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Crise : Et le banquier redécouvrit le statut d’employé

Crash / mardi 24 mars 2009 par Jacques-Marie Bourget
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Avec la crise, les banquiers et autres golden boys ont chuté de haut. Très haut. Parfois des tours d’un château. Petit récit de deux dégringolades. Ou l’histoire de banquiers confrontés à leurs impayés…

Il y a quatre ans, pour cet important dirigeant de la plus importante banque de France, l’argent ne coûtait rien. Bonus, stock options, jetons de présence, crédits par chers et traitement représentant 30% de son revenu global, notre ami salarié peut se porter acquéreur d’à peu près n’importe quoi. Et c’est ce qu’il fait.

Aspiré par l’air du petit large, il répond même à cette étonnante migration qui attire plus les hommes comme lui vers le bleu méditerranéen, que vers le paradis des « ch’ti  ». D’ailleurs, l’unique circonstance où les riches se tirent vers le bas, c’est à cette occasion là. C’est au bord de la Méditerranée, au cœur d’une vieille cité qui a les pieds pas bien loin de l’eau et une chapelle où vient prier Chirac, que l’irrésistible banquier se porte acquéreur d’un château. Un vrai avec tours, ruines et mâchicoulis, mais aussi, au milieu, un hôtel particulier à faire pâlir d’envie le si modeste François Pinault. Bien sûr, on voit la mer. Le prix reste secret, mais le cantonnier qui écoute aux portes parle de 5 millions d’euros. Et les maçons du coin ajoutent plus de deux millions de travaux.

Entendez la complainte du banquier châtelain

Le problème est que le châtelain a des voisins. C’est moche pour un châtelain. Discussions au-dessus des remparts, notre banquier achète l’environnement. Puis fait un plan pour « marier de façon élégante » la maison connexe et sa piscine, à la rude beauté des pierres du château. Les soirs d’été, on donne des concerts pour quelques happy few. Ne manquent que le Great Gasby et Zelda.

L’avenir de tous ces gens est prévu pour durer longtemps, même le socialisme ne leur fait pas peur puisque Blair a inventé le blairisme. Une gauche au poil, Canada Dry, faite pour affliger les faibles et réconforter les puissants.

Et crac, ça, ni notre banquier, ni Alain Minc ne l’avaient prévu. A force d’être subprimée, casinotée avec le fric des autres, à force que l’on prenne l’oseille et que l’on se tire, que l’économie ne soit plus qu’un tas d’argent, un camion de la Brink’s : le business mondial tombe sur le cul. Une martingale que notre banquier n’avait donc pas envisagée. Lui, son boulot, c’était faire n’importe quoi, de traire le bonus rapido. Demain chantera toujours. Ben non, le coq évangélique a fait cocorico.

Le désarroi du banquier chatelain - JPG - 32.8 ko
Le désarroi du banquier chatelain
© Nardo

Et qui est bien embêté avec son joli château, son voisinage domestiqué, ses fêtes musicales et pas assez de fenêtres pour y jeter le fric ? C’est notre grand banquier, amateur de soleil, de musique et de madame Parisot. Baroque bien sûr – la musique, pas Parisot. Notre expert n’avait pas prévu qu’une fin du monde puisse toucher autre chose qu’un pauvre… Il avait « engagé des dépenses  » sur un rythme correspondant au flot d’argent coulant dans son intarissable rivière. Mais bernique. C’est le Jourdain, plus de flot. Plus de rivière et des stocks options en peau de lapin. Si le malheur des riches n’a rien de réjouissant, le malheur de ceux qui ne pensent pas au malheur, oui.

Adieu l’Anglais, adieu chalet

Tous les banquiers n’aiment pas la mer. Celui-ci, Anglais, aime Chamonix comme ses ancêtres qui ont fondé la ville. Ligne d’avions qui font Genève-Londres avec la régularité d’un RER quand il marche bien, air pur et joli paysage : pourquoi vivre dans cette Londres un peu noire, un peu black, un peu fumeuse ? On prend la femme, les enfants blonds et on achète, contre trois millions d’euros, un chalet à Chamonix, sous le Brévent. On le casse pour faire deux millions de travaux (il semble que ce soit la norme des banquiers pour rendre un endroit habitable). A l’école, les gosses ne sont pas dépaysés puisque plein de gamins britanniques sont déjà inscrits dans les classes, papa banquier n’étant pas le seul sujet de la reine à s’être délocalisé à l’air pur.

Baisé d’adieu le lundi matin, baisé de retrouvailles le vendredi soir, un petit RTT de temps en temps, en rêvant d’Aubry comme d’une Marilyn : la vie rêvée.

Bizarre, pas plus le banquier anglais que son clone français n’a flairé la fin de ce monde. Vivant avec l’aveuglement et l’adrénaline d’un joueur de poker pour lequel il y a toujours une quinte qui se cache derrière les lueurs de l’aube.

Plus assez de sous pour payer le chalet et les travaux, plus assez de vols commodes pour rejoindre Londres où le jet n’est plus easy. Ce n’est pas la pauvreté mais la misère, celle de l’échec, et la honte pour le boy de se remettre à vivre sans golden.

Si vous avez un plan d’épargne logement, un écureuil, un prêt super bonus sur mille ans et que vous avez économisé toute votre vie et même un peu gâché vous poumons dans des bureaux amiantés, vous pouvez vous pointer en camping car, pour vous porter candidats à la reprise. Venez à plusieurs, car les décombres coûtent cher.

A lire ou relire sur Bakchich.info

Après l’adoption du plan Paulson, les plus grands experts imaginent déjà un scénario catastrophe, que William Emmanuel, du site Globalix, déroule pour « Bakchich ».
La version officielle du PDG de la banque sur son trader isolé et incontrôlé, qui lui aurait fait perdre 4,9 milliards d’euros, ne résiste pas à l’analyse des faits, estime Jean Montaldo, auteur du « Marché aux voleurs » (Albin Michel, 2003). Selon lui, (…)
Après des années de vagabondages hasardeux au gré du marché et autres aventuriers traders, les primesautières banques françaises ont décidé de revenir aux fondamentaux. Surtout celles qui ont le plus souffert, à l’instar du Crédit agricole. Vive la (…)

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6 MESSAGES

Forum

  • Crise : Et le banquier redécouvrit le statut d’employé
    le mercredi 25 mars 2009 à 13:15
    J’ai bien aimé l’article, qui parle d’une réalité : celle des gens qui ne savent plus que faire de leur argent. Cependant, je n’aime pas le mot banquier… Il ne veut plus rien dire depuis longtemps, puisque la personne payée un peu plus que le SMIC derrière son guichet comme le grand patron ou les front officers sont des banquiers. C’est fatiguant de se faire montrer du doigt juste parce qu’on TRAVAILLE dans une banque. D’ailleurs, puis-je rappeler que les plus riches dans une banque, ce sont souvent ses clients ?
  • Crise : Et le banquier redécouvrit le statut d’employé
    le mardi 24 mars 2009 à 18:06, Gustav a dit :
    Oui, pour habiter Chamonix, ma vallée d’origine, je connais bien le problème. Avant d’aller plus loin, je tiens à péciser que le village existait bien avant l’arrivée des anglais puisque l’histoire en fait mention avant l’an 1050. Les anglais l’on rendu populaire et fréquenté de façon, disons raisonnable au début du siécle (le XXeme, s’entend) Ces derniers temps, leur massacre a été énorme car bien que ce ne sont pas les initiateurs du phénomène (les citadins français puis ouest-européens les ont précédés) ils ont fait monter les prix de telle façon que les jeunes de la vallée ne peuvent plus hériter des biens familiaux tant - du fait des prix pratiqués - les frais de succession au pourcentage de la valeur sont élevés. Ils se voient donc contraints de vendre (ce qui fait monter encore les prix) et de s’exiler soit dans les HLM, soit loin dans la basse vallée aux prix plus raisonnables. C’est une inégalité honteuse de voir des habitants de Chamonix smicards être imposés sur la fortune au pretexte de la valeur élevée (du fait des transactions pratiquées ici sans qu’on en bénéficie) de la maison familiale dont ils ont hérité ! Dans la creuse, par exemple, un enfant peut hériter de la maison de ses ancêtres pour le prix de la franchise des droits. Ici, on a tout juste le droit d’hériter d’un garage… Alors inutile de vous dire ce qu’on pense des banquiers,ou autre riche débarquant ici qu’ils soient anglais Suedois ou moluquois, et même des citadins français qui ont ouvert le bal dans les années 50. Le tourisme, quand il confine à l’industriel ou en grand nombre, est une véritable calamité pour les indigènes qui n’ont pas eu le vice de spéculer sur leur région et qui ne demandaient qu’à vivre au calme sur la terre de leurs ancêtres et qu’on leur foute la paix. Ce fait trop longtemps ignoré doit être connu de ceux qui croient que nous habitons un paradis de merveilles avec pour toile de fond la paix de la montagne. Le simple habitant le paie très, très cher ! Et gageons qu’une fois rendue invivable, la vallée sera abandonnée au pékin moyen en l’état par les riches qui iront massacrer un autre site à la mode, et ainsi de suite. Le tourisme est une merde qui ne profite qu’aux spéculateurs (Marchands, hoteliers, actionnaires de téléphériques etc.)souvent venus d’ailleurs et qui iront faire leur beurre plus loin une fois le site massacré. Quand la France ne sera plus qu’un cadavre de sites pourris, le tourisme ira se faire dans les pays de l’est encore préservés…
    • Crise : Et le banquier redécouvrit le statut d’employé
      le mercredi 25 mars 2009 à 13:38, arg a dit :

      entierement d’accord avec vous !! et idem en bord de mer …..

      mais ceci ne passionne pas les politiques , mieux vaut faire du blablabla pour esbaudir les foules …..

      en attendant , l’immobilier reste hors de prix dans ces contrées ….

  • Crise : Et le banquier redécouvrit le statut d’employé
    le mardi 24 mars 2009 à 11:24
    Très bel article sans fond ni intérêts. J’aime beaucoup les articles impertinents , très documentés (ils sont tellement nombreux sur ce site) , là j’attends , ne vois rien venir , si l’ennui, l’ennui de lire un enième pamphlet sans étincelle , sans envolée. Vous devez mieux faire . Lisez la tribune de Alain Minc dans le figaro . Vous n’allez pas en croire vos yeux . J’espère pouvoir bientôt vous féliciter pour votre travail.
  • Crise : Et le banquier redécouvrit le statut d’employé
    le mardi 24 mars 2009 à 07:16, lisabianca a dit :
    les placements en France pour les gens d’en bas rapportent 2,50 % dans le meilleur des cas ? Pensez vous qu’en cas de crise, des banquiers intelligents penseraient a faire quelque chose pour acquérir a nouveau sa clientèle mais ils sont aussi intelligents que la grande distribution qui pense qu’à leurs profits sans penser que les gens à cause du gouvernement et de l’euro meurent de faim et ça ne fait que commencer. daniel bouton en 2008 il n’a pas su gérer la société générale mais comme par hasard il a vendu ses stock-options au bon moment ça s’appelle un délit d’initiés.
  • Crise : Et le banquier redécouvrit le statut d’employé
    le mardi 24 mars 2009 à 07:11, lisabianca a dit :
    finalement il va apprendre a réatravailler ce qu’il ne savait pas faire, prenons le cas de monsieur daniel bouton il a géré les affaires avec brio l’affaire du sentier, kerviel et le blanchiment d’argent avec que les français aient confiance envers les banquiers il va falloir qu’ils montrent patte blanche et la rémunération si on faisait des placements pour les français intéressants au lieu de les voler ça serait peut être une bonne idée ?
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