscrire l’incendie. « Il n’est pas question qu’il puisse y avoir en France le moindre soupçon sur la valeur de nos diplômes » affirmait ainsi Valérie Pécresse.

Pourtant, comme le rapporte un enseignant d’une petite université du sud de la France : « Toulon, C’est l’arbre qui cache la forêt ».

Faux diplômes et vraie diplomatie

Certes, le cas de Toulon est sans doute, en partie, exceptionnel en ce qu’il semble relever d’un système d’organisation quasi mafieux mais la pratique consistant à monnayer des diplômes à des étudiants étrangers pour renflouer les caisses des universités voire pour permettre à certains professeurs d’améliorer leur ordinaire par des petits arrangements est lui très répandu selon plusieurs témoignages recueillis par Bakchich. Clermont1, Pau, La Rochelle, Poitiers… Autant de facs où ces combines ont prospéré et sur lesquelles les autorités de tutelles ont pudiquement décidé de fermer les yeux.

Au départ, rien que des bonnes intentions. Pour survivre dans un contexte de concurrence généralisée entre les facs, en France mais aussi à l’international, les petites facs ont multiplié les partenariats avec des universités étrangères. « Avec 270 universités partenaires dans 52 pays du monde, l’Université de Poitiers met en place une politique résolument tournée vers l’international » annonce ainsi fièrement la modeste fac de Poitiers sur son site. De Kiev à Shanghai en passant par Madagascar, ces facs ont déployé une belle énergie à tisser des relations avec les universités du monde entier. Et pas par pur amour des échanges entre les peuples.

Dit plôme ! "Plôme" - JPG - 16.2 ko
Dit plôme ! "Plôme"
© Nardo

« Nous savons bien que ces partenariats ont pour unique but de rapporter de l’argent », tranche une enseignante désabusée de Poitiers. Comment ? « D’abord parce qu’avec la LRU, dite d’autonomie des universités, plus vous avez d’étudiants, plus vous recevez de subventions du ministère », explique-t-elle. « C’est donc un moyen très simple de remplir nos amphis alors que nos effectifs ne cessent de dégringoler » renchérit un collègue de la fac de La Rochelle. « De plus, souligne la prof de Poitiers, ce sont des étudiants qui ne sont pas habitués à payer 300 euros de frais de scolarité pour obtenir un Master mais plutôt 8000 à 10 000 euros ». Il serait donc dommage de ne pas les faire passer à la caisse, par un biais ou par un autre. Et c’est là que le grand n’importe quoi commence.

Petit tour des combines

Officiellement, l’université envoie un collectif d’enseignants sur place pour délivrer des diplômes délocalisés. Ceux-ci doivent avoir la même valeur et donc le même contenu que ceux délivrés sur place. Sauf qu’en pratique, les choses se passent rarement comme cela. « Pour des raisons de coûts, nous dit-on, il ne peut pas y avoir de jury sur place. Un seul enseignant est envoyé et a l’entière main mise sur ce diplôme, indique un enseignant de gestion. Les conventions ne sont, comme par hasard, jamais détaillées. Résultat, on me demande de valider des diplômes sur lesquels j’ai de sérieux doutes et pour des étudiants que je n’ai jamais vu ». Pour se faire rémunérer en échange de ces diplômes très largement octroyés, ces émissaires mettent parfois en place des montages financiers douteux. « On s’appuie sur un réseau d’associations locales pour compléter les frais officiels de scolarité » avoue benoîtement un enseignant du centre de la France. En Asie, un responsable de ces diplômes avait même monté une société bidon où travaillait sa femme, laquelle n’avait à priori aucune compétence en marketing, la matière enseignée.

« Un vrai marché de l’Education »

« Ce système est en train de se généraliser pour la bonne raison qu’il y a un vrai marché de l’éducation et que les diplômes français restent prisés » , s’inquiète un enseignant de La Rochelle qui rapporte, quand même, que dans son université des voix se sont élevées pour moraliser le système. Récemment, l’ordre des experts-comptables s’est également ému auprès du ministère, de la délocalisation des "Masters comptabilité" au Maroc. Il leur avait semblé étonnant que ces comptables, embauchés à bac+5, ne sachent pas écrire une ligne en français. Le ministère qui a déjà présenté l’an dernier une charte de bonne conduite en matière de délocalisation de diplômes, avec le succès que l’on sait, planche actuellement sur un label qualité. On respire : tout est sous contrôle.

« Le problème c’est que ce système arrange tout le monde », explique un enseignant « dans les villes moyennes, les universités font vivre l’économie locale ; les élus n’ont aucun intérêt à ce que ce type d’affaires sorte ». Force est de constater que les rapports des cours des comptes régionales qui pointent depuis quelques années d’étranges dysfonctionnements sont généralement enterrés. La presse locale, embarrassée, fait mine de ne rien voir. « Au ministère, on a l’impression qu’ils se disent : on ferme les yeux et vous acceptez notre réforme ». Pour cet autre enseignant, ce système a trouvé à la fac un terreau favorable parce « l’université est pauvre, que c’est est un milieu très individualiste où les mécanismes de gouvernance et de contrôle des activités de chacun est très faible ». 


Lire ou relire sur Bakchich :

Le 22 janvier, devant un parterre d’hommes politiques, de présidents d’universités et de chefs d’entreprise, M. Nicolas Sarkozy s’est longuement exprimé sur le thème de la recherche en France. La vidéo de son discours est disponible en ligne.

Entre (…)

Pendant que les enseignants-chercheurs protestent ce lundi pour la défense de leur statut, les IUT, un des derniers outils de promotion sociale, risquent de disparaître dans l’indifférence générale.
Avant son discours, jeudi, sur la réforme du statut des enseignants-chercheurs, retour sur une rentrée dense pour une ministre née chiraquienne, épanouie en Sarkozie.
Lettre ouverte d’enseignants chercheurs de l’Université Paris Ouest Nanterre la Défense à leur ministre, Madame Pécresse.

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13 MESSAGES
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Forum

  • Facs : vend vrais-faux diplômes à l’export
    le vendredi 22 janvier 2010 à 01:25, Grim a dit :
    A mon grand regret ce n’est qu’aujourd’hui que je découvre l’impressionnant article de Lucie Delaporte. Depuis maintenant près de 27 ans, je tente de faire réexaminer par un jury impartial un mémoire ayant valu abusivement à son auteur le grade de docteur es sciences. Ne connaissant pas vos critères de validation des messages postés sur votre site, je n’indique ni l’université française qui a délivré le titre en 1983, ni le nom de l’impétrant ni même le titre du mémoire. Par contre Grim est mon nom véritable et je suis un ingénieur civil des eaux et forêts (Ecole nationale des eaux et forêts de Nancy). On m’a toujours dit qu’il est impossible que l’Université revienne sur sa décision et j’ai toujours répondu que ma requête n’a pas pour objet de remettre en cause la décision du jury mais de prendre acte des innombrables inepties que j’ai relevées. En dépit de cela je n’ai obtenu aucune réponse - même négative. Encore une fois mes chaleureuses félicitations à Lucie Delaporte ; la prestigieuse université de France lui en sera reconnaissante. Grim
  • Facs : vend vrais-faux diplômes à l’export
    le mercredi 24 juin 2009 à 13:57, réactdefac a dit :
    De quoi ont ils peur ? Ils n’ont rien foutu ils veulent quand même leurs diplômes. L’état bien bon, offre un examen de pure forme avec le diplôme décerné automatiquement.
  • Rendez à César, SVP…
    le lundi 22 juin 2009 à 23:43, Gébé a dit :

    Bonjour Bakchich,

    juste un petit mot pour vous signifier que, contrairement à ce que vous écrivez, ce n’est pas Le Monde qui a "sorti" cette affaire mais le quotidien Var-matin, pour lequel je travaille. Vous avez sûrement été trompés par la dépêche de Reuters qui reprenait l’article du Monde… qui ne nous citait pas.

    Confraternellement,

    Gébé

    • Var Matin ,,un journal d’investigation ?…
      le mercredi 8 juillet 2009 à 16:32
      C’est bien le premier article du Monde qui fait référence dans l’Affaire de Corruption présumée à l’Université de Toulon, ce premier article que l’AFP a repris intégralement a été complété ensuite par un second article d’un second journaliste spécialisé du Monde : vu les réactions de l’Université de Toulon, ils ont bien fait "mouche" tous les deux. Entre temps, les errements de la délivrance des DELF, diplômes de français en Chine mentionnées par les Inspecteurs Généraux (IG) de l’Education Nationale suivies de la venue des "trois Mousquetaires" de l’IG à l’USTV sur ordre de Valérie Pécresse ont considérablement renforcé les "suspicions de corruption localisée". Depuis un article de "La Tribune du Sud" a complété le panel, et le Juge Landou du pôle économique et financier poursuit sa tâche ardue… Alors à quand, Var Matin, un journal d’investigation ?..ce n’est pas demain la veille !.
  • Facs : vend vrais-faux diplômes à l’export
    le vendredi 19 juin 2009 à 12:12
    Et que dire de ces nombreux docteurs en droit d’origine koweitienne tous sortis de la fac de droit de strasbourg… Plutôt que de tropisme parlons de filière.
  • Facs : vend vrais-faux diplômes à l’export
    le lundi 15 juin 2009 à 17:54, MAFIA-NANCY a dit :

    Nancy, reste toujours une mafia pour ce qui est des diplomes. La fac de Droit est un exemple typique…notation canapée, échanges de bons procédés (enseignants qui sont aussi notaires ou avocats et étudiants), des enseignants qui communiquent les copies avant, qui communiquement les notes avant, qui s’arrangent pour les résultats (seuls 2 étudiants d’un master de 40 n’ont pas leur année ? allez, je les augmente un peu, comme çà j’ai pas besoin de préparer de rattrapage)…

    Sinon, pour acheter un diplome, n’importe qui peut le faire : http://www.france163.com/

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