Rechercher dans Bakchich :
Bakchich.info
UNE BRÈVE HISTOIRE DE BAKCHICH

Tags

Dans la même rubrique
Avec les mêmes mots-clés
RÉCLAME
Du(des) même(s) auteur(s)
FILOUTERIES

Des espions pas très Chouet

Secrets Story / dimanche 24 octobre 2010 par Ian Hamel
Twitter Twitter
Facebook Facebook
Marquer et partager
Version imprimable de cet article Imprimer
Commenter cet article Commenter
recommander Recommander à un ennemi

L’ancien chef espion Alain Chouet narre sa carrière au sein de l’ex-Direction générale de la sécurité extérieure. Après 40 années au sein des services secrets français, il dresse un tableau peu glorieux de nos agences de renseignements.

Il y a longtemps, dans les années 70, alors qu’Alain Chouet est en stage de formation d’espion, un avion supersonique russe de modèle Tupolev 144 en pleine démonstration au salon du Bourget s’écrase au sol. Chouet reçoit alors l’ordre de ramasser des morceaux de l’épave avec quelques autres collègues. Apparemment, ils ne sont pas les seuls…

Le site du crash est en effet devenu un véritable nid de barbouzes «  où tout ce que Paris comptait d’officiers de renseignement de toutes nationalités, toutes obédiences et toutes couleurs affluaient comme des fourmis sur un pot de miel ; et repartaient avec leur butin en colonnes ininterrompues », raconte l’ancien chef des renseignements de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE).

Bonne pioche pour ces dépeceurs de carcasses, Alain Chouet et ses copains parviennent à subtiliser un morceau du train d’atterrissage. À l’analyse, il apparaît que l’alliage de ce train est exactement identique à celui utilisé par l’usine Snecma de Bois-Colombes, laquelle fabrique le Concorde. Le Tupolev 144 n’a donc pas volé son sobriquet de « Concordov ». « En fait, le renseignement, c’est la poursuite de la concurrence par d’autres moyens. Voler des informations scientifiques des pays étrangers, ça revient moins cher que les trouver soi-même, et ça peut rapporter très gros », sourit l’auteur de la Sagesse de l’espion.

Bref, la valeur d’une information ne tient pas à la difficulté éprouvée pour l’obtenir, mais à son utilité pour la collectivité. Et si les Russes connaissaient la composition prétendument secrète des alliages du fleuron aéronautique français, c’est que la technologie hexagonale était bel et bien torpillée par les fuites.

Dessin de Pakman - JPG - 21.5 ko
Dessin de Pakman

Liban 1974

Autre anecdote. Diplômé de « Langues O », Chouet parle l’arabe, il est donc chargé de décrypter les complications de l’Orient. Bizarre pourtant, en 1973, ses supérieurs lui expliquent que « cette région du monde n’a que peu d’intérêt ». Tant pis pour lui, il est affecté à l’ambassade de France à Beyrouth. Le Liban passe alors pour être la Suisse du Proche-Orient.

« Y affecter un blanc-bec de 28 ans, fût-il arabisant, passait pour une atteinte grave aux règles non écrites de la corporation et me valut quelques solides inimitiés », raconte l’ancien espion. À l’époque, le poste était réservé à des anciens des services secrets : «  Ils étaient supposés couler là quelques années heureuses et rémunératrices en attendant une retraite bien méritée. » En réalité, le Liban n’a pas été une sinécure. En avril 1974 commençait une guerre civile qui devait durer vingt ans. Mais cela prouve que la tête des services secrets tricolores ne sait guère anticiper.

Purge imposée

Faut-il s’étonner que les espions, contrairement à ce qui se passe ailleurs, ne soient pas aimés en France ? « Notre problème est que nos services secrets sont instrumentalisés par le pouvoir politique. Résultat, on se méfie de nous », déplore Alain Chouet. Lui-même a été victime d’une chasse aux sorcières, qui l’a éjecté de son poste en 2002… pour qu’il soit réhabilité en 2009 en tant qu’officier de la Légion d’honneur. « Notre pays reste la dernière grande démocratie à n’avoir pas institué un dispositif de contrôle parlementaire des services de renseignements et de la nomination – ou de l’éviction – de leurs responsables », écrit-il.

Difficile, explique notre espion en chef, de rapporter aux responsables de notre pays une vérité qui vient les déranger. Le réflexe est donc d’éliminer l’oiseau de mauvais augure. Par exemple, dès qu’ils apprennent l’existence d’un compte suisse appartenant à un homme politique français bien en vue, les maîtres de la France tournent les talons. Pour illustrer ce propos, Bakchich conseille à ses lecteurs de lire ou de relire l’Incroyable histoire du compte japonais de Jacques Chirac, qui raconte la purge imposée à la DGSE et à ses espions.

-----

La Sagesse de l’espion, par Alain Chouet, éd. L’oeil neuf, 109 pages, 13,50 euros.

L’Incroyable histoire du compte japonais de Jacques Chirac, par Nicolas Beau et Olivier Toscer, éd. Les Arènes, 255 pages, 19,80 euros.


AFFICHER LES
5 MESSAGES

Forum

  • Des espions pas très Chouet
    le vendredi 29 octobre 2010 à 21:14
    La guerre civile au Liban c’est pas avril 1974 mais avril 1975. Faute de frappe ?
  • Des espions pas très Chouet
    le mardi 26 octobre 2010 à 16:17, Dédé Lateur a dit :
    Pour info, le sobriquet du Tu-144, c’est "Concordsky", et non "Concordov"…
  • Taxi, Roulotte, et Corrida
    le lundi 25 octobre 2010 à 05:07, bentham a dit :

    Ben alors ? Il faut que je répète ? Il est pas publié mon indispensable commentaire de hier ?

    Bon, d’accord, je répète…

    Ce serait bien que Chouet nous explique ce qui s’est passé près de Barcelone en 2002, quand la police espagnole a arrêté Piazzole, vu que comme l’écrit Le Monde :

    Le 28 janvier 2004, à l’ouverture du procès, Christian Piazzole et Rachid Chaouati sont absents. Condamnés par contumace à sept ans de prison, les deux hommes n’ont jamais été arrêtés.

    Encore une affaire type Karachi, mais celle-là apparemment elle a planté grâce à l’absence de sens de l’orientation de Piazzole ("elle est où la mer ?" :-) et au bon sens des Mossos d’Esquadra

    http://www.liberation.fr/societe/0101590997-les-agents-de-rondot-troublent-l-espagne

    http://www.lemonde.fr/politique/article/2009/11/15/quand-le-general-rondot-faisait-liberer-des-agents-francais-en-espagne_1267435_823448.html

  • Des espions pas très Chouet
    le dimanche 24 octobre 2010 à 07:55, Phil2922 a dit :
    les espions français sont surveillés par le pouvoir. Mince alors, mais qui est chargé de suivre Carla… ?!
  • Des espions pas très Chouet
    le dimanche 24 octobre 2010 à 01:28

    « Notre pays reste la dernière grande démocratie à n’avoir pas institué un dispositif de contrôle parlementaire des services de renseignements et de la nomination – ou de l’éviction – de leurs responsables »

    C’est une blague ? Plus j’étudie la politique étrangère cachée des USA, plus je me rends compte qu’on ne fait que suivre leur modèle de barbouserie. Croire que la CIA est sous contrôle parlementaire (et c’est loin d’être la seule officine secrète opérationelle), c’est se mettre le bras dans l’oeil…

    J’apprécie Chouet quand il explique qu’Al Quaeda n’existe pas depuis 2001 (trous à rats de Tora Bora), mais il a aussi un double discours… Il noie le poisson sur les sujets sensibles.

BAKCHICH PRATIQUE
LE CLUB DES AMIS
BEST OF
CARRÉ VIP
SUIVEZ BAKCHICH !
SITES CHOUCHOUS
Rezo.net
Le Ravi
CQFD
Rue89
Le Tigre
Amnistia
Le blog de Guy Birenbaum
Les cahiers du football
Acrimed
Kaboul.fr
Le Mégalodon
Globalix, le site de William Emmanuel
Street Reporters
Bakchich sur Netvibes
Toutes les archives de « Là-bas si j’y suis »
Le locuteur
Ma commune
Journal d’un avocat
Gestion Suisse
IRIS
Internetalis Universalus
ventscontraires.net
Causette
Le Sans-Culotte