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Dédé la sardine fait une queue de poisson à Total (suite)

Justice / jeudi 22 mai 2008 par Jacques-Marie Bourget
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Suite des aventures, au tribunal de commerce de Paris, de cet ancien intermédiaire pétrolier André Guelfi, dit « Dédé la Sardine » et de Total. Au menu des étrangetés judiciaires de cette affaire « pétrole contre ingratitude », des magistrats qui n’existent pas.

Pour celles et ceux qui n’ont pas lu la première partie des aventures du pauvre Dédé la sardine, lire ici.

Le tribunal de commerce de Paris est un endroit épatant. Les juges et parties sont assis autour d’une grande table. Reste à apporter des couverts et on pourrait déjeuner. Sauf qu’aujourd’hui ce n’est pas possible. A cause de la vaisselle. La violence interdit la proximité de faïence à portée de la main. On vous a déjà informé de l’affiche du jour : « Dédé la Sardine et le Comité Olympique russe contre Total ». Souvenez-vous du pourquoi des dollars. Dédé et le Comité ont signé, jadis, un accord avec Elf pour faire couler le pétrole soviétique, noir caviar.

Mais, passant des mains de Loïk Le Floch-Prigent à celles de Philippe Jaffré, Elf renonce soudain à tout ce jus bénit. Voilà un Dédé, un Comité, pas contents et qui demandent réparation. D’ou les milliards dont on parle aujourd’hui. Après la plainte, l’affaire a roupillé dix ans. Explication de l’octogénaire Dédé : « ils ont gagné du temps en pensant que j’allais crever … ». Manque de chance pour Total, qui, en prenant le contrôle d’Elf, a aussi hérité du procès. André Guelfi suit un régime légué par Jeanne Calmant.

Mazette, les trois juges sont cinq

Depuis quelques mois, une troïka de juges du Tribunal de commerce de Paris, les présidents Geronimi, Boucher et Delorme se sont donc enfin collés à l’étude de cette antique affaire de pétrole contre ingratitude. Tout va bien jusqu’au 14 avril dernier. Soudain, face à elles, les parties croient voir double : les trois juges sont cinq. Jacques Homo et Bernard Prugnat, qui va présider cet attelage recomposé, sont les deux nouvelles robes. Manœuvre légale puisque « ce ne sont pas des hommes qui jugent mais une Chambre », dit le code.

Mais Jean-Michel Bargiarelli et Olivier Pardo, avocats de Guelfi et du Comité russe, observent immédiatement que la musique que l’on joue ici n’est plus la même. Que, par exemple, le tribunal des cinq refuse d’entendre le témoignage de Geneviève Gomez, pourtant ancien bras droit de Philippe Jaffré, alors pdg d’Elf et mort depuis. Rendus méfiants, les avocats décident de cesser de jouer à la marelle judiciaire avec le club des cinq. Et mercredi matin, c’est avec sous son bras une « Requête aux fins de récusation » que Jean-Michel Bargiarelli arrive quai de Corse, au palais. Ces chapitres étant résumés, c’est ici que le barnum commence.

Les puissants avocats de Total s’en prennent d’entrée au pauvre Bakchich. Qui n’a pour unique pouvoir que sa totale (avec un « e » à la fin) liberté : – Monsieur le président Prugnat, voilà que Bakchich nous accuse ce matin : « il paraît que nous vous payons pour obtenir votre faveur ! »

Le président Prugnat regarde ses chaussures. Tâche méritoire quand, enrobé de noir, on est assis à une lourde table. On en apprend plus sur les causes de cette ambiance, genre Titanic, en résumant la requête déposée par l’avocat de Dédé. Maître Bargiarelli s’étonne que le président Prugnat puisse siéger dans un tribunal qui met en cause Total. Dans le civil, ce magistrat consulaire a fait sa carrière chez Rhône Poulenc, société bien ligotée à la holding de Total. Et que c’est en tant que candidat de l’Union des Industries Chimiques, dont Total est la plus belle molécule, que Bernard Prugnat a été élu magistrat. Voilà une remarque bien basse. Et injuste. Puisque les avocats de Total, ceux qui lisent Bakchich de travers, plaident la bonté naturelle de l’homme dès « qu’il met le pied ici, quai de Corse, au Tribunal de commerce ». Du passé faisons table rase… La rouge chanson est le paradoxal refrain des conseils de la multinationale pétrolière. Rires (étouffés) dans la salle.

Ce procureur qui veut faire taire

Et c’est Olivier Pardo, le conseil du Comité olympique russe, qui prend la réplique. Lui veut évoquer un étrange épisode de ce cheminement judiciaire : « Le 14 avril, quand nous sommes arrivés à l’audience pour rencontrer – à notre surprise – cinq juges, seuls trois noms étaient affichés à la porte de la salle. Ce qui signifie que le greffe lui-même ignorait cette passe à cinq. Pourtant, huit jours plus tôt, notre confrère Rosenfeld, conseil de Total avait, lui, communiqué ses dossiers aux cinq juges, et nous à seulement trois… »

Magie. Nous passons de l’or noir aux sept boules de cristal : comment maître Rosenfeld a-t-il pu expédier des conclusions à des magistrats qui n’existaient pas encore ?

Difficile d’en comprendre plus dans les hurlements. Le procureur, un grand barbu, devient hystérique sur un mode et un ton rarement vus et entendu. Il ne dit pas « Fermes ta gueule ! » à Pardo , mais le cœur y est. « Monsieur le président faites le taire, mais faites le taire. Taisez-vous ! »

On s’attend au pire. Même à des robes déchirées. Bargiarelli vient se joindre à la mêlée ouverte, tente de faire taire ce procureur qui veut faire taire. Vraiment ! Que tout cela est terre à terre. Le président Prugniat quitte alors la ligne noire de ses chaussures pour suspendre l’audience. Mais la partie de bras de verbes continue avec le proc’. Et les cinq juges reviennent pour dire qu’il faudra revenir le 30 juin. Selon les spécialistes, en ne quittant pas immédiatement le ring, dès la requête en récusation mise sur la table, Bernard Prugniat aurait commis une entorse au droit ? Mais aller parler de droit à cet instant semble mal élevé.

J’entends des internautes qui rigolent au fond de la salle : « Alors Bakchich défend Guelfi ? ». Quelle méchante question. Le problème est le suivant : quand André Guelfi, ou un marginal de la même matière, est le client d’un tribunal, faut-il forcément oublier les lois « made in France » pour appliquer le code pénal en vigueur à Rangoon ou le droit écrit en Corée du Nord… La réponse ressemble à une question du bac. Sur Montesquieu.


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14 MESSAGES
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Forum

  • Dédé la sardine fait une queue de poisson à Total (suite)
    le mercredi 11 juin 2008 à 14:07, mo a dit :

    On attend la suite avec passion. Vas-y Dédé, t’es le meilleur ! Jacques-Marie Bourget n’est pas mal non plus. Jamais sardine n’a suscité une telle verve.

    (très accessoirement :pas de s à l’impératif de la deuxième personne du singulier pour les verbes du premier groupe)

  • Dédé la sardine fait une queue de poisson à Total (suite)
    le vendredi 23 mai 2008 à 22:06

    Le Floch-Prigent refait surface au Texas Affaires. Une petite compagnie pétrolière de Houston accuse l’ancien P-DG d’Elf et Julien Balkany, demi-frère du député-maire de Levallois, de déstabiliser son capital. Le Floch dément.

    Reportages Loïk Le Floch-Prigent a tourné la page de l’affaire Elf.

    http://www.parismatch.com/parismatch/dans-l-oeil-de-match/reportages/le-floch-prigent-refait-surface-au-texas


    par François Labrouillère

    Loïk Le Floch-Prigent, l’ex-P-DG d’Elf Aquitaine, est-il de retour aux affaires, tentant de mettre la main sur Vaalco Energy, petite compagnie de Houston, Texas, productrice de pétrole au Gabon et en Angola ? C’est le sentiment des dirigeants de Vaalco, cotée à la Bourse de New York. Dans une plainte déposée, la semaine dernière, devant une cour fédérale de Houston, ils accusent l’homme d’affaires breton d’être présent derrière la société suisse Pilatus Energy et le « hedge fund » (fonds d’investissement) new-yorkais Nanes Delorme Partners, qui cherchent à prendre le contrôle de leur société. Le patron de ce « hedge fund » porte également un nom connu. C’est un Français, Julien Balkany, 28 ans, ancien de Sciences po et de Berkeley, et demi-frère du député-maire de Levallois, Patrick Balkany, avec lequel il n’entretient que des relations distantes. A l’origine, Vaalco Energy est une minuscule compagnie pétrolière, propriétaire de puits vieillissants aux Philippines. Depuis 1995, son patron, Robert L. Gerry, 69 ans, vieux routier du secteur, l’a remise sur ses rails en allant forer avec succès au large du Gabon, puis en Angola. Aujourd’hui, avec le boom du prix de l’or noir, la société regorge de cash et possède des droits d’exploration prometteurs, notamment en mer du Nord. QUI SE CACHE DERRIERE PILATUS ?

    En mars dernier, Nanes Delorme, le « hedge fund » où Julien Balkany travaille depuis 2005, s’est subitement signalé aux dirigeants de Vaalco, leur annonçant qu’il détenait désormais 8 % du capital de la société, ramassés en Bourse. Très critique sur la gestion de l’actuelle direction, il réclame la nomination de trois administrateurs, lors de la prochaine assemblée générale, le 4 juin, et souhaite prendre en main la destinée de la compagnie. Début mai, dans des déclarations à la SEC (Securities and Exchange Commission), le gendarme de la Bourse américaine, le « hedge fund », a indiqué qu’il n’était pas seul dans l’opération : plus de la moitié de ses actions Vaalco proviennent de la discrète société Pilatus Energy, de Zug, en Suisse. Or, depuis la fin de l’affaire Elf et sa sortie de prison, en avril 2004, Loïk Le Floch-Prigent s’est souvent présenté en Afrique au nom de Pilatus, dirigée par un ancien pilote de ligne d’Abou Dhabi devenu millionnaire. A plusieurs reprises, leurs deux noms ont été associés dans des articles de presse. Cette proximité suffit-elle à faire de l’ancien patron d’Elf l’un des commanditaires secrets de l’offensive boursière sur Vaalco ? Joint par Paris Match, Loïk Le Floch-Prigent prend ces soupçons avec philosophie. « Je n’ai rien à voir avec Vaalco, ni avec Pilatus dont je ne suis ni actionnaire, ni dirigeant, ni salarié, assure-t-il. Une seule chose est vraie, je suis un ami du propriétaire de Pilatus, un riche Emirien. Mais il n’est pas interdit de parler à un ami. Il n’est pas interdit non plus, pour une société d’investissement, de faire une opération boursière sur une entreprise décotée. D’ailleurs, cet ami a envoyé une déclaration à la SEC américaine, certifiant qu’il était l’unique actionnaire de Pilatus. A ma connaissance, la SEC, jusqu’ici, n’a rien trouvé à lui

    • Dédé la sardine fait une queue de poisson à Total (suite)
      le samedi 24 mai 2008 à 15:24, zadiglevizir a dit :
      attention , qui se cache derrière cette affaire ???? qui rencontre PAPA BONGO, EDUARDO DE SANTO et autres dictateurs africains pétroliers en ce moment…. des liens forts avec des dictateurs ça n’est certainement pas une tradition voltairienne ni républicaine française !!!!… n’est ce pas Nicolas SARKOZY ?????
      • Dédé la sardine fait une queue de poisson à Total (suite)
        le dimanche 25 mai 2008 à 23:18

        Sarkozy reprend les affaires africaines de son papa Charles Pasqua, avec sa clique d’amis financiers balladuriens…

        Dans une élection, il y a toujours un troisième homme, tout le monde avait oublié Ballamou….

  • Dédé la sardine fait une queue de poisson à Total (suite)
    le jeudi 22 mai 2008 à 21:15, zadiglevizir a dit :
    exact l’esprit des lois de Montesquieu c’était pour la FRANCE MAIS AVEC LA MONDIALISATION c’est reparti autrement et ailleurs…. une république bananière comme la France ne peut que produire …DES PEAUX DE BANANES …cqfd …. Dédé… le pote de Môssieur Charles… n’était pas en taule ???? il bénéficierait LUI AUSSI comme son grand ami Jean Charles MARCHIANI d’un régime spécial… élargi pour son grand âge ou sa petite santé déficiente… ne crains rien Dédé bientôt il faudra te faire à une autre justice que la justice des hommes… et là mon canard …..je te dis pas….. salut l’artiste et bonne chance !!!!
    • Dédé la sardine fait une queue de poisson à Total (suite)
      le vendredi 23 mai 2008 à 11:51

      Les potes de Môssieu Charles bénéficient de la protection de la LCR.

      Tranquille, Dédé…

  • Dédé la sardine fait une queue de poisson à Total (suite)
    le jeudi 22 mai 2008 à 21:13, cassandre a dit :

    Le président Prugnat regarde ses chaussures. Tâche méritoire quand, enrobé de noir, on est assis à une lourde table. On en apprend plus sur les causes de cette ambiance, genre Titanic, en résumant la requête déposée par l’avocat de Dédé. Maître Bargiarelli s’étonne que le président Prugnat puisse siéger dans un tribunal qui met en cause Total. Dans le civil, ce magistrat consulaire a fait sa carrière chez Rhône Poulenc, société bien ligotée à la holding de Total. Et que c’est en tant que candidat de l’Union des Industries Chimiques, dont Total est la plus belle molécule, que Bernard Prugnat a été élu magistrat. Voilà une remarque bien basse. Et injuste. Puisque les avocats de Total, ceux qui lisent Bakchich de travers, plaident la bonté naturelle de l’homme dès « qu’il met le pied ici, quai de Corse, au Tribunal de commerce ». Du passé faisons table rase… La rouge chanson est le paradoxal refrain des conseils de la multinationale pétrolière. Rires (étouffés) dans la salle.

    Vivement la décision quant à la requête de cette Requête aux fins de récusation. Le président Prugnat n’a pas à siéger dans une procédure impliquant ses ex patrons, cela mêmes qui l’ont nommé à ce siège de Magistrat.

    Il y a un conflit d’intérêts , malgré que dans ce pays certains s’arrangent pour ne pas voir le conflit d’intérêts, ( en commençant par certains journalistes…)un juge intégre n’aura aucun état d’âme à récuser ce "Magistrat-gazoutier".

    J’espère que cet article fera du bruit

    • Dédé la sardine fait une queue de poisson à Total (suite)
      le vendredi 23 mai 2008 à 11:59
      Toutes les grandes sociétés recyclent dans cette fonction de magistrat consulaire les cadres qui ne lui servent à rien et dont elles ne peuvent se débarrasser parce qu’ils sont encartés à la CGC et/ou un parti de droite.
  • Dédé la sardine fait une queue de poisson à Total (suite)
    le jeudi 22 mai 2008 à 19:48
    Un président de tribunal aussi lié avec l industrie chimique et Total, ne doit il pas refuser de siéger dans un tel dossier ? A l’heure du scandale des corporatisme, comme l’UIMM, certaines personnes fussent ils juges, devraient garder un sens de l’honneur et ne pas se mettre dans des situation ou leurs interets et leurs actes discréditent une institution ( même s’il s’agit d’un tribunal de commerce). N’EST CE PAS MR PRUNAT !!!
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