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Exprimer son malaise au risque de l’aggraver

mardi 21 octobre 2008 par Pascal Boniface
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Les sifflets entendus au Stade de France le 14 octobre lors du match France-Tunisie ont suscité une tempête politique. Le Président de la République a convoqué dès le lendemain le Président de la Fédération Française de Football. Le Premier ministre a déclaré qu’il aurait mieux valu annuler le match.

La Fédération Française de Football avait pourtant pris toutes les précautions, le match a été qualifié de match de l’amitié, l’hymne national français a été chanté par une chanteuse d’origine tunisienne. De façon exceptionnelle, les deux équipes ont posé pour la photo d’avant match mélangées et non pas séparées. Ils sont rentrés sur le terrain de la même façon. Le dispositif de sécurité a bien fonctionné puisqu’après le but de Benzema, qui portait le score à 3-1, il a été renforcé pour éviter toute entrée intempestive sur la pelouse. La Fédération ne pouvait ni refuser de vendre des billets aux jeunes d’origine maghrébine, ni encadrer chacun d’entre eux par un policier. Elle est donc en l’occurrence victime et non responsable.

Respect, intégration, racisme, identité nationale sont les ressorts de cette polémique. Un match football entre équipes nationales est ce qui en révèle de façon la plus certaine les ressorts de l’identité nationale.

L’équipe de France a joué à l’extérieur devant 70 000 spectateurs qui remplissaient le stade de France, stade qui méritait mal son nom ce soir-là. Les supporters de la Tunisie étaient les plus nombreux et les plus bruyants. Pourtant, il n’y avait presque que des Français ou des résidents en France. Il n’y a pas eu de charters venant de Tunisie pour supporter l’équipe nationale.

Ceux qui ont sifflé la Marseillaise sont donc majoritairement, de jeunes Français d’origine tunisienne.

Ils ont donc une identité partagée entre la France et la Tunisie. Ils encouragent d’ordinaire l’équipe de France, mais lorsque celle-ci joue contre leur pays d’origine, leur cœur va à la Tunisie. Ils se sentent donc Français au quotidien, mais Tunisiens lorsque leur pays de résidence et leur pays d’origine s’affrontent. Volonté de rappeler ses racines, volonté de s’exprimer sur un problème d’intégration (ou de non-intégration), soutien du faible présumé contre le fort supposé, volonté de défier l’autorité, il y avait tout ce cocktail pour expliquer ce phénomène aux origines multiples. Il y a ainsi là un problème de génération. Les plus de 40 ans ont déploré ces sifflets qui ont été le fait de la jeunesse. Il y a eu également une part de mimétisme, des Français d’origine tunisienne, comme les Français d’origine algérienne ou comme les Français d’origine marocaine qui avaient déjà sifflé la Marseillaise car le problème ce sont les sifflets qui ont accompagné la Marseillaise, qui ont ulcéré les responsables politiques, choqué de nombreux Français et meurtri de nombreux Maghrébins résidant en France. Aurait-il fallu annuler le match ? On peut penser que cela aurait été un remède pire que le mal et que cela aurait pu dégénérer. Ces sifflets ont été pénibles, mais aucune violence n’a été à déplorer.

Contrairement à ce qu’ont dit certains commentateurs, le fait de siffler les hymnes nationaux, n’est pas exceptionnel. Cela se produit à chaque match international. La différence c’est que généralement c’est l’équipe visiteuse qui voit son hymne sifflé. Or, la France hier était supposée jouer à domicile.

En cas d’identité partagée, il est très différent d’exprimer une préférence envers l’une (soutenir l’équipe tunisienne) qui une hostilité contre l’autre (huer l’hymne français). Lorsque l’équipe des Etats-Unis joue a domicile contre une équipe latino-américaine, les spectateurs prennent partie pour cette dernière, mais ne sifflent ni l’hymne, ni l’équipe américaine.

Lors des deux derniers matchs France-Israel, le même stade de France était divisé entre ceux qui encourageaient l’équipe de France et ceux qui applaudissaient l’équipe d’Israël, mais ni l’équipe de France, ni la Marseillaise ont été sifflé. Cela signifie tout simplement que la question de l’intégration ne se pose pas de la même façon pour les latino-américains aux Etats-Unis, les Juifs de France que pour les Maghrébins en France.

Hatem Bernafa, né tunisien et qui a choisi la nationalité française pour jouer en Equipe de France a été le joueur français le plus sifflé. Par ceux-là mêmes qui l’idolâtrent ordinairement, qui sont fiers de son parcours et qui iront l’applaudir chaleureusement le 19 novembre, s’il joue contre l’Uruguay. Mais si ce qui s’est passé n’est pas anodin, il convient de ne pas non plus dramatiser à l’excès l’événement sauf à donner une victoire symbolique aux siffleurs. Ne pas entamer un match si l’hymne est sifflé pourrait poser des problèmes de sécurité. Comment évacuer dans le calme le stade ? Et le fera t-on si c’est l’hymne étranger qui est sifflé ? Ces sifflets malheureusement vont donner des arguments à tous ceux qui estiment que les Maghrébins ne sont pas tout à fait des Français comme les autres. Des jeunes qui les ont donc déclenchés ont été particulièrement irresponsables.

Alors qu’ils n’avaient probablement pas de projet politique leurs actes ont eu une grande portée politique. Ils ont voulu exprimer un malaise vis-à-vis de leur intégration. Ils sont venu l’aggraver.

Voir aussi le site d’actualité de l’IRIS


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7 MESSAGES
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Forum

  • Exprimer son malaise au risque de l’aggraver
    le vendredi 31 octobre 2008 à 03:11
    Vous êtes certains que la marseillaise n’a pas été sifflée en Israel ? Bah, je vous conseille d’aller voir la video sur youtube !
  • Exprimer son malaise au risque de l’aggraver
    le mardi 21 octobre 2008 à 21:17, patrick a dit :
    Toujours la même rhétorique sans intérêt sur le grand barnum qu’est le sport de compétition et notamment le football avec ses cohortes de multimillionnaires shootés en short applaudis par des "braves gens " qui viennent déverser au stade leurs haines et leurs frustrations, comme toujours on va nous vanter les mérites du sport fédérateur, mais comment peut-on encore croire à ce genre de fadaises, je ne vais plus au stade depuis très longtemps écoeuré par les insultes, les cris de singes, les hurlements de soi disant supporters, les comportements des sportifs professionnels et les magouilles de dirigeants qui viennent s’engraisser dans un secteur lucratif en vendant du joueur comme de la vache limousine. Alors inutile de philosopher sur le fait que des jeunes ou des moins jeunes sifflent un hymne désuet qui ne signifie plus grand chose dans un pays où 7 millions d’individus sont exclus socialement, on ferait mieux de raser les stades et construire des centres culturels
  • Exprimer son malaise au risque de l’aggraver
    le mardi 21 octobre 2008 à 13:40

    Non mais surtout ça sort d’où cette histoire ? La marseillaise est une chanson…UNE CHANSON !

    Le football est UN JEU !! C’est quoi tout ces délires ? Et depuis quand le fait de ne pas supporter une équipe est un acte politique ? Depuis quand les supporters ne sifflent pas l’équipe d’en face ???

    Un symbole comme la marseillaise c’est un gros vent, un rien, une abstraction représentant une autre abstraction destinée uniquement à assimiler à une forme simple et surtout unique d’une autre abstraction encore, la nation.

    "Ceux qui ont sifflé la Marseillaise sont donc majoritairement, de jeunes Français d’origine tunisienne." C’est quoi cette identification toute pourrie ? Ceux qui ont sifflé sont une infinités de choses…et aucun ne l’a fait exactement pour les mêmes raisons c’est une nécessité.

    Toute cette polémique reviens exactement à la politique actuelle consistant à fabriquer artificiellement puis à stigmatiser des minorités. Quand on est un rien et à la tête d’un pays on s’occupe de "l’identité nationale", on se préoccupe de "l’honneur du pays" et on créé autant que faire se peu du "nationalisme". Cette "indignation" de nos dirigent est pour eux une simple opportunité…entre autre pour détourner l’attention publique.. Ils font ça tout le temps, comment ça se fait que personne ne s’en rende compte ?

    Suffit de ne pas en parler du tout c’est tout ! ..cela n’a strictement aucune importance…en particulier en ce moment !

  • Exprimer son malaise au risque de l’aggraver
    le mardi 21 octobre 2008 à 12:41
    1998 black blanc beur zidane chirac 2008 laporte sarko casse toi pauvre con france maghreb 3 sifflets a zéro. c est de la mayonnaise mélangée à de l harissa ça donne des aigreurs d estomac. mr boniface a raison a 40 ans on siffle peut étre pas mais on n applaudit pas.la marseilllaise de la légion étrangére la guerre d algerie les colonie pétain ect je siffle pas mais chanter c’est pas possible. d ailleurs ben arfa iil a pas chanté ni zidane. est ce que mr manouchian de l affiche rouge chantait la marseillaise ? le jouir ou la marseillaise citoyen liberté égalité franternité sera une réalité en france et vécu par c est fameux jeuns qui sifflent..
  • Exprimer son malaise au risque de l’aggraver
    le mardi 21 octobre 2008 à 11:16, biole a dit :
    Plus on attachera de l’importance à ce type de comportement, et plus on encouragera les "fautifs" à recommencer ! Il s’agit de sport et d’un match "amical" !et toutes ces réactions excessives me semblent démesurées. Les sifflets dans les stades et les insultes sont monnaie courante….. et que dire lorsque l’arbitre est traité de pédé ? et lorsque des bananes sont jettées sur des joueurs noirs ? Du calme ! Les spectateurs de foot ne sont pas des énarques et ceux du match en question avaient un Q.I de poireau !
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