Un maire dans la Fos à ordures

Un fort mistral souffle en ce moment sur la côte et l’arrière-pays provençaux. Et pas seulement au Stade Vélodrome, où l’équipe de France de rugby s’est fait balayer samedi.

Le vent frais tourbillonne et remue tous les marchés d’ordures de la région. Tandis que Bakchich Hebdo révélait dans son numéro 9 l’information judiciaire qui vise les frères Guérini et suspecte un trafic d’influence, quelques détournement de fonds publics et un trucage des mêmes marchés publics d’ordures à Marseille, l’affaire Granié est passée devant le tribunal d’Aix-en-Provence.

Du nom de Bernard Granié, ancien maire de Fos-sur-Mer et ex-président PS du San (syndicat d’agglomération du Nord-Ouest de l’Etang de Berre, qui s’étend de Fos à Istres) passé à la casserole des juges jeudi 26 et vendredi 27 novembre.

Juteux

Et pour le faire rissoler, une litanie de mises en examen un peu grasses. « Atteinte à la liberté d’accès et à l’égalité dans les marchés publics, corruption passive et trafic d’influence commis par des personnes exerçant une fonction publique à Istres, Fos, sur le département des Bouches-du-Rhône courant 2003, 2004, 2005 ». Après ça, plus besoin de relever la sauce, sauf à provoquer de menues aigreurs.

Le bon juge Diacono, en charge de l’instruction du dossier, a su préserver le goût de l’affaire. Et à lire l’ordonnance de renvoi du 3 avril 2009, que Bakchich a pu se procurer, le plat des ordures était assez juteux.

Suffisamment en tout cas, pour que le maire de Fos se passe de tout retrait d’espèce de décembre 2003 à son interpellation le 11 janvier 2007, au cours de laquelle était découverts sur lui « 940 euros en espèces ». Une perquisition à son domicile plus loin, un coffre-fort contenant « 20 billets de 500 euros » sera saisi.

2% par-ci, par-là, partout…

Avant la crise, l’édile se serait méfié des banques… Victime d’une attaque cérébrale puis d’un cambriolage, Bernard Granié dit ne plus utiliser que chèque et CB. Mais la flicaille a une tout autre explication, servie sur un plateau par Gérard Calvière, patron d’une entreprise de déchets, Provence recyclage, qui a bénéficié des marchés de Granié.

Tout simplement 2% du montant des marchés publics passés, donnés en espèces et en plusieurs traites… « Pour l’année 2004, il [Calvière] avait payé d’avance fin 2003 ; pour l’année 2005, il avait payé 50% fin 2004 et 50% au milieu de l’année 2005. Pour l’année 2006, il avait payé la totalité fin décembre 2006 », ont retrouvé les enquêteurs sur des notes de Granié, aiguillés par les collègues de la répression de la concurrence et des fraudes.

Près de 300.000 euros en trois ans, ont estimé les poulets. Un calcul issu des différents documents, manuellement annotés, qui ont été saisis chez Granié, sur des post-it jaunes, ou chez Calvière, sur des documents liés aux appels d’offres qu’il avait remporté.

Des petites traces qui ont convaincu de juge de renvoyer les deux compères en correctionnelle. Et le proc’ de requérir cinq ans de taule et cinq d’inéligibilité pour Granié. Le jugement est attendu le 20 janvier.

Etrennes

Dessin de Ray Clid

A l’audience, la présidente -taquine- du tribunal a rappelé des déclarations de Bernard Granié aux policiers en 2007 : « il est peut-être plus facile de cibler certaines collectivités que d’autres ». Propos repris par l’AFP. Et message transmis tout sourire du côté du Conseil général des Bouches-du-Rhône, et de la communauté urbaine de Marseille.

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