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Eurostar passe, les ministres trépassent

Rail / lundi 13 décembre 2010 par Émile Borne
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Il n’y a plus grand monde pour contester la confirmation par Eurostar de son achat de TGV allemands aux dépens d’Alstom. A part un détachement de députés qui reprend le flambeau des ministres tombés au champ d’honneur.

Quel lien entre Christian Estrosi, Jean-Louis Borloo et Dominique Bussereau ? Comme d’autres malheureux, ces trois ex-ministres ont perdu leur maroquin ministériel lors du dernier remaniement. Ils avaient surtout pour vécu commun de s’être brillamment illustrés dans l’affaire Eurostar.

En octobre, le trio avait violemment condamné cette filiale à 55% de la SNCF. La faute d’Eurostar ? Annoncer son intention d’acheter des rames TGV à l’allemand Siemens et non au champion national Alstom. Une vraie trahison. Et surtout une sacrée claque pour l’industriel. Forts de leur proximité avec Sarkozy, ses dirigeants pensaient décrocher le marché les doigts dans le nez sans avoir à s’abaisser à faire des efforts commerciaux devant un client historique lié à l’État.

Nuls et non avenus

Sous le prétexte plus ou moins bidon que les règles de sécurité dans le tunnel sous la Manche ne permettaient pas d’y faire passer un autre train que celui d’Alstom, le trio gouvernemental avait sorti la grosse artillerie.

Borloo avait menacé d’un procès au pénal les dirigeants d’Eurostar, Bubusse avait décrété, la procédure d’achat “nulle et non avenue“. Quant à Estrosi, il avait réglé l’affaire en déclarant que cela ne le gênerait pas que dans un nouvel appel d’offres, Eurostar choisisse "l’industriel français". Heureusement, le ridicule ne tue pas.

Mais les ministres trépassent et les trains continuent d’avancer. Malgré un procès intenté par Alstom - il devrait se tenir à Londres fin 2011 - Eurostar a signé pour de bon son achat à Siemens. Quelque 600 millions d’euros déboursés par Eurostar iront dans les caisses de l’allemand contre la livraison de dix rames.

Dirigée par Guillaume Pepy, un as en matière de jésuitisme, la SNCF tout de même a ouvert son parapluie, comme nous le révèle la presse anglaise. Le 3 décembre, juste avant le conseil d’administration d’Eurostar, qui a entériné le contrat, l’entreprise publique a fait démissionner ses deux représentants au conseil d’administration , Barbara Dalibard, la patronne des TGV et Dominique Thillaud. Afficher son désaccord de façade, tout en laissant l’affaire se dérouler, c’est champion.

Identité nationale ferroviaire en berne

En dépit de cet flagrant acte de désobéissance de la filiale de la SNCF, personne cette fois-ci n’a hurlé au sein du gouvernement. Pas même le nouveau secrétaire d’État aux transports Thierry Mariani. Spécialiste des questions d’immigration, ce proche de Sarko aurait légitimement pu s’élever contre cette dilution de l’identité ferroviaire nationale. Mais rien…

Toutefois, conduit par un autre proche du président, le député UMP Bernard Carayon, un détachement de parlementaires a poussé son petit couplet patriotique qui sent bon les temps anciens. "Le marché allemand de la très grande vitesse reste (…) totalement acquis à Siemens et totalement fermé au constructeur français Alstom, s’étranglent-ils. Partout la compétition se durcit. L’entreprise nationale SNCF ne pouvait-elle, à cette occasion, faire prévaloir le principe de réciprocité ?"

Mais après avoir songé à déclarer la guerre à l’Allemagne, ce bataillon pose la vraie question. "Dans quel pays au monde une entreprise publique et nationale de transport peut-elle faire un choix contraire à la sécurité de ses clients et de (sic) l’intérêt industriel national ?"s’exclament-ils dans le vif communiqué. Et de répondre : "C’est en France et nulle part ailleurs !"

Un pays fort mal conduit si on comprend bien…

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En jouant la carte du patriotisme économique dans la commande de TGV par Eurostar, Borloo a remué le couple Alstom-SNCF, candidat à un gros contrat en Arabie Saoudite et rallumé les tensions avec l’Allemagne. Pas mal pour un premier (…)

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