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Du Syndicalisme Enseignant (Et De La Mollesse Du Limaçon)

27 mai 2008 à 10h30

On a, en face de nous, depuis un an et quelques semaines, des gens de régime, haineux et revanchards, qui règnent par le coup de force - et nous, pendant ce temps-là ?

On leur concède gentiment qu’on ne va pas trop leur broutiller les mocassins.

Les syndicats d’enseignants, par exemple ?

Sont très.

Très.

Très en dessous du truc.

Le gouvernement de guerre (de classes) qui étend sur nos vies son emprise leur annonce que, leur droit de grève ?

Ils se le prennent.

Ils se le roulent.

Et ils se le mettent au fondement.

Naturellement : ce n’est pas dit comme ça.

On a là des gens de régime, haineux et revanchards, qui règnent aussi, nécessairement, par l’écran de fumée, et ça prend dès lors le détour d’une démonstration de ce bon gros vrai-faux bon sens qui sous les toits des chaumières touche si fort le coeur des sondés : "Ah ben, hé, mâme Chabot, le droit de grève, hein ?

J’y touche pas.

Je suis pas comme ça.

Tu veux faire grève ?

Tu fais grève.

Mais tu m’en préviens à l’avance : de sorte que je réquisitionnerai du jaune - et le dépêcherai aux écoles.

Monter le salarié contre le salarié ?

Le fonctionnaire territorial contre celui de l’éducation ?

On sait faire, mâme Chabot : on divise et on règne.

Parce que bon, mâme Chabot, est-ce que t’as pensé un peu aux miséreux miséreux qui n’ont pas les moyens de faire garder leur(s) enfant(s), durant que ces messieurs-dames les profs, perclus de marxisme, se tripotent la nouille ?

J’ai le souci du gueux, Arlette.

Je sais que ça ne se voit pas forcément à l’oeil nu.

Je sais que depuis mon élection, je passe les trois quarts de mon temps à savater le démuni.

Mais ça ne m’empêche pas de lui trouver de l’utilité, et le charme désuet des masses anesthésiées, aux moments de lui flatter bas la haine de la fonction publique : je l’aime, par conséquent".

Rodomont règne, comme je disais, par le passage en force.

"T’en veux pas, de mon SMA ?

De mon service minimum d’accueil des gentils nécoliers dont les parents n’ont pas les moyens de s’acheter un peu de baby-sitting (et ne les auront pas de sitôt, vu ce que je leur mets à la gueule) ?

Regarde bien, connard : j’en fais demain une loi, et si tu t’y soustrais ?

Je fais donner la troupe".

Là, les syndicats d’enseignants organisent la riposte : leurs appareils annoncent, avec beaucoup de gravité, qu’ils ne sont pas du tout contents, et que si ça continue, ils vont manifester dimanche.

Et que si ça ne suffit pas, ils feront grève le mois prochain - disons le 21, de huit heures à seize heures.

Et que si ça ne suffit pas, ils vont se fâcher tout rouge, et manifester le dimanche.

Le syndicalisme enseignant comme théorie de la soumission : le gars leur balance au droit de grève des bombes de 500 kilos, et ils se "défendent" à coups de pistolet à bouchon.

Même les geais, dont la cervelle n’est que peu trophiée, savent que dans un rapport de force, tel que l’établissent crânement les matamores du régime, le mieux est de ne pas commencer par signifier au camp adverse que tu es mou comme un limaçon.

Si vraiment les syndicats d’enseignants avaient le souci de se préserver le droit de grève (en même temps, d’ailleurs, que de conserver aux profs un effectif décent) ?

Ils auraient, de longue date, organisé une grève générale et illimitée dans l’Education nationale (en exigeant, il va de soi, l’occupation des locaux, et le paiement des jours de grève).

Et là, tu l’aurais vu se ratatiner, le Darcos.

(Et le Sarkozy, donc.)

Ton épreuve de force, gars ?

Tu te la prends, tu te la roules - parce que c’est pas tes keufs qui vont faire passer le bac, hmmmmm ?

Mais bon, en face d’eux, ces deux-là ont la FSU et ses manifs dominicales - et c’est sûr que ça doit plutôt les faire marrer : à leur place, je me priverais pas.

L’Effronterie De Nos Journaleux Commence A Me Fatiguer Réalisme Socialiste