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En correctionnelle pour les beaux yeux d'une fliquette

17 mars 2009 à 20h42

Mardi 3 mars, 14e chambre correctionnelle du TGI de Nanterre

Etienne, timide et gringalet jeune homme de 19 ans, s’est passionnément entiché d’une jeune policière qu’il ne connaît pourtant pas – qu’il n’a même jamais croisé. La fonctionnaire, appelons-là Sophie, est une ancienne camarade de classe de la sœur d’Etienne et les deux jeunes femmes se sont virtuellement retrouvées sur « Copains d’Avant », fameux site de discussion entre ex-camarades de classe. « J’ai vu sa photo sur l’ordinateur de ma sœur et j’ai tout de suite été séduit, raconte le prévenu, c’est en étudiant son profil que j’ai su où elle travaillait ».

Faussaire improvisé

La jeune gardienne de la Paix travaille au commissariat de Bezons dans les Hauts-de-Seine. Trop introverti pour l’aborder directement, l’étudiant ne souhaite pas non plus la contacter via le site Internet : « C’est trop virtuel et j’avais peur de me perdre dans l’océan Internet – alors j’ai réfléchi à un autre moyen ».

Pour décrocher son tête-à-tête, Etienne s’improvise faussaire. Aidé d’un logiciel de traitement de texte et d’images, il se fabrique une convocation du Ministère de l’Intérieur l’appelant à se rendre immédiatement au commissariat de Bezons, où il espère être auditionné par Sophie. Muni de son assignation, le prévenu se rend en mai 2008 au commissariat où les policiers qui l’accueillent ne retrouvent évidemment aucune trace de cette missive dans leur base de données. Etienne repart bredouille. Sans avoir vu la policière.

Enquête de voisinage et auditions

Quinze jours plus tard, le prévenu revient muni d’un deuxième faux – et dit ne pas comprendre « pourquoi le commissariat s’obstine à le convoquer ainsi ». Les policiers étudient la lettre de près et remarquent alors plusieurs malfaçons : la Marianne habituelle n’apparaît pas, les tournures de phrases ne correspondent pas à la classique convocation et le numéro de poste de la fonctionnaire Sophie n’est pas le bon. « Les policiers du commissariat vous demandent alors de leur laisser vos coordonnées en attendant d’effectuer les recherches nécessaires pour éclaircir ce curieux mystère, expose le Président. C’est là qu’ils réalisent que votre écriture, Monsieur, correspond à celle de la partie manuscrite du faux document ».

Etienne est arrêté et placé en garde-à-vue. Par « honte », il n’ose avouer aux policiers les raisons de son geste et ceux-ci « imaginent tout ». Une enquête de voisinage est ordonnée pour tenter de comprendre pourquoi ce jeune homme sans casier, jamais signalisé à la police et parfaitement intégré, s’est rendu coupable de « faux et usage de faux » pour le simple plaisir d’être convoqué au commissariat. Son père, sa mère et sa sœur sont auditionnés, sans succès. C’est lors de sa toute dernière audition qu’Etienne avoue enfin la raison de son geste : l’amour.

Cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende

Après la garde-à-vue de 24 heures, les policiers sont obligés de transmettre le dossier au Parquet de Nanterre. Loin d’être attendri par cette affaire, le Procureur décide de le poursuivre en médiation pénale pour « faux et usage de faux documents administratifs ». Sur le papier, l’amoureux transit risque cinq ans d’emprisonnement et 75 000 euros d’amende. À l’audience, le Procureur requiert 120 heures de Travail d’Intérêt Général : « S’il est capable d’aller jusque-là par amour, on peut imaginer qu’il est capable de beaucoup de choses ».

Pour la défense, Maître Sandrine Pegand met en avant « l’aveuglement amoureux d’un jeune homme timide et inconscient » et demande « un simple rappel à la loi » : « Jusqu’à ce jour, il n’avait aucune mention au casier et les conséquences de son geste ont été telles que, croyez-moi Monsieur le Président, mon client a sérieusement assimilé la leçon ».

Le jugement : un « rappel à la loi » pour qu’Etienne prenne conscience de l’infraction commise. Parce qu’il ne constitue pas une condamnation, ce jugement ne sera pas mentionné sur son casier judiciaire.

L’homme qui venait de nulle part déboule à Roissy et termine en prison Quand l’Arabe du coin s’en prend à l’Arabe du coin opposé

9 Messages de forum

  • En correctionnelle pour les beaux yeux d’une fliquette

    17 mars 2009 21:39, par armateurrr
    c’est beau !
  • Oh, c’est tellement beau. Le pauvre, il ferait de revenir à la réalité.
  • En correctionnelle pour les beaux yeux d’une fliquette

    17 mars 2009 22:08, par Francois Toulouse
    Heureusement qu’il n’est pas tombé amoureux d’une gardienne de prison !
  • Le faux et usage de faux en ecriture publique est un crime et non un delit.

    Article 441-4 du code penal : Le faux commis dans une écriture publique ou authentique ou dans un enregistrement ordonné par l’autorité publique est puni de dix ans d’emprisonnement et de 150000 euros d’amende. L’usage du faux mentionné à l’alinéa qui précède est puni des mêmes peines.

    On rappelle que le procureur a l’opportunite des poursuites. Libre a lui de ne pas poursuivre ou d’aller en cour d’assise…ou d’un rappel a loi..

    En tout cas, cette histoire semble pour le moins tres tres tres louche…si ce jeune homme est par hasard aussi temoin dans un traffic de drogue..vous nous tenez au courant ;)

    Et puis pour aller rencontrer un agent de la force publique, on peut faire une main courante sur sa voisine qui fait du bruit.. ;) pas tres credible cette histoire..

    • quand on ne connait pas la matière, le mieux est de se taire… il s’agit d’un faux et usage de faux documents administratifs…. à bon entendeur…
    • En correctionnelle pour les beaux yeux d’une fliquette 26 mai 2010 14:29, par Elève-Avocat

      Je graisse : Vous auriez mieux fait de vous abstenir. Hors le fait que vous commettez une erreur de qualification, votre analyse de la nature de "votre" infraction est erronée :

      Le faux en écriture publique est un délit, il est puni d’emprisonnement. Les crimes sont réprimés d’une peine de réclusion criminelle (et non d’emprisonnement). La durée de la peine encourue (10 ans) vous aura sans doute induite en erreur.

      Mais je m’étonne des autres grossières lacunes juridiques de votre propos. En cas de qualification criminelle, le Procureur de la République n’a pas la libre opportunité des poursuites, il se doit de requérir l’ouverture d’une information judiciaire. C’est au juge d’instruction que revient le pouvoir d’ordonner un renvoi devant la juridiction de jugement.

      Deuxio, sachez que le rappel à la loi n’est pas une alternative aux poursuites envisageable en matière criminelle.

      Vous êtes soit trop rapide dans votre raisonnement qui en devient lacunaire. Toutefois, essayez de vous assurer de la véracité des propos que vous tenez.

      Tachez également d’être moins péremptoire à l’avenir, cela évitera que l’on vous en tienne rigueur :D

  • Serait-il tombé Amoureux de Maître Sandrine PEGAND, après une Gardien de la Paix, pourquoi pas une avocate, surtout que là, il y vraiment de quoi….. !!!!

    Un Admirateur…..connu !!!!

  • Juste pour dire à l’auteur que Bezons est dans le Val d’Oise (95) et pas dans les Hauts de Seine.