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Combien de morts dans votre hosto ?

Santé / mercredi 22 octobre 2008 par Joëlle Hayek
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Les hôpitaux vont-ils afficher leur taux de mortalité ? Cette mesure iconoclaste, proposée par Roselyne Bachelot, est présentée aujourd’hui en conseil des ministres.

Dans le cadre de la réforme du système de santé français, présentée le mois dernier par le Président de la République, chaque patient devrait bientôt pouvoir consulter le taux de mortalité et d’infections de l’hôpital dans lequel il compte se rendre. Un honorable souci de transparence ? Les professionnels de la santé prennent cette réforme avec des pincettes. La Fédération Hospitalière de France (FHF) ne s’y oppose pas frontalement mais préconise « un travail commun » qui permettrait de publier des résultats scientifiques pertinents. Même remarque au Syndicat national des Médecins, Chirurgiens, Spécialistes et Biologistes des Hôpitaux publics : « La publication de chiffres bruts équivaut à de la désinformation. Il faut interpréter les chiffres, et les replacer dans leur contexte ». Des inquiétudes en direction des patients qui viennent s’ajouter aux leçons tirées de l’exemple américain.

Attention aux premiers de la classe

Aux États-Unis, la publication des taux de mortalité par les hôpitaux est une pratique mise en place depuis quelques années déjà. Une étude récente, menée par la prestigieuse revue médicale Annals of Internal Medecine, pointe les effets pervers de la publication de telles données sur l’égalité de l’accès aux soins. Pour rester premier de la classe, certains établissements sont de moins en moins disposés à prendre en charge des patients souffrant de pathologies lourdes. Pire, d’autres hôpitaux renvoient les malades chez eux pour ne pas faire chuter leurs statistiques : les décès à domicile ne leurs sont pas comptabilisés. Même syndrome rencontré chez les spécialistes du bistouri. Les chirurgiens américains dont les résultats personnels sont également affichés, hésitent à opérer les patients à risques.

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Et 2,3 morts ça fait combien de cercueils ?
© Oliv’

« Une conséquence inattendue » dénoncée par les experts de l’étude. Autant de mises en garde émises à l’encontre d’une mesure déjà controversée par les professionnels de la santé que Bakchich est allé interroger.

Les réponses des médecins

Le chef de service du Pôle d’Anesthésie – Réanimation Chirurgicale de l’Hôpital Européen Georges Pompidou : « le taux de mortalité brut ne veut rien dire, tout dépend de la pathologie traitée. Le risque est nettement plus élevé en réanimation polytraumatisée qu’en chirurgie esthétique, en cancérologie qu’en pédiatrie. Il serait plus intéressant, par exemple, de comparer les services de réanimation de plusieurs établissements, mais là aussi, il faudra affiner, définir des critères de comparaison précis, en tenant compte du type de patients traités. »

Un chirurgien cardio-vasculaire du CHU de Toulouse : « Je suis extrêmement favorable à cette initiative, sous réserve que l’on tienne compte des risques préopératoires. Un chirurgien très qualifié va traiter plus de cas difficiles que ses confrères, avec des risques de mortalités plus élevés. Il faut donc corréler ces taux à ceux des risques, si l’on veut obtenir un chiffre moyen cohérent. »

Le chef du Département d’Anesthésie – Réanimation Chirurgicale à l’Hôpital Bicêtre, à Paris : « ce sujet est très controversé, avec à la fois des arguments pour et des arguments contre. En effet, publier des chiffres bruts, sans les replacer dans leur contexte, peut avoir des effets négatifs, même si je pense que les Français ont l’intelligence nécessaire pour faire la part des choses. Mais la publication de ces taux peut aussi permettre d’aiguiller les équipes en vue d’améliorer la démarche globale, en interne. »


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18 MESSAGES
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Forum

  • Combien de morts dans votre hosto ?
    le vendredi 6 mars 2009 à 18:49

    medecin des hopitaux, dans un service de cancerologie lourde, je teins a accueillir tous les patients en fin de vie qui le souhaitent, meme s’ils ont ete traites en chu, à 80 km. Si une telle loi passe demain, c’est tres simple : ils mourront chez eux delaisses… mais pas dans mon service.

    j’en serai horrifie et je n’aurai pas d’autre choix : si les statistiques montrent une surmortalité, il n’y aura plus un patient, alors que nous faisons aujourd’hui un travail de grande qualite… A mediter…

  • Combien de morts dans votre hosto ?
    le mardi 2 décembre 2008 à 09:31, Pif a dit :
    Ah, la culture du chiffre, dite du résultat, dite de l’excellence. Quant on voit les résultats édifiants de notre Président et ancien double Ministre de l’Intérieur en matière de police, on aurait tort de se priver d’appliquer cette recette miracle à tous les domaines de la vie.
  • Combien de morts dans votre hosto ?
    le lundi 1er décembre 2008 à 12:52, MCChauvancy a dit :
    Les statistiques , pourquoi pas .Cependant les chiffres pour etre transparents doivent etre argumentés. Le bon sens populaire n’est il pas d’affirmer"on fait dire aux chiffres n’importe quoi". les hopitaux publics sont soumis à une mission de service publique , mission qui n’est pas dévolue au secteur privé.Avec la T2A mise en place et effective sur les deux secteurs d’activité privé et public, le choix risque de porter sur les pathologies non couteuses, dites"rentables", les patholgies lourdes envoyées en secteur PUBLIC. La question se pose de connaitre , non pas le nombre de deces (indutroduction de la non qualité) , mais plutot le nombre pathologies lourdes traitées. Introduire une notion de rique ou de risque de décéder est fondamentale dans ce contexte précis
  • Combien de morts dans votre hosto ?
    le jeudi 23 octobre 2008 à 19:02, Claude-Émile TOURNÉ a dit :
    il me semble qu’il y a mieux à faire devant les attaques et les incuries organisées par un État qui se désengage de tout ce qui est organisation sociale à base de travail humain (enseignement, poste, transports, santé) que de créer les conditions d’une stigmatisation d’une profession quelle qu’elle soit. A fortiori la profession des soignants et dans cette profession les hospitaliers publics. Il y a bien longtemps que les malades graves, les personnes âgées en fin de vie, les cancéreux, les immuno-déprimés etc.. sont renvoyés du privé vers le public où ils viennent mourir, en espérant que cela reste dans la dignité. Mettre en avant un taux de mortalité, en sous-entendant putassièrement (qu’on le veuille ou non) que c’est un marqueur de qualité, est une manière particulièrement néfaste de détourner l’attention de l’essentiel qui est : comment accompagner au mieux les malades par des "soins consciencieux,attentifs et conformes aux données actuelles de la science" et pour cela y mettre le fric qu’il faut. Et pas dans les coffres des banques quand elles sont en baisse de rentabilité.
  • Combien de morts dans votre hosto ?
    le mercredi 22 octobre 2008 à 17:56, Veum a dit :
    Attention aussi à la comparaison des chiffres de l’hopital public avec ceux des cliniques privées, qui seront forcément meilleurs vu ce qu’elles traitent. Du coup, gros comme une maison, "Regardez le privé a de meilleurs résultats, privatisons tout !"…
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