Rechercher dans Bakchich :
Bakchich.info
UNE BRÈVE HISTOIRE DE BAKCHICH

Tags

Dans la même rubrique
Avec les mêmes mots-clés
automobile été Côte d’Azur commerce Enfants escroquerie France Hervé Novelli Impôts Restauration vacances Vinci voiture
RÉCLAME
Du(des) même(s) auteur(s)
MODES DE VIE

Eté de m… (2) : petites escroqueries festivales

Racket / mardi 18 août 2009 par Séverin Buzinet
Twitter Twitter
Facebook Facebook
Marquer et partager
Version imprimable de cet article Imprimer
Commenter cet article Commenter
recommander Recommander à un ennemi

Chaque année, c’est pareil : l’été, c’est un sac d’embrouilles. Petit inventaire des emmerdeurs et des emmerdements estivaux.

D’abord, il y a l’escroquerie bénigne, qui serait plutôt une faute de style : la « taxe de séjour », qui avait disparu des notes d’hôtel et de camping, a, depuis quelques années, refait son apparition. Quelques centimes qui, chaque jour, s’ajoutent à la facture, oh, pas grand chose, mais c’est énervant au possible : quand on pense à l’ardoise que l’on va régler à l’hôtelier, on se dit qu’il pourrait au moins prendre en charge cette somme minime et considérer que le prix de la chambre ou de la pension l’inclut. Ce serait plus élégant que cette espèce de quête de quelques piécettes, qui ressemble à de la mendicité…

ETE AU PARKING

Ensuite, il y a les parkings. Rien n’est plus coûteux en été qu’une voiture : quand elle roule, elle coûte du carburant et des péages d’autoroute ; à l’arrêt, loin de son garage habituel, elle doit payer chaque minute de stationnement. Les municipalités des villes « à vocation touristique » l’ont bien compris : ce sont celles dans lesquelles les parkings payants recouvrent la quasi-totalité des voies publiques, et leur totalité absolue à proximité de la plage. Avec des tarifs éhontés : le temps de faire se baigner les gosses, on crame 10 euros. On peut calculer que tout automobiliste dépense plus de 15 euros par jour par le seul fait de ne pas rouler en voiture.

L’été on roule… ou on raque ! - JPG - 10.7 ko
L’été on roule… ou on raque !
© Wozniak

Cela tombe dans les caisses de la commune, qui doit pourtant déduire de ce revenu les sommes considérables engagées pour entretenir une brigade de « police municipale » chargée, pendant la saison, de distribuer des amendes aux mauvais payeurs, et qui ne sert plus à grand chose, souvent, quand la marée des estivants s’est retirée… Rappelons toutefois que ces mêmes estivants, par leur présence généreuse et leur consommation quotidienne, contribuent largement à la vie économique de la commune !

VENI, VIDI, VINCI

Mais il y a pire : dans bien des cas, tous ces sous tombent dans l’escarcelle d’une société qui a le bonheur de gérer le parking. Par exemple, Vinci (qui se flatte de gérer 1700 parkings dans le monde…) contrôle la totalité des parkings de la riante cité de La Ciotat, laquelle double sa population en été. On a creusé un peu partout, avec un solide appui des finances publiques, des parkings souterrains dont la présence se justifie principalement par l’interdiction généralisée du stationnement gratuit en surface, et le niveau élevé de l’heure sur les espaces offerts par la commune… Encore plus fort : à trente kilomètres de là, le village « médiéval » du Castelet (dont nous reparlerons …) étant interdit à toute circulation automobile, la commune propose deux parkings payants et obligatoires, gérés par Vinci, qu’on n’attendrait pas dans un paysage aussi bucolique. En fait, le piège est parfait : vous raquez, ou vous repartez, en ayant fait trente bornes pour rien.

Et l’investissement minime : le premier parking est un grand champ bitumé, avec des places matérialisées, par deux traits de peinture, bref, Vinci ne s’est pas épuisée en travaux de creusement et d’aménagement ; mais le second parking est un grand champ, un point c’est tout, le seul investissement de Vinci étant le système de péage ! Quant au tarif, tenez-vous bien, il est incompressible : un « forfait » de 3,20 euros, pour visiter un site dont on fait le tour en vingt minutes… Loin de nous l’idée, évidemment, que ce quasi-monopole de Vinci ait pu, d’une manière ou d’une autre, supposer de la part des communes une attitude très compréhensive. Après tout, à Naples, la camorra se targue bien de rendre un service public en monopolisant le ramassage des ordures ! Et pour finir, on m’a signalé une sorte de record : à Vauvenargues, près d’Aix en Provence, il paraît que des employés municipaux réclament 5 euros pour le stationnement « obligatoire » dans un champ à proximité du château de Picasso. L’art pour l’art, en quelque sorte !

SERVICE COMPRIS

Il y a enfin la grande escroquerie de l’été, le chef d’oeuvre des chefs d’oeuvre : la baisse de la TVA pour la restauration, dont on n’aperçoit vraiment pas les effets. Ah, pardon, les prix de la restauration auraient reculé de 1,3%, selon les statistiques. Un chiffre absolument lamentable, que la pudeur commanderait de taire, tant il montre l’étendue du hold-up commis par les bénéficiaires de cette aubaine fiscale sans précédent : il faut être Hervé Novelli, dont, décidément, on ne saurait sous-estimer la finesse et le sens du paradoxe, pour s’en « féliciter » sur toutes les ondes. Disons le carrément : l’immense majorité des restaurateurs n’ont rien changé à leurs prix, ni aux salaires de leur personnel, qui, de toute façon, est notoirement payé au noir dans des proportions que la décence interdit d’évoquer, et qu’il faudrait pourtant évoquer avec autant de liberté que l’on flétrit, chaque fois que l’envie en prend, l’inutilité des fonctionnaires ou les vacances des enseignants. Face à cet Everest d’hypocrisie officielle, le dépit discret de l’opposition vaut largement l’énorme insolence du gouvernement. Clientélisme électoral oblige ! On chouchoute ses chambres de commerce et ses corporations à la sauce Pétain ! On caresse les restaurateurs dans le sens du poil ! Indispensable, pour la mairie, le conseil général, la Région ! Et pourtant, perdre cinq milliards de rentrées fiscales pour une baisse de quelques centimes, c’est déjà une connerie énorme ; mais s’en « féliciter », alors là, mon bon, c’est postuler à l’admission au Guinness Book de la nullité politique, qui, malheureusement, n’existe pas et reste à créer. A tel point que même un député UMP de la Côte d’Azur, constatant ce désastre, a demandé un moratoire et la mise en place de contraintes pour que les restaurateurs ne mettent plus cette baisse de la TVA dans leur poche ! A l’heure où l’on envisage de raboter les « niches fiscales », bénir ainsi un aussi faramineux détournement de cadeau fiscal relève soit du cynisme le plus éhonté, soit d’une cécité intellectuelle sidérante. La profession ne pouvait pas faire moins, et elle a osé le faire, en prenant tous les consommateurs des vacances pour des pigeons avec sa baisse de 10 cents sur le caoua au comptoir. Cela mériterait bien un boycott.

De toute façon, après le racket des parkings, nos chers vacanciers sont allés une fois de moins au resto. Tout se tient, en économie !

A lire ou relire sur Bakchich.info

Chaque année, c’est pareil : l’été, c’est un sac d’embrouilles. Petit inventaire des emmerdeurs et des emmerdements estivaux.
Simple conseil. Pour éviter d’entrer en contact avec ces aoûtiens envahisseurs qui vous feraient perdre votre latin, chers autochtones, barricadez-vous chez vous.
La baisse de la TVA est une bonne affaire pour les restaurateurs. Pour le client, faut voir…
Le coup d’envoi est donné pour le fameux chassé-croisé des vacanciers. Mais cette semaine, un sondage Ipsos paru dans « L’Humanité » révélait que 42 % des Français ne partaient pas en vacances, le plus souvent par manque de moyens. « Bakchich » s’en est (…)
Pourquoi tant de vacanciers s’acharnent à rater consciencieusement leurs voyages ? Jean-Didier Urbain, anthropologue, répond à ces « mésaventuriers » dans un nouveau livre.

AFFICHER LES
16 MESSAGES
0 | 5 | 10

Forum

  • Eté de m… (2) : petites escroqueries festivales
    le samedi 2 janvier 2010 à 14:06, chabot a dit :
    en vacances a la tranche sur mer une agence immobiliere nous a facture la taxe de sejour 10 pour cent en plus du tarif vote par le conseil municipal.Nous avons informe la repression des fraudes.Apres de nombreuses demandes ;la mairie nous a confirmer que la taxe avait bien ete payee mais pas du meme montant soit 26 pour cents de moins.C est considere mais detournement de fonds publics.A savoir que cette taxe a ete payee sur le meme cheque que le solde de la location alors que l agence aurait du nous demander d etablir un cheque de cette taxe a l ordre du tresor public.Cette taxe est versee en fin de saison sur le volontariat de l hebergeur donc controle tres difficile donc certains se mettent dans la poche une partie de la taxe ou la totalite ;il faut demander absolument une facture de cette taxe ;veuillez verifier aupres de la mairie si cette taxe a bien ete reverse ;voir texte taxe de sejour
  • Eté de m… (2) : petites escroqueries festivales
    le lundi 24 août 2009 à 15:50, Lul’ a dit :
    Ben voyons, encore les restaurateurs et leur cadeau empoisonné qu’on a pas fini de leur reprocher…
  • Eté de m… (2) : petites escroqueries festivales
    le jeudi 20 août 2009 à 11:47, riverain a dit :
    Désolé mais vous mélangez tout sur le stationnement :
    - le stationnement est payant en été pour éviter que des voitures "ventouses" ne squattent pendant des semaines les places près des commerces et des plages, n’en laissant aucune pour les touristes ; le tarif du stationnement varie selon la "pression" exercée par la demande sur les places : il doit dissuader de rester trop longtemps ; la preuve : la verbalisation coûte en général plus cher que ce que rapporte les amendes ! Vous l’avez compris, l’objectif n’est pas de gagner de l’argent mais de libérer (on dit "faire tourner")les places pour les automobilistes afin qu’ils puissent profiter des plaisirs offerts à proximité ; évidemment si vous avez une meilleure solution pour gérer la demande de stationnement les municipalités sont preneuses !!!
    - imaginez par exemple votre village perché en haut des collines sans stationnement payant ; il serait envahi de voitures, cars, camping-cars et il n’y aurait plus rien à voir
    - le fait que des "boîtes privées" comme Vinci gèrent des parkings pour le compte des municipalités vise justement à s’adapter aux contraintes estivales : trouver des lieux provisoires, ne pas embaucher de permanents pour 6 semaines de travail, + du savoir-faire ; les milliers de personnes qui exercent ce type de métiers ne méritent pas votre mépris, si vous me permettez
    - le fait de confier à des gestionnaires privés la concession du stationnement permet aux collectivités de bénéficier de parkings en structure sans toucher aux fonds publics (denrée rare de nos jours) : le "privé" investit avec son argent, il se "paie" ensuite sur la bête (c’est à dire l’usager ou le client comme vous voudrez) pendant une durée prédéfinie, et "rend" l’équipement à la fin de la durée de la concession. le tout en respectant un cahier des charges précis et public. Dans le cas des communes touristiques il y a peu d’alternatives : ou bien c’est le contribuable local qui paie pour construire et pourquoi pas gérer le parking, ou bien c’est le touriste qui paie l’ensemble au travers des tarifs du stationnement. Dans une actualité où on nous rabâche -avec raison- les impératifs de développement durable et solidaire, il ne paraît pas inutile de se poser des questions sur le coût du tourisme de masse pour les populations locales : stationnement, voirie, déchets, assainissement, sécurité, gestion des espaces naturels, et sur "qui" doit payer ce coût. Votre article paraît par conséquence assez "facile" si vous me permettez voire parfois franchement démagogique. Un dernier conseil amical : l’année prochain prenez le train et déplacez vous à vélo !
    • Eté de m… (2) : petites escroqueries festivales
      le vendredi 4 septembre 2009 à 00:03, eclectic66 a dit :
      Ah, vous avez des actions Vinci dans votre portefeuille… Je comprends mieux votre remarque ! Heureusement, dans les Pyrénées-Orientales, région touristique par excellence, on se gare encore gratuitement à proximité des plages, sauf à Canet et à Collioure (dans ce dernier cas, cela peut s’expliquer par la très forte fréquentation et le manque d’espace de ce site superbe). Le Conseil Général (PS) et l’agglo Perpignan-Têt-Méditerranée (UMP-Alduy la Chaussette) proposent des bus à 1 euro (CG) ou 1,10 euro (Agglo)
  • Eté de m… (2) : petites escroqueries festivales
    le mercredi 19 août 2009 à 13:46, Michaël a dit :

    Que tout cela est vrai… Alors, venez à Paris, le mois d’août est le mois de la gratuité. Certes l’activité culturelle y est moindre.

    Par contre Michel, je ne comprend pas la remarque sur les indépendants. Nul besoin d’être indépendant pour partir hors vacances scolaire, il faut juste ne pas avoir d’enfant scolarisé…

  • Eté de m… (2) : petites escroqueries festivales
    le mercredi 19 août 2009 à 11:38
    Varois d’origine, je me plaisais à revenir me ballader dans le village du Castellet dont vous parlez dans l’article. Mais quelle ne fut pas ma désagréable surprise d’avoir constaté cet été qu’effectivement accéder au village étant maintenant chose payante. Nous pensions passer une partie de la journée dans le village et y déjeuner. Hélas, vexé et assez en colère de devoir encore payer pour garer la voiture, avec femme et enfants nous avons donc fait demi-tour. Et le Castellet a donc perdu des clients au restaurant, au café et quelques petits achats dans les boutiques à souvenir. D’ailleurs, les parkings étaient déserts… à peine une vingtaine de véhicules en plein mois de juillet. Et apparemment, dans les rues, même topo. Pas grand monde. Pas étonnant. Dieu merci il reste encore quelques villages bucoliques alentours ( La Cadière ) qui n’osent pas encore faire payer l’accès à leurs ruelles. Mais ça ne durera pas et tout ces villages provençaux finiront comme ils ont commencé, dans la misère.
0 | 5 | 10
BAKCHICH PRATIQUE
LE CLUB DES AMIS
BEST OF
CARRÉ VIP
SUIVEZ BAKCHICH !
SITES CHOUCHOUS
Rezo.net
Le Ravi
CQFD
Rue89
Le Tigre
Amnistia
Le blog de Guy Birenbaum
Les cahiers du football
Acrimed
Kaboul.fr
Le Mégalodon
Globalix, le site de William Emmanuel
Street Reporters
Bakchich sur Netvibes
Toutes les archives de « Là-bas si j’y suis »
Le locuteur
Ma commune
Journal d’un avocat
Gestion Suisse
IRIS
Internetalis Universalus
ventscontraires.net
Causette
Le Sans-Culotte